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Je vous avais promis du rêve : ce mois-ci a été un cauchemar. Je vous avais promis de voyager : je suis restée coincée à Montréal. Je voulais vous offrir du Beau et des grands espaces : je n’ai que des gratte-ciel et des hipsters à vous proposer. La faute à une seule et même personne qui m’a plongée dans une galère et qui m’a fait perdre UN MOIS complet de PVT.

Je pensais vraiment avoir un van juste après mon bénévolat à l’Oratoire Saint-Joseph et mettre enfin les voiles dès le début du mois de mai. Suite à mon annonce de recherche parue sur le site PVTistes.net, un pvtiste m’avait contactée dès début avril pour me proposer son véhicule. Nous nous étions rencontrés, le van me plaisait, il correspondait à mon budget, je l’avais essayé, j’avais toutes les factures d’entretien en main… On avait convenu de faire affaire ; il me fallait juste patienter jusqu’à début mai pour pouvoir avoir le van, car le pvtiste en avait besoin jusqu’à fin avril.

Cela me permettait de terminer mon bénévolat tranquillement : tout s’enchaînait à merveille.

Fin avril, je prenais un dernier repas avec toute l’équipe de l’Oratoire Saint-Joseph qui m’a offert une superbe médaille en or ainsi qu’une carte de petits mots tous aussi touchants les uns que les autres. Merci Elaine, Samuel, Nathalie, Danielle et Isabelle pour votre accueil et votre confiance ! Au passage, je remarque qu’un PVT n’est fait que de rencontres extraordinaires suivies de séparations tout aussi brutales et rapides. Vous arrivez à vous y habituer, vous ?? Moi pas ! Ce « Permis Va T’en » me lacère le cœur à chaque au revoir. Est-ce que ça s’éduque et que je vais finir par m’y habituer ?!

Enfin, début mai arrive. Enfin, j’aperçois la liberté. Enfin j’entrevois le road trip, la route, les kilomètres tant rêvés. Enfin les grands espaces… Le rêve peut prendre forme.

En contactant le pvtiste pour convenir de la date d’achat, celui-ci est de plus en plus aux abonnés absents. Il m’annonce qu’il change de travail. Une autre fois, il déménage. Une autre fois encore, il est aux urgences avec sa copine. Il me promet chaque fois de m’appeler tel jour à telle heure et moi, Pénélope des temps modernes, j’attends en vain que mon portable sonne. De mieux en mieux, il m’envoie un jour un SMS me demandant si je tiens vraiment à faire une inspection du véhicule avant l’achat, car il manque de temps pour cela.

Moi, du temps libre, j’en ai ; ce pvtiste m’en laisse beaucoup… À tout hasard, un soir, je tape son nom sur Google et je finis par découvrir le pot-aux-roses : son modèle de voiture a fait l’objet d’un rappel par la marque pour défaut de fabrication (il s’est bien gardé de me le dire et nulle part les factures qu’il m’a envoyées faisaient état de la réparation). Il est forcément au courant, puisqu’il a écrit un message incendiaire sur la page Facebook de la marque Kia (vive Facebook et l’historique conservé pendant plus d’un an).

Si donc vous voyez un jour une annonce pour un Kia Sedona de 2007 à vendre par un Lucas Vant***o (ou sa copine Jane), fuyez immédiatement : ce véhicule est dangereux, il a des éléments de sécurité non réparés ; ou alors, exigez la facture du changement des « bras de coussinets avant ». Je ne suis pas ici pour régler mes comptes avec lui ; je veux simplement vous épargner de perdre du temps comme il a pu m’en faire perdre.

Cette découverte m’achève et tombe comme un couperet. Nous sommes enfin début mai, il fait chaud, très chaud – parfois jusqu’à 36 °C – et je repars complètement de zéro pour trouver un van.

Pensant acheter ce Kia Sedona, je n’avais pas cherché plus avant. Je suis toute seule dans mes recherches et je m’y connais autant en voitures qu’en vibraphones. C’est à peine si je distingue une Buick d’une Simca 1000.

Je déprime complètement. On m’avait parlé du fameux « blues des trois mois » et je peux vous affirmer que ce n’est pas un leurre. Mon mois de mai se résume à regarder le site Internet « kijiji.ca », équivalent canadien du « Bon Coin », à regarder des tas de ferraille rouillés (qu’on appelle des « citrons » ici) ou des annonces de particuliers qui, étrangement, ont 4 ou 5 véhicules à vendre à la fois… Je suis devenue parano, je me méfie de toutes les annonces, il fait une chaleur à crever et je suis coincée à Montréal alors que je devrais déjà être sur la route à sillonner les parcs.

Tous les concessionnaires étant excentrés, je passe mes journées dans le métro, les bus (haaaa, les bus !), à regarder des voitures sans savoir si, au final, elles sont correctes ou non.

Donc, histoire de vous faire gagner du temps, si vous recherchez un van ou un minivan, voici quelques modèles qui pourraient vous intéresser. Sachez qu’ici, un « minivan » est l’équivalent d’un monospace, genre Renault Espace. Et tout le monde m’a recommandé d’acheter en priorité Japonais, puis Coréen et en dernier recours Américain.

  • Minivan : Toyota Sienna, Honda Odyssey, Kia Sedona, Hyundai Entourage, Mazda MPV, Nissan Quest, Pontiac Montana, Dodge Grand Caravan, Ford Freestar…
  • Van : GMC Safari, Chevrolet Astro, Westfalia (si vous avez les moyens !)

Enfin, une annonce d’un particulier sur Kijiji retient mon attention. Un Nissan Quest de 2007, en bon état… Je suis toutes les démarches préalables conseillées dans le récit ci-dessus. D’abord, s’assurer que le véhicule n’est pas volé, ici : Centre d’information de la police canadienne.

Ensuite, vérifier que le véhicule n’est pas hypothéqué au RDPRM. La démarche en ligne coûte 3 $ et permet d’éviter de sacrés ennuis.

Puis vient le CarProof qui donne un historique complet du véhicule. J’apprends ainsi que ce Nissan Quest est un véhicule américain (donc en miles et non en kilomètres), qu’il a d’abord été une voiture de location, mais n’a jamais été accidenté. Faire la demande du CarProof en ligne est cher : 63 $…

Je me suis fait faire un permis québécois aussi ; mon permis français et international auraient sans doute suffi, mais je trouvais ça pas mal d’avoir une pièce d’identité québécoise à mon nom. Après un mois d’attente, j’ai eu un rendez-vous à la SAAQ du boulevard Henri-Bourassa pour procéder à l’échange (même si j’ai pu conserver mon précieux papier rose). Coût total : 103 $ par an.

Je fais inspecter le véhicule avec le propriétaire : 120 $. Déjà 289 $ de dépensé pour un véhicule que je ne suis même pas sûre encore d’acheter !

Quelques réparations sont à prévoir, ce qui permet de faire baisser le prix. Ah, au fait, vous apprendrez plein de nouveaux mots, car tous les garagistes utilisent le vocabulaire anglais pour parler des pièces à changer ! Me voici incollable sur les wipers, les ball joints, les « service head lights » et autres joyeusetés… Finalement, la vente se passe en cash.

Petit conseil tout de même : exigez d’avoir le plein d’essence au moment de la vente, ainsi qu’un véhicule propre ! Moi, il y avait à manger pour dix personnes par terre quand on m’a vendu le Nissan ! Des spaghettis séchés, des paquets de chips renversés…. Classe !

Mais bon……… Je suis propriétaire d’un véhicule !!! Je n’avais jamais acheté de voiture auparavant : me voici au volant d’un V6 !

Je me tourne ensuite vers mon ami québécois Marc-André, l’ancien guide d’aventure qui sait tout faire, et qui doit avoir plein d’idées pour aménager l’intérieur du van efficacement. Pari gagné. Je passe l’une des meilleures journées depuis bien longtemps avec lui et ses parents, à manier la scie sauteuse, la perceuse, à mesurer en pouces, à planter des clous, à rire et à voir enfin le van – et mon projet – prendre forme.

Acheter un van au Canada - amenagement du van

On construit une plate-forme de bois à l’arrière du Nissan. Pour ceux qui chercheraient à faire pareil dans le coin de Montréal, sachez qu’une entreprise a régulièrement des palettes de bois à donner gratuitement, on peut venir se servir sans prévenir ici : 6242 avenue Durocher, QC H2V 3Y8. Pas besoin d’appeler avant : on peut même venir se servir en pleine nuit si on veut !

J’effectue ensuite quelques achats au Canadian Tire, au Dollarama et au Tigre Géant : des caisses en plastique empilables, une commode à trois tiroirs en plastique, des rideaux, du velcro pour les fixer, une popote, un matelas, une douche solaire et tout un tas de trucs dont on se dit que « ça peut toujours servir » ! Encore une fois, Marc-André a mille idées à la minute et mon moral reprend.

J’avais oublié un détail, même deux : c’est bientôt mon anniversaire, et je m’étais promis/juré de souffler ma bougie supplémentaire loiiiiiiiiin de Montréal. Sauf que je n’avais pas imaginé prendre autant de retard… Le temps presse donc de mettre les voiles. Mais deuxième chose : je ne pensais pas que le passage du rêve à la réalité serait aussi difficile. Rêver de partir toute seule sur la route, toutes vitres ouvertes, cheveux au vent et musique à fond, oui, c’est facile. Mais mettre la clé dans le contact et quitter sa zone de confort – même si on ne l’aime pas et qu’on a hâte de la quitter – c’est un combat, un déchirement, une guerre intérieure que je n’avais pas imaginée. Au matin de mon départ, après mon café, je suis incapable de tenir debout. Je me recouche, l’angoisse m’étreint, je sais que je vais me retrouver toute seule, à devoir tout gérer par moi-même, à devoir faire face à tout – et à moi-même, à trouver des solutions à tout problème, à affronter l’inconnu… Rêver, se projeter, s’imaginer, fermer les yeux et s’inventer une vie… haaaa, c’est tellement facile et à la portée de tous ! Mais mettre la clé dans le contact, entendre son V6 vibrer et appuyer sur l’accélérateur, avec un siège passager vide à côté de soi, destination inconnue, c’est une autre paire de manche. Je n’avais qu’une hâte : celle de partir, mais je ne m’attendais pas à avoir autant peur, percluse d’angoisse et d’appréhension le jour J.

Mais comme pour un départ en PVT, c’est le premier pas qui coûte : tout le reste suit bien plus facilement ! Je souffle donc ma bougie supplémentaire dans les Cantons de l’Est avant de prendre la route vers Québec et l’époustouflante région de Charlevoix. Je ne m’attendais pas à trouver de tels paysages le long du Saint-Laurent. C’est si beau : impossible de s’habituer ! Je prends la route des montagnes, direction le Parc des Grands Jardins (l’ascension du Mont du Lac des Cygnes offre une vue sur la région extraordinaire de Charlevoix)…

Acheter un van au Canada - Mont du Lac des Cygnes - Parc des Grands Jardins 2

… puis le Parc des Hautes-Gorges de la rivière Malbaie, véritable paradis sur terre, accessible à tous.

Acheter un van au Canada - Vue de Acropole des Draveurs - Parc des Hautes-Gorges 2

Les randonneurs grimperont les trois sommets de l’Acropole des Draveurs, les paresseux prendront le bateau-mouche pour une balade d’1 h 30 sur la rivière, les kayakistes s’en donneront à cœur joie et les contemplatifs regarderont tout ce beau monde s’agiter sur les eaux bleues de la Malbaie.

Acheter un van au Canada - Riviere Malbaie - Parc des Hautes Gorges

Acheter un van au Canada - Riviere Malbaie

Ah oui ! Petite précision ! Mes genoux et mes mollets me chargent de vous dire qu’une randonnée classée « D » sur les dépliants (ils disent « pamphlets » ici !) ne signifie pas « Débutant »… mais bel et bien « Difficile » !! Oui, je me suis fait surprendre ! Mes cuisses s’en souviennent encore… Foutue rando du « Pioui » dans le Parc des Grands Jardins ! Faites-la s’il n’a pas plu la veille !

Et pour ceux qui, vraiment, ont du mal à marcher, ils trouveront leur bonheur au parc du Bic, sur la rive sud, près de Rimouski. Non seulement c’est splendide, mais en plus 80 % des randonnées sont classées « faciles » !! On circule sous les pins, d’anse en anse, à contempler les phoques au bord du Saint-Laurent qui prend vraiment des allures de pleine mer ici ; il y a même des marées ; souvenez-vous que c’est un fleuve !!

Acheter un van au Canada - Baie Saint-Paul

Depuis que je vis dans mon van, je fais l’apprentissage de beaucoup de choses : où dormir en sécurité, me faire à bouffer au réchaud…

Acheter un van au Canada - Petit-dejeuner en guettant les baleines

… m’organiser, m’écouter… Je suis encore en rodage, mais j’ai fait beaucoup de progrès en quinze jours : je ne mets plus qu’une demi-heure avant d’avaler ma première gorgée de café dégueulasse le matin !

Acheter un van au Canada - Coucher de soleil

Acheter un van au Canada - Sunset

 

Anne

Passionnée de Voyages, de Nature, d'Aventure et de Découverte, c'est tout naturellement que je me tourne vers le Canada ! Mon projet est de m'y installer de manière permanente et de travailler dans les parcs provinciaux ou nationaux. Peu importe le boulot, pourvu que j'ai la Nature comme lieu de travail !

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(13) Commentaires

Emilie I |

Coucou Anne!
Merci pour ce poste. Je t’assure que l’on ne s’habitue pas aux au revoir. Cela fait 6 ans que je suis expat et que je vadrouile differents continents et le blues des adieux est toujours aussi fort. J’imagine que t’en mieux, cela veut dire que l’on fait de varies connections.
J’ai une petite question. Je compte venir prochainement avec un pvt au Canada mais comme je souhaite vadrouiller les 1ers mois, je pensais ne pas le valider a mon arrive donc me balader en tant que touriste. Peut on acheter une voiture avec un visa touriste ou faut il que je valide mon pvt? Je me disais que c’est bete d’utiliser mes 2 premiers mois de pvt a dormir dans une voiture car je pensais commencer par BC puis un petit tout en Alaska. J’ai habite 6 mois dans une voiture en Australie et 5 dans un van en NZ. Hate de ce nouveau tres grand challenge.
Merci beaucoup!

Anne I |

Hello ! Outch, je ne suis pas une spécialiste sur la question… J’ai vu des personnes faire un road-trip en tant que touristes (donc ayant acheté une voiture en tant que touristes), mais ils galéraient grave pour trouver une assurance acceptant d’assurer leur road-trip. En tout cas, l’achat d’une voiture semble donc possible. Mais encore une fois, je n’ai pas été confrontée à cette situation !

Quand tu achètes une voiture, il te faut en tous les cas une adresse fixe au Canada.
Pourquoi ne validerais-tu pas ton PVT directement ? Ce serait des tracasseries en moins… Et deux mois sur deux ans, ce n’est finalement pas grand’chose… En tout cas, si tu commences par un visa touriste et que tu enchaînes avec ton PVT, tu devras de toutes les façons faire le tour du poteau pour le valider.

Sarah I |

coucou comment allez vous

Anne I |

Hé bien…. bien ! 🙂 Et vous ?

Caroline I |

Hey Je viens de me rendre compte que le gas qui a essayé de te vendre la van a réussi à la vendre et qu’il a voulu acheté ma voiture, pas de chance sa copine voulais une boite auto !!! Behh la je tombe sur le c*l. Le monde est petit. Bon courage avec ta ride !

Hélène I |

Merci pour ton récit Anne et au plaisir de te croiser prochainement sur les routes
(et bon anniiiiiversaiiiiiiiiiiiiiiire ! )

Anne I |

Merci pour ton message, Hélène !! Ca me fait très plaisir !!

Grégory I |

Bonjour Anne,
Bravo pour tes articles et pour le ton que tu emploies, c’est très fun à lire et on s’y reconnaît beaucoup. J’ai débarqué à Montreal il y a 15 jours et je me suis pas mal reconnu dans tes premières impressions…
Nous sommes désormais moi et ma compagne à la recherche d’un vehicule mais tu n’abordes pas le sujet de l’assurance et il se trouve qu’en ce qui nous concerne c’est un des plus gros obstacles que nous avons à surmonter : pas d’adresse fixe et premier séjour court (9 semaines) qui éveillent les soupçons des assureurs…peut tu nous en dire un peu plus?
Encore bravo!

Anne I |

Salut Grégory, et bienvenue au Québec 🙂 Pour la question de l’assurance, à vrai dire, j’ai démarché beaucoup de compagnies ; ils posent tous les mêmes questions (âge du véhicule, années d’expérience, si tu comptes séjourner plus de 150 jours hors Québec, etc). Je n’ai trouvé aucune logique dans les tarifs proposés. Tu peux démarcher Desjardins, TD, La Capitale, Belair, ou même faire appel à un courtier qui fera le boulot à ta place. Les tarifs qu’on m’a proposés allaient de 550 $ à 1500 $. Tu n’as pas une adresse fixe à proposer ? Une colocation ? Un ami sur Montréal ?

Nicolas I |

Allo Ushuaianne, merci pour ton article. En effet, acheter un véhicule d’occasion rend très suspicieux. Pourrais-tu nous montrer l’aménagement intérieur de ta nouvelle chambre roulante?
Bon voyage au Québec et au Canada!

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Anne I |

Hello Nicolas ! Merci pour ton message. On aperçoit un peu l’intérieur du van dans la prochaine vidéo (à paraître très bientôt). L’aménagement est très sommaire, finalement 🙂 Une plateforme, un matelas, une commode en plastique, quelques caisses, et du velcro accroché au-dessus des vitres pour mettre les rideaux le soir 🙂 J’essaierai de filmer prochainement le rituel du coucher 🙂

Simon I |

merci pour ton partage =)

Anne I |

Merci Simon 🙂