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    Mathieu

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    Source : L'Étoile - Kent - Le tsunami fait des vagues jusqu'en Acadie | Véronique Laforest

    Ici, il est connu sous le nom de Luc Thériault. Là-bas, les gens l'appellent Luc Sasaki. Ce n'est pas un agent double, mais un Acadien, natif de Bertrand, qui s'est établi au Japon il y a plus de dix ans. Jusqu'à tout récemment, le Pays du Soleil levant avait épargné cet étranger canadien des colères déchaînées de dame nature, mais le 11 mars dernier, tout cela a vite tourné au cauchemar.


    Après ses études, Luc Thériault voulait aller en Asie. C'est donc en quête d'aventure et muni d'un visa vacances-travail qu'il part pour le pays qu'il juge le plus sécuritaire, le Japon.

    Ce programmeur informatique découvre vite que le meilleur moyen de se trouver un emploi est d'enseigner le français ou l'anglais dans les écoles. Passant des virus informatiques aux petits élèves nippons, il est en terrain inconnu, mais adore l'expérience.

    Toujours enthousiastes aux activités qu'il propose, les petits élèves gagnent rapidement le c?ur de leur professeur, qui tombera également sous le charme de Shino Sasaki, son épouse. Maintenant bien établi sur son île asiatique, il est le papa d'une petite de quatre ans, Kaédé, et d'un bambin de deux ans, Tokuaki-Vincent. Toujours passionné par sa profession, il enseigne l'anglais aux bouts de chou de la maternelle.



    Photo contribution
    À l'avant : Bruno, Maude et Luc Thériault. À l'arrière : Claire et Vianney Thériault.


    Les frissons du Japon
    Le peuple japonais sent la terre trembler quelques fois par année, sans trop de dommages. Selon M. Thériault, on s'habitue. «Ça prend des mois avant qu'il y ait un gros tremblement de terre au Japon. Il y en a un tous les trois mois environ, de niveau 4, ce qui est minime; tout tremble, mais rien ne casse. Disons que c'est une expérience. Avant le gros tremblement de terre, ce n'était pas assez sérieux, mais le 11 mars, on l'a vraiment senti fort», raconte celui qui habite et travaille dans le sud du pays, à Fujisawa.
    Située à 600 kilomètres de l'épicentre, cette ville a reçu la secousse à une magnitude de 7,3 sur l'échelle de Richter, la même intensité qu'a subie Haïti en janvier 2010. Quant au passage du tsunami, ils ont été chanceux, car de grosses vagues ont frappé les côtes, sans toutefois causer de graves dommages.

    Néanmoins, un autre problème inquiète: l'instabilité de la centrale nucléaire, à 200 kilomètres de leur demeure. Avec autant d'éléments de danger et d'incertitude, M. Thériault a décidé de venir au pays avec ses deux enfants, question de sécurité.

    Arrivé le 17 mars, il a pu comparer les nouvelles locales japonaises et canadiennes, qui ne semblent pas prioriser les mêmes informations. «Pour la centrale nucléaire, c'est vraiment mélangeant. D'une manière, les médias sont sensationnalistes. Le gouvernement japonais, lui, fait le contraire, car il veut que la population se stabilise et soit calme. On ne sait pas qui croire. C'est difficile de savoir ce qui va se passer. On dirait que tous les jours, un des réacteurs a un problème. C'est stressant. À 200 kilomètres de la centrale, ce n'est pas si loin.»

    Beaucoup d'incertitude
    Les images véhiculées dans les médias montrent toutes des scènes désolantes et catastrophiques des villes les plus touchées. Pourtant, les répercussions ont été et continuent d'être beaucoup plus grandes. En plus des milliers de personnes qui sont mortes lors du séisme et du tsunami, d'autres ont indirectement subi les après-coups.

    «Ma femme connaît deux personnes atteintes du cancer qui sont décédées parce qu'elles n'ont pas pu avoir les traitements qu'elles auraient normalement reçus. Aussi, à cause du tremblement de terre qui a ralenti tous les services, on commence à manquer de médicaments. Son grand-père, qui a plus de 90 ans et qui souffre du c?ur, n'avait plus ses médicaments et a dû être hospitalisé pour des douleurs au c?ur», raconte l'Acadien.
    La maison des Sasaki (Thériault) n'a heureusement pas subi de dommage, mais d'autres ont eu moins de chance. Les résidants affectés peuvent rénover leur maison ou en acheter une autre, mais cette deuxième option relève plutôt du rêve, mais très peu de résidences sont encore en bonne condition, et encore moins sont à vendre.

    Dans plusieurs villes, les habitants n'ont pas d'eau et la population doit composer avec de nombreuses pannes d'électricité, déclenchées intentionnellement afin d'économiser l'énergie. Au Japon, la plupart des gens se déplacent en train, qui fonctionne à l'électricité. Des milliers d'usagers doivent trouver une alternative pour se rendre au travail. La nourriture devient rare, car tous se sont précipités pour faire des réserves et les transports n'arrivent plus à destination. Les prix ont grimpé en flèche. Une laitue coûte désormais 5 $, tandis qu'un poisson de douze pouces, 20 $.

    L'essence est aussi une denrée rare depuis des semaines, paralysant bon nombre d'automobilistes. Tout cela est synonyme de chaos et, malheureusement, la situation ne sera pas rétablie d'ici peu. M. Thériault invite les gens à faire un don auprès de la Croix-Rouge, qui vient en aide aux personnes qui ont été durement touchées par la catastrophe.

    Le retour

    M. Thériault est reparti le 4 avril, en espérant que le problème des centrales nucléaires ait été réglé. Bien que son séjour fut bref, sa famille acadienne s'est dite soulagée de le voir revenir à la maison. «Avant le gros tremblement de terre, mes parents n'étaient pas inquiets, mais ils sont devenus extrêmement stressés quand ils ont su, le 11 mars. Tous les jours, ils me disaient d'acheter un billet et m'encourageaient à venir», confie celui qui n'avait pas visité son Acadie natale depuis un an et demi.

    «L'attente était longue et nous avions toujours peur que quelque chose d'autre arrive. Ça a été une semaine bouleversante, mais un grand soulagement de les voir arriver quelques jours après», raconte Maude Thériault, sa s?ur.
    Quand on s'exile, on dit adieu à de petites choses de chez soi qu'on aime bien. Mais qu'est-ce qu'il peut y avoir ici qu'il n'y a pas au Japon? «De l'éperlan! Personne ne connaît ça... comme dernier souper pour mon séjour, j'ai demandé à mon père de m'en faire!», s'exclame M. Thériault, qui redeviendra M. Sasaki en terres asiatiques.

    D'ailleurs, la raison d'être de ce changement relève d'une vieille coutume japonaise qui veut que, lorsqu'il n'y a que des filles dans une famille, le nouvel époux prenne le nom de sa femme. De plus, au Japon, le nom «Thériault» ressemble beaucoup à un prénom masculin, et sa dulcinée n'était pas prête à s'appeler Shino Thériault.

    Source : L'Étoile - Kent - Le tsunami fait des vagues jusqu'en Acadie | Véronique Laforest