- 14/06/09, 10:27 #1C'est un point de vue comme un autre, sûrement pas le seul, mais ne l'ayant pas repéré sur le forum, voici une copie de l'article paru dans l'édition du 21 mai 2009 du Monde, ça peut toujours intéresser certains.
Source : https://www.lemonde.fr/aujourd-hui/article/2009/05/20/au-yukon-le-grand-nord-a-l-accent-francais_1195812_3238.html
On ne fait pas 5 000 kilomètres vers le nord avec l'esprit fermé", affirme Cécile Girard, directrice de L'Aurore boréale, magazine des francophones du Yukon. Ils forment une communauté bien vivante, avec "une culture identitaire forte, tout en restant ouverts aux autres", ajoute le Québécois Régis Saint-Pierre, directeur de l'Association franco-yukonnaise. Qu'ils soient venus il y a deux ans ou trente ans de France, de Suisse, du Luxembourg ou du Québec, ceux qui ont choisi le Yukon, territoire de l'ouest canadien situé au nord du 60e parallèle, ne manquent pas de dynamisme, y compris pour vanter les beautés de cette contrée sauvage.
L'Alsacien Jean-Pierre Champeval a suivi les traces des deux frères Jacquot, boulangers comme lui, fuyant l'Alsace allemande pour se "ruer" vers l'or du Klondike, à Dawson City, en 1898. Le Colmarien a vendu sa bannière, en 2006, pour partir avec sa femme, acheter quarante hectares de prairies et de forêts au bord de la rivière Takhini, à une demi-heure de Whitehorse, avec maison et vue imprenable sur la taïga. Ils y ajoutent une écurie et une autre maison pour en faire un bed and breakfast, odeur de pain frais garantie ! "Nous ne cherchons pas à être milliardaires mais seulement à vivre heureux", dit l'ancien boulanger.
En pleine taïga aussi, Marcelle Fressineau nous accueille avec un chiot esquimau dans les bras. Venue du Jura suisse, cette Heidi aux cheveux tressés, ex-commis de banque et aiguilleuse du ciel, a vécu douze ans au Québec comme musher, avant de "tomber en amour avec le Yukon", où elle avait participé deux fois à la célèbre course de traîneaux à chiens, la Yukon Quest. En 1997, elle plie bagage avec sa meute pour "profiter des hivers plus longs et des montagnes plus nombreuses", accueillir des Japonais en quête d'aurores boréales et des Européens avides d'expéditions en traîneau à chiens l'hiver ou en canot-camping l'été.
A Whitehorse, le long de la rivière Yukon, comme à Dawson, mythique "Paris du Nord" de la ruée vers l'or, les francophones sont nombreux mais, même ailleurs, le voyage mène souvent dans des régions marquées par l'esprit français.
Prendre le pittoresque train touristique du White Pass à Carcross pour rejoindre en une heure trente Skagway, en Alaska, est ainsi un vrai voyage dans le temps des valeureux pionniers (dont de nombreux Canadiens français, Américains, Européens) qui empruntèrent entre 1896 et 1898 la fameuse Chilkoot Trail.
C'est à dos d'homme, sur 53 km de pentes abruptes et de nombreux allers-retours qu'ils transportaient leur matériel jusqu'aux bateaux permettant d'atteindre Dawson par la rivière Yukon. On peut revivre cette épopée en trois à cinq jours de trekking plutôt qu'en train !
Au retour, l'autoroute Klondike ramène à de hauts plateaux et de larges vallées, tout comme celle de l'Alaska, plus au nord. Les collines sont le paradis du vélo de montagne et les parcs celui du trekking et du grizzli. Le parc national de Kluane, aux services bilingues, abrite le plus haut sommet canadien, le mont Logan (5 959 mètres).
Au pied des montagnes, qui cachent de grands glaciers, l'un des beaux sentiers se nomme Auriol, en l'honneur du président français. Il emprunte une ancienne piste amérindienne qui court à travers la forêt boréale et ses sous-bois mousseux avant de rejoindre une verdoyante prairie alpine. Le pique-nique y est bon, avec vue plongeante sur le grand lac Kluane, d'un bleu ardent.
Plus au nord, Dawson - ville-champignon des années du Klondike - est devenue village-musée, avec une trentaine de bâtiments historiques. On le visite avec Faye Chamberlain, trappeuse et guide qui a quitté le Québec il y a trente-deux ans.
Le typique Klondike's Kate, du couple franco-ontarien-québécois composé de Josée Savard (ex-danseuse) et Wade Philippe Lamarche (chef cuisinier) est l'arrêt de rigueur pour bien se restaurer. Grand amateur de champignons, lui ne rate pas une journée en saison pour ramasser des morilles... par kilos ! Quand l'hiver vient, ce véliplanchiste passionné part pour le Mexique, en famille, alors qu'Alain Lesage retourne plutôt en France après sa "saison" au casino. Entre deux airs de french cancan, ce cuisinier se raconte : "Trente-sept ans au Yukon, à cause de Jack London, dix ans à Dawson... Je reste Français par culture mais, ici, c'est chez moi, au milieu de gens qui viennent tous d'ailleurs."
Anne Pélouas
Dernière modification par Lauraki ; 14/06/09 à 10:30.
- 14/06/09, 12:46 #2Très intéressant!
C'est bien écrit, et donne la bougeotte...
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