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    Anne 34 ans

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    Petit article lu ce matin devant mon café, paru dans les DNA (Dernières Nouvelles d'Alsace) Chaque dimanche, ce journal régional consacre une page aux expatriés alsaciens partout dans le monde. Aujourd'hui, portrait d'Olivier Favre :

    Le rêve québécois

    Un Alsacien propriétaire d'un des plus grands parcs animaliers du Québec, telle est la vie rêvée d'Olivier Favre. Un parcours qu'il n'avait pas imaginé, riche de rencontres et d'opportunités saisies. Son moteur, l'optimisme et un fort attachement au Québec où il passe la moitié de sa vie.

    Olivier Favre est un homme plutôt discret et humble. Il préfère mettre en avant les autres, "à qui il doit beaucoup" et notamment ses amis d'enfance, les frères Alexis et Paul Spengler. Ce sont eux qui sont à l'origine du parc animalier Oméga, à Montebello au Québec, aujourd'hui propriété d'Olivier Favre.
    En 1985, les deux frères, descendants des fondateurs de Manurhin à Mulhouse, achètent une pourvoirie dans la région de l'Outaouais, au nord de Montréal, où ils se livrent à leur passion pour la chasse. Mais devant l'engouement du public pour les animaux sauvages, ils transforment le site en parc animalier pour les espèces d'Amérique du Nord. En 1996, ils embarquent leur ami mulhousien Olivier Favre dans l'aventure et ensemble, ils font évoluer la structure qui aujourd'hui s'étend sur 900 hectares et accueille 200 000 visiteurs par an.
    A cette époque, Olivier Favre était assureur, une profession qu'il a endossée "par défaut" alors que depuis l'adolescence, il rêvait du Québec. "J'avais envie de prendre l'air, je me sentais à l'étroit en Alsace". Oui mais voilà, la vie en décide autrement. Alors qu'il envisageait d'étudier à Montréal, il décide de rester en Alsace pour reprendre, à court terme, le cabinet familial d'assurances, que son père malade voulait lui transmettre. Et ses études, il les fera Strasbourg où il est passé par la filiale Sciences politiques, puis droit avec à la clé une maîtrise.
    "J'ai pris goût à ce bout de vie (qui a tout de même duré 30 ans N.D.L.R.) et j'ai fait grandir la société qui est passée de 10 à 80 personnes." Aujourd'hui l'affaire est dans le giron du principal courtier français en assurances. Pendant cette période de sa vie, il a beaucoup appris au contact des entreprises européennes qu'il assurait. Et a développé le sens des affaires, inscrit dans ses gènes. "Le goût d'entreprendre est dans mon ADN. La famille de mon père est liée à l'histoire des industries textiles de Mulhouse et celle de ma mère, les Hatt, aux brasseries Ancre et Kronenbourg", livre-t-il. D'ailleurs ses enfants ont aussi pris le virus et il les a toujours encouragés à réaliser leurs rêves. Sa fille Paola, âgée de 39 ans, travaille dans l'innovation en Suisse et son fils Tristan, 37 ans, est artisan sculpteur à Marseille. Anna, la plus jeune, 30 ans, a créé une entreprise de cadeaux à Singapour.

    Vivre outre-Atlantique
    C'est donc à 50 ans qu'Olivier réalise enfin son rêve de vivre outre-Atlantique avec ses amis, Alexis et Paul Spengler. Les deux hommes avaient une bonne connaissance de la nature et des animaux. Olivier leur apportera son expérience de gestionnaire et le goût pour l'investissement. En 2001, les frères Spengler lui cèdent leurs parts et Olivier Favre devient le seul propriétaire du parc Oméga. "Les héros, ce sont eux, ils ont défriché la forêt et posé les bases du projet", commente en toute humilité Olivier Favre. En dix ans, le parc a déjà accueilli plus de deux millions de visiteurs. Et la présence d'Olivier y est sûrement pour quelque chose. Car l'homme d'affaires averti n'est pas seulement intéressé par les chiffres. Il est "tombé en amour" avec le Québec dont il apprécie les vastes étendues, les beaux paysages, "surtout quand ils sont habités par les animaux sauvages".
    Au parc Oméga, les visiteurs circulent à pied ou en voiture dans les différentes zones pour découvrir la faune sauvage. Wapitis, orignaux, ours, loups, bisons, en tout plus de 20 espèces et 500 bêtes ont pris leurs aises au parc. Les automobilistes peuvent les nourrir avec des carottes, vitres baissées, pour les moins farouches, notamment les cervidés. Les plus dangereux se laissent observer à bonne distance, à travers des enclos protégés. La magie est totale lorsque les promeneurs se baladent à pied au milieu d'une centaine de daims et leur progéniture. Une immersion magique dans l'univers de Bambi !
    Au Québec, tout semble plus simple à Olivier Favre. "Il existe ici une liberté d'action que l'on a pas en France. Il est plus facile d'y réaliser ses rêves", explique celui qui ne s'imaginait pas à la tête d'un parc animalier ! "Ca frise la jubilation, vous rêvez et ça se fait." Comme par exemple pour ses derniers pensionnaires, des boeufs musqués. "Vendredi j'ai eu un coup de fil de quelqu'un de vancouver qui me proposait ces animaux, et le lundi ils étaient dans le parc." Pas de lenteur administrative chez nos cousins d'Amérique. De plus, la main d'oeuvre est moins chère car les charges sociales sont moins élevées. "Les règles du jeu ne sont pas compliquées, on décide et on fait, sans passer des heures à réfléchir aux stratégies à mettre en place", commente le chef d'entreprise en précisant que les étrangers sont les bienvenus au Québec où l'on rencontre déjà beaucoup de Français.

    Pragmatisme et respect
    Les rapports professionnels sont aussi plus directs. "Il n'y a pas de snobisme, je ne porte jamais de cravate, là-bas." Autre preuve de l'humilité d'Olivier Favre, s'il en fallait une : "Quand je suis arrivé là-bas pour diriger le parc, je ne savais rien, je ne venais pas en conquérant, j'ai tout appris des Québécois, je fais confiance au personnel du parc, très réactif, et notamment à son directeur, Alain Massie, qui a une excellente connaissance de la nature. On a beaucoup à apprendre du pragmatisme nord-américain." Le respect, Olivier Favre le pratique non seulement vis-à-vis de son personnel, mais aussi envers les animaux. "Ce sont eux qui nous accueillent sur leur territoire et non l'inverse, il n'y a pas d'intrusion de l'homme."
    Passionné par l'histoire du Québec, le propriétaire alsacien du parc Oméga lui fait une part belle sur son terrain. Une vieille ferme datant de 1949 menaçait de s'écrouler. Il décide de la rénover, en 2003, et d'y installer des animaux d'élevage. Une cabane à sucre permet aux touristes de découvrir, en mars-avril, le rituel de la fabrication du sirop d'érable. Et tout récemment, un poste de traite des fourrures avec les Indiens a été reconstitué comme à l'époque des colons.

    Le sentier des premières nations
    La culture amérindienne a elle aussi toute sa place dans le parc Oméga, notamment autour du lac des truites où se trouvent de nombreuses oeuvres sur le sentier des premières nations. Une évidence pour Olivier Favre, par ailleurs passionné d'art contemporain. il n'hésite pas à qualifier son parc, au mileu duquel il réside la moitié de l'année, de "paradis terrestre". Cette vie entre deux mondes et deux cultures le ravit et le "nourrit".
    Comme Olivier Favre, de nombreux Alsaciens sont attirés par cette province francophone qui a les avantages des Etats-Unis sans les inconvénients. Un engouement analysé par l'intéressé. "Les relations entre les personnes sont simples et le climat continental rappelle celui de l'Alsace : de vraies saisons (en temps normal... N.D.L.R.), avec un été chaud et un hiver froid et sec." Et pour l'avenir, Olivier Favre a plus d'un projet dans la tête et en cours de réalisation. "Pour le fin" (une des expressions les plus usitées au Québec), l'Alsaco-Québécois est en train de faire construire "sa cabane au Canada"... qui hébergera dès cet été ceux qui souhaitent passer une nuit dans le milieu naturel des animaux sauvages. Une première pour le parc Oméga.
    Philosophe et conscient de sa chance, Olivier Favre est reconnaissant au Québec qui lui a permis de réaliser son rêve. "Fallait être fou pour vendre la nature aux Québécois ! Mais ça a fonctionné, c'est un des loisirs populaires les moins chers du pays et j'en suis fier." Et la Belle Province lui rend bien cet amour qu'il lui porte, par de nombreuses récompenses au titre du développement touristique. "J'ai eu une chance extraordinaire de participer à une telle oeuvre créatrice", conclut-il. Une opportunité qu'il souhaite à chacun, "car il est important d'avoir des rêves et de les réaliser". Et de croire en sa bonne étoile.

    Simone Giedinger, DNA du dimanche 9 juin 2013
    Pour ceux qui n'avaient jamais entendu parler du parc Oméga, la visite vaut le coup et c'est assez impressionnant! (ce n'est que mon avis personnel bien sûr!)
    PARC OMEGA le parc animalier zoo pour une sortie en famille