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Bonjour Laetitia, peux-tu nous dire un peu qui tu es ?

J’ai 29 ans, j’ai étudié et travaillé un peu partout en France : prépa littéraire à Paris, école de commerce à Grenoble, et j’ai travaillé en communication dans le théâtre à Strasbourg et Aix-en-Provence. J’ai décidé de tenter le visa vacances travail en Corée en octobre 2013.
Je suis partie sans travail, malgré l’étonnement de ma famille (je payais toujours mon prêt étudiant). J’ai eu beaucoup de chance puisque j’ai trouvé un travail en tant que freelance 4 mois plus tard pour une institution en communication digitale et en journalisme.
Je travaille toujours pour elle maintenant avec un contrat local et c’est une expérience professionnelle très enrichissante.
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Pourquoi as-tu choisi de partir en Corée du Sud ?

J’ai toujours été très attirée par les cultures d’Asie du Nord-Est, la Corée notamment. Au début, c’était la littérature et les films (Kim Ki Duk, Hong Sang Soo, Hwang Seok Hyung, Gong Ji Yong,…). Après, il y a eu les rencontres, et cette sensation d’observer un pays au moment d’une transition incroyable que l’on retrouve à de nombreux niveaux : le clash générationnel entre les jeunes polissés et les vieux très « crus » et « bruts » (les fameux ajjhumma et ajjussi) par exemple, la différence ville/campagne, etc. Il y a le monde fascinant du digital.
Il y a le fourmillement de la ville qui ne dort jamais, la fête, le multiculturel. Séoul est une ville très excitante, il y a toujours des choses à faire, de jour comme de nuit, il y fait bon vivre, malgré l’hiver et l’été assez intenses (et la pollution).
Le reste de la Corée est charmant, les gens sont vraiment accueillants et serviables, j’ai fait de superbes rencontres !

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Tu as découvert le monde du travail en Corée du Sud, qu’en penses-tu ?

Le rythme de travail est intense, les horaires largement supérieurs à ceux de la France (finir à 22 h en moyenne, par exemple, est courant), ainsi que le dévouement des employés, ce qui a été un véritable enseignement pour moi. La flexibilité et le sens du service de mes collègues et de nos partenaires, et des Coréens en général, est une véritable richesse du pays. Un aspect qui m’a marqué au sein de l’entreprise est le sens du groupe et de la communauté elle-même marquée de puissants non-dits.
Par exemple, il est délicat de vouloir faire évoluer ouvertement un processus ou une pratique de travail, de faire des retours critiques ou de régler un différend par la franchise : on ne s’affronte pas, on dit non de manière détournée (ou mieux, on ne dit ni oui ni non, mais on ne réalise jamais la demande).
Paradoxalement, on est souvent confronté à la rigidité des mentalités et des habitudes aussi, surtout avec les seniors.
La Corée reste un pays conservateur dans ses structures sociales (hiérarchie verticale, respect de l’âge, position de la femme, etc.), bien qu’elle évolue lentement. Il faut apprendre à jongler avec ces différents aspects, mais dans l’ensemble travailler ici m’a appris de nouvelles méthodes de travail très enrichissantes pour ma future carrière.
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Peux-tu nous parler de ton travail ?

Je fais de la communication : gestion de site web, tenue de blog, envoi de mailing et newsletter, veille presse, gestion de réseaux sociaux,… En parallèle, je suis aussi en charge d’un magazine, pour lequel j’écris en collaboration avec des journalistes.
En communication, bien que je n’aie pas une très bonne vision du sujet, je dirais que les salaires d’une PME se situent entre 2 000 000 et 3 000 000 de won pour un candidat avec une expérience préalable (obligatoire, pour obtenir un visa).
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Ton PVT a finalement été le début d’une plus longue aventure pour toi en Corée du Sud puisque tu as décidé de rester !

Comme j’ai commencé à travailler assez vite, finalement, mon PVT a principalement consisté à me créer une nouvelle routine, cette fois à l’autre bout du monde. Je me suis fait de très bons amis, je me suis passionnée pour la ville de Séoul où je me sens bien, et j’ai pu faire de nombreux voyages en Corée.
A la fin du PVT, j’avais envie d’en découvrir plus, de rester avec mes amis et de prolonger mon expérience professionnelle. En ce qui concerne les démarches pour rester en Corée après la fin du PVT, l’entreprise s’en est chargée. Je suis actuellement avec un visa E7.
Pour obtenir ce visa, il faut généralement un niveau master et des expériences professionnelles dans le secteur du poste. L’entreprise doit aussi prouver pourquoi elle doit recruter un étranger plutôt qu’un Coréen, et ne peut recruter plus 20 % d’employés étrangers. C’est elle qui finance le visa, en général.
Les démarches ont dû prendre un ou deux mois et j’ai dû aller au Japon pour faire le transfert de visa. C’est un visa d’un an qu’il faut renouveler chaque année, mais une fois obtenu, il n’y a plus de difficultés. Si tu es en CDI, il me semble que le visa peut être renouvelé autant de temps que tu restes dans l’entreprise. Le visa est lié à l’entreprise : au moment où tu la quittes (démission ou licenciement), le visa s’achève aussi.

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Après plusieurs années sur place, comment se passent les relations avec les Coréens ?

Je trouve les Coréens vraiment sympa, curieux, et en général accueillants.
Les jeunes Coréens sont assez ouverts d’esprit et “déconneurs”, j’aime beaucoup leur côté bon vivant. Ils sont toujours prêts à tendre la main pour vous aider et vraiment serviables, je ne compte pas le nombre d’amis qui m’ont aidé à gérer les paperasses, les rendez-vous à la banque, chez les médecins, etc. pour m’aider à dépasser la barrière linguistique.
Mes trois amies les plus proches sont coréennes, il n’est donc pas du tout impossible de créer de vrais liens avec les Coréens, même s’il est vrai que ce n’est pas le plus facile, la langue étant une première barrière. Il faut vraiment être proactif et ne pas avoir peur d’insister pour se rencontrer, en proposant des activités, des dîners, etc.
Il y a plein de moyens de faire des rencontres : les groupes d’échanges linguistiques, les bars, les meet-ups sur ses hobbies, couchsurfing, etc. Un aspect que je ressens dans mes amitiés, c’est encore une fois ce rôle de l’implicite et la fuite du conflit. Certains problèmes dans la relation ne se discutent pas. Comme si on atteignait un point de non-retour en en parlant.
C’est exactement ce que j’ai dans ma relation avec ma colocataire coréenne notamment, pleine de reproches non-dits et d’incompréhensions culturelles en plus d’humaines.
La différence culturelle la plus drôle : ce qu’on estime propre ou sale dans l’habitat. Par exemple, elle a un chien, et ici, c’est assez courant de le laisser faire ses excréments dans la salle de bain à même le sol (parce qu’ils ne le sortent pas tous les jours…).
Par contre, elle était horrifiée que je puisse me laver le visage dans un bol qui éventuellement servira à la cuisine plus tard (après nettoyage bien sûr).
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Peux-tu nous parler de la vie à Séoul ?

J’adore Séoul, il y a toujours des petits quartiers à découvrir, ces clivages entre quartiers traditionnels, quartiers relativement pauvres et délabrés (Jong-no, Mullae) et ses quartiers sophistiqués (Sinsa, Apgujeong par exemple).
J’habite à Haebangchon, près de la station Nokspayeong, à Itaewon.
C’est un quartier « étranger » en plein boom, avec plein de restaurants, de bars de musique live, de galeries d’art indépendantes.
J’aime beaucoup le Pet Sounds où on peut choisir sa musique et danser, Hidden Cellar pour boire une bière, 8-piece et ses pizzas sublimes à 3 heures du mat’, le Royal Breakfast pour ses brunchs ou encore Damatoli, pour toutes ses spécialités de vin de riz et de pancake coréen.
J’aime bien la zone de Sangsu et Yeonamdong pour leurs petits bars et restos, et Mullae, quartier ouvrier en pleine gentrification, le marché de Mangwon, la zone de Hansung University / Hyewa pour ses boutiques et ses petites rues, avec la muraille ancienne plus haut pour se balader, de Sookmyung University.
Et puis bien sûr, les quartiers Insadeong et Bukchon, pour ses maisons traditionnelles. C’est aussi très sympa de se balader le long de la rivière aménagée Chyeonggye-cheong et d’aller jusqu’au marché Gwangjang et y manger de délicieux « pimdeadeok ».
Les montagnes environnantes, notamment Bukhansan, sont super sympa pour randonner.
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Quelles activités et loisirs as-tu à Séoul ?

En ce qui concerne les activités, je suis inscrite dans une salle de sport, pour 100 000 won. Il y a un centre sportif à Noksapyeong, Body & Seoul, avec des cours en anglais pour faire du yoga, de la danse, de la boxe, etc. Les tarifs sont assez abordables, me semble-t-il.
Au niveau du cinéma, je dirais qu’ils sont équivalents à la France. J’aime bien le cinéma Art Nine à Isu, qui en partenariat avec l’Institut Français diffuse des films français tous les mardis soir.
Il y a plein d’activités sympas à faire à Séoul : du vélo le long de la rivière, les cafés avec des jeux de sociétés, les escape room, les parcs d’attractions (Lotte World, etc), les PC/DVD bang (salles ou regarder des dvd ou jouer à l’ordi), le baseball en salle, visiter les musées, les palais Gyeongbokgung et Changdeokgung, etc. Quant aux activités nocturnes, il y a une multitude de bars et de boîtes à découvrir dans toute la ville, en particulier Gangnam, Hongdae et Itaewon : il suffit de déambuler dans les rues et faire son choix ! A Itaewon, j’aime bien le Soultrain et le Venue, parce que la musique est souvent sympa et que l’entrée est gratuite.
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Que peux-tu nous dire sur le coût de la vie à Séoul ?

Au niveau du coût de la vie, dans l’ensemble il n’y a pas tant de différence avec la France, faire les courses revient assez cher (surtout les fruits et légumes).
Quant aux loyers, selon les quartiers, ils sont quand même beaucoup moins élevés qu’à Paris (700 euros à deux pour moi), malgré des cautions souvent faramineuses (8 000 euros pour la mienne).
Il est cependant possible de trouver des alternatives pour ne pas payer des cautions aussi élevées (office tel, petits studios goshiwon, colocations sur craiglist).
Je ne connais pas très bien les loyers des quartiers comme j’habite dans le même appartement depuis mon arrivée mais je dirais : les plus chers, la zone de Gangnam, Insadeong, City Hall, etc. Les moins chers : du côté de Itaewon et Hongdae, Yaksu, Mullae, ou tout au nord, Hyewa… Souvent près des universités, les loyers sont plus abordables.
Il ne me semble pas y avoir de quartiers qui craignent vraiment à Séoul.
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Tes années en Corée t’ont permis de découvrir un peu le pays :

Mon endroit préféré, c’est le lac de Goesan dans le chungcheongbuk-do, à 3 heures au sud de Séoul, mais c’est difficile d’accès car c’est une destination très peu touristique : il vaut mieux y aller en voiture, comme il y a peu de transports en commun. C’est un lac sublime à aller voir au lever du soleil, quand la brume se lève.
En plus accessible en transports en commun, j’adore la région de Jirisan : c’est un massif montagneux avec de superbes randonnées à faire depuis Gurye et de jolis temples à visiter, comme Hwaeomsa et Saeongam (bus direct depuis Express Bus Terminal jusqu’à la station de bus Gurye).
L’île de Jeju est très sympa aussi, il y a une communauté artistique très vivante.
Dans l’ensemble, on peut voyager en transports en commun sans problème en Corée, pour les destinations les plus connues en tout cas.
A Jeju par contre, je recommande vraiment une voiture, c’est plus facile pour aller visiter toutes les cascades et les petites plages.
Il y a plein de voyages à faire le temps d’un weekend :
  • Le lac de Danyang
  • La foret de bambou de Damyang
  • Le centre historique de Gyeongju
  • La baie de Suncheon
  • Le village traditionnel Andong, etc.
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Quels sont tes projets pour la suite ?

J’aimerais conforter ma carrière dans la création de contenu et la photographie. Le concept des « digital nomads » est un modèle qui m’attire beaucoup, et qui me permettrait de vivre un peu partout en Asie et en Corée, où je pense notamment à Jeju.
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