Si Noël est un peu différent mais pas totalement étranger pour un PVTiste, il n’en va pas de même pour le Nouvel An qui est une fête très traditionnelle et bien différente de notre Nouvel An en France. Oubliez les petits fours et l’alcool à profusion, c’est ici une fête de famille calme et pleine de traditions à respecter.

Précisons tout d’abord que le Nouvel An au Japon suit le calendrier grégorien et n’a donc rien à voir avec le Nouvel An chinois qui n’est pas vraiment célébré ici. Bien que cela soit un peu confus puisque vous allez voir le zodiaque chinois un peu partout dès la fin décembre (les Japonais sont quand même encore attachés aux signes du zodiaque chinois), pas d’amalgame, le Nouvel An japonais est bien le 1er janvier.

Une fête de famille

Le Nouvel An est une fête de famille, c’est le Noël japonais, en quelque sorte. Probablement aucun de vos amis japonais ne sera disponible pour le fêter avec vous et les étrangers se retrouvent souvent à fêter le Nouvel An entre eux, s’ils ne sont pas invités à le célébrer dans une famille japonaise. Au Japon il y a, en effet, deux fêtes familiales très importantes où il est mal vu de ne pas rentrer chez ses parents : Obon (en août) et le Nouvel An.
Ainsi, le pays entier a des congés (généralement du 30 au 3) et peut rentrer à la maison pour fêter le Nouvel An en famille. C’est une fête calme, souvent passée devant la télévision à boire et manger en discutant avec ses proches. C’est un moment de réflexion sur ce cette année écoulée et de retour à ses racines.

Un vocabulaire précis à connaître

Comme rien n’est jamais vraiment simple au Japon, il y a des termes spécifiques à connaître pour cette période du Nouvel An.

Tout d’abord, la Saint Sylvestre, le 31 décembre donc, est appelé « Omisoka« . Jusqu’à ce jour, si vous rencontrez quelqu’un et que voulez lui souhaiter une bonne année, il faudra dire « Yoi o-toshi wo« .
Le 1er janvier, est “Oshogatsu” et à partir de ce jour, pour souhaiter la bonne année à quelqu’un il faudra dire : « Akemashite omedetou gozaimasu » (les jeunes réduisent à « AkeOme« ).
Si vous avez la télévision chez vous, vous pourrez constater le changement dans la façon de souhaiter bonne année des publicités qui filment une version « Yoi o-toshi wo » et une version « Akemashite omedetou » qui sera diffusée dès minuit.

À l’inverse de la France, on préfère ne pas tarder pour souhaiter la bonne année et privilégier la début janvier. Ainsi, les cartes de voeux (qui est une affaire très sérieuse au Japon !) sont toutes reçues pile le 1er janvier grâce au service spécial de fin d’année de la poste japonaise (il faut les poster avant le 28 décembre).

Une période noire pour voyager

C’est une période relativement noire pour voyager au Japon : bus, trains et avions sont souvent réservés longtemps à l’avance et bondés. Également, de nombreux magasins seront fermés (surtout vrai hors des grandes villes) et l’activité générale du pays sera au ralenti. C’est également la période la plus chargée de l’année pour les stations de ski, donc il vaut mieux éviter de vous y rendre cette semaine-là si vous n’aimez pas la foule.

En revanche, Tokyo a tendance à se vider, et de nombreux hôtels offrent des réductions pour attirer les clients. Il est d’autant plus intéressant de vous rendre à Tokyo à cette période si vous aimez le shopping puisque dès le 1er commence la folie fukubukuro que nous détaillerons plus bas.

Les fêtes autour du Nouvel An : Bonenkai et Shinenkai

Tout au long des mois de décembre et janvier, vous ressentirez une atmosphère étrange autour des restaurants et izakaya ayant plus de « salaryman » ivres morts qu’à l’habitude. C’est la faute au Bonenkai (une fête pour oublier l’année) et au Shinenkai (une fête pour accueillir la nouvelle année). Ces deux fêtes entourant le Nouvel An sont très similaires et sont de vrais institutions dans le monde du travail, elles méritent donc qu’on s’arrête un peu sur elles.

À la différence du Nouvel An, le Bonenkai et le Shinenkai ne sont pas célébrées en famille mais entre collègues ou amis. Ainsi, de nombreux Japonais doivent participer à plusieurs Bonenkai ou Shinenkai en décembre et janvier, ceux de leur entreprise plus ceux de leurs différents groupes d’amis. Ces deux fêtes sont l’occasion d’une grande consommation d’alcool et favorisent ainsi le lâcher-prise et l’expression de ses sentiments. Nombres de petits incidents (surtout entre collègues) arrivent lors de ces fêtes mais « ce qui se passe au Bonenkai reste au Bonenkai » !

Pour les Bonenkai et Shinenkai d’entreprise, le patron paie généralement la note pour les employés, mais parfois, on demande une participation, souvent autour de 5 000 yens (environ 35 €). Il s’agit toujours d’un « tabehodai » (nourriture à volonté) et « nomihodai » (alcool à volonté) où vous allez être encouragé à beaucoup manger mais surtout à beaucoup boire.

Il est à noter que le Bonenkai est aujourd’hui beaucoup plus suivi que le Shinenkai. Le Bonenkai est un tel événement qu’il peut être difficile de réserver pour un groupe dans les bons restaurants à cette période car tout est pris d’assaut des mois à l’avance par les entreprises.

Généralement, le Bonenkai d’entreprise a lieu la veille des vacances ou très peu de temps avant celles-ci tandis que les Shinenkai et les Bonenkai entre amis s’étalent sur tout le mois.

Les préparatifs : ménage, décorations et dettes

En France, nous faisons souvent la cuisine et le ménage en vue de recevoir les invités pour le Nouvel An. Au Japon, c’est un tout autre programme ! Cette fête se prépare à l’avance et est vue comme une date butoir pour certaines choses qui doivent être réglées avant la fin de l’année.

Tout d’abord, il faut régler toutes vos dettes et problèmes en cours avant de finir l’année. Bien que cela ne soit pas toujours possible, les Japonais essaient cependant d’expédier les affaires courantes avant le Nouvel An pour ne pas s’attirer de malheurs l’année d’après. Dans le même registre, les entreprises sont particulièrement actives avant les fêtes et les employés font beaucoup d’heures supplémentaires pour finir les tâches en cours afin de commencer la nouvelle année du bon pied.

C’est aussi l’heure du grand ménage ! Chez soi, à l’école et au bureau, tout le monde se retrousse les manches pour nettoyer de fond en comble les lieux. Cela prend une tournure particulière à la maison car la maîtresse de maison n’est pas censée lever le petit doigt pendant les 3 premiers jours de l’année…

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Une fois le grand ménage fait, les décorations de Noël laissent place aux décorations traditionnelles du Nouvel An. Il est de mauvaise augure de les sortir au dernier moment car c’est un manque de respect envers les dieux shinto qui viennent visiter votre maison, on les voit donc généralement assez tôt, juste après Noël.

Tout d’abord, il y a les « Kadomatsu« , qui vont toujours de pair, souvent constitués de pin et de bambou. Ils sont posés à l’entrée des maisons et sont là pour accueillir les divinités.

Il y a également le « Shimekazari » qui est une couronne de paille de riz est accroché à la porte d’entrée est censé repousser les mauvais esprits. On en trouve de toutes sortes, certaines belles et chères, d’autres plus simples. Beaucoup contiennent une petite clémentine, fruit star de l’hiver au Japon.

Ces décorations sont généralement brûlées au temple aux alentours du 15 janvier (ainsi que tous les talismans et porte-bonheur que vous auriez acheté l’an passé) afin de s’attirer la chance. Ainsi, tous les ans, les Japonais en achètent de nouveaux à l’approche du Nouvel An.

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Enfin, cette fois à l’intérieur, se trouve le « Kagami mochi« , constitué de deux portions de mochi (qui représentent l’année passée et l’année qui arrive) et d’une clémentine posée au sommet. On le garde généralement en déco jusqu’au 7 janvier, date à laquelle vous pouvez le cuisiner (souvent grillé).

Ce qui se passe le soir du réveillon…

Qu’on se le dise, la Saint Sylvestre au Japon c’est famille, repas froid et télé pour une majorité de Japonais !

En effet, vu que la maîtresse de maison n’est pas censée effectuer de tâches ménagères du 1 au 3 janvier, elle ne cuisine pas non plus. Ainsi, il est de coutume de manger le plat traditionnel appelé « Osechi » constitué de légumes, viandes, fruits de mer et poissons souvent marinés dans du vinaigre (pour se conserver). Selon certains, c’est délicieux, d’autres vous avoueront que c’est plus agréable à voir qu’à manger… vous vous ferez votre opinion !

Autrefois préparé par les femmes de la famille avant le réveillon, aujourd’hui l’Osechi est très souvent commandé au supermarché dès la début décembre. Les prix ont de quoi faire peur, allant de 100 à 300 euros selon la taille des plats !

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Un autre plat traditionnel est le « mochi« , comme vu plus haut notamment avec le « Kagamimochi« , un gâteau de riz épais et délicat à mâcher (des personnes âgées ou des enfants meurent d’étouffement avec tous les ans, faites attention). La tradition veut également que l’on batte du mochi le 1er janvier, une activité qui plait beaucoup aux plus jeunes.

La plupart des Japonais ne sortiront pas de la nuit et passeront la soirée devant la télévision, à partir de 19 h 15 très exactement : c’est le début du Kohaku Uta Gassen. Loin d’être une banale émission compte à rebours du Nouvel An, le Kohaku est une véritable institution au Japon qui existe depuis presque aussi longtemps que la télévision (bientôt 70 ans) !

C’est un marathon musical de 4 h 30, qui rassemble le gratin des chanteurs du pays. Ils sont divisés en deux équipes, l’équipe rouge pour les femmes et l’équipe blanche pour les hommes. L’émission fut pendant longtemps le programme télé le plus regardé de toute l’année mais sa popularité est en baisse, surtout auprès des jeunes. Elle est aujourd’hui concurrencée entre autre par le sport (de combat, type K-1) et des programmes comiques. Le Kohaku rend l’antenne à 23 h 45 pour laisser place aux retransmissions des feux d’artifices ou des reportages en direct des temples pour la première prière de l’année.

Cependant, si vous avez la télévision, il n’y a pas que le Kohaku qui pourrait être intéressant à regarder. Le lendemain, sur presque toutes les chaînes, des émissions spéciales avec reportages dans différentes régions du Japon présentent des événements locaux pour fêter la nouvelle année, à commencer par le lever de soleil (le plus célèbre étant celui au-dessus du Mont Fuji) des défilés, des baignades dans l’eau glacée, du Kabuki…

La télévision japonaise est généralement d’une qualité, disons douteuse, mais elle devient culturellement intéressante autour du Nouvel An. Pas besoin de comprendre le Japonais pour en profiter et avoir un aperçu des nombreux folklores du pays.

La visite au temple et le premier lever de soleil

Pour les plus courageux qui ne veulent pas rester scotchés devant le Kohaku, il y a la traditionnelle visite au temple à partir de minuit qui s’appelle Hatsumode. Temple bouddhiste ou shinto, c’est vous qui choisissez, mais les temple bouddhistes ont la particularité de faire sonner leurs cloches 108 fois (pour effacer les 108 péchés) juste avant minuit.

Beaucoup de personnes s’y rendent et il faut donc vous attendre à faire la queue, parfois pendant des heures, avant de pouvoir prier. Vous vous réchaufferez à coup de « amazake« , un alcool de riz laiteux chaud vendu près des temples pour l’occasion.

La majorité des Japonais achètera également des « omikuji« , ces prédictions sur papier que l’on trouve dans tous les temples (certains temples en ont en anglais). Si votre fortune est mauvaise, il faut accrocher la divination à un arbre pour chasser le malheur.

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Si vous avez survécu au froid et à la foule, vous pouvez alors enchaîner sur l’autre sortie traditionnelle en assistant au premier lever de soleil de l’année, appelé « Hatsuhinode« . Certains se rendent dans des lieux particuliers pour admirer ce lever de soleil, comme dans la province de Shizuoka pour le voir apparaître au dessus du Mont Fuji. La télévision vous donnera la veille au soir l’heure exacte du lever de soleil par région en plus de la météo pour que vous puissiez vous y préparer.

La folie Fukubukuro

À partir du 1er janvier et pour seulement 3 jours, un événement commercial très attendu démarre ! Équivalent au Black Friday en Amérique du Nord, de nombreux magasins offrent des réductions et surtout des pochettes surprises appelés « fukubukuro« .

Cette tradition des pochettes surprises a été inventée par les grands magasins sous l’ère Meiji pour relancer la consommation après les fêtes.

Les Japonais peuvent faire la queue pendant des heures devant leur magasin favori pour acheter une de ces pochettes surprises. Bien sûr, vous ne savez pas ce qu’il y a dedans, mais vous êtes sûr de faire une bonne affaire, payant généralement seulement entre 50 et 70 % de la valeur réelle des objets. Les magasins Apple avaient d’ailleurs créé l’événement en mettant des MacBook Air dans certaines de leurs pochettes.

Les magasins d’électronique et les marques de luxe sont réputés offrir les meilleurs Fukubukuro, et le rayon des Fukubukuro ressemble souvent à un champs de bataille où il va falloir jouer des coudes. Attention aux grands-mères et aux mamans, elles sont les plus redoutables !

Mylène

Passée par le Canada, la Chine et Taïwan, je suis arrivée au Japon en 2015 et suis toujours aujourd'hui dans ce pays fascinant.

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