Béatrice est une jeune et dynamique belge qui a soif de découvertes et d’aventures. Grande randonneuse et amoureuse de la nature, elle a décidé de mettre à profit son PVT Canada pour visiter au maximum,  et faire les randonnées qui permettent d’admirer des paysages immenses et variés qu’offre le pays.
Comme en plus d’être sportive, elle est sympa et partageuse, elle a décidé de nous raconter ses aventures et de nous faire part de son expérience.
Chaque mois, nous vous proposons de la suivre, pas à pas, sur les différents sentiers qui la mènent à travers le Canada.

Récit précédent : Sur les pas de Béa : le Juan de Fuca trail (Colombie-Britannique, Canada)

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Le Canada m’est toujours apparu comme le terrain de jeu idéal des aventuriers. J’étais attirée par son caractère grandiose, sa nature préservée et son aspect sauvage. Si je souhaitais visiter ces terres lointaines, c’était avant tout pour leur immensité et leur variété, autrement dit leur infinité de possibles. Je m’imaginais déjà partir pour de longues randonnées en autonomie, arpenter des sentiers interminables, gravir des sommets colossaux, camper dans des lieux totalement isolés, face à des paysages époustouflants.
Le PVT me donnait l’occasion de concrétiser ce rêve, mais la réalité allait-elle être à la hauteur de mes espérances ?
Je peux d’emblée vous répondre par l’affirmative et vous assurer que je n’ai pas été déçue ! Le Canada est réellement le terrain de jeu idéal des aventuriers.

Ceci est donc un condensé de mes excursions et expéditions canadiennes.

Pour chaque récit de randonnée, j’ai mis en place « une petite carte d’identité » avec les éléments importants dont voici le lexique:

  • Quoi ? Quel sentier.
  • Quand ? Quand je l’ai parcouru.
  • Où ? La ville la plus proche, choisie comme point de départ et éventuel camp de base.
  • Niveau ? Le niveau de difficulté du sentier (donné à titre indicatif selon ma propre expérience).
  • Parcours ? Le type de randonnée (boucle ou tracé linéaire, avec un seul ou plusieurs points d’entrée/de sortie).
  • Distance ? La distance totale du sentier.
  • Durée ? La durée conseillée pour effectuer la totalité de la randonnée (donnée à titre indicatif, tout dépend évidemment de votre niveau et de votre envie).
  • Inscription et frais ? La nécessité (ou non) de s’inscrire et/ou d’obtenir un permis, ainsi que les tarifs d’accès.
  • Comment vous y rendre ? Les moyens (hors véhicule personnel) de rejoindre le départ de la randonnée et/ou de quitter le sentier à la fin de votre périple (liste non exhaustive donnée à titre indicatif).
  • Les + : les petits plus du voyage qui m’ont particulièrement plu.
  • Les – : les petits moins qui ont pu m’embêter en cours de route.
  • Mes conseils : les petites choses auxquelles il faut penser avant de se lancer et/ou quelques recommandations personnelles.

Après ce formidable weekend de trois jours sur le Juan de Fuca Trail, je reste quelque peu sur ma faim et j’ai à cœur de repartir pour une nouvelle randonnée dès que possible. Cette première sortie de l’année m’a ouvert l’appétit. Après plusieurs mois de repos forcé, la bête, enfin sortie de son état d’hibernation, est affamée.Malgré mon envie toujours présente de parcourir le West Coast Trail, je renonce rapidement à cette option sur conseils de plusieurs locaux, pour des raisons autant logistiques et financières, que techniques et paysagères. Je poursuis donc mes recherches sur Internet et dans mes bouquins afin de prendre connaissance d’autres sentiers en Colombie-Britannique qui répondent à mes critères.
À force de persévérance, je tombe finalement sur l’un d’entre eux dont je ne me rappelle pas avoir entendu parler précédemment : le Sunshine Coast Trail.

Comme souvent avec moi, il s’agit d’une décision impulsive. En quelques heures, je vérifie l’itinéraire, trouve le meilleur moyen de me rendre à Powell River – où je pourrai établir mon camp de base – et réserve toutes les commodités. Il n’est cependant pas simple de rejoindre la Côte ensoleillée sans voiture…
Le trajet de Victoria à Powell River – 250 km à vol d’oiseau, implique une journée entière de voyage répartie entre trois bus Greyhound, deux bus locaux (finalement troqués contre la marche et le stop) et un ferry !

Vendredi 19 mai 2017, après 9 heures passées dans ces différents transports, j’arrive enfin à destination.

Je peux d’ores et déjà affirmer que la Sunshine Coast n’a pas usurpé son patronyme… À peine arrivée, et malgré l’heure tardive, j’assiste à un spectacle où l’astre solaire joue le rôle principal. Je suis tout simplement face à l’un des plus beaux couchers de soleil jamais vus. Tout ce qui m’entoure semble prendre la même couleur orangée que cette étoile brûlante. Le ciel et la mer sont en feu ; et je finis moi-même par m’enflammer d’émotions face à cette scène féérique. Cela ne peut-être que de bon augure pour la suite de mon périple.

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Après une bonne nuit de sommeil, je pars à la découverte de Powell River. Il s’agit d’une charmante petite bourgade dont on fait rapidement le tour mais qui mérite qu’on s’y attarde afin de profiter de ses quelques attractions bien plaisantes : d’agréables promenades le long de la côte et de la plage (« Sea Walk », « Willington Beach Trail »), des petits restaurants aux cuisines diverses mais à la carte toujours alléchante (parmi lesquels « Costa del Sol », testé et approuvé), ou encore une micro-brasserie (« Townsite Brewing ») dont les bières ont réussi à ravir mes papilles (Cédric, le maître-brasseur, est belge… Coïncidence ? Je ne pense pas !).

Outre ces quelques visites et activités touristiques, mon samedi est consacré aux dernières préparations : courses alimentaires, révision d’itinéraire et réservation du transport (Big up à l’office du tourisme de Powell River qui m’a bien aidée pour ces deux derniers points). Je suis fin prête à repartir sur la route dès le lendemain matin.

Dimanche matin, c’est donc reparti pour un tour : un deuxième trek à moins d’une semaine d’intervalle du premier – c’est sûr, je suis accro !

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Contrairement à mon expérience précédente sur le Juan de Fuca Trail, je n’ai pas de réelle contrainte pour cette expédition, si ce n’est celle d’être de retour à Powell River samedi soir. Pas de réel objectif non plus car je sais que je n’aurai en tout cas pas le temps de parcourir l’ensemble du sentier dans ce laps de temps. Je cherche simplement à me faire plaisir, et j’ai devant moi une semaine pour concrétiser cette envie. L’avantage, c’est que je vais pouvoir vraiment marcher à mon rythme, écouter mon corps, suivre mes sensations, sans me mettre la pression. Et je verrai où cela me mène, quitte à réajuster mon programme au fil des jours.

Je démarre cette aventure sous le signe de la découverte. Je prends le temps – je m’arrête énormément pour observer ce qui m’entoure, m’immerger dans cet environnement, capturer ces instants. Je ne sais pas vraiment à quoi m’attendre pour cette randonnée et tout détail est prétexte à m’émerveiller : les paysages qui s’offrent à moi en larges panoramas, la végétation luxuriante typique de la région, le sentier lui-même.
J’apprécie particulièrement la qualité de celui-ci, la façon dont il est balisé et entretenu, qui me rappelle les GR que j’ai tant parcourus en Europe.

La météo est au beau fixe : soleil, ciel bleu, températures estivales – c’est dire si ce coin de Colombie-Britannique porte décidément bien son nom ! La chaleur est bien présente, sans toutefois être accablante. Les nombreux lacs qui ponctuent ma promenade sont autant de piscines naturelles me permettant de me rafraîchir régulièrement. Je ne le sais pas encore mais ces pauses baignades deviendront mon rituel quotidien.

Après mon expérience sur la côte ouest de l’île de Vancouver la semaine précédente, je note d’emblée la grande absente de ce nouveau séjour : la boue. Pas de mare à éviter ni de torrent à traverser. Et quel plaisir d’arpenter des chemins secs, sans devoir s’y reprendre à deux fois pour avancer de quelques mètres à peine.

Autre différence notoire que je ne tarde pas à observer : le nombre réduit de randonneurs présents sur le sentier. C’est calme, très calme. Mais sans doute pas trop calme non plus, car j’aime toujours me retrouver seule en forêt ou sur la plage, sans personne pour interrompre mes méditations contemplatives.

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La rareté des rencontres rend aussi celles-ci plus belles, plus intenses. Comme lors de cette seconde journée où, dans un intervalle de quelques heures, je rencontre diverses personnes voulant à tout prix partager leur festin avec moi. Cette famille de l’Ontario dont c’est le dernier jour de vacances et qui ne veut surtout pas gaspiller ses victuailles ; ou ce groupe d’amis en plein pique-nique qui m’assure que « quand il y en a pour quatre, il y en a pour cinq ». Mais aussi le lendemain lorsque je m’arrête au Shinglemill – unique trace de civilisation sur le sentier, comme mentionné plus haut – et que mon addition est secrètement payée par ma voisine de table, cette petite dame un peu âgée avec qui j’avais longuement discuté pendant le déjeuner. J’en suis tellement surprise et touchée, que les larmes me montent aux yeux quand la serveuse me dit que tout est déjà réglé. De purs moments de bonheur et de partage, sublimés par des mets succulents, que demander de plus ?

Le fait de ne pas avoir d’attentes particulières pour cette expédition fait de toute chose banale un événement extraordinaire. Rien n’est attendu ni prévu, donc tout est possible. Ces circonstances se prêtent parfaitement aux surprises et je dois admettre que je me suis parfois bien laissée surprendre…

Le troisième jour, alors que je marche en bordure de forêt, le long d’une rivière, j’entends un bruit que je ne parviens pas à identifier. Je pense à un chien essayant de se frayer un chemin à travers les fourrés et continue d’avancer sans y prêter davantage attention. Mais soudain, sans prévenir, deux ours jaillissent des bosquets et traversent tranquillement le sentier.

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Le premier ne se laisse pas distraire par ma présence et ne daigne d’ailleurs pas m’accorder la moindre attention. Le second, en revanche, s’arrête pour m’observer. Nous nous faisons ainsi face, nous jugeant mutuellement et jaugeant surtout nos intentions respectives.

Cette séquence est digne des meilleurs épisodes de Bref : je le regarde, il me regarde, je le regarde, il me regarde, je recule, il s’approche, je m’arrête, il s’arrête, je recule, il avance encore, je m’arrête et là je me dis « merde » … Mon cœur bat à toute allure. C’est un mélange d’excitation et d’appréhension qui s’empare de moi : ravie d’enfin croiser un ours – un vrai – je me demande toutefois comment je vais me sortir de cette situation délicate.

Quelques secondes s’écoulent, qui me paraissent une éternité. Après avoir « longuement » pesé le pour et le contre, mon nouvel ami décide finalement de rejoindre son copain et de me laisser continuer ma route sans plus de peine. Il reste de cette rencontre épique une anecdote et une photo volée, comme pour toutes les bonnes surprises dignes de ce nom !

Ce court moment est sans doute le chapitre le plus mouvementé de mon passage sur le Sunshine Coast Trail. Pour le reste, cette randonnée est plutôt axée sur la quiétude, la détente et la contemplation. À l’image de ces cabanes qui bordent le sentier à intervalles réguliers, concrétisant ainsi l’image rêvée que nous nous faisons du Canada. Francis Cabrel chantait la cabane du pêcheur, mais la hutte du randonneur n’a rien à lui envier !

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Quelle récompense, après avoir grimpé pendant plusieurs heures, avoir perdu trace du sentier et même m’être enfoncée dans les dernières neiges de printemps, d’atteindre le sommet et de découvrir cet abri qui se présente comme un véritable foyer prêt à m’accueillir pour la sieste ou le dîner.

Et que dire de ce décor qui m’entoure ? Je suis face à un tableau aux mille couleurs. Cinquante nuances de bleu, de l’azur du ciel qui  surplombe le turquoise des lacs qui plongent en contre-bas ; un éventail de teintes de vert, se déclinant à travers les multiples sapins et autres arbustes, de la cime de la montagne jusqu’au fond de la vallée. Jamais une photographie, quelle que soit sa qualité technique ou artistique, ne pourra rendre justice à cet aspect sublime de la nature qui s’offre à moi à chaque randonnée. Jamais je ne cesserai d’être éblouie face à cette beauté inconditionnelle dont je suis régulièrement témoin.

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Marcher, camper, voyager à pied, tout cela me permet de retrouver ce regard d’enfant sur le monde, cet émerveillement simple, cette fascination pour les choses que nous considérons trop souvent comme acquises. En ville, prise dans la routine, submergée par le métro-boulot-dodo, j’oublie de considérer le monde pour ce qu’il est : un présent dont chaque qualité mérite qu’on s’y attarde et qu’on l’admire. La randonnée m’offre la possibilité de (re)prendre pleine conscience de cette splendeur.
Et c’est sans doute pour cela aussi que j’aime tant ces escapades.

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(10)Commentaires

tiphaine I |
Message de beatricefg
Merci !
Alors, tu l'as parcouru celui-là ?

non je ne connaissais même pas, mais il m'a l'air top, vivement le prochain récit
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Béatrice I |
Message de murielj
Rho punaise, ça me fait envie...

Cool ! C'est l'objectif ! ;-)
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Béatrice I |
Message de Helene
Encore merci pour le beau récit et les belles images, Béa. La rencontre avec l'ours, je l'ai vécue avec toi tellement je me suis projetée dans ton récit. Gloups !
Vivement le prochain


Merciiii !
C'est cool de lire que tu t'es projetée dans le récit parce que c'est exactement ce que j'essaye de faire : transcrire les choses de façon à ce que le lecteur les vivent réellement !
Faut que j'attaque la rédaction du suivant si je veux respecter les deadlines... Et maintenant, j'ai la pression, on m'attend au tournant !
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Béatrice I |
Message de tiphainet
magnifique


Merci !
Alors, tu l'as parcouru celui-là ?
Hélène I |
Message de murielj
A quoi bon, tu n'y es plus...
I'll be back !! <3
Muriel I |
Message de Helene
T'es pas du bon côté ma Mumu, faut que tu viennes à l'Ouest !!
A quoi bon, tu n'y es plus...
Hélène I |
Encore merci pour le beau récit et les belles images, Béa. La rencontre avec l'ours, je l'ai vécue avec toi tellement je me suis projetée dans ton récit. Gloups !
Vivement le prochain
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Hélène I |
Message de murielj
Rho punaise, ça me fait envie...

T'es pas du bon côté ma Mumu, faut que tu viennes à l'Ouest !!
tiphaine I |
magnifique
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Muriel I |
Rho punaise, ça me fait envie...
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