On retrouve Flo, qui vous avait livré un superbe récit de sa traversée du Canada à moto, il y a quelques mois. Il est récemment reparti sur les routes, avec un nouveau projet à la clé : Up to the north, un documentaire de voyage basé sur son expérience.

Qu’est-ce qui t’a donné envie de te relancer sur la route après ton expérience précédente ?

La précédente expédition m’avait permis de traverser le pays de St John’s à Vancouver sur un peu plus de 5 mois. J’ai vu et vécu plus que je ne l’aurais imaginé mais l’itinéraire à l’époque était défini par deux conditions : une contrainte financière et une contrainte climatique.

On peut voyager avec peu c’est certain. Mais il est aussi évident qu’un compte bancaire un tant soit peu garni aide beaucoup.
Ensuite, le Canada est un très grand pays. Mais aussi un pays au nord de l’hémisphère nord. Ses contrées y sont donc pour la plupart soumis à un hiver long et rigoureux ; peu propice à la moto !

A mon arrivée à Vancouver l’année dernière, ma joie ne pouvait effacer un léger pincement quant aux régions du Nord que je n’avais pu découvrir, faute de temps. J’ai pris l’hiver en Colombie-Britannique pour découvrir un autre aspect du PVT, bien plus sédentaire, mais je n’arrivais pas à m’enlever de la tête ces régions lointaines qui nous font forcément tous rêver…
Aurores boréales ou journées sans nuit, ours et loups, forêts infinis et Ruée vers l’or !

J’avais un sentiment « d’inachevé » dans la bouche.
Mais la moto, tout comme moi, étions là, au Canada. Tout comme mon équipement et mon envie ! Je me suis donc renseigné un peu plus sur ces territoires : accès, climat, géographie…
Et sans m’en rendre compte, j’étais déjà en train de planifier une nouvelle expédition !

La partie « travail » du PVT permettrait notamment de financer cette nouvelle aventure et il ne me restait alors qu’à régler le problème de ma situation administrative dans le pays.
Un tour du poteau* sans encombre plus tard et j’étais prêt à prendre la route.

*pour les pvtistes à Vancouver ayant besoin de faire le tour du poteau, je vous conseille Points Roberts, la péninsule américaine au Sud de la ville. C’est ridiculeusement petit mais aussi bien plus relax que la custom border de la Highway 99 pour Seattle…

A combien estimes-tu le budget logistique (carburant, alimentation, logement…) d’un tel voyage ?

Les budgets varient forcément en fonction des personnes, des centres d’intérêts de chacun et de la vision du voyage que l’on a. Confort, pas confort ? Culturel, pas culturel ? Noodles ou restaurant ?
Pour ma part c’est approximativement 3 000 $ pour 3 mois.

Dans les régions traversées lors de ce voyage, il y a assez peu de villes et encore moins de grandes villes. Ce qui veut dire assez peu d’auberges de jeunesses sur le parcours mais plutôt des motels dont le prix (surtout aux USA) peut être assez cher : 100-110 US$ la nuit.
L’option camping est donc à privilégier et bien que ce soit officiellement illégal, il est totalement toléré de camper un peu où bon vous semble, tant que vous ne gênez personne.
Après, je ne suis pas contre une douche de temps en temps et camper dans la rue à Fairbanks n’est clairement pas possible ; mais une enveloppe de 650 $ sur le voyage suffit amplement.

Pour l’essence, là, malheureusement, il n’y a ni le choix ni astuces au programme… Tout dépend donc du véhicule et de votre conduite ! Sur mon parcours 900 $ y sont dédiés, environ.

L’alimentation est au final la plus grosse part du budget ! Il m’arrive de m’arrêter dans des diner’s… Parce que bon, c’est quand même meilleur que mes conserves et bien plus chaud. J’ai prévu aux environs de 1 100 $ pour m’alimenter.
On est d’accord qu’avec ce montant ce n’est pas la Tour d’Argent tous les soirs ; mais tout comme je le disais plus haut, ces régions sont très grandes et assez peu peuplés en tous les cas. Il n’y aura donc pas toujours de restaurant à proximité.

Le reste du budget sert pour les « à-côtés » comme un petit café de temps en temps ou une bière avec les rencontres inopinées ! On devra aussi prendre en compte les ferrys quand nécessaire, pas toujours bon marché ou certaines visites touristiques nécessitant des frais d’admission.

Ce budget que je décris ici ne tiens compte que du voyage en lui-même. Il est évident que pour une expédition de ce genre, un minimum de matériel est nécessaire (tente, sac de couchage, outils…). En fonction de ce dont vous disposez déjà, vous aurez donc plus ou moins à investir avant même votre départ…

Quel est ton itinéraire ?

L’itinéraire est constitué de 16 000 km aller-retour sur 4 provinces (Colombie-Britannique, Yukon, Territoires du Nord-Ouest et Alaska) et 2 pays (Canada et USA).

Je prends le départ de Vancouver en Colombie-Britannique où j’ai effectué une partie de mon PVT cet hiver, puis direction le Nord par la Sea-to-Sky Highway au travers de Whistler pour rejoindre Prince George. Quelques photos de baleines à Prince Rupert plus tard, on continue vers le Nord jusqu’à rallier Whitehorse dans le Yukon et l’Alaska Highway.

De là, un petit saut à l’Ouest sur la péninsule d’Alaska aux Etats-Unis nous permet de découvrir Skagway et Haines afin de revivre les débuts de la ruée vers l’or du Klondike !

La route nous mène ensuite de nouveau au travers du Yukon, pour cette fois rejoindre l’Alaska dans toute sa splendeur et en faire le tour grâce à sa route principale, formant une sorte de boucle passant notamment par Anchorage et Fairbanks (où l’on profitera d’un match de baseball sous le soleil de minuit le 21 juin).

Retour dès lors au Canada par Dawson City et son atmosphère figée dans le temps. Une bière au saloon et l’on s’attaque enfin à la bien-nommée Dempster Highway qui nous mènera jusqu’au Cercle Polaire Arctique et au-delà, jusqu’à Inuvik, dans les Territoires du Nord-Ouest !

Parle-nous de ton projet multimédia ?

Lors de mon dernier voyage en moto au travers du Canada, je me suis assez rapidement retrouvé avec une quantité de photos et de vidéos relativement impressionnante : 364 heures de vidéos et 4 771 photos pour être exact !

J’ai pu en partager une partie grâce aux réseaux sociaux mais ce n’était que la face émergée de l’iceberg. Puis, un sentiment de frustration est apparu petit à petit car on me sollicitait régulièrement pour que je « raconte » cette histoire… Mais même la personne la plus curieuse de la planète passera son chemin devant 4 771 photos !

Je savais que je repartais. Et je savais que des images, de nouveau, j’aurai.
Mais cette fois-ci, je devais faire en sorte de rendre cela accessible, intelligible.
On ne peut pas partager 5 000 photos et vidéos. Mais 1 vidéo, oui.
La solution était donc aussi simple qu’évidente. Transformer toutes ces images de voyage en un seul film, qui retracerait le parcours, les découvertes, la vie sur la route…

C’est comme cela qu’est né le projet « Up To The North : from Vancouver to Inuvik » ! Me voilà donc de nouveau sur les routes, caméra à la main afin de pouvoir vous proposer à mon retour de revivre ce périple directement à mes côtés !

L’objectif est ici de réaliser un film-documentaire permettant au spectateur de vivre l’expérience de cette aventure et d’en découvrir tous les aspects du quotidien. Les bons et mauvais côtés seront présentés, tout comme les rencontres et les surprises du voyage.
Imaginez-vous 52 min à la frontière du roadmovie, du documentaire paysagé, de la téléréalité, et de « voyage en terres inconnues ». Voilà, vous y êtes.

Pour en savoir plus et me donner un coup de main : Ulule.fr.

Cependant, un tel projet demandera à mon retour un énorme travail de post-production (montage, nettoyage des images, sons, diffusions…) que je ne suis malhe

ureusement pas capable d’assumer seul.
Dans cette optique, une campagne de financement participative Ulule a été lancée, afin de collecter le budget nécessaire à la réalisation du documentaire en lui-même. Vous pouvez donc soutenir le projet directement et en plus, y’a des supers contreparties à la clef.

Penses-tu que cette aventure est accessible à tous les motards ? Quels conseils pourrais-tu donner ?

Nous sommes tous capable de réaliser nos rêves et ambitions. Il n’y a pas ceux « qui en sont capables » et ceux « qui n’en sont pas capables ». Il n’est ici question que d’envie !
Vous en mourrez d’envie ? Alors ne réfléchissez plus et faites-le.
Il y aura toujours quelqu’un pour vous dire que c’est inaccessible, difficile, dangereux. Je ne dis pas qu’il aura totalement tort : oui, il faut être extrêmement prudent quand on part ainsi. Mais cela ne veut pas pour autant dire que c’est impossible.

Je ne pense pas être meilleur qu’un autre. Je ne suis ni très grand, ni très fort, ni très riche. J’avais simplement terriblement envie de faire ce voyage. Si j’arrive à traîner mes bottes jusque là-haut, il n’y a pas de raisons que vous n’en soyez pas capable vous aussi.

Attention… Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit ! Certes, tout à chacun peut se rêver sur les routes dès demain. Mais cela ne vous exemptera JAMAIS d’une bonne préparation !
On ne part pas comme ça, avec ses pantoufles dans son sac !
On a l’équipement approprié aux températures et aux régions traversées ainsi que les cartes de ces dernières (une carte papier ne laisse jamais tomber à l’inverse d’un GPS). On se renseigne sur les animaux sauvages, sur comment et où camper ; on essaie de savoir parler (au moins un chouïa) la langue du/des pays traversées… Et on range son égo.

Cela ne passe pas ? La piste est trop défoncée ? Le climat se déchaine ? Tant pis, c’est le jeu les amis… Et ce sera l’occasion de retenter votre chance la prochaine fois.
Certaines routes ne voient passer qu’un camion tous les 2/3 jours, sans réseau téléphonique et aux températures « fraiches » la nuit. Donc si on ne le sent pas, on laisse tomber.

Enfin, deux petites choses plutôt liées : voyagez léger et faites un peu de sport avant. Une moto de 3 tonnes risque de vous demander pas mal d’énergie sur certains chemins… Alors essayez de vous ménager autant que possible et allégez-vous. Et n’hésitez pas à aller faire quelques joggings avant de prendre la route !

Ah et dernière chose : cette aventure est accessible à tous les motards ET motardes. Cherchez donc qui est Mélusine Mallender sur Google…

Pour suivre Flo tout au long de son périple : Florent Rey Expéditions !

Florent

Etudes finis, un ou deux boulots après et le chômage... Après tout pourquoi pas ? C'est décidé, je prends un temps pour moi et je vais voir ailleurs.

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(5) Commentaires

nadege38 I |

Merci Florian pour ton témoignage ! J’aimerais le faire par la suite, mais je n’ai pas encore mon permis moto, seulement le permis A1 (pour conduite des motos 125 légère)! Je me demande si cela compte au Canada? Je vais me renseigner et sinon ce sera un projet pour plus tard 🙂

Florent I |

Je sais qu’il existe une équivalence entre permis français et canadien (qui nécessite d’échanger ton permis, ce que j’ai fait) mais je ne sais pas si cela inclus la subtilité du A1… Je t’invite à vérifier directement sur le site internet canada.ca ou à contacter l’ambassade du Canada pour avoir la réponse !

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nadege38 I |

Merci Florent pour ta réponse !
Effectivement j’ai demandé mon permis international que j’ai reçu, mais je ne suis pas sûr que cela inclu le A1! Je vais demander et au pire je verrai sur place!

Bonne continuation d’aventures de toutes sortes !

Elodie I |

Motarde moi-même je me demandais si Flo avait acheté sa bécane sur place ?

Florent I |

Moto achetée sur place en effet 😉