Je me suis dit qu'un petit retour dans le temps me ferait sourire... je vous partage mes courriels de groupe envoyé à ma famille et mes amis durant mon voyage en France de janvier-février 2009, fusionnés et débarrassés des détails trop personnels

J'ai aussi ajouté des commentaires en italique pour la compréhension des lecteurs...
Suis-je invisible?
Dans certaines parties du monde, les voyageurs subissent un tas de formalités et de contrôles dans les aéroports. Peut-être suis-je invisible, ou bien mon air angélique me dispense d'office de toutes ces tracasseries? J'ai eu tant de mal pour obtenir mon passeport, la moindre des choses serait qu'il intéresse les gens concernés! A Montréal, les policiers ont jetés un bref coup d'œil sur mon passeport... à l'envers! Ma carte d'embarquement a été royalement ignorée. Un hochement de tête pour me dire de continuer ma route et ce fut tout. A Paris, la préposée a ouvert mon passeport au hasard pour apposer son tampon, toujours sans regarder la page d'identification. Les gendarmes à la douane laissaient passer les voyageurs sans leur jeter le moindre regard et c'est ainsi que je me suis retrouvé dans la zone libre de l'aéroport. A l'extérieur, une banlieue parisienne froide et grise.
Cinq heures dans Paris
Le réseau de trains de banlieue a disposé des stations en plein cœur de Paris. Je me suis donc retrouvé a quelques pas seulement des principaux monuments. En premier lieu, la divine charcuterie de Pierre Oteiza qui a motivé ce voyage(!). Les bras chargés de pâtés basques au piment d'Espelette, j'étais près a simuler un semblant d'intérêt pour tout ce qui n'était pas pâtés... Je suis ainsi tombé tout à fait par hasard sur Notre-Dame de Paris. J'ai donc franchi la Seine sans m'en rendre compte, mais non, j'ai déduis que si Notre-Dame est sur une ile, il doit bien y avoir de l'eau a quelque part! J'ai aussi testé mon premier bistrot parisien. C'était chouette, il y avait plein de drapeaux britanniques! Mon café crème ne coûtait que 4 euros 50 et les toilettes, 20 centimes. A Paris, on taxe même les besoins des SDF! Loco Locass avait raison, un impôt sur la quête, ce n'est pas bête! Mon amie parisienne nous a brinqueballé un peu au hasard dans les rues avoisinantes et j'ai pu voir les arènes de Lutèce : quelques estrades et un sol recouvert de sable. Le sang des gladiateurs a depuis longtemps été bu par le sable, il ne restait que quelques centaines de mégots. Nous avons aussi croisé la prison de la Santé, bien connue pour avoir servi de lieu de villégiature a des centaines de personnages romanesques. J'ai failli manger un jambon-beurre pour me rappeler Renaud, mais je me suis rappelé les versions chantées par Daniel (
un pote guitariste qui chante faux) et j'ai préféré essayer le saucisson-beurre.
Première journée dans Tours
Les autoroutes françaises ne permettent pas de mater le paysage, surtout dans le noir. 200 kilomètres a admirer des Peugeots et des Renault, c'est long! Je suis donc arrivé à Tours sans avoir rien vu. Un peu fatigué, je me suis écrasé devant une excellente assiette de pâtes au saumon à la crème fraîche et j'ai religieusement testé quelques bouteilles de vin. Le lendemain, j'ai visité le vieux Tours durant l'après-midi. Architecture classique de la Touraine avec sa pierre blanche et ses toits en ardoise. Petites rues, des bars a tabac, des bistrots et un peu d'accordéon musette en passant devant un restaurant. La moitié des restaurants semblent servir des magrets de canards, des blanquettes, des cassoulets et autres plats qu'on ne mange que dans les grandes sorties à Montréal. J'ai plutôt testé mon premier kébab puisqu'aucun français n'avait réussit a me l'expliquer. C'est très bien et pas cher du tout! Finalement, ça ressemble a de la viande a shawarma libanais débordant d'un petit pain français industriel avec des épices grecques et vendu par un algérien sous bannière turque. Note : la fonction sociale du kébab est de remplacer la pointe de pizza, le shish taouk ou la poutine a la sortie des bars.
Premier supermarché
...Dans les supermarchés il y a parfois autant de vins que dans une SAQ express et a des prix variant entre 2 à 250 euros la bouteille. J'ai trouvé les bouteilles a 4 euros similaires aux bouteilles à 15 dollars vendues au Québec. J'en ai testé une quinzaine jusqu'à maintenant et le tiers étaient dans les meilleurs vins que j'ai testés. Les emballages des aliments sont un peu confondant : ils ont la même allure que les emballages des aliments de mauvaise qualité dans les épiceries québécoises. Je comprends mieux maintenant pourquoi j'ai vu si souvent des français choisir la pire marque dans des épiceries québécoises et râler ensuite sur le manque de goût des aliments nord-américains. Au comptoir boucherie, il y a des langues, des queues, des joues, des cerveaux et tous les rognons possibles et imaginables. Très appétissant. J'ai par contre regardé les magrets de canard vendus frais avec une concupiscence très intense. J'attends de m'initier un peu mieux aux produits français pour m'en cuisiner moi-même... J'attends ce moment avec impatience, je crée déjà les prémisses de la recette et ça occupe bien mon esprit depuis quelques jours.
Quatre jours d'attente pour goûter sa première baguette française
Et oui! Il n'y a que moi pour accumuler les circonstances les plus insolites pour ne pas trouver de baguettes en France. Je passe les détails, mais il m'a fallut quatre jours pour pouvoir essayer autre chose que du pain de supermarché ou du pain congelé! Le plus drôle c'est qu'elle n'était pas de mon goût! Je vous rassure, j'en ai trouvé maintenant qui me plaît bien.
Voyage chez quatre lutins près de Poitiers
Deux années d'attentes avant de revoir mon couple de lutins favori. Entre-temps, ils se sont reproduits et une invasion de lutins se prépare! Il y a déjà deux lutins supplémentaires, on m'a juré qu'il n'y en aurait pas d'autres, mais l'histoire m'a apprise que les envahisseurs mentent toujours sournoisement (
j'ai appris cette semaine qu'un nouveau arrivait). Je crois par contre que s'il y en avait plus des comme ça, on serait mieux sur cette Terre. Fred et Amandine nous ont royalement reçu, comme ils savent si bien le faire! Ils nous ont enjôlé avec leur accent du sud (
Dordogne), gavé comme des oies qu'on voudrait bien grasses, soûlé de vins pour être certain de nous garder à coucher et promené dans la campagne Ligugéenne. J'ai ainsi vu mon premier château, dans le petit village de Gensay. Il était en ruine, il y avait des morceaux qui trainait dans l'herbe, il n'avait aucune ornementations : juste parfait! J'en ai vu deux autres ensuite : un château du 13ème siècle transformé en appartements et un château renaissance superbement préservé et tout a fait inintéressant. Premier constat : plus c'est vieux, plus c'est en ruine, moins il y a de touriste et plus j'aime ça!
Visite illégale du château de Chinon
Deux cent bornes aller-retour, un mal de tête, la nausée, un repas imprévu et trop cher pour tomber sur un château fermé pour rénovation. Un peu triste. Heureusement, les clôtures se grimpent si bien! Nous avons donc fait le tour du château, construit à flanc de falaise, mais avec de charmantes esplanades. La végétation française recèle des dangers inconnus des québécois : des ronces, des branches énormes de rosiers avec des aiguilles de deux centimètres. En fait, lorsque la végétation est très dense, vaut mieux ne pas essayer de passer. Mes jambes le prouvent... Pour réussir à quitter le château, il a fallut se servir du flash de mon portable. Nous y sommes allé de soir car lorsque le château est ouvert, l'éclairage est paraît-il féérique. Maman, ne t'inquiète pas, des égratignures ce n'est pas mortel.
Journées de galères
Les deux prochains jours seront des journées consacrées a des déménagements. Beaucoup de trimballage et de nettoyage en perspective. L'appartement où je vis est vidé de ses meubles depuis le matin et il n'y a plus de frigo ou de gazinière. Deux jours de bordel avant de descendre en camion de déménagement vers Mont-de-Marsan au sud-ouest. Lorsque les meubles seront déchargés, nous partirons en expédition vers Bayonne, l'Espagne, Toulouse et la Méditerranée.
La moutarde
Je suis actuellement à Dijon, capitale internationale de la moutarde! C'est une forme de retour aux sources. En y réfléchissant bien, la moutarde de Dijon est l'importation française que je consomme le plus, excepté quand j'achète de la moutarde à l'ancienne ou de la moutarde de Meaux. Je préfère cette dernière mais je n'ai pas encore osé confronté un dijonnais sur cette épineuse question gastronomique. Cela dit, la moutarde de Dijon fut un élément primordial dans la composition d'une kyrielle de petits plats que j'affectionne particulièrement : rôti de porc, saumon au four, vinaigrettes pour mes salades. Je reviens de l'épicerie et j'ai pu constaté que les dijonnais sont assez fière de leur moutarde pour lui donner un rayon particulier et bien en vu. La moutarde de Meaux se terrait plutôt dans une étagère obscure à côté du ketchup Heinz et de la moutarde industrielle. J'ai failli en acheter, mais je n'avais pas emmené de masque pour dissimuler mon visage de traître et je craignais la vindicte populaire...
La forêt landaise
Des gens bien intentionnés se sont préoccupé de savoir si j'étais dans le Sud-Ouest lors de la Tempête. J'écris un T majuscule, car elle méritait sûrement de se faire "majusculiser" vu l'ampleur des dégâts qu'elle a causée. C'étaient sûrement des kamis, des vents divins qui ont engloutis le sud pour embêter Sarkozy comme l'ouragan de la Nouvelle-Orléans a bien occupé G.W. Bush Jr. Il parait que 60% de la forêt landaise a été dévastée. C'est une moyenne! A Meilhan, près de Mont-de-Marsan, le pourcentage avoisinerait plutôt 80%. La forêt landaise est composée en grande partie de pins. Si je me fie aux rares qui restent encore debout, ce devait être une sacré belle forêt. Maintenant ça ressemble à une forêt boréale version géante après le passage de 10000 bûcherons québécois. Si j'envoie la photo à Richard Desjardins, il va nous faire un nouveau film... En tout cas, les Landais ne manqueront pas de bois de chauffage pour finir l'hiver! Pour répondre à la question latente, je n'étais pas dans le sud lors de la tempête...
Baignade hivernale en France (janvier)J'ai testé pour vous la baignade hivernale en France : Bretagne, Méditerranée et côte basque. J'ai compris finalement pourquoi la cuisine bretonne est si grasse : il faut un sacré épiderme pour rester plus de 3 minutes dans une eau à 6 degrés. La Méditerranée déjà offrait un fabuleux 11 degrés, mais je crois que Dame Nature voulait se venger de tout ce béton car un vent puissant projetait des quantités ahurissantes de sable dans les airs et j'ai failli m'étouffer avant même de me tremper les pieds dans le plus grand bouillon de culture de l'humanité. Imaginez! 7000 ans de navigation, de naufrages, de guerres... Romains, grecs, phéniciens, égyptiens, Napoléon, la guerre de Crimée, les byzantins, les super pétroliers et la maffia sicilienne. Tant de cadavres ne donne pas forcément le goût de s'y baigner. J'ai finalement choisie la plage de Bidart : 14 degrés, une eau claire et limpide, des falaises et la mer est si entrainante qu'elle nous amène au large si on n'y prend garde. (
ma photo actuelle de profil me montre avec mon manteau québécois en train de me tremper les pieds en Bretagne en janvier)
Voilà! C'était une partie de mon périple...