La situation est a mon sens un peu plus complexe, mais par certains aspects d'une simplicite cruelle :
- d'une part, meme si le discours communement accepte est que beaucoup se disent prets a trimer, prendre des jobs sous payes, depoussierer les tapis et raboter les bas de porte, la realite est que tres peu en sont reellement capables. C'est une chose de dire sur un forum qu'on est pret a prendre un job alimentaire dans le but de partir a l'aventure, une autre que de se retrouver a eplucher des patates loin de chez soi, en plein hiver canadien, sans reperes et surtout sans pognon.
- d'autre part, et au risque de m'attirer les foudres de beauoucp, une grande partie des gens qui partent sont des personnes certes aventureuses, courageuses, temeraires (quoique) mais surtout... sans grande brillance. Comme George l'a dit avant moi : "
Think of how stupid the average person is, and realize half of them are stupider than that." Le pelerin de base qui se pointe avec son PVT, la fleur au fusil, en pensant que ca va marcher
simplement parce qu'il a eu le courage de partir peut tout de suite raccrocher les gants et rester chez lui a payer le credit de sa Peugeot. Une personne aux capacites basiques en France restera une personne aux capacites basiques a l'etranger. La realite est que deux facteurs jouent un role important dans la reussite ou l'echec de l'aventure (si l'on parle de trouver un bon boulot et s'installer plus longtemps que
le PVT) :
- le facteur chance (auquel on peut arguer que la chance est finalement avoir les bons atouts au bon moment et au bon endroit)
- l'avantage competitif
Le Canada etant tres diversifie, le monde du travail l'est tout autant. Ce qui implique une competition a ne pas prendre a la legere. La question est donc simple : qu'est-ce que vous apportez de plus a l'employeur qu'un autre ? Le fait que vous parliez francais ? Non seulement beaucoup de groupes s'en tamponnent completement, mais en plus il y en a deja des milliers dans le meme cas. Faut pas oublier que chaque canadien etudie le francais a l'ecole, donc beaucoup ont pour coutume de mettre "French: spoken/fluent" sur leur resume, sachant que personne ne verifiera. Et c'est la la desillusion de beaucoup de pvtistes : ils se rendent compte que c'est plus dur que prevu. Et ouais, personne ne va vous embaucher juste parce que vous etes francais. Surtout quand je vois le nombre de personnes qui partent pour MTL, ou le marche de l'emploi est deja plutot febrile. Autant aller au casse pipes.
Vous voulez miser sur votre beau diplome de fac de province ? Un boulot type dans une banque (je parle du milieu que je connais le mieux) recoit entre 300 et 500 candidatures. La moitie des candidats ont des MBA/eMBA d'une top 30 ou d'Ivey, le reste des CFA/FRM/CMA/CA. Sans compter un reseau de tare, soit grace a l'alumni, soit grace a des postes au sein des boites les plus prestigieuses. Non seulement le Canada a d'excellentes universites (UofT, Rotman, Richard Ivey) mais en plus la diversification culturelle du pays fait que vous etes en competition avec des candidats du monde entier.
Alors je sais bien que chacun pense etre plus intelligent que la moyenne, mais un cretin avec un PVT reste un cretin. Le marche de l'emploi est regi par les memes forces ici qu'ailleurs : offre et demande. Et, a plus grande echelle, c'est le jeu de la vie. Il y en a qui reussissent et s'elevent au dessus du lot, et d'autres qui restent dans la masse.
le PVT est donc un fabuleux outil,
si vous mettez egalement toutes les chances de votre cote. Posez vous les bonnes questions, mitigez vos attentes et ayez un minimum de realisme. Le Canada n'est pas un Eldorado. Loin de la. C'est par contre un pays acceuillant, au marche de l'emploi dynamique, avec un sortie post-recession mieux negociee qu'une bonne partie de la vieille Europe, et de culture ouverte et tolerante.
J'exclu sciemment les personnes qui se servent du PVT pour faire un break d'un an, peaufiner leur niveau de langue, decouvrir le pays, bourlinguer, etc. Aventures toutes aussi louables et pleines de sens. Chacun voit midi a sa porte.