Un début gênant
Ma première fois en France était pour un semestre d’été dans la ville de Tours. J’ai passé deux mois à suivre des cours sur l’histoire française, à visiter les majestueux châteaux du Val de Loire, tout en vivant avec une adorable famille tourangelle. En arrivant à l’arrêt de bus, j’ai vu que la mère de la famille était déjà là pour m’accueillir. J’avais très hâte de rencontrer la dame derrière tous ces courriels chaleureux.
Dès que je suis descendu avec mes bagages, elle s’est penchée vers moi pour faire la bise, et j’ai paniqué. J’étais bien prêt à lui faire un câlin ou à lui serrer la main, mais à recevoir un baiser sur la joue… pas du tout. Par réflexe, j’ai jeté la tête en arrière et tendu la main. Elle a aussi reculé et on a fini par se serrer la main comme deux participants maladroits dans une conférence de business transatlantique. Elle n’a jamais réessayé de me faire la bise et je me sentais trop gêné pour lui demander une autre chance. Ce fut le début embarrassant d’un été toutefois magique.
Ceci est une photo de moi et mes amis en chemin vers le Château de Villandry en 2015. Cela reste ma visite de château la plus mémorable. En ce moment, j’habite en France avec un permis vacances-travail.
Pour beaucoup d’étrangers et d’expatriés, la bise française est l’une des coutumes les plus intimidantes auxquelles s’adapter. Ce n’est pas parce que l’on parle la même langue que tout va être évident. J’espère que cet article pourra vous servir de guide sur le sujet des salutations. Vous éviterez la gêne que j’ai subie (et fait subir à ma mère d’accueil) en 2015.
Je vais regrouper ce sujet en trois scénarios. Sachez que c’est un sujet culturellement très relatif. Mon point de vue est celui d’un Canadien de la côte ouest qui habite à Paris. Il est bien possible que vos expériences à vous soient différentes selon votre pays d’origine, où vous vous trouvez en France et même votre âge. Je vous rassure que le contenu de cet article a bien été lu et validé par des Français.
Les échanges avec des inconnus
Commençons par le plus facile : saluer les employés dans les services. Dès que l’on entre dans un petit magasin comme une boulangerie ou un café, il faut absolument dire « bonjour ». Si vous avez la malchance de ne pas répondre, vous risquez d’entendre l’employé vous répéter « bonjour » jusqu’à temps que vous lui répondiez.
Ensuite, on peut passer sa commande ou poser sa question. Au Canada, par exemple, il est normal d’initier une conversation avec un « excusez-moi », mais en France, il est mieux de le faire avec « bonjour », car un « excusez-moi » soudain peut sembler brutal. En partant, le « au revoir » est très employé, tout comme le « bonsoir ».
Les contextes comme ça ne nécessitent pas la bise, et la salutation omniprésente « ça va » ne se dit pas non plus entre inconnus.
Faire la connaissance de quelqu’un que l’on reverra peut-être
Si un ami vous présente l’un de ses proches, ou bien lors d’un premier date, la bise fera son entrée. Mais ne vous inquiétez pas, il y a des codes généraux que l’on peut suivre.
Tout d’abord, commençons par étudier ce qu’est la bise. Dans la région parisienne, qui se trouve vers le nord du pays, il faut faire la bise à deux reprises. On présente la joue droite suivie de la joue gauche. Ne vous trompez pas d’ordre, de peur de vous retrouver dans une situation bien gênante… En faisant la bise, il est normal de faire un petit bruit subtil avec ses lèvres, mais ne faites pas un mwah cliché de la voix. Afin d’éviter de heurter les joues trop fort, on peut également poser une main sur le bras ou l’épaule de l’autre personne pour se stabiliser un peu. Et puis voilà, c’est tout !
Les câlins se font rarement, mis à part entre amis proches, donc je conseille d’éviter de les initier. Curieusement, en France, les câlins sont perçus comme étant plus intimes que la bise. Ils sont donc réservés aux proches ou aux occasions spéciales.
Une fois que l’on a dit « bonjour, enchanté » à la personne, le geste suivant dépendra de son sexe. Si vous ou la personne est de sexe féminin, vous devriez vous préparer pour la bise, car elle se fait le plus fréquemment entre femmes et avec les femmes. Rappelez-vous que le câlin n’est tout de même pas nécessaire.
Si vous êtes deux hommes, il y a plus de possibilités. Même s’il est bien possible de faire la bise entre hommes, il y a plus de chance que vous vous serriez la main, ou même que vous vous fassiez un simple high-five. Les jeunes pourraient également choisir le demi-câlin à la bro.
Si on est pressé ou dans une rue animée (ou quelconque situation agitée), il se peut qu’il n’y ait aucun contact physique. Dans ce cas-là, un sourire aimable et un geste de la main peuvent suffire. En cas de doute, laissez le Français ou la Française initier la salutation et soyez prêt(e) à toutes possibilités.
En se quittant, normalement on se fait la même salutation que quand qu’on s’est rencontrés. Du coup si vous vous êtes fait la bise pour dire bonjour, il y a de fortes chances que vous fassiez pareil pour dire au revoir.
Saluer quelqu’un que l’on connaît déjà
Certains disent que la bise devient moins courante, mais pour le moment elle reste toujours assez présente. En voyant quelqu’un que l’on connaît déjà, on peut le saluer de la même façon que la première fois, ou commencer à faire la bise si on se sent à l’aise. Notez que la bise n’est pas uniquement réservée aux proches.
Si vous voyez quelqu’un plusieurs fois en une journée, dites « bonjour » ou « salut (hello) » seulement la première fois. Les fois suivantes, il suffit de lui faire un sourire ou dire « ça va ? ». Si on lui dit « bonjour » plusieurs fois en un jour, la personne risque d’avoir l’impression que vous l’avez oublié.
Quand il s’agit de saluer un groupe de personnes, les Français aiment prendre le temps de saluer chacune d’entre elles. Par exemple, à une soirée ou à un dîner, il est typique de faire la bise à chacun, et au travail, de serrer la main de chaque collègue (dans les limites du raisonnable bien sûr). Un simple bonjour à tous, accompagné d’un geste de la main risque de paraître froid ou impersonnel.
Les contacts physiques, comme les câlins, sont moindres en France, comparativement à l’Amérique du Nord par exemple. C’est normal et pas du tout un signe de gêne ou de distance. Les rares fois où j’ai fait un câlin étaient à mon dernier jour de travail, à une fête d’anniversaire, et quand j’ai dit au revoir à la famille d’accueil qui m’avait hébergé pendant deux mois.
Conclusion
Ça fait 8 ans que je n’ai pas vu la mère de ma famille d’accueil, mais la prochaine fois que je la verrai, je serai bien prêt pour la bise. Blague à part, sachez que ce n’est pas grave de ne pas savoir. La plus grande leçon que j’ai tirée de mes expériences est que les moments de gêne peuvent devenir des récits mémorables. Donc allez, prenez ce que vous retenez de ce guide et saluez tout le monde avec confiance. Un beau sourire et de l’énergie positive sont appréciés dans n’importe quelle culture et situation.
Aucun commentaire
{{like.username}}
Chargement...
Voir plus