Salut la gang,
Ne voulant pas trop faire de l'ombre au prochain opus de Henri le potier qui va bientôt sortir oûtre flaque et ayant un peu de temps en ce début de fin de semaine, je me lance dans le tome IV de la série (1ère saison) ou la première semaine d'un PVTiste à Montréal. Ames sensibles s'abstenir pour ce tome qui sera un des plus durs de la saison...
Après avoir réglé les paperasses administratives durant la première journée, je me retrouve un peu désoeuvré dans l'immensité de Montréal. Il faut dire que ma chérie n'arrive que dans un mois et que l'on s'est promis de faire un petit tour de la province à son arrivée, il n'y a donc aucun intérêt pour moi à commencer à chercher du boulot, un de mes passes temps favoris

. Là c'est dur, on se retrouve tout seul dans un pays que l'on ne connaît pas où l'on ne connaît personne et où on n'a pas de but clairement défini... De toute façon il faut que je m'occupe, j'ai trop peur que le mal du pays me gagne dans cette période de fragilité. La guerre contre la morosité est déclarée, je ne vais pas la laisser détruire un si vieux rêve qui est en train de devenir réalité
Voilà le programme des festivités, dès le réveil se jetter sur le PC, mettre son casque sur la tête et essayer par tous les moyens d'obtenir un maximum de contact avec les amis, la famille et surtout ma chérie par le biais de MSN. Malgré nos 6 heures de décalage horaire, j'obtiens un bon taux de contact, ouf c'est bon pour le moral, la journée peut bien commencer, ils se rappellent encore tous de moi

. J'ai récupéré 20 % de ma barre de vie
Ensuite il faut enchaîner avec d'autres activités énergisantes. Je suis un grand frappadingue de sport, je met à profit ce temps libre qui s'offre à moi pour enchaîner par un footing quotidien d'une heure dans un parc de Montréal proche de chez moi le parc Maisonneuve. Il est 09h30 du matin, je sors dans la rue prêt à m'élancer : il fait près de 40 C avec le facteur d'humidité, le soleil est voilé par un smog épais (petit cadeau pollué de nos voisins etats uniens) mais cogne quand même déjà très fort, bref les conditions idéales pour faire son footing matinal. La volonté est plus forte, je m'élance. Après un bon quart d'heure à courir sur les trottoirs défoncés du quartier j'atteinds enfin le parc. Ouf, enfin la nature en pleine ville, je m'engage sur le sentier bétonné réservé aux pietons : ne pas prendre celui des vélos et des rollers, c'est à vos risques et périls (vous avez vu le film Rollerball, c'est pareil, les pieux pointus en moins). Je croise un régiment d'écureuils qui guettent déjà le chaland qui leur jettera la première cacahuète de la journée (on dit une arachide ici comme le beurre) et qui se poussent à peine sur mon passage. Il faut dire que pour eux je dois constituer une attraction atypique : un gars tout rouge, soufflant comme un bison en colère, rallenti par le tee shirt détrempé que je porte sur le dos... Je poursuis mon chemin et je croise une douzaine de jeunes mamans poussant leur progéniture dans une poussette futuriste en train de faire des mouvements synchronisés sous la direction d'un coach (c'est écrit en gros sur son tee shirt pour celles qui n'avaient pas compris que l'éphèbe tout bronzé, aux muscles saillants et au sourire ultra brite c'était pas le jardinier du parc). Elles sont moins curieuses que les écureuils, il faut dire que certaines sont plus rouge et plus essouflées que moi et puis l'orgeuil masculin reprend le dessus, n'est ce pas messieurs

: on gonfle le torse, on allonge la foulée, on regarde son chrono comme pour se rassurer de cette performance... minable. Ouf elles sont loin, je préfère encore le regard narquois des écureuils qui me permettent au moins de conserver cet allure de pantin desarticulé tellement je suis étouffé par la chaleur. A mi parcours, je croise un bikeur sur un vélo en forme de chopper : du jamais vu

Un vélo tout carréné comme une mob, avec un grand guidon ridiculement grand. Il ne manque au gars que le blouson clouté et quelques chevaux dynes sous la carcasse en plastique de son engin pour se croire sur la route 66... Le retour se fait avec les trippes. J'arrive devant la maison, épuisé, trempé, courbaturé mais assez content de l'effort que je viens de m'imposer : ça fait tellement du bien, un peu comme quand on arrête de se mettre des coups de marteau sur les doigts

. A nouveau 20 % de plus dans la barre de vie qui commence à prendre une teinte orangée...
Après la douche, deuxième séance MSN de la journée pour toper le reste de la troupe qui vient de sortir du boulot en France. La récolte est en général moins bonne à ce moment de la journée mais le moral n'est pas entamé, je prépare le programme de l'après midi, ce sera visite du centre avec pour compagnon le guide du routard. Je veux mettre à profit ce mois pour découvrir autant que faire se peut ma nouvelle ville. Après un repas frugal (sport sous canicule + repas léger = - 4 kilos en un mois

), je me lance dans le centre ville, les bus et métros n'ont déjà plus de secret pour moi. J'ai visité en une semaine tous les grands parcs de Montréal, tous plus beaux les uns que les autres et merveilleusement bien entretenus. Je me suis également attardé devant les monuments les plus représentatifs de la ville. Ça ça se fait assez vite, le Canada est un pays jeune, le patrimoine est plus à construire. Ici pas de chateaux de la loire ou de deumeures de maîtres, un edifice construit au début du siècle dernier est un vestiges historiques. Mon appereil photo ne chôme pas en tout cas, je suis l'envoyé spécial pour toute ma famille et mes amis qui n'ont jamais mis les pieds ici, alors dès que je croise un building, une forêt ou un camion de pompier, je mitraille. Ces balades de plusieurs heures dans Montréal me réconfortent dans mon choix : la nature est vraiment partout dans la ville, il n'y a pas de sensation de stress ambiant, on se sent en totale sécurité à toute heure de la journée et de la nuit. J'apprivoise mon nouvel environnement, je prends à nouveau 20 % de barre de vie qui maintenant est toute jaune.
En fin d'après midi, me voilà de retour à la maison, pas la peine de tenter MSN, tout le monde dors en France à cette heure çi. Par contre les mails ont afflués en mon absence. Tous ces message de sympathie augmentent de nouveau de 20 % mon capital vie qui est à présent carrément dans le vert.
Il est 21h00, l'obscurité commence à apparaître, et avec elle les mêmes angoisses de la veille. Tous les efforts fournis durant la journée sont annulés en quelques minutes, la morosité est plus forte, elle s'en vient reprendre tous ces % de barre de vie si difficilement capitalisés au cours de la journée me laissant à l'agonie avec juste assez d'énergie pour reprendre le combat du lendemain.
Pendant une semaine, ce scénario s'est inlassablement reproduit et le rayon de soleil n'est réapparu pour moi qu'au cours de la deuxième semaine qui fera l'objet d'un prochain récit. Ce passage à vide, il paraît qu'on le vit tous à un moment donné, certains tout de suite comme moi, d'autres au bout de plusieurs semaines et certains au bout de plusieurs années. Les causes seront multiples : la solitude, le manque de fric, pas de boulot... les effets seront toujours les mêmes : une forte remise en question de l'aventure PVT. Donc rassurez vous c'est un phénomène parfaitement normal, même si on y est préparé. N'en soyez pas inquiets non plus, ne remmetez pas tout en cause sur un passage de ce type, vous trouverez au plus profond de vous même la ressource nécessaire pour combattre activement la morosité. Elle aura le dessus pendant quelques temps et puis un beau jour, vous serez le plus fort et elle disparaîtra à jamais. La mise en place de ce forum a aussi pour vocation de créer des échanges, de dicuter de nos difficultés passagères et de nous soutenir mutuellement dans ces périodes. Donc si vous rencontrez un passage à vide, vennez vous confier, il y a aura toujours un PVTiste pour trouver le mot juste qui vous remmetra dans une dynamique positive.
Ce chapître même s'il n'est pas le plus gai (je vous avez prévenus) se devait de faire partie de la série car ce n'aurait pas été honnête de ma part de masquer les points difficiles. Depuis les choses se sont merveilleusement embellies, j'ai tisser des liens, ma chérie m'a rejoint, on a fait un parcours merveilleux dans la belle province, j'ai trouvé le boulot de mes rêves et nous avons la chance d'avoir ce fantastique forum. Je suis plus que jamais convaincu que nous vivons une aventure extraordinaire et que nous sommes vraiment tous chanceux de pouvoir la réaliser. Pour enterrer définitivement ce tome, je vous promets un chapître plus réjouissant très très bientôt

.