Localisation
Odawara, Préfecture de Kanagawa, Japon
Profession
Guide touristique

Nous avons rencontré Ryoh dans un café parisien, pour échanger avec lui sur ses expériences en PVT. Voici une retranscription de notre échange…

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Bonjour Ryoh ! D’où viens-tu au Japon ?

Je viens de la préfecture de Kanagawa, où se trouvent Yokohama et Kawazaki. Moi, je suis de Odawara, une petite ville. Carte - Ryoh japonais serial PVTiste
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Quand tu es parti en PVT, est-ce que tu t’es installé dans une ville ou est ce que tu as plutôt voyagé ?

Ça dépend de mes PVT (j’en ai fait trois). Au Canada (en 2004-2005), je suis surtout resté à Montréal même si j’ai fini mon année à Vancouver. En Australie (de 2006 à 2008), j’ai acheté une vieille voiture et j’ai voyagé partout dans le pays. Je suis arrivé à Cairns, mais je n’y suis resté qu’un mois. En France (de 2010 à 2015), je suis arrivé à Nice. J’y ai pris des cours de français pendant trois mois et après, je suis parti à Paris et j’y suis resté jusqu’à maintenant.
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Pourquoi as-tu eu envie de partir en PVT ?

J’ai toujours aimé la France et je rêvais d’y vivre. En plus, à l’université, au Japon, j’étudiais la philosophie et la littérature françaises et je voulais approfondir mes connaissances. Je voulais aller en France en parlant déjà français. Du coup, j’ai décidé de commencer par le Canada (le Québec plus précisément) pour apprendre le français. Mais en fait, c’était assez différent comme langue. En tout cas, je pense qu’on ne peut pas apprendre une langue étrangère au Japon, il faut aller sur place.
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Et donc, après le Canada, tu as eu envie de continuer ?

Oui. Je suis retourné au Japon après mon PVT Canada et j’ai travaillé pendant environ un an, un an et demi dans le tourisme. Ça m’a permis de gagner de l’argent et de pouvoir repartir ! Au Canada, j’ai travaillé dans le tourisme et au Japon, ma meilleure amie, que j’ai connue à l’université, travaillait aussi dans le tourisme donc j’ai pu avoir des opportunités à mon retour au Japon. Ensuite, je suis parti presque deux ans en Australie. Je me disais que pour vivre en France, ça pouvait être bien de parler anglais, pour trouver du travail. Et enfin, je suis arrivé en France. Je n’avais plus vraiment le choix car j’avais 29 ans. Et pour rester plus longtemps, après mon PVT, j’ai demandé un visa étudiant.
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Avant ces trois PVT, est-ce que tu avais voyagé ?

Un petit peu. J’étais allé en Espagne, en Corée du Sud et en Chine.
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Au Japon, tu étais étudiant quand tu es parti ? Est-ce que ça a été facile d’annoncer ton départ ? On entend souvent qu’au Japon, il faut rapidement entrer dans la vie active, après ses études.

Déjà, j’ai étudié la philosophie…  Mes parents étaient assez compréhensifs, ils se sont fait une raison et se sont dit « notre fils est un intellectuel ». De mon point de vue, l’expérience d’un PVT, ça sert toujours. Ça dépend des circonstances et de l’environnement, mais mes amis étaient différents des autres Japonais. Par exemple, mon meilleur ami est parti en Australie quand moi je suis parti en PVT au Canada. C’est lui a acheté notre voiture en Australie et ensuite je suis allé le rejoindre et quand il est rentré, c’est devenu ma voiture ! DIGITAL CAMERA
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On entend souvent que les Japonais prennent des vacances très courtes, tu confirmes ?

Oui et en tant que guide touristique, je le vois encore plus. Le voyage à la japonaise, c’est photos, photos, photos. Quand je vivais en France, j’emmenais les touristes japonais au Mont Saint-Michel sur la journée. Ce n’est pas toujours bien vu (parmi ses collègues) de prendre trop de congés, ou même de terminer sa journée de travail plus tôt que les autres.
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Pourquoi tu as choisi ces trois destinations PVT ? Pourquoi pas l’Angleterre ou l’Irlande, par exemple ?

Comme mon meilleur ami était en Australie, cette décision s’est imposée toute seule. Pour le Canada, c’est la possibilité d’apprendre le français qui m’a motivé. Après, l’Angleterre, c’est trop cher, plus cher que la France ! Et l’Irlande, je crois qu’à mon époque, il n’y avait pas encore d’accord de PVT entre le Japon et ce pays. La Nouvelle-Zélande, ça m’a tenté mais entre la Nouvelle-Zélande et l’Australie, j’ai choisi le plus grand des deux pays.
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Dans chacun des trois pays, qu’est-ce que tu as ressenti à ton arrivée ?

Au Canada, c’était une première, j’étais très tendu et je ne parlais ni français ni anglais, donc c’était stressant. Je suis arrivé au Canada en juillet et en septembre, j’ai trouvé un travail dans un restaurant japonais (je faisais la vaisselle) pendant un mois. J’en avais marre de faire ça tous les jours. J’étais le seul à ce poste donc il y avait beaucoup de travail et j’étais tout le temps tout seul. Je ne communiquais avec personne donc j’ai arrêté et j’ai trouvé un travail comme guide touristique. C’était la bonne saison car beaucoup de Japonais viennent voyager au Canada en automne, pour voir les changements de couleurs des arbres.
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Et en Australie, comment se sont passés tes débuts ?

Serial PVTiste Ryoh - Kangourou C’était beaucoup plus facile, à part peut-être la conduite. Je n’avais pas conduit depuis longtemps, et en plus, au Japon on n’a pas de rond-point. En Australie, je me sentais plus à l’aise. Même si mon anglais n’était pas parfait, je me débrouillais. Je suis allé en Australie pour m’améliorer en anglais mais je n’ai pas pris de cours en école, je croyais que je pourrais m’améliorer en travaillant. Finalement, ce n’est pas si simple que ça. Si tu fais du fruit picking, tu ne t’améliores pas vraiment en anglais. Maintenant, après 5 ans en France, j’ai tout perdu.
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Et enfin, la France ?

Je m’étais inscrit dans une école de langue, qui incluait le logement donc je n’ai pas eu d’inquiétude particulière.
Ce qui a été dur, c’est que peu de temps après mon arrivée en France, il y a eu l’accident de Fukushima, en 2011. Aucun de mes proches ne s’y trouvait mais mes parents ne vivent pas très loin de la zone touchée. À Nice, je n’avais pas de télévision, j’écoutais la radio mais avec mon niveau de français de l’époque, c’était compliqué.
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Et en termes de démarches administratives ?

La France, en terme de démarches, c’est plus compliqué que l’Australie et le Canada. De façon générale, c’est assez sévère. L’Autorisation Provisoire de Travail, c’était assez contraignant (NDLR : l’APT n’est plus demandée aux Japonais qui ont obtenu un PVT France à partir de juin 2016). Chaque fois que tu vas a la préfecture, il manque un document, d’une personne à l’autre, on ne te dit pas la même chose et pour la déclaration d’impôts aussi c’est pas simple… J’étais pacsé avec mon ex-copine française, et on s’est dépacsés. Tout était bon mais au final, j’ai reçu un e-mail pour me dire que le dépacs n’avait pas eu lieu. Pour la banque, c’était un peu compliqué aussi. À Paris, ça a été, car au LCL, je suis tombé sur une personne qui parlait japonais. À Nice, ça n’a pas été le cas. À La Poste, il fallait déjà travailler pour ouvrir un compte, même chose à la Société Générale. À la BNP par contre, pas besoin d’avoir trouvé un emploi. Quand les Japonais parlent de l’administration française, c’est toujours pour parler du renouvellement de visa à la préfecture, et c’est chiant. Ils ne sont pas toujours aimables. En 5 ans, je me suis habitué à tout ça et quand je retourne au Japon pendant 2/3 semaines, j’attends un service plus que parfait (parce que le service, c’est important au Japon) donc je suis plus exigent qu’en France. Pour les démarches de téléphone, au début, dans mon auberge de jeunesse, il y avait un Coréen qui parlait bien français et qui m’a aidé. Pour le numéro de sécurité sociale, c’est mon employeur qui a fait la démarche pour moi. Pour le logement, il  y a une communauté japonaise active sur Internet, c’est comme ça que j’ai trouvé une chambre. Sans ce réseau, ça aurait été vraiment compliqué. À Boulogne, je paye 633 euros pour 16 m2 (une chambre dans l’appartement de quelqu’un). Pour le logement, au Canada, je ne me rappelle plus mais en Australie, je dormais surtout dans des backpacks (auberges de jeunesse).
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Parle-nous de tes opportunités professionnelles pendant tes 3 PVT !

Canada À Montréal, j’ai été guide touristique et je suis allé uniquement 2/3 mois à Vancouver. Je ne prévoyais pas d’y travailler donc je n’ai pas cherché. Australie J’ai travaillé uniquement en fruit picking. France À Nice, il n’y avait pas vraiment de travail pour les Japonais, donc j’ai choisi d’aller à Paris. Nice est touristique mais il n’y a pas beaucoup de boulot. Toulouse, Bordeaux, c’est pareil alors je me suis dit qu’à Paris, j’aurais plus de chance. J’ai d’abord bossé dans un restaurant japonais comme serveur. Même si on ne parle pas anglais ou français, ils nous embauchent. J’ai fait ça pendant tout mon PVT, pendant un peu moins d’un an.
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Qu’est-ce qui t’a le plus marqué en Australie ?

En Australie, j’ai tout adoré, les paysages, la nature, c’était magnifique. J’ai fait beaucoup de rencontres aussi. En deux ans, j’ai fait un tour et demi du pays. J’étais obligé de bouger tout le temps pour éviter la saison des pluies et pour pouvoir travailler.
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Entre Nice et Paris, tu as préféré quoi ?

Mmmmhhh, au niveau du temps, je préfère Nice… je ne peux pas comparer les deux villes, elles sont complètement différentes. Dans les deux, il y a des bons et des mauvais côtés. Par exemple, il y a beaucoup de Japonais à Paris, donc pour trouver un travail et pour rencontrer des Japonais, c’est bien, ça me rassure, je peux me sentir un peu comme au Japon. En japonais, je suis plus à l’aise qu’en français.
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Et entre Montréal et Vancouver ?

J’ai préféré Montréal parce que c’était plus dépaysant. À Vancouver, il y a trop d’Asiatiques car c’est plus près de l’Asie. Il y a beaucoup de Chinois et de Japonais notamment.
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Bon alors, les Parisiens, ils sont sympa ?

Quand je travaille, je trouve les gens pas très sympa mais quand je ne travaille pas, je les trouve très gentils. En France, on ne peut pas être viré facilement même si on n’est pas aimable, du coup les serveurs ne sont pas toujours gentils. Aujourd’hui, je préfère le style français au style japonais même si tout le monde n’est pas très gentil, parce que c’est plus spontané, les gens font comme ils veulent, ils sont plus libres, il n’y a pas de mur entre nous. Si les gens ne sont pas de bonne humeur, ils ne sont pas gentils mais quand ils sont de bonne humeur, ils sont gentils. Au Japon, on doit tout le temps se comporter de la même façon.
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Les touristes japonais sont surpris par cette différence culturelle ?

Quand je vais au Mont St-Michel, etc., le seul Français, c’est le chauffeur qui roule en étant au téléphone. Il parle fort. Au Japon, dans le métro par exemple, c’est interdit de faire du bruit donc oui ça surprend les touristes japonais.
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Au Japon, les couples doivent être assez discrets en public, ça t’a surpris qu’ici on s’embrasse, qu’on se tienne par la main, etc. ?

Au début oui, mais après, j’ai eu une copine française donc j’étais plutôt content. J’aime bien changer d’attitude en fonction des situations. C’est vrai qu’au Japon, s’embrasser en public, ça ne se fait pas. Même la bise, pour nous c’est surprenant de faire ça. Au Japon, on le fait pas. C’est plus facile pour nous de faire un « hug » comme au Canada, par exemple, même si on ne le fait pas. On ne se serre même pas la main. On se dit juste « Salut ! ». Concernant le tabac, ça change aussi. Au Japon, on ne peut pas fumer dans la rue, par exemple. C’est ça, pour ne pas gêner les autres, pour ne pas faire des gens des fumeurs passifs. Il faut tout le temps penser aux autres au Japon. Pareil dans le train, il ne faut pas téléphoner, pour ne pas faire de bruit. Je suis fumeur donc c’est plutôt au Japon que je ne suis pas à l’aise, c’est difficile de trouver une zone fumeurs avec un cendrier. En France, beaucoup de gens fument et le fait de pouvoir fumer dans la rue, je me dis que c’est l’esprit de la liberté.
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En France, tu as pu voyager ?

Oui, je suis allé à Carcassonne, Orange, Bordeaux et Nîmes. Pour aller à Paris depuis Nice, je suis allé à Bordeaux, j’ai moyennement aimé car je ne bois pas de vin (il rit). J’ai bien aimé le sud. Carcassonne, c’était magnifique.
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Tu étudies en France depuis 4 ans et tu travailles à côté, c’est ça ?

Au début, je travaillais dans un restaurant japonais près d’Opera. Après, je me suis installé a Boulogne Billancourt et j’ai trouvé un boulot dans ce coin-là, dans un restaurant japonais où je suis resté pendant 3 ans. Ensuite, j’ai commencé à travailler dans le tourisme, début 2015. C’est un emploi stressant car il faut travailler à la japonaise. Dans le restaurant japonais, 90 % de la clientèle était française, donc je travaillais à la française, c’était plus souple.
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Qu’est ce qui t’a manqué du Japon pendant tes PVT ?

Au Canada, c’était ma copine japonaise. Je n’étais pas à l’aise au Canada donc tout ce qui était lié au Japon m’a manqué. En Australie, je suis parti célibataire donc c’était différent. J’étais vraiment à l’aise donc je n’ai pas vraiment ressenti de manque. En plus il y avait beaucoup de Japonais qui travaillaient dans les fermes. En France, il n’y a rien qui me manque. Au Japon, je trouve qu’il y a beaucoup de choses en trop, par exemple il y a des tapis roulants partout. Je préfère marcher, c’est meilleur pour la santé. En France, il y a tout ce qui est nécessaire.
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Ca t’a fait prendre du recul tous ces voyages ?

Quand je retourne au Japon, ce qui me stresse, c’est qu’il y a trop de publicités, de panneaux sur les immeubles, etc. Même dans les wagons, dans le métro, il y a plein de choses partout. En tant que Japonais, je peux tout lire. Donc même si je n’avais pas l’intention de lire, eh bah ça entre quand même dans ma tête…
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Quand tu vas rentrer au Japon, qu’est ce qui va te manquer de la France ?

La nourriture, le canard, j’adore ça ! Et le foie gras aussi. Je me suis bien habitué à la vie en France, aux paysages, aux bâtiments haussmanniens… Au Japon, c’est totalement différent et comme je le disais tout a l’heure, il y a trop d’information, de publicité, c’est assourdissant. Ici, c’est la France, j’accepte les mauvais côtés et c’est comme ça ! Il y a du bruit et des gens qui s’engueulent. Au Japon, les gens sont plus calmes. Mais dans le train par exemple, pourquoi les Japonais ne font pas de bruit ? C’est bien, de faire du bruit avec ses amis. Il faut vivre !
En France, j’ai apprécié de pouvoir facilement voyager à l’étranger avec mon ex-copine. On est allés en Hongrie, en Croatie et dans les Pays Baltes. J’ai aussi adoré le temps passé avec mon ex-copine. C’est terminé maintenant, mais c’était bien. Serial PVTiste Ryoh - France
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Qu’est-ce qui te manque du Canada et de l’Australie ?

Du Canada, rien, surtout pas l’hiver, j’ai eu vraiment très très froid. Je restais tout le temps dans ma chambre. En Australie, je dirais le soleil, le ciel… c’est ouvert. Quand je travaillais en ferme, pendant les pauses, je me posais à l’ombre d’un arbre, c’était un moment que j’aimais particulièrement, j’étais bien. Et aussi quand j’ai vu le paysage de Denmark, près d’Albany. Je m’y suis vraiment bien senti. Au nord de Darwin, il y a aussi le Kakadu National Park, que j’ai vraiment aimé. Serial PVTiste Ryoh - Outback
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Quelles ont été tes plus grosses difficultés pendant tes PVT ?

Au Canada, je n’étais pas bien. Administrativement, c’était facile mais y vivre, pas du tout. En Australie, j’ai eu plusieurs problèmes en voyageant, avec ma voiture notamment. Il y a aussi eu un incendie pas loin de ma maison, j’ai été me réfugier dans un bâtiment avec une amie japonaise. En France, c’était voir la famille de ma copine. J’étais souvent invité chez ses parents, souvent pour des réunions familiales, du coup c’était difficile, il y avait trop de monde, il y avait même des gens que ma copine ne connaissait pas. Les gens croyaient que je parlais très bien français, ce n’était pas simple.
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Tu vivais en France lors des attentats de 2015, comment tu as vécu ces événements ?

Pendant les attentats de Charlie Hebdo, j’étais au Japon. J’y étais pour un mois donc j’ai appris l’information à la télé. J’ai été très étonné et surtout ce qui m’a surpris c’est qu’au Japon, à la télé, ces événements étaient placés au même niveau que d’autres actualités pas très importantes. Lors des attentats de novembre, des connaissances qui n’avaient pas pris de mes nouvelles depuis longtemps, m’ont contacté.
Ça m’a bouleversé ces attentats… Je travaille dans le tourisme, donc je suis obligé d’aller dans des endroits touristiques. Quand je vais chercher des clients à l’aéroport et à la gare, j’y pense, forcément.
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Ça a changé quelque chose en terme de fréquentation touristique ?

Oui. Certains ont annulé leur voyage. Deux semaines après le 13 novembre, on était un accompagnateur, un client et un chauffeur de bus. D’habitude, il y a 20 ou 30 clients.
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Tu repars au Japon désormais, pourquoi ?

J’ai vécu en France pendant 5 ans et j’ai une petite-amie qui m’attend au Japon, elle veut qu’on se marie. En tout cas, je veux continuer à apprendre le français au Japon et j’aimerais travailler dans un domaine qui me permet de pratiquer le français.
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Quels sont tes projets ?

Je vais avoir 34 ans et au Japon c’est limite limite comme âge pour trouver du travail. Je vais peut être essayer de travailler dans le tourisme, avec des touristes français. Il y en a de plus en plus qui viennent au Japon. Mais avant, je vais aller 3/4 mois aux Philippines et après je vais voyager un petit peu, peut être en Inde, en Europe aussi…
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Qu’est-ce que le PVT t’a apporté ?

Si j’étais resté au Japon, je n’aurais pas le point de vue que j’ai aujourd’hui. Mes proches sont assez bornés, ils ont des préjugés, moi ça m’a ouvert l’esprit. Aujourd’hui, je connais la situation européenne, j’ai appris l’histoire de la France. Il y a une relation avec l’Allemagne, l’Angleterre, etc. Aujourd’hui, je sais ce qui s’est passé entre les pays européens, et au Moyen-Orient aussi. Au Japon je ne savais rien de tout ça.
Pour beaucoup de Japonais, la France c’est un pays bien développé, un peu comme le japon, c’est le pays de l’art, de l’amour, de la cuisine, etc. On rêve de la France !
On imagine pas qu’il y a des quartiers un peu dangereux.
Au Japon, on voit les choses à la télé, on ne voit que les bons cotés, les bâtiments haussmanniens, le quartier latin, les Français qui boivent des cafés en terrasse…
C’est comme au Canada et en Australie, quand on en apprend plus sur les Premières Nations et les Aborigènes. On apprend beaucoup pendant ce type de voyages. En Tasmanie aussi : à la télé, on voit la nature, les forêts, c’est beau… mais sur place, en fait, il y a de moins en moins de forêts, j’ai vu des camions pleins d’arbres coupés… En Tasmanie, il y a une entreprise japonaise qui fabrique du papier et qui exporte au Japon. En réalité, le Japon contribue à raser les forêts tasmaniennes. En voyage, j’ai découvert des choses négatives mais je trouve ça bien, je ne veux pas rester aveugle.
Quand on regarde des reportages, ça reste assez fermé, borné, on ne voit qu’un aspect. Au japon, il y a beaucoup d’émissions qui présentent l’étranger, la culture, ce qui change par rapport à nous, etc. mais ce sont des généralités.
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Les pvtistes au Japon vont beaucoup à Tokyo, tu leur recommanderais d’aller ailleurs ?

Oui. Il y a toujours quelques personnes qui parlent anglais dans les autres villes japonais. Je serais ravi d’accueillir des pvtistes mais dans ma région, il faut quand même avoir un certain niveau de japonais pour pouvoir travailler. D’ailleurs, il y a pas mal d’étrangers vers chez moi, des Brésiliens, des Coréens, des Chinois et des Philippins.

Merci Ryoh pour ce témoignage très intéressant !

Serial PVTiste Ryoh - Canada

Julie

Cofondatrice de pvtistes.net, j'ai fait 2 PVT, au Canada et en Australie. Deux expériences incroyables ! Je vous retrouve régulièrement sur nos comptes Insta et Tiktok @pvtistes avec plein d'infos utiles !
Cofounder of pvtistes.net. I went to Canada and Australia on Working Holiday aventures. It was amazing!

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(11) Commentaires

Laurie I |

Merci beaucoup pour ce témoignage ! C’était très intéressant !

PRÉNOM I |

Le peu que j’ai lu me fait dire que tu as bien aimé notre pays. ça fait plaisir 🙂

Marie I |

Super interessant ! merci !

Mylène I |

Super témoignage, quel parcours atypique pour un Japonais !

Julie I |

Exactement ce que je me suis dit et j’étais sûre que ça te plairait 🙂

Alix I |

Génial d’avoir l’avis d’un PVTiste étranger (surtout japonais ^^ – les cultures étant quelque peu opposées) !!

Thibault I |

Merci, je trouve ça génial d’avoir le retour d’un PVTiste en France. Ça permet de se dire que notre pays n’est finalement pas dans un déclin imminent comme les gens veulent le penser.

Julie I |

Si ça te dit d’en lire d’autres, il y en a ici, par contre ce sont tous des Canadien(ne)s (les pvtistes les plus nombreux en France :)) : https://pvtistes.net/interviews?country=france&search=&page=1

Thibault I |

Merci, je viens de voir la section justement ! J’en suis déjà à mon 4ème interview ce matin…

Julie I |

Cool 🙂 Bonnes lectures 😉

Julie I |

Merci Ryoh d’avoir pris le temps de nous faire part de tes impressions, ton interview est super 🙂