Il y a des histoires qui se vivent et d’autres qui se racontent. Chacun vit son immigration temporaire ou permanente différemment. Pourtant, nous allons essayer de partager notre histoire à nous deux… Enfin maintenant à nous trois au Canada. Vu que nous avions aimés parcourir les témoignages sur ce site, nous rendons la pareille et espérons que ce récit pourra vous aider et/ou vous plaira. On a mis le temps, mais voici une tranche de notre vie.
C’est avec un PVT (et une demande de CSQ envoyée au préalable) que nous sommes arrivés sur la ville de Québec City le 16 juin 2012 par une belle température de 28 degrés. Pas de doute, Mat et moi sommes bien arrivés là où nous le voulions.
Après être déjà venus au Canada en repérage, tout du moins dans la province du Québec, nous avions pris la décision : ce sera tout sauf Montréal. Les premiers mois sur place ont été dédiés au bonheur et à la détente. On ne quittait pas nos emplois respectifs, chacun depuis sept ans, pour commencer tout de suite la recherche d’emploi. Nous avons profité donc de notre camp de base à Québec City (un appartement de location courte durée) pour partir avec notre bâton de pèlerin dans la Belle-Province. Pas mal de régions y sont passées : Mauricie, Gaspésie, Cantons de l’Est, Laurentides, Bas Saint-Laurent, Côte Nord, Charlevoix… Bref, tous ses petits coins que tu retrouves sur les cartes postales et qui te font rêver. Tout ceci s’est soldé par des souvenirs et des anecdotes bien drôles que l’on se remémorera bien longtemps. Genre un hôtel qui s’est bizarrement transformé depuis la publication du guide touristique en maison de retraite : Bonjour nous voudrions une chambre ! Mais pourquoi êtes-vous tous en chaises roulantes ?, Une mouette qui nous vole un sous-marin au homard payé deux secondes avant cela 12 pièces, un face à face de 2 ou 3 minutes avec un ours (nos jambes ont plus eu l’impression de 25 minutes…). Bref, tout ce que nous voulions au départ de notre voyage, du bon temps, des paysages à couper le souffle, de la faune à foison, des gens sympathiques, un couple qui nous cède sa chambre car notre réservation n’avait pas été prise en compte… Génial.
Finalement, c'est Montréal
Il faut savoir qu’avant de partir, une amie québécoise sur place nous avait trouvé un appartement avant même que l’on arrive… Il était à Montréal ! Au final, le tout sauf Montréal est devenu le tout à Montréal. Et pour notre plus grand plaisir. Ce n’est pas que nous n’aimions pas la ville de Montréal (bien qu’aux premiers abords, pas bien belle selon ma blonde qui comparait avec un séjour d’antan à Vancouver), juste qu’être plus proche de la nature était notre dada. Tant pis, ce sera Montréal puisque nous y avions déjà un logement. On y débarque au mois de juillet où la chaleur de l’été y est toujours assommante… Pas envie de se mettre au travail tout de suite. Ok, on prend la route pour les États-Unis, direction le Vermont et sa belle campagne et Boston avec ses influences irlandaises. Super, l’aventure continue.
Pis, vint le moment fatidique de chercher un emploi. Moi dans la communication (relations publiques en France) avec aucune envie de poursuivre là-dedans, et ma blonde dans le milieu culturel (niveau commercial et administratif). J’envoie des CV et elle en fait de même. 5 CV envoyés pour elle, 5 entrevues… 40 pour moi, 0… Lol comme on dit. Mais peu importe, je ne suis pas pressé. Gardant en tête l’objectif que je ne veux pas continuer en agence de com, je postule à la fois dans ce domaine et dans d’autres types de fonctions. Grâce à Kijiji, j’obtiens des entrevues dans des jobs toutes plus bidons les unes que les autres… Attention aux arnaques. Mat, elle, trouve son premier emploi grâce à une agence de placement… Dans le milieu culturel (l’archi pour être exact). Pas de galère, elle sait déjà qu’elle commencera un travail le 5 septembre avec un salaire de 20$ de l’heure. Pas mal pour un PVT ! Moi, 4 mois plus tard, toujours pas de job J De nature toujours optimiste, je n’ai jamais perdu espoir ni l’envie de me reconvertir. Bon, certes, le coup d’œil au compte en banque faisait des fois perler une ou deux gouttes de sueur sur mon front. Rien à voir avec les 80% d’humidité ambiante.
C’est finalement fin octobre que je trouve mon premier emploi. Grand passionné de photos, je suis allé au culot voir le gérant d’un magasin de caméras. J’ai passé une entrevue qui peut se résumer à cela : vous avez déjà vendu des caméras ? Non, vous savez utiliser photoshop ? Non, vous êtes parfaitement bilingue ? Non (cela dit je me débrouille vraiment bien dans cette langue). Ok je vous prends… Cool, me voila à faire un truc totalement différent comme je le souhaitais, qui me laisse vendre à 90% du temps en anglais et jouer avec le matériel photo. Génial, je prends. L’Amérique me laisse faire ma vie comme je le veux. Par contre ici, nous étions bien loin des 20$/h. L’opération était simple : une division par deux. Retour à la norme du Pvtiste J. Enfin, à deux on ne se privait pas, restau avec des bills de 100 $ pour 3 ou 4 tapas, cinéma à 17 doll la place… Youhou, tout se passe bien.
Décembre, tout change
Le mois de décembre 2012 va être pour nous le mois du changement. Je sais qu’en France, c’est en mai de la même année qu’il a eu lieu. La fille qui nous sous-louait son appartement doit le récupérer pour des histoires personnelles. Ok, en grand débrouillards que nous sommes, nous voila partis pour rechercher des appartements, si possible dans le même quartier (Villeray pour info). On pose 5 entrevues un dimanche, oui oui un dimanche, deux des appartements que l’on visite nous plaisent. Les deux proprios nous veulent. On choisit le dernier visité. Tout y est, les murs, les fenêtres, la porte. Il ne manque que les meubles, les électros… Ouais, en fait l’essentiel. Et là, il va falloir étaler les dépenses… Fin décembre, Mat retourne en France pour les fêtes afin de voir la famille. Venant de commencer ma job, je reste sur place et je prends au passage la première tempête de neige sur la face. Je l’ai cherché aussi, je me suis mis comme objectif de gravir le Mont Royal sous ces conditions et sans raquettes. Je n’avais juste pas imaginé ce que ça représentait 43 cm en une journée !
Janvier et la nouvelle année
Au rythme des -20, -30 et -42 (oui, oui) ressentis, nous arrivons en 2013. Et là, il s’avère que par les mystères de la vie, nous ne serions cette année bientôt plus deux mais trois ! Câline, What ? Mais pas pantoute, comment s’est-tu possible ? Si vous êtes arrivés jusque cette ligne, vous vous souvenez sûrement que nous avions déjà entamé nos démarches de RP avant de venir ici et ce, même avant de faire notre demande de PVT. En 2013, nous voila donc sans assurance d’avoir obtenu la RP avant la fin du PVT (17 juin 2013 selon le tampon de la douane), un bébé en cours et moi une job à 10 dollars. Voilà ce que l’on peut définir comme toute une aventure comme on les aime Mat et Moi. Enfin, il faut quand même penser à la petite maintenant. Me voila à la recherche d’un emploi plus payant, on va dire. Mat entre-temps avait déjà changé de travail. Elle aimait bien sa job, mais la fondatrice de la structure était ingérable. Pas de souci, elle a trouvé direct ailleurs dans une université un poste encore mieux payé. Pour ma part, c’est encore une fois un move dont seul le Québec a le secret (si tu forces toi-même la chance bien sûr, rien n’arrivera tout seul…). Je postule à une job où je suis sûr à 90% qu’en Europe, pas seulement en France, on ne m’aurait pas rappelé. Et bien là, j’obtiens l’entrevue, je la passe et je prends le poste ! Mais quel poste ? Me voilà de retour depuis fin mai 2013 dans la communication dans un sens, mais de l’autre côté. Pas celui de l’attaché de presse, mais du côté du journaliste. Oui, je suis journaliste dans le milieu...du voyage. Me voila donc payé pour écrire des articles sur le voyage, faire des entrevues avec le Japon le matin et la République dominicaine l’après-midi, assister à des événements, prendre des photos et surtout… voyager à travers le monde. Ouais je sais, ça fait rêver hein ? Wow, le pied, le tout pour un salaire tout à fait honnête et bien plus élevé que dans mon magasin. Toujours dans ce même mois de mai, nous recevons finalement nos statuts de résident permanent. C’était juste, mais tout s’est bien goupillé.
Bref, vous l’aurez compris. Pour nous, Mat et Ben, tout s’est bien passé. Nous ne regrettons pas un seul instant d’avoir fait le choix de lâcher nos situations tout à fait bonnes en France pour tenter une nouvelle aventure dans la vie. Pas un seul instant non plus d’être à Montréal, une ville qui s’apprivoise avec ses vies de quartiers tellement agréable. C’est en fait comme cela que nous avions conçu notre projet. Une aventure, avec tout ce que cela comprend, le prévisible, l’imprévisible, les bons moments et les moins bons mais le plaisir avant tout. Depuis le 18 octobre, nous ne sommes plus deux, mais bien trois. Et c’est bien cela la plus belle magie du Canada.
Quelques photos de nos virées et rencontres sauvages :
https://500px.com/polluar