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    Source La Presse.ca du 25 janvier 2015

    Une réforme majeure de l'immigration, en partie inspirée par Ottawa, est en préparation au Québec.

    Le temps est venu de remettre en question le modèle québécois d'immigration, d'examiner la façon dont le Québec sélectionne, accueille et intègre les étrangers au marché du travail, selon la ministre de l'Immigration, Kathleen Weil, qui entreprend mercredi un marathon de consultations qui durera toute l'année.
    En entrevue à La Presse Canadienne, la ministre Weil s'est dite prête à entreprendre une «grande réforme» de la relation entretenue entre la société québécoise et les étrangers qui déposent leurs valises chez nous, un processus qui entraînera une révision en profondeur de la loi québécoise de l'immigration, d'ici la fin de l'année.
    Tout est sur la table: notamment, le modèle «unique en Amérique du Nord» fondé sur l'interculturalisme, un concept qui devra être mieux défini et «compris» par la population, le nombre d'immigrants accueillis chaque année, le mode de sélection, les pays privilégiés, l'importance accordée à la connaissance du français à l'arrivée, les cours de francisation, la reconnaissance des compétences acquises à l'étranger, la régionalisation et le partage de valeurs communes.
    La ministre veut un vaste débat et promet de se montrer «très ouverte à tout ce qui va être proposé».
    Cependant, l'accent sera mis sur l'économie, par une meilleure adéquation entre le recrutement des immigrants et les besoins de main-d'oeuvre. La clé: dénicher les candidats ayant le bon profil pour occuper les emplois vacants. En cela, Québec s'inspirera d'Ottawa.
    L'an dernier, le gouvernement fédéral a entrepris une réforme de son modèle de sélection des immigrants, dorénavant axé essentiellement sur les emplois disponibles au Canada. Chaque candidat doit produire une «déclaration d'intérêt» révélant ses aptitudes à répondre aux attentes des employeurs.
    La ministre Weil dit vouloir s'approprier ce modèle. Là «où je veux me rendre, c'est un système d'immigration basé sur le modèle canadien», a-t-elle soutenu.
    En 2013, au Québec, le taux de chômage chez les nouveaux arrivants était de 11,6 %, soit quatre points plus élevé que dans la population en général. Pourtant, la majorité d'entre eux sont très scolarisés: 57 % comptent au moins 14 années d'études.
    Les employeurs seront donc invités à préciser de façon plus pointue leurs besoins de main-d'oeuvre et définir le profil du travailleur qualifié idéal à attirer chez nous, secteur par secteur, région par région. Et les ordres professionnels seront conviés à mieux considérer les diplômes acquis à l'étranger.
    Cela semble d'autant plus important à une époque où la recherche d'immigrants qualifiés est «beaucoup plus compétitive» que par le passé, commente la ministre.
    La consultation publique sur la future politique d'immigration - l'actuelle politique date de 25 ans - débute mercredi à l'Assemblée nationale. Une cinquantaine d'intervenants y défileront au cours des prochaines semaines.
    Suivra une autre consultation plus spécifique sur deux aspects délicats du dossier: les volumes et les bassins démographiques. En clair, il s'agit de déterminer le nombre d'immigrants qu'on souhaite accueillir chaque année et leur provenance.
    Chaque année, entre 50 000 et 55 000 étrangers (51 959 en 2013) s'installent au Québec. L'Afrique - au premier chef le Maghreb - constitue le principal bassin de recrutement. De 2009 à 2013, un immigrant sur cinq (21 %) provenait d'Algérie ou du Maroc.
    Au terme de ces consultations, la ministre produira sa nouvelle politique, qui sera accompagnée d'un plan d'action.
    Enfin, à l'automne, point d'orgue de la réforme, la ministre déposera un projet de loi visant à «moderniser» la loi actuelle, «qui est vraiment désuète». Ce sera le «dernier morceau de cette grande réforme», une pièce «absolument fondamentale» du casse-tête.
    Français
    Un des défis du gouvernement sera de préciser quelle place donner à la connaissance du français avant d'atterrir au Québec et l'importance à accorder aux cours de francisation.
    À leur arrivée au Québec, près de la moitié (43 %) des immigrants ne connaissent pas un mot de français.
    «Qu'est-ce qu'on peut faire pour aller encore plus loin?», et faire du français «le ciment», la langue commune au Québec, s'interroge la ministre, se disant bien consciente que les immigrants doivent avoir un «niveau de français adéquat» pour dénicher un emploi, clé d'une intégration réussie.
    Le souhait de voir les nouveaux arrivants préférer la Côte-Nord ou la Gaspésie à Montréal constituera un autre enjeu de la consultation, quand on sait que trois immigrants sur quatre s'installent dans la grande région de Montréal.
    Pour remédier à cette situation, Mme Weil dit vouloir mettre à contribution les maires, qui doivent jouer «un rôle accru» pour attirer les étrangers dans leur région.
    La finalité de tout ce chambardement sera d'assurer «la pleine participation de tous et chacun à la société québécoise», résume Mme Weil.
    Le visage du Québec change: en une décennie, de 2001 à 2011, la proportion d'immigrants est passée de 9,9 % à 12,6 %.


  2. #2
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    Suite de l'épisode, cela promet pour les fans de la grande région de Montréal

    Toujours sur la Presse du jour : Publié le 01 février 2015 à 12h09| Mis à jour à 13h34 Québec devrait inciter les immigrants à s'installer en région, croit Charles Taylor

    Au Québec, l'avenir de l'immigration passe par les régions, selon le philosophe Charles Taylor.

    Celui qui a coprésidé, avec Gérard Bouchard, la commission de consultation sur les demandes d'accommodement religieux en 2008 est d'avis que le gouvernement Couillard devrait inciter bien davantage les candidats à l'immigration à s'installer en région plutôt qu'à Montréal.
    En entrevue à La Presse Canadienne, M. Taylor a dit que le gouvernement devrait conclure une sorte de marché avec les étrangers intéressés à vivre au Québec: ils s'engageraient pendant une période donnée, disons cinq ans, à demeurer en région pour y occuper un emploi précis et en échange leur dossier serait traité en priorité.

    L'avantage de ce procédé serait double: disperser l'immigration et combler les emplois vacants en région.
    «Ce sera une espèce de marché qu'on conclut avec une personne: il y a ce travail concret, on a beaucoup de mal à le remplir. Vous allez le remplir, alors là on est très d'accord pour vous faire passer rapidement à travers toutes les étapes» du processus de sélection, a-t-il illustré.

    Entre 2009 et 2013, deux immigrants sur trois (70 %) ont choisi de prendre racine à Montréal. Si on inclut Laval et la Montérégie, on découvre que la très grande majorité (84 %) des nouveaux arrivants s'implantent dans la métropole ou autour, dans ce qu'il est convenu d'appeler le «450».
    Leur présence en région paraît infinitésimale: 0,1 % ont choisi la Gaspésie, 0,2 % l'Abitibi et 0,3 % le Saguenay, durant la même période.
    Avec son collègue Bouchard, M. Taylor proposera donc, notamment, un moyen d'inverser cette tendance, lors de leur témoignage jeudi devant la commission parlementaire qui se penche sur la future politique d'immigration québécoise.

    C'est une approche gagnant-gagnant, fait-il valoir: «Il suffit qu'il y ait un contact humain entre les immigrants de toutes sources et les Québécois de souche, qu'ils se fréquentent un peu et les différentes craintes, les préjugés, les paniques, disparaissent.»
    La sélection des candidats pourrait même être conditionnelle à leur acceptation de s'installer en région. Mais M. Taylor prône une approche plus incitative que coercitive. Il ne s'agit pas de leur «forcer la main», mais de créer des conditions favorables.

    «On pourrait rendre l'acceptation de cette personne conditionnelle à ce qu'elle prenne un emploi, disons pour un certain nombre d'années, pas pour toujours, à Chicoutimi, à Rimouski, etc. Ça pourrait dépanner la communauté régionale» sur le plan des besoins de main-d'oeuvre.
    Dans le même esprit, Québec devra accélérer la reconnaissance des diplômes acquis à l'étranger, a-t-il ajouté, et faire en sorte par exemple qu'un médecin étranger ne soit pas contraint de «finir comme chauffeur de taxi» au Québec.

    Il propose à ce propos de prévoir, au premier chef pour les médecins, une formation d'appoint, éventuellement financée par l'État. De plus, on devrait penser à une formule de mentorat, en demandant à des médecins québécois de superviser la pratique de médecins étrangers pendant un certain temps.
    Professeur émérite de l'Université McGill, M. Taylor, considéré comme un des grands penseurs canadiens, est d'avis qu'il ne faut pas comparer le contexte de l'immigration au Québec avec celui, plus explosif, qu'on rencontre en Europe, particulièrement depuis les attentats survenus à Paris récemment.
    Il ne craint donc pas de dérapage vers l'islamophobie au Québec, où on trouve une importante communauté de confession musulmane.

    M. Taylor note que les immigrants qui débarquent en Europe sont souvent peu scolarisés, contrairement à ce qui se passe chez nous, ce qui constitue une différence majeure à ses yeux.
    «Nos immigrants ici, ils sont hyper-formés. Complètement aux antipodes des problèmes d'immigration qui se posent en Europe actuellement, où il y a des gens souvent sans formation qui arrivent dans un bateau (...), et qui n'arrivent pas à trouver une job», selon M. Taylor.
    «Il y a une population qui est profondément aliénée dans certains pays européens, chez les populations immigrantes.»
    Le Québec accueille entre 50 000 et 55 000 immigrants par année.


  3. #3
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    Merci pour cet article très intéressant.
    Justement je m'étais renseignée sur la demande de boulot hors Montréal car mon tout premier souhait était de travailler à Québec ya 2 ans (et finalement j'ai trouvé mon stage à Montréal). Et cette année je regarde un peu les demandes hors Montréal, sur Trois Rivières, Portneuf... le long du fleuve St Laurent. C'est bien s'ils traiteraient en priorité les immigrants qui veulent s'installer hors Montréal. Mais il faut que l'offre de postes vacants suit.

  4. #4
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    Suite du suivi de ce projet de réforme inspiré par la réforme réalisée au fédéral.

    Le patronat québécois ne souhaite pas nécessairement un durcissement :

    Source La Presse.ca Publié le 29 janvier 2015 à 21h11 | Mis à jour le 29 janvier 2015 à 21h11
    Immigration: mise en garde contre des exigences linguistiques trop élevées


    Les candidats à l'immigration ne devraient pas être contraints de maîtriser le français pour s'installer au Québec, a plaidé le Conseil du patronat (CPQ), jeudi, aux consultations en vue de revoir les politiques d'immigration.

    En commission parlementaire en après-midi, le président du CPQ, Yves-Thomas Dorval, a mis en garde le gouvernement contre des exigences linguistiques trop élevées qui priveraient le Québec de la richesse de la diversité.

    «Cela va un peu trop loin, a-t-il dit en entrevue après sa comparution. Le français ne devrait pas être le seul critère.»
    Devant les parlementaires, M. Dorval a reconnu que le français est un sujet «extrêmement délicat» et que «les choses doivent se faire en français au Québec». Toutefois, miser sur une «maîtrise trop poussée» du français, au détriment de la qualification professionnelle, limiterait le bassin de recrutement des entreprises et appauvrirait la diversité de la société.

    «Si on se limite à la maîtrise du française, on limite nos bassins d'immigration à seulement certains pays, et à ce moment-là, on rate la richesse de la diversité pour une société», a-t-il expliqué au cours du point de presse. Le porte-parole péquiste en matière d'immigration, Maka Kotto, lui a du reste fait remarquer que, déjà, deux immigrants sur cinq ne parlent pas un mot de français à leur arrivée au Québec.
    Le président du CPQ préconise plutôt un critère tel que la volonté d'apprendre le français, ou la connaissance de base du français, plutôt que la maîtrise de la langue. L'État devrait donc miser sur l'amélioration de services de francisation.
    «La possibilité pour un immigrant d'apprendre le français, ça, c'est une nécessité. C'est une nécessité pour le Québec d'offrir (...) des services d'accompagnement, d'enseignement (du français), pour ne pas être trop restrictif», a dit M. Dorval.
    Et qui plus est, la connaissance de l'anglais devrait aussi être reconnue comme un atout, car ceux qui maîtrisent les deux langues réussissent mieux dans leur carrière, a-t-il fait valoir.

    «L'anglais ne devrait pas être vu comme une menace», a-t-il dit.

    La Centrale des syndicats du Québec (CSQ) a pour sa part défendu un point de vue diamétralement opposé. Il ne faut pas exiger moins de français, mais en exiger au moins autant, donc pas question d'assouplir ce critère, a défendu la présidente de la CSQ, Louise Chabot.

    Elle a rappelé que c'est justement au nom de son caractère distinctif, du fait français, que le Québec a rapatrié une partie des pouvoirs en immigration du gouvernement fédéral en 1990.

    «Pour nous, c'est impensable de mettre la pédale douce, a-t-elle dit en entrevue avant la comparution de la CSQ. Ce n'est pas l'immigration qui est un apport, c'est beaucoup plus les politiques familiales. L'immigration devient un apport dans une société en français, sinon on va se faire harakiri nous-mêmes.»
    En outre, Mme Chabot a exprimé son inquiétude devant la volonté manifestée par la ministre de l'Immigration, Kathleen Weil, de se rapprocher du modèle mis en place par le gouvernement fédéral.

    «On semble vouloir canadianiser la nouvelle politique d'immigration en axant davantage (la sélection) sur les besoins du marché du travail, a dit la présidente de la CSQ. On ne dit pas que ce n'est pas important, mais il ne faudrait pas diminuer» l'importance des autres critères.

    La ministre n'a en effet pas caché son intention de mettre l'accent sur l'économie, par une meilleure adéquation entre le recrutement des immigrants et les besoins de main-d'oeuvre. La clé: dénicher les candidats ayant le bon profil pour occuper les emplois vacants. En cela, Québec s'inspirera d'Ottawa.

    Mais par ailleurs, elle a indiqué que tout est sur la table: notamment, le modèle fondé sur l'interculturalisme, un concept qui devra être mieux défini et «compris» par la population, le nombre d'immigrants accueillis chaque année, le mode de sélection, les pays privilégiés, l'importance accordée à la connaissance du français à l'arrivée, les cours de francisation, la reconnaissance des compétences acquises à l'étranger, la régionalisation et le partage de valeurs communes.

    La consultation publique sur la future politique d'immigration - l'actuelle politique date de 25 ans - a débuté mercredi à l'Assemblée nationale. Une cinquantaine d'intervenants y défileront au cours des prochaines semaines. Suivra une autre consultation plus spécifique sur deux aspects délicats du dossier: les volumes et les bassins démographiques. En clair, il s'agit de déterminer le nombre d'immigrants qu'on souhaite accueillir chaque année et leur provenance.
    Chaque année, entre 50 000 et 55 000 étrangers (51 959 en 2013) s'installent au Québec. L'Afrique - au premier chef le Maghreb - constitue le principal bassin de recrutement. De 2009 à 2013, un immigrant sur cinq (21 pour cent) provenait d'Algérie ou du Maroc.
    Au terme de ces consultations, la ministre produira sa nouvelle politique, qui sera accompagnée d'un plan d'action.

    La suite aux prochains épisodes.