Localisation
Winnipeg, MB, Canada
Profession
Journaliste
pvtistes

Ville de provenance

Lyon

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Villes de destination

Toronto d’abord, puis Winnipeg depuis le 1er juin 2013.

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Sur place pendant combien de temps ?

Je suis arrivé le 3 octobre 2012, cela fait donc 1 an et 4 mois.

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Baroudeur ou pas ?

Je suis un gros baroudeur, j’ai déjà pas mal voyagé à travers le monde et, avant de partir au Canada, j’ai travaillé et vécu dans 5 villes en France en moins d’un an. Mais depuis que je suis au Canada, j’ai assez peu bougé (je connais déjà pas mal d’endroits dans le pays), notamment parce que ce n’était pas mon objectif premier (qui était de trouver un emploi dans mon domaine, me permettant de prolonger ma présence sur le territoire au-delà d’un an).

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Que faisais-tu en France ?

J’étais journaliste, et je le suis toujours !

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Pourquoi cette envie de t’envoler pour le Canada ?

Je suis venu pour la première fois au Canada en 2004 avec mes parents. En repartant, je savais que je reviendrai ici et je me souviens avoir pensé que la vie pourrait y être agréable. Je suis revenu deux fois en 2008 à London, Ontario, puis en 2011 pour un stage à Montréal, avant d’arriver à Toronto en 2012. Je voulais aussi avoir une expérience de vie à l’étranger pendant un certain temps et le Canada me semblait idéal : j’aime le froid, l’hiver, la neige, le bilinguisme, la nature, le mode de vie nord-américain…

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Pourquoi Winnipeg ?

Très bonne question ! Honnêtement, Winnipeg n’avait jamais été dans mes plans. J’ai atterri ici un peu par hasard, et je ne connaissais même pas la ville lorsque j’habitais à Toronto. Mais je suis venu au Manitoba parce que j’ai eu une opportunité professionnelle qui m’assurait la possibilité d’obtenir un nouveau permis de travail et de rester au Canada au-delà de mon PVT. Je fais un métier assez particulier et il est assez difficile de trouver des postes (crise de la presse, etc.). C’est pas comme la coiffure, la vente, les RH, etc., où on peut travailler dans presque n’importe quelle entreprise. Je ne regrette pas d’être venu à Winnipeg. Cette ville a mauvaise réputation, pourtant, quand on parle avec eux, on se rend compte que beaucoup de Canadiens ont des connaissances ici ou dans la province. Le Manitoba et Winnipeg sont au centre géographique du Canada ! J’ai aussi eu l’occasion de partir à l’automne dernier, mais j’ai décidé de rester ici. Winnipeg n’est pas une « belle » ville (bien que hyper active et très très très riche en production culturelle), mais on reste pour les gens. La devise « Friendly Manitoba » n’est absolument pas usurpée ! Que ce soit aussi bien côté francophone qu’anglophone, je me suis fait des connaissances solides ici et avec des Canadiens ! Pas seulement des gens de passage comme à Toronto, par exemple. C’est assez difficile à imaginer quand on ne vit pas ici, mais je pourrais donner au moins deux exemples de personnes absolument fabuleuses que j’ai rencontrées à Winnipeg. La première est une fille anglophone avec laquelle j’avais échangé beaucoup via Kijiji, puis Skype, avant même d’arriver à Winnipeg, lorsque je cherchais un logement. Finalement, je n’ai pas emménagé dans sa colocation, mais je suis devenu ami avec elle et elle a vraiment le cœur sur la main ! Elle était prête à m’aider sur plein de choses (recherche de voiture, assurance etc., ce ne sont que des exemples) avant même que j’arrive au Manitoba, et alors qu’elle ne me connaissait même pas en vrai. L’autre, c’est le gars qui m’a vendu ma voiture. Outre le fait d’avoir fait une super affaire, il est toujours là quand j’ai besoin de lui pour intervenir mécaniquement dessus, même si c’est pas le cœur de son métier. Bref, quand on démarre de zéro, ce genre de rencontres aident beaucoup!

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Est-ce que c’est la première fois que tu vivais à l’étranger ou que tu partais aussi longtemps ?

Oui et non. Ce n’était pas la première fois que je « vivais » à l’étranger, mais avec 1 an et 4 mois j’ai largement battu mon record de temps passé en dehors de France ! Le maximum était d’un mois en Chine, dans la province du Yunnan.

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Quel a été ton sentiment dominant au cours des 2 premières semaines au Canada ?

Le stress de me trouver un logement à Toronto. J’ai pas mal galéré, mis du temps, avant de trouver finalement quelque chose de super. C’était frustrant parce que mon but était de trouver un travail et de commencer ma partie freelance (que j’avais déjà préparée en partie avant de quitter la France) le plus rapidement possible. J’ai perdu un mois avant de pouvoir être complètement opérationnel.
J’étais très heureux d’être de retour à Toronto, j’étais tombé amoureux de cette ville en 2008, mais je n’ai pas vraiment pu en profiter au début de mon PVT.

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Est-ce que ta situation professionnelle te parait satisfaisante, au Canada ?

Alors oui et non. Oui parce que j’ai eu la grande chance de pouvoir continuer à exercer mon métier malgré le fait que le secteur soit sinistré. Quand on arrive dans un pays étranger, on n’a aucune garantie sur le fait qu’on va pouvoir poursuivre le même métier qu’on faisait dans notre pays d’origine. On entre en plus directement en concurrence avec les Canadiens eux-mêmes qui font face aux mêmes difficultés que nous sur le marché du travail. Sauf que eux, pour le coup, seraient plus légitimes à obtenir un emploi dans un secteur d’activité où les places sont chères. Et il était hors de question pour moi de faire de la communication. Soit je parvenais à exercer mon métier de journaliste, soit je rentrais en France. Mais d’un autre côté, je suis moyennement satisfait parce que, concrètement, je suis extrêmement limité à l’heure actuelle par mon visa et mon statut au Canada. J’ai dû arrêter temporairement de collaborer avec l’Agence France Presse (pour ceux qui ne connaissent pas, c’est la troisième plus grosse agence d’information dans le monde), et j’ai aussi dû refuser des piges pour Métro Winnipeg et Radio-Canada. Je sais que c’est qu’une histoire de temps et qu’il faut être patient, mais c’est frustrant !
Si tout va bien, j’espère retrouver une totale liberté d’action d’ici l’été prochain.

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Quelles ont été tes plus grosses difficultés au Canada ?

Trouver des logements. Que ce soit à Toronto ou à Winnipeg, il m’a fallu du temps. Dans les deux cas, j’ai eu beaucoup de chance et obtenu des logements avec des conditions tellement exceptionnelles que peu de gens peuvent imaginer (quand j’expliquais où je vivais à Toronto ou que j’explique où je vis à Winnipeg, les gens ne me croient pas et me disent que c’est impossible, que je raconte des bêtises !).
Les visas aussi sont assez compliqués. J’en suis à mon troisième depuis mon arrivée, et sincèrement je m’y serais perdu si je n’avais pas l’aide dont je dispose à Winnipeg.
Par ailleurs, se faire des amis canadiens est assez difficile. A Toronto, j’avais essentiellement des amis issus de pays extérieurs au Canada. A Winnipeg, c’est moins le cas, mais les Canadiens vivent entre eux (ils ont des amis depuis l’école, etc, donc ne cherchent pas forcément à se lier avec d’autres).
Certains choix ont été, en outre, assez délicats à faire. Si partir pour Winnipeg ne m’a pas plus torturé l’esprit que ça, la décision d’y rester lorsque j’ai eu l’occasion d’aller ailleurs a été plus délicate à prendre parce qu’il y avait de gros enjeux personnels.

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Quel est ton meilleur souvenir ?

J’en ai plein ! J’en donnerai quatre en particulier :
Le premier n’est pas au Canada, mais au Costa Rica où je suis allé en mars 2013 voir un ami journaliste, originaire du Costa Rica, rencontré à l’école de journalisme. Cela faisait presque deux ans qu’on ne s’était pas vus et les retrouvailles ont été très fortes en émotions !
Le deuxième se passe au Canada, à London plus précisément : c’est lorsque j’ai revu une de mes meilleures amies que je n’avais pas vue depuis 2008. Elle m’a accueilli une semaine pendant que j’attendais mon logement à Toronto, puis pour Noël 2012. 5 ans, c’est long !
Le troisième serait mon retour à Toronto après un voyage de deux jours à Montréal en avril 2013. Revoir les gratte-ciels, de nuit dans le bus, retourner en anglophonie m’avait tellement enchanté que je souriais benoîtement. J’ai même versé une petite larme (allez savoir pourquoi ! C’est pas que j’aime pas Montréal hein, mais bon…).
Le quatrième c’est mon depart pour Winnipeg. Dans l’avion, alors qu’on survolait Toronto, le sentiment était incroyable : je me sentais triste de quitter la Ville reine que j’aime tant, mais parallèlement une nouvelle histoire de ma vie était sur le point de commencer de zéro et je trouvais ça super excitant !

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Est-ce que certaines choses françaises te manquent ?

La nourriture, définitivement. Venant de Lyon et ayant vécu pendant 2 ans à Strasbourg, j’ai plutôt été habitué aux régions ayant une forte identité culinaire ! Evidemment, ma famille et mes amis me manquent. Mais ce qui me manque peut-être encore plus (je devrais peut-être pas dire ça…) c’est MON CHAT ! D’ailleurs, dès que j’ai un logement pour moi tout seul, j’ai la très ferme intention de le faire venir !

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Qu’est ce qui te manquerait si tu rentrais en France ?

Je n’ai pas l’intention de rentrer en France actuellement. Mais pour y être retourné pour les fêtes de Noël, je sais que la mentalité, l’optimisme, le sentiment que tout est possible ici si on travaille bien et que la réussite n’est pas du tout mal vue comme elle peut l’être dans l’Hexagone me manqueront cruellement. Je pense aussi que la diversité culturelle me manquerait, j’aurais l’impression de me retrouver dans un lieu un peu fade…

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Qu’est ce que cette expérience t’apporte, du point de vue personnel ou professionnel ?

Beaucoup de choses. Du point de vue personnel, cette aventure continue de me faire grandir. J’apprends notamment à être plus patient, à peser un peu plus les pour et les contre dans certaines décisions. Je me suis aussi surpris à me sentir un peu fatigué de toujours bouger à droite à gauche.
Professionnellement, cette expérience enrichit mon CV, développe mes compétences en anglais… Elle m’a aussi permis de toucher à d’autres médias : issu du web et de la presse écrite, je n’avais jamais travaillé pour des radios. Or, au Canada, j’ai eu cette opportunité et j’ai plutôt aimé !

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Quels conseils donnerais-tu aux futurs pvtistes ?

Tout d’abord, foncez ! Si vous voulez partir, partez ! Mais préparez-vous et RENSEIGNEZ-VOUS AVANT !!!
Premièrement, définissez clairement ce que vous souhaitez faire (pourquoi vous partez, quels sont vos buts, objectifs…) et allez plus loin dans la recherche d’information que la propagande canadienne (et surtout québécoise) faite par le pays en France lors des rencontres, salons, etc. Deuxièmement, consultez certes les forums, mais ne prenez pas pour des généralités des histoires personnelles.
Troisièmement, profitez du moment, émerveillez-vous de ce que vous allez voir (sans non plus être les gros touristes de base hein, vous n’êtes pas là pour 10 jours à visiter des choses à fond la caisse), soyez curieux, posez des questions, sortez de votre confort, allez à la rencontre des autres même si vous ne parlez pas très bien l’anglais au départ (c’est en pratiquant qu’on s’améliore, pas en se taisant et en regardant les autres parler pour soi !), surprenez-vous ! Vous vivrez des émotions plus intenses et vous en garderez de meilleurs souvenirs.

Pour en savoir plus sur Winnipeg et sur l’expérience de Thibault, direction son blog : Hockeycaribous
Photo de couverture par Thibault Jourdan.

isa

Amoureuse des Etats-Unis, de l'Utah et du voyage en train, j'ai passé 7 mois à Montréal en 2010, et j'en ai profité pour découvrir la Nouvelle-Angleterre en long, en large et en travers !
Mon coup de cœur avec Montréal date de 2008, et d'un mois estival là-bas... Depuis, je ne fais qu'y retourner !

J'ai réalisé deux tours des Etats-Unis (& Canada) en 2012 puis en 2014. Plusieurs mois sur les routes, c'est formateur... De retour à Montréal en 2019-2020 pour un PVT, avant de raccrocher !
Sur PVTistes.net, j'aime partager mon expérience sur le forum, dans des dossiers thématiques ou même en personne ! Vous me croiserez sûrement à Lyon, ma ville de cœur.

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(10) Commentaires

Hamedson I |

Bonjour
Je suis Abder de Tlemcen et compte faire des connaissances avec des gens du Manitoba. Je souhaiterai sincèrement avoir plusieurs personnes avec qui je pourrai échanger des expériences et des idées. Merci.

Caro I |

Très intéressant, merci pour ton histoire ! Et c’est bien vrai : le Manitoba, on y reste pour les gens et la coolitude ambiante

Proserpine I |

On ne se sera pas rencontrés finalement 😉 (le petit monde du Manitoba)

Perrine I |

Superbe cette interview ! C’est intéressant de voir ces expériences sous divers angles entre la vie pro, le woofing, les roadtrips, les différences entre les villes (ou régions) … Pour le coup le journalisme en PVT je n’en avais jamais entendu parlé !

Guillaume I |

Merci pour le partage 😉

Concrètement, au niveau du visa, tu t’en es sorti comment ? Carte de presse en France et exemption de visa ? Pourquoi as-tu été obligé de renoncer à ces piges ? En tout cas, bravo à toi d’avoir refusé de faire de la com’ et de suivre ta propre voie (Lao Tseu inside 8) )

Thibault I |

Non, la carte de presse ne sert strictement à rien (ici comme en France, quasiment). Il est en effet possible de rester sur le territoire sans visa si tu es journaliste, mais tu dois alors travailler seulement pour des médias non canadiens. J’ai un permis de travail fermé, qui se demande à l’extérieur du Canada et qui est relié à mon employeur, d’où mon obligation de renoncer à des piges pour quelques temps. C’est le permis que tu peux obtenir notamment avec l’avantage significatif francophone (ou un truc comme ça, je sais plus le nom exacte).

Evgueni I |

Merci, beau récit !

Christelle I |

Excellent merci et bonne continuation 🙂

Julie I |

Pas toujours évidents les dilemmes lieu de vie VS opportunité d’immigration. Mais bravo à toi d’avoir su te faire une place de journaliste dans le Manitoba, c’est super ! Vivement que tu sois plus libre de tes mouvements pour pouvoir bosser avec les agences et journaux que tu as cités.

Thibault I |

Merci! Et oui, Julie, c’est pas toujours évident, mais on suit parfois un peu le cours des choses…