Localisation
Lausanne, Suisse
Profession
Ingénieur IT
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Ville de provenance
J’ai plus vraiment de chez moi en ce moment, mais je viens d’un petit village de la Savoie profonde, j’ai habité pas mal d’années à Grenoble et 2 ans à Paris avant de tout lâcher pour partir.
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Villes de destination
Celles qui se mettront en travers de mon chemin entre Tokyo et Canberra en passant par Séoul et Kuala Lumpur.
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Sur place depuis combien de temps ?
En voyage pour au moins un an avant de commencer mon PVT en Australie, date de retour encore inconnue à ce jour.
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Baroudeur ou pas ?
Pas trop avant de partir, même si j’avais déjà traversé 50 fois toute la planète dans ma tête. J’aime le confort de savoir où je vais dormir le soir et me poser plusieurs jours à un endroit pour apprécier et découvrir en prenant le temps.
Mais j’aime aussi partir à l’aventure et me lancer des défis (genre traverser le Japon en stop).
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Que faisais-tu en France ?
« Ingénieur informaticien » comme dirait la chanson, développeur de logiciel en vrai.
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Pourquoi cette envie de t’envoler pour l’Asie ?

J’avais envie de partir loin tout seul depuis très longtemps je pense, sans oser vraiment le faire. Après 2 ans de frustration sur Paris, sans avoir l’impression d’y trouver ma place, j’ai décidé d’aller voir ailleurs si j’y étais, sans trop savoir où chercher. Je me suis rapidement fixé sur la Nouvelle-Zélande (sans doute l’endroit le plus loin de France, si on reste sur la Terre); l’Asie m’attirait beaucoup aussi, tellement exotique, avec pleins de bons plats, de bâtiments avec des toits bizarres, des gens avec les yeux bridés, des caractères incompréhensibles et tout ce qu’on peut s’imaginer en écoutant et lisant des histoires. Ça me faisait un peu peur tout seul quand même, mais un pote m’a lancé sur l’idée d’y partir ensemble, et l’idée a fait son chemin dans ma tête jusqu’à ce que je m’y vois très bien en fait. Il n’a pas pu partir au final, mais j’étais déjà loin là bas quand il me l’a annoncé. La Nouvelle-Zélande attendra.
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Est-ce que c’est la première fois que tu vivais à l’étranger ou que tu partais aussi longtemps ?
Complètement, le plus longtemps que je suis parti tout seul était 2 semaines en Irlande au printemps 2010, première fois que je prenais l’avion et baroudais tout seul également. On peut dire que c’est mon deuxième vrai voyage.
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Quel a été ton sentiment dominant au cours des 2 premières semaines en Asie ?
J’ai volé de Genève à Beijing, et en sortant la première fois du métro pour me rendre à mon auberge, je suis arrivé en plein dans un de ces vieux quartiers de la ville, plein de monde, d’odeurs, de vélo et de scooters électriques, un gros bordel ambiant, je me suis dis direct : « Je kiffe ».
Deux semaines plus tard, j’étais en train de regarder le soleil se lever au sommet de Huashan, avec le même sentiment.
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Est-ce que ta situation professionnelle te parait satisfaisante, en Asie ?
J’ai pas vraiment travaillé durant ces 7 derniers mois, mais j’ai passé grosso-modo 3 ou 4 mois à faire du WWOOFing en Corée et au Japon, dans des domaines qui n’avaient rien à voir avec mes compétences initiales. Certaines personnes m’ont demandé pourquoi je faisais ça, alors que clairement j’ai pas une tête d’agriculteur. Pour moi, c’était tout d’abord un moyen de découvrir le pays et d’en voir des faces cachées; c’était une manière aussi de rester plus longtemps à un endroit tout en limitant les dépenses. Enfin, je suis assez curieux à propos de la mouvance « bio » qu’on peut avoir en France par exemple, un peu sceptique des fois aussi, et je voulais voir comment c’était vécu par des professionnels de l’autre coté du monde et qu’est-ce que ça représentait pour eux. Au niveau WWOOFing dans cette partie du monde, l’association WWOOF Korea est vraiment super cool : les gens sont sympas et on peut aller les voir dans leur bureau à Séoul, ça leur donne un coté plus humain. Il n’y a pas énormément d’hôtes pour faire du WWOOFing par ici (une soixantaine), mais ceux chez qui j’étais, vu qu’ils ne reçoivent pas beaucoup de monde dans l’année, étaient généralement super contents d’avoir des WWOOFers, et à part une expérience très moyenne à Jeju, j’ai vraiment eu un très très bon accueil. Le temps de travail est assez cool, en général une demi-journée (4/5 heures) par jour et deux jours de repos par semaine, et vu que les Coréens adorent manger et boire, au moins une ou deux fois par semaine, on m’a emmené manger au resto où j’ai eu on bon gros dîner une fois rentré. Certaines périodes de l’année sont plus chargées : je me suis retrouvé dans une exploitation de riz au mois de juin, au moment où le riz est planté, et j’ai eu des grosses journée à être de 8h30 à 21h30 dehors, sans travailler pendant tout ce temps heureusement… C’est un peu la même chose je pense fin octobre/début novembre quand on récolte le riz… Pour le Japon, c’est un peu différent : aucun contact avec WWOOF Japan si ce n’est leur site web, une certaine dé-responsabilisation de l’association par rapport aux membres (à *chaque connexion* sur leur site, on a une page de règlement à accepter et le même message envoyé par mail, pour être sûr qu’on a bien compris et qu’on puisse suivre les changements de règlement ; règlement qui dit en gros et plein de fois qu’il ne faut surtout pas impliquer WWOOF Japan en cas de problème). Par contre, il y a beaucoup plus d’activité : plus d’hôtes (400 environ) et plus de WWOOFers. Contrairement à la Corée, on travaille beaucoup plus ici, autour de 7 ou 8 heures par jour, et un jour de repos par semaine. J’ai aussi clairement moins fait la fête qu’en Corée, mais ça doit dépendre de pleins de facteurs je pense (hôte, mode de vie, etc.) Du coup, le travail est bien plus dur et j’ai plutôt passé mon temps libre à me reposer qu’autre chose (j’ai tendance à être assez paresseux, ça doit jouer aussi !) L’un dans l’autre, c’était surtout pour moi une manière de découvrir un pays, et je n’ai pas été déçu dans les deux cas. J’ai pas vu énormément de choses de la Corée, mais je pense avoir vu et vécu des choses que peu de voyageurs ont l’occasion de faire. Donc, expérience très satisfaisante !
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Quelles ont été tes plus grosses difficultés en Asie ?
Clairement, ma plus grosse difficulté n’a rien à voir avec l’Asie, mais je suis loin d’être organisé, et quelques fois j’ai eu quelques craquages en me retrouvant un peu à l’arrache, et lié au deuxième point, c’est pas toujours facile (mais comme les chats, je suis toujours retombé sur mes 4 pattes). Après, ce qui est pas facile dans ces pays, c’est la compréhension : je parle pas du tout ni chinois, ni coréen, ni japonais (à part les 20 mots/phrases pour survivre). En Chine, j’ai eu du mal à retenir les idéogrammes, notamment pour la nourriture, à commander des plats au hasard sur la carte dans les restaurants, je me suis retrouvé quelques fois à manger des trucs bizarres. Pour se repérer dans les villes, prendre le bus ou partir dans des endroits où la probabilité de trouver quelque chose en anglais est limité, ça limite pas mal. J’ai appris à lire le coréen et ça m’a aidé plusieurs fois. Malgré tout, on s’en sort quand même pas trop mal, il faut être patient, et ne pas hésiter à demander/redemander de l’aide ou plus d’explications/des confirmations. Mon troisième gros problème a été l’argent, surtout au Japon où j’ai vu le contenu de mon portefeuille diminuer à vitesse grand V; étant donné que je veux voyager un max de temps, ça m’a fait un peu flipper. J’aurais eu un peu plus de courage et d’organisation, j’aurais pu économiser pas mal d’argent je pense, mais bon ! Quand j’ai débarqué en Corée, je me suis retrouvé très vite à manger du riz 3 fois par jour : je pense que j’en ai mangé plus en 1 mois ici que toute ma vie en France ! C’était pas facile au début, mais finalement je m’y suis fait, et j’apprécie bien mon bol de riz le matin maintenant…
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Quel est ton meilleur souvenir ?
Hum, difficile à dire. L’évènement marquant qui me vient à l’esprit le plus facilement, c’est quand je me suis retrouvé par hasard dans une crique sur l’île de Jeju en Corée du Sud avec 2 belles inconnues Coréennes, à manger des coquillages crus que leur mère venait tout juste de pêcher dans la mer, sous nos yeux; mon estomac et mon coeur avaient du mal à y croire. Un couple d’européens qui habitent à coté viennent toutes les semaines depuis un an ici et n’ont jamais eu cette chance ! Sinon, un matin au Japon en me réveillant, je me suis pris à repenser presque les larmes aux yeux à ce quartier de Beijing où je suis arrivé, avec ces ruelles poussiéreuses, bordéliques, remplies de monde, de snacks à emporter et d’odeurs miraculeuses, et ces vélos avec ces jeunes couples ou ces enfants conduisant avec une nonchalance et une insouciance qui me font encore rêver aujourd’hui. *soupir*
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Est-ce que certaines choses françaises te manquent ?
J’aimais beaucoup cuisiner en France, et j’avais prévu d’en faire profiter les gens ici, mais la logistique n’est pas évidente : pas de four, ingrédients de base difficiles voire impossibles à se procurer… J’évite de penser à mes gâteaux au chocolat, à la salade verte de mes parents, au rôti de boeuf avec ses gousses d’ail, au morceau de tomme de Savoie avec une baguette encore chaude et un verre de vin rouge…
Mince, j’ai faim maintenant ! Après 4 mois en Corée, j’en viens aussi à rêver d’un vrai matelas (les coréens dorment traditionnellement juste sur une couverture posée sur le sol, c’est un peu dur des fois…), et à dormir dans mes draps et ma couette. C’est plus mon côté « j’aime savoir où je suis » je pense… Ma famille et certains amis me manquent aussi, je dois avoir un neveu dans les prochains mois mais je ne serai pas là pour sa naissance, c’est un peu dommage.
Ah, et après 7 mois avec les mêmes chansons sur mon (petit) baladeur, je commence à manquer ma collection de musique chez moi !
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Qu’est ce qui te manquera quand tu rentreras en France ?
L’hospitalité des Coréens, la politesse des Japonais, les tablées de ouf qu’on peut commander pour 4 ou 5 € en Corée, le riz collant coréen, les sonorités des langues japonaises et coréennes, les yeux en amande des asiatiques, la propreté des villes japonaises, les fruits de mer sur les bords de mer de Corée, l’insouciance des vélos et des scooters dans les villes chinoises, et toutes les personnes avec qui je me suis lié d’amitié et qui habitent ici… Et un des trucs qui me marque le plus ici en Corée et au Japon (même dans une certaine mesure en Chine), c’est que je m’y sens bien plus en sécurité qu’en France… Sentiment bizarre, quand on se trouve à des milliers de kilomètres de sa maison…
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Qu’est ce que cette expérience t’apporte, du point de vue personnel ou professionnel ?
Du point de vue professionnel, rien qui puisse me servir directement. Par rapport à mon expérience de WWOOFing, j’ai jamais été super intéressé pour avoir mon propre jardin ou cultiver/élever ma propre nourriture, même si j’adore manger des bons plats avec des bons produits et que j’adore cuisiner. Par contre, quand j’ai goûté le pain fait avec la farine faite avec le blé cultivé par mes hôtes au Japon, ça a fait quelque chose d’autre dans ma tête, et le blé, le pain et la farine, ça me parle beaucoup plus que de faire pousser des tomates. C’est pas demain la veille que je vais me mettre à cultiver 10 hectares de blé, mais ça fera peut-être son chemin. J’ai rencontré aussi plusieurs types « d’agriculteurs » : celui pour qui c’était son métier et sa source de revenu, celui qui faisait ça à mi-temps pour sa famille et pour savoir ce qu’il mangeait, et ceux qui faisait ça juste pour eux, comme on cultive son jardin. Chacun a son approche, et il n’y a pas qu’une seule manière de faire. J’ai été assez touché par celui qui se demandait pourquoi si simplement désherber n’allait pas à l’encontre de la nature, si ça poussait ensemble à l’origine. C’est assez difficile de savoir ce que le voyage m’apportera directement, mais j’ai quelques petites choses que j’ai déjà réalisées. Se retrouver sans emploi fixe et sans appartement fixe, avec juste un sac sur le dos apporte un sentiment de liberté que je m’imaginais difficilement avant. Bon, il faudra un jour ou l’autre que je retrouve des sous, mais je pense que je pourrais passer facilement plus d’un an à naviguer entre le Japon et la Corée à WWOOFer ici et là pour pas grand chose. Quand j’ai réalisé ça, ça a été un instant assez incroyable. J’ai aussi réalisé qu’il y a des relations qui fonctionnent et d’autres non : ça parait banal, mais en voyageant seul, on s’approche plus facilement, mais des fois on a beau essayer, ça passe pas avec des gens, alors qu’avec d’autres, on a l’impression d’avoir été les meilleurs amis
du monde depuis longtemps. Ça peut paraître évident pour certain, mais je l’ai réalisé assez récemment en fait. Également, j’avais jamais été super passionné par les langages (pourtant je suis développeur de logiciel…), mais j’aimerais maintenant beaucoup apprendre à parler coréen ou japonais (ça a l’air rigolo, le japonais) et dans une moindre mesure le chinois. Ça m’a ouvert les oreilles et les yeux, je sais pas encore si ça se réalisera un jour… J’ai aussi rencontré pas mal de personnes qui me disaient qu’elles rêvaient de faire ce que je faisais, mais qui visiblement n’étaient pas prêtes ou ne faisaient rien dans ce sens. J’ai horreur de cette phrase, mais des fois on a ce qu’on mérite, et il ne tient souvent qu’à soi même de faire le premier pas pour ce lancer dans l’aventure.
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Quels conseils donnerais-tu aux futurs pvtistes ?
Profitez-en et foncez avant qu’il ne soit trop tard ! Les PVT sont valables jusqu’à 30 ans. J’en ai bientôt 28, j’ai encore un peu le temps, mais j’ai plus trop le choix si je veux en profiter, j’aurais dû faire ça il y a déjà plusieurs années… Et tout dépend des gens, mais une fois installé, avec un premier boulot, un appartement où on commence à faire sa vie et peut-être à vivre en couple, c’est déjà un peu plus compliqué (rien d’impossible ceci dit). Profitez-en avant ! Pour ceux à qui ça fait peur de partir un an, ça passe malgré tout très vite, surtout si on travaille dans le cadre d’un PVT. Et au delà de voyager, participer à la vie locale en faisant du WWOOFing ou tout autre travail dans ce genre (payé ou volontaire/échange), c’est une autre manière de voyager : non seulement ça donne un peu de satisfaction de faire quelque chose (qu’on aurait peut-être jamais fais en temps normal), mais ça permet de rester à un endroit pour le découvrir plus ou faire une pause, tout en limitant énormément les dépenses.

Suivez la suite de ses aventures sur son blog : Journal de Jon | Un jour, en allant ailleurs

J’espère que vous aurez apprécié le témoignage de Jonathan autant que je l’ai apprécié, y’a pas à dire, tes mots sont inspirants ! Bonne route !

Consulter d’autres interviews de pvtistes…
Consulter des récits de pvtistes (emplois, voyages, etc.)…

isa

Amoureuse des Etats-Unis, de l'Utah et du voyage en train, j'ai passé 7 mois à Montréal en 2010, et j'en ai profité pour découvrir la Nouvelle-Angleterre en long, en large et en travers !
Mon coup de cœur avec Montréal date de 2008, et d'un mois estival là-bas... Depuis, je ne fais qu'y retourner !

J'ai réalisé deux tours des Etats-Unis (& Canada) en 2012 puis en 2014. Plusieurs mois sur les routes, c'est formateur... De retour à Montréal en 2019-2020 pour un PVT, avant de raccrocher !
Sur PVTistes.net, j'aime partager mon expérience sur le forum, dans des dossiers thématiques ou même en personne ! Vous me croiserez sûrement à Lyon, ma ville de cœur.

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(8) Commentaires

Valentin I |

merci super utile !

Ooyu I |

Merci beaucoup pour ton témoignage, et surtout pour ton avis sur le WWOOFing en Corée et au Japon !
D’avoir ton point de vue sur l’organisation de ces deux pays à ce propos est fort intéressant, moi qui me tâte..

Du coup j’sais pas trop où tu en es maintenant, mais bonne continuation à toi ! 😉

Hélène I |

Waouh! Quelles expériences et quelle manière de les décrire! 🙂

Nayelise I |

Merci beaucoup pour ton témoignage !
J’ai de moins en moins peur de m’engager toute seule dans un tel voyage à l’autre bout du monde. Je sais déjà qu’il faut que je m’organise mais le fait que tu encourages à en profiter me motive davantage 🙂

Mariame I |

Merci pour ton témoignage! ça me fait penser que moi aussi je suis dans la limite pour profiter du PVT. J’espère avoir l’occasion de raconter ma future expérience du Canada.

Anonyme I |

Bon à savoir cette histoire sur le WOOFing en Corée ! Le Japon ne m’a jamais attiré, mais il semble toutefois intéressant d’y faire un passage…. c’est malin, ça me donne des envies de voyage auquel je n’avais pas pensé tout ça !!!! Haha
Merci pour le retour d’expérience 😉

Mylène I |

Ca donne envie!!!!

Et si tu veux apprendre une langue au retour, je te conseille le japonais, bien plus facile a mon avis que le Coréen (mais c’est vrai que c’est beau a écouter aussi le Coréen…)

Un grand merci pour ton récit en tout cas qui me donne des papillons dans la tête!
Bonne route!

Emilie I |

Merci pour ce récit, ce que tu vis est effectivement une chance et beaucoup doivent t’envier mais en même temps c’est toi qui a créer tout ça en te lançant dans cette aventure!! Ces nouveaux langages, gens, situations etc ont dû mettre à rude épreuve ta faculté d’adaptation mais maintenant tu dois être au top!! Pour ton petit neveu, rapporte lui un petit quelquechose de ton voyage pour fêter sa naissance 😉