Me revoilà avec ma casquette de rédactrice pour ce merveilleux site histoire de vous raconter un peu ma vie depuis la dernière fois. Pas mal de choses ont changé en quelques semaines, beaucoup de choses et pas grand-chose à la fois. J’ai un boulot, je fais du sport, je sors, je reçois des copains, je m’en fais quelques nouveaux, bref, je commence a me fondre dans une routine canadienne.
Côté boulot, j’ai finalement trouvé un poste à temps plein et en « CDI ». Ça n’a pas été facile au début et j’étais à 2 doigts d’être découragée. Les jours passaient et se ressemblaient, levée pour aller voir les offres sur Internet, coups de fils et rendez-vous avec des agences de placements, entretiens, dodo angoissé à l’idée de mon compte en banque qui fondait comme neige au soleil … J’ai essayé pas mal de pistes pour trouver un job dans mon domaine mais malheureusement, on ne peut pas dire qu’elles aient véritablement abouties. A chaque fois, j’ai entendu le même discours : pas d’expérience canadienne, un visa limité, une offre de stage non rémunéré … Mais j’ai quand même préféré persévérer plutôt que de me lancer dans la première offre venue - et il y en a eu! Seulement, le problème, c’est que j’ai rapidement eu une belle étiquette collée sur le front qui disait « bilingue » et qui appelait au call centre, service client ou autre poste de ce type. J’avais beau dire que je ne voulais pas d’offres de ce types, elles affluaient à longueur de journées. J’ai quand même cherché à élargir mes recherches et j’ai fini par mettre "mon pied en bas" (traduction littérale de « put my foot down », mettre un stop et exprimer ses opinions) pour dire ce que je voulais et ce que je ne voulais pas.
Les agences de placement sont un bon filon pour trouver du travail, mais j’ai souvent eu l’impression qu’elles voulaient me trouver le travail qui leur plaisait. Les offres étaient souvent les mêmes, on me voyait « trop bien dedans », c’était une très bonne compagnie … Finalement, ce n’est qu’après avoir un peu poussé ma gueulante - gentiment, je vous rassure - que j’ai commencé à recevoir des offres un peu plus appropriées à mon profil. Au début, j’avais peur de voir filer des offres sous mon nez si j’en refusais d’autres, mais après, j’ai vite compris qu’avec les agences de placement, il faut aussi savoir se montrer ferme. Des candidats, ils en ont a la pelle et les états d’âmes, ils en ont beaucoup moins. J'ai eu du mal a me mettre dans cette mentalité, je vous l'accorde, mais mon changement d'attitude a payé.
Après plusieurs semaines de recherches, je me suis retrouvée fasse à 2 offres d’emploi équivalentes qui me sont littéralement tombées dessus le même jour, ce qui m’a permis de négocier mon salaire et mes conditions d’embauche pour mon poste actuel. Tant qu’à être au pays du business ... J
Ce qui m’a étonnée, c’est que mon employeur actuel m’a totalement fait confiance. Il m’a simplement demandé comment fonctionnait mon Visa, sa date limite et les possibilités par la suite. J’ai eu l’air de le rassurer puisqu’il qu’il m’a embauchée lol !
Mon seul regret est que ce poste ne soit pas dans ma branche, et que donc si je dois un jour partit vers un prolongement de Visa, je serai obligée de garder ce travail, en attendant … Par contre, l’expérience est bonne et le milieu de travail excellent. Aussi, j’ai été surprise par les entretiens au Canada. La plupart du temps, dans les entretiens où je savais que ça collait bien pour le poste, on m’a posé plus de questions sur ma personnalité, mes voyages ou les raisons de ma venue au Canada et quelques questions précises sur mes emplois précédents, mais peu au final. J’ai l’impression que les expériences de travail comptent moins que la personnalité du futur employé quand on voit déjà dans son CV (euh, je veux dire Résumé) que de toute facon, le candidat a les compétences techniques. Après, les employeurs cherchent surtout a voir si on est dynamique, actif, sympa, fiable, sérieux …
Concernant les conditions de travail, je ne sais pas si je peux généraliser ou si c’est simplement mon poste qui fait que, mais je trouve l’ambiance de travail plutôt différente de ce que j’ai pu connaître jusqu'à maintenant. Mes supérieurs me font entièrement confiance et cela dès mon premier jour de travail. Je touche tout de même a des dossiers confidentiels, je suis en charge d’argent, j’ai un rôle très centralisateur et la moindre faute ou erreur peut avoir de lourdes répercutions, pourtant je me suis sentie des le début intégrée, respectée et mise en confiance. Personne ne me flique, on me laisse libre de mes actes et de mon rythme de travail, de mes pauses, de mes démarches … J’ai aussi l’impression d’avoir intégré une vraie équipe, une sorte de « famille de boulot ». Un jour, le président m’a même aidé à déménager des meubles chez moi J
Ça va faire plus d’un mois maintenant que je suis dans ce poste et ça se passe bien. Mine de rien, on retrouve vite une certaine routine et quelque part, et c’est un peu ce qui me perturbe aujourd’hui... Suis-je en train de vivre mon PVT a fond ? Ne devrai-je pas voyager aux 4 coins du pays et des USA ? Ne suis-je pas en train de faire ici ce que j’aurai pu faire en France ? Suis-je venue au Canada pour ça ? Quelle était la couleur du cheval blanc d'Henri 4 ? Oui, je me pose vraiment beaucoup trop de questions je crois ...
Toujours est-il que je n’ai pas encore la réponse à toutes ces questions et je m’estime déjà très heureuse d’avoir un boulot, de pouvoir me permettre enfin des sorties sans regarder le vide intersidéral de mon porte-monnaie, d’accumuler une expérience positive et utile pour mon futur professionnel (ou du moins je l’espère) et de commencer a pouvoir me laisser de temps de réfléchir à ce que je vais faire demain, dans un mois ou dans 6 mois et surtout, de laisser venir, comme j’ai laissé venir mon PVT, mon boulot, les merveilleuses rencontres que j’ai faites ces derniers temps, cette expérience de fou qui me tombe dessus depuis juin 2006, cette maturité que j’ai gagnée et que je gagne chaque jour, cette débrouillardise, cette indépendance et ce super Canadien qui est à mes cotés chaque jours … Parce que tout ça, un jour, je pourrai dire « je l’ai fait et je l’ai vécu ». Parce que j’aurai eu ce courage ou cette connerie de le faire. Parce que demain est un autre jour et qu’on retombe toujours sur ces pattes J Pas vrai les gens ?