Ma dernière étape sur la côte ouest australienne (que j’ai remontée depuis Perth) a été la pointe de Ningaloo Reef avec le parc Cape Range, au dessus du Tropique du Capricorne. Les eaux tropicales ici foisonnent de poissons multicolores de toutes tailles qui nagent au milieu des coraux. Le parc de Cape Range est le meilleur endroit de la côte ouest pour en profiter, simplement avec palmes, masque et tuba. J’y suis resté 2 jours, avec une nuit en camping rustique dans le parc, à seulement 10 $. Encore une fois, il n’y avait pas grand monde, vive le hors saison ! Le spot du parc que j’ai préféré pour observer les poissons est Oyster’s Stack.

À peine la tête sous l’eau qu’on est déjà plongé dans la faune marine tropicale… un paradis du monde marin.

Attention cependant, le coin de Oyster’s Stack est soumis à une règle pour ne pas endommager les coraux : n’allez y nager qu’à marée haute, au dessus de 1 m 20. Parfois, cette règle peut devenir contraignante, certains jours de l’année sont même interdits à la baignade dans cet endroit car l’eau ne monte pas assez haut. Une autre plage du parc est aussi intéressante pour l’observation des poissons : Turquoise Bay.

Elle porte bien son nom, les couleurs y sont extraordinaires. Il faut nager un peu plus loin pour atteindre les coraux et les poissons mais se baigner dans un tel endroit, c’est digne des plages de Moorea !

J’ai fait un petit film avec ma Gopro pour vous montrer ce qu’on peut voir sous l’eau :

Plongée à Cape Range, en Australie from Mathieu Lam on Vimeo.

En plus de la plongée, le parc de Cape Range propose des randonnées dans des gorges, qu’il est recommandé de faire à la fraîche, tôt le matin. J’ai testé la gorge de Mandu, une promenade de 1 h 30 au fond de la gorge pour ressortir en haut des falaises. C’est splendide. On entend résonner les cris des oiseaux dans la gorge, de quoi se sentir tout, tout petit…

J’ai découvert dans ce parc que je n’étais pas le seul à avoir un peu chaud en journée parfois. Les kangourous aussi ont trop chaud, d’ailleurs ils profitent de l’ombre de mon van pour faire une sieste. J’en ai aussi surpris un en train de boire dans ma bassine d’eaux usées … Craintifs les kangourous ? Hum…

Le dernier soir avant de quitter le parc, je suis allé sur la plage « 5 Mile » au nord du parc. On me l’avait conseillée pour l’observation des tortues de mer. Je n’ai pas été déçu : j’ai suivi un tas de mouettes en train de batifoler autour du coin de sable et j’ai attendu là en me disant qu’il allait probablement se passer quelque chose vu l’état d’excitation des mouettes. Pas très longtemps après m’être assis, j’ai eu le cadeau de ma soirée : la naissance des bébés tortues ! Juste devant moi, elles sont sorties du sable en se précipitant vers la mer. Voilà ce que les mouettes attendaient, le repas. J’ai d’ailleurs sauvé avec fierté quelques bébés tortues de l’attaque des mouettes. La bonne action du jour qui rend heureux !

Voilà, c’est encore avec quelques regrets et un petit pincement au cœur que j’ai changé de cap : j’ai quitté la côte ouest pour m’enfoncer dans les terres, parti pour 2 semaines dans l’outback australien à la merci du désert. Ma première destination a été le parc de Karijini.

Ce parc est incroyable, de toute beauté. Des gorges de rochers rouges parsemées de végétation et surtout des trous d’eau, les « pools », où on peut plonger et nager au milieu des rochers. Handrail Pool est probablement la plus incroyable.

On marche dans la gorge qui devient de plus en plus étroite jusqu’à atteindre le trou d’eau où on descend à l’aide d’une main courante.

Je découvre le principe des randonnées commencées à pied et qui se finissent à la nage au fond de la gorge, comme pour aller voir la Serpentine Fall, petite cascade qui serpente dans les rochers. Mes autres coups de cœur du parc sont le point de vue sur Knox Gorge, et la marche de 2 km dans Dales Gorge qui relie 2 superbes « pools ». Comme d’habitude c’était plutôt désert, on devait être une dizaine de personnes dans tout le parc avec 3 voitures. On s’est croisés quelques fois mais c’était encore un vrai bonheur de se sentir seul dans ces endroits-là.

Certes il faisait un peu chaud, une bonne chaleur tropicale humide, mais le fait de plonger souvent dans les trous d’eau permettait de passer outre facilement. Par contre il faut que je parle du gros MAIS, le point noir de l’outback en été. Mise à part qu’il fait chaud, l’inconvénient principal qui m’a fait suer pendant 15 jours encore plus que les mm de mercure, ce sont les mouches !! Ces bestioles omniprésentes tout le temps, partout, qui viennent se poser sur les oreilles, la bouche, les yeux… J’ai vu beaucoup de gens équipés d’une petite moustiquaire sur la tête, grand bien leur fasse, car je n’ai jamais pris la peine de m’en acheter une et je l’ai regretté souvent.

Bref. La suite m’a emmené moi et mes mouches en direction d’Alice Springs. Le centre rouge. Oui mais pour l’atteindre, il m’a fallu rouler un peu… Ho rien du tout, un petit 2 300 km, dans le désert. Une grande aventure ! Quand on regarde une carte de l’Australie, au premier abord on a l’impression qu’il n’y a aucune route qui relie directement l’ouest au centre rouge, mais si on y regarde de plus près on trouve la fameuse Great Central Road, qui relie Laverton et Yulara par une piste de sable sur près de 1 200 km. Je suis donc passé par là !

Sur le chemin de Laverton depuis Karijini, j’ai traversé quelques petites villes de l’outback, qui vivent presque toutes de l’extraction minière environnante, et sont habitées également par quelques Aborigènes. Un village en particulier a retenu mon attention : Sandstone. Perdu au milieu de rien avec ses quelques maisons, j’y ai trouvé un bureau de poste ouvert à 8 h du matin avec un atelier d’art à l’intérieur. Plutôt inattendu et même insolite !

En traversant ces villages et ces contrées désertiques, j’ai eu la sensation d’explorer l’intérieur brut de l’Australie, comme plongé au cœur du pays tel qu’il est vu par les peuples natifs. J’ai croisé de moins en moins de monde sur la route. Dans le désert australien de toute façon, il faut s’attendre à être un peu seul. Depuis le début du périple, je n’ai presque jamais utilisé un camping (mise à part les camping rustiques des parcs). Je vis en autonomie totale dans mon van, avec le petit réfrigérateur (ô combien nécessaire !) branché sur une batterie secondaire et le réservoir de 45 L d’eau qu’on peut remplir gratuitement à toutes les stations service. Ce qui est formidable en Australie c’est que dès qu’on est hors des villes, on peut installer son petit campement un peu n’importe où, tant que ce n’est pas écrit que c’est interdit (comme dans les parcs).

Pour les douches, sur la côte ouest, j’utilisais les douches de plage, très commodes et en plus, c’est gratuit. Puis dans le désert j’ai découvert une autre astuce, ou comment allier l’utile à l’agréable : les piscines municipales !! Même dans les petites villes au fin fond du désert on trouve une piscine, la plupart du temps très bien entretenue et bien souvent remplie d’enfants. Le prix varie entre 3 et 4 $ l’entrée, presque moins cher que de payer une douche dans un camping, et en plus on bénéficie de la trempette plus que salvatrice.

En arrivant à Laverton, après un plongeon dans la piscine évidemment, devant l’entrée de la Great Central Road et le panneau qui m’annonçait la route de sable dans le désert qui m’attendait, j’ai pris une grande inspiration et je me suis lancé : GO !

L’impression de plonger au cœur du pays a été encore plus intense sur la Great Central Road, en traversant les lieux-dits aborigènes de Cosmo-Newberry et Warburton. Fini les piscines. Il faisait chaud, chaud et poussiéreux à cause du sable que mon van faisait fulminer sur son passage. J’ai croisé des vaches, des chameaux et évidemment encore et toujours, des mouches.

Je n’ai pas trop trainé et j’ai plié mes 1 200 km en 1 jour ½. Le paysage a été identique sur la première moitié du parcours avec de la steppe désertique en continu, et s’est vallonné sur le dernier tiers pour dégager des vues un peu plus jolies. Finalement, j’ai vu la silhouette des rochers des Kata-Tjuta (les Olgas) se dessiner au loin et se rapprocher, comme un signe encourageant de victoire. La porte du Centre Rouge s’est ouverte à moi, et c’est avec grand enthousiasme que j’ai quitté cette route de sable et le no-man’s land pour me diriger vers cet oasis urbain au milieu du désert qu’est la ville de Yulara. La traversée du désert depuis Karijini m’a pris 3 jours au total. Une belle expérience que je ne regrette pas, mais je suis bien content d’en avoir fini quand même ☺ Pour connaitre la suite de mes aventures dans le Centre Rouge ne ratez pas le prochain article 😉

L’outback vous fait rêver, voici quelques précautions à prendre !

Voyager dans l’outback australien signifie souvent se frotter à des milieux désertiques, où la communication avec l’extérieur est compliquée et où l’état des routes est soumis aux aléas météo. Surtout si vous comptez emprunter des pistes 4×4 et des routes non goudronnées, il est important de prendre quelques précautions avant et pendant le voyage.

  • Préparez votre itinéraire à l’avance et arrêtez vous dans les villes et villages charnière ou les roadhouses* pour vous informer sur l’état des routes que vous comptez emprunter ainsi que sur la météo des prochains jours. Une grosse pluie peut causer la fermeture de plusieurs centaines de km de pistes, et si vous êtes pris sur une piste par une grosse pluie vous risquez fortement de rester coincé. Pour éviter une route inondée, j’ai dû faire un détour de 250 km. Je m’en serais bien passé, mais je préfère ça que de rester coincé sur la route, ça reste un moindre mal.

(*les roadhouses sont des dépanneurs (Oscar est montréalais donc précision pour ceux qui ne savent pas, un « dépanneur » au Québec, c’est un épicier) situés régulièrement sur les routes pour le ravitaillement de base où on trouve aussi souvent des chambres et des pompes à essence.)

  • Je pense sincèrement qu’avoir un téléphone satellite (offert en location chez tous les loueurs de 4×4) peut être fondamental si vous vous écartez des axes principaux. S’il arrive n’importe quel pépin au véhicule, un téléphone conventionnel ne vous sera d’aucune utilité au milieu du désert. Je n’avais pas pris de téléphone satellite, et j’avoue que mon cœur a fait un bond le matin où mon van ne voulait plus démarrer au beau milieu de la Great Central Road (ce n’était en fait qu’un faux contact sur la batterie que j’ai vite résolu, mais ça aurait pu être bien pire).
  • Si vous avez la possibilité d’avoir 2 pneus de secours, ça ne peut pas faire de mal. Crever un pneu n’est pas rare du tout sur les routes à cailloux, j’en ai moi-même crevé 2 pendant mon itinéraire.
  • Partez avec les réserves d’essence et d’eau suffisante, et vérifiez la distance des prochains points de ravitaillement possibles à chaque fois que vous faites le plein.
Oscar

Salut belle communauté !
Je suis un petit caribou de Montréal qui s’apprête à partir pour un superbe voyage de 2 mois dans le Pacifique sud ! :bond:
Je pars fin décembre et reviens fin février.
Au programme : Tahiti, Nouvelle Zelande et Australie. Beaucoup de mes amis sont jaloux et je les comprends. :devil_2:
En tout cas j'ai hâte de me plonger dans cette aventure et de vous la faire partager !

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(5)Commentaires

Timothée I |
Super article !! Je suis aussi passé dans ce coin l'année dernière et ça me rappelle de très bons souvenirs !! La descente vers Handrail Pool reste aussi gravée dans ma mémoire avec la petite traversée du début où l'ont devait nager avec nos sacs et appareils photo en dehors de l'eau, un moment délicat mais terriblement drôle !! Merci Oscar pour ce petit saut en arrière
JauneSoleil I |
Récit très vivant comme d'habitude. J'ai adoré la pancarte : "Alice Springs 1587 KM..."
BRAVO Oscar !!
tiphaine I |
ils sont super tes articles
Hélène I |
Oh la la!!! Quel chouette récit!! Que de belles photos!!
Oscar, je t'attribue la médaille du Walker Turtle Savior pour avoir vaillamment affronté les mouettes et sauvé des vies!!!!
L'amoureuse des tortues marines que je suis te remercie profondément!! <3
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Julie I |
J’ai adoré ton article. Malgré la grisaille parisienne ce matin, je me suis sentie en Australie le temps de ma lecture, je me suis revue dans l’outback, sous une forte chaleur et… avec les mouches bien sûr ! Effectivement les yeux, la bouche, les oreilles, elles te rendent fou !!!! Bref, merci, j’ai voyagé un petit peu grâce à toi…