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Être LGBTQ+ au Japon : histoire, droits, discriminations et vie quotidienne
Être LGBTQ+ au Japon : histoire, droits, discriminations et vie quotidienne
Résumé de l'article
Entre lois incomplètes, certificats d’union locaux et décisions de justice contradictoires, ce chapitre dresse un panorama clair de la situation juridique et sociale des personnes LGBTQ+ aujourd’hui, ainsi que de l’évolution de l’opinion publique.
Sommaire

État des lieux de la situation des LGBTQ+ au Japon


Aujourd’hui, quelle est la situation des personnes LGBTQ+ au Japon ? Entre la théorie et la pratique, l’écart est souvent assez grand. Voyons ce qu’en dit la loi mais aussi ce que les récents sondages d’opinion révèlent sur les points de vue de la population locale à ce sujet.

Une étude de 2023 a montré que 9,7 % de la population japonaise se considérait comme LGBTQ+ mais il ne faut pas oublier que les coming out sont rares et que ce chiffre est donc probablement sous-estimé.

En théorie : qu’en dit la loi japonaise ?

D’abord, rappelons que la droite traditionaliste dirige le Japon depuis 1945 et que des discours ouvertement homophobes étaient tenus par la gauche communiste japonaise dans les années 1970. Ce contexte politique peut donc expliquer en partie la législation actuelle. La question des droits des LGBTQ+ est un peu un non-sujet au Japon : il n’est globalement pas ou peu débattu et le parlement japonais, la Diète, n’a jamais légiféré à ce sujet. D’ailleurs, aucune loi nationale ne condamne pénalement l’homophobie. Seules les préfectures de Tokyo et d’Ibaraki ont adopté des mesures locales visant à lutter contre la discrimination envers les personnes LGBTQ+.

En bref, voici les lois japonaises concernant la situation des personnes LGBTQ+

  • L’homosexualité a été dépénalisée en 1880.
  • Le mariage et l’adoption sont interdits pour les couples homosexuels.
  • Les thérapies de conversion sont légales.
  • Les discriminations en raison de l’orientation sexuelle et de l’identité de genre ne sont pas interdites.
  • La gestation pour autrui est interdite.
  • Il est possible de changer de sexe depuis 2003.
  • Les dons du sang pour les hommes homosexuels sont possibles après une période de 6 mois d’abstinence.
  • La chirurgie de changement de sexe n’est pas interdite pour les personnes intersexuées.

Plusieurs de ces lois sont donc jugées discriminantes. Notamment, sur l’âge de la majorité sexuelle dont les seuils et les conditions d’application peuvent varier selon les préfectures et ne sont pas toujours appliqués de façon équivalente pour les personnes LGBTQ+.

Une autre problématique importante touche les personnes transgenres. Si elles peuvent changer de sexe légalement, cela est soumis à de nombreuses conditions humiliantes et discriminatoires comme l’interdiction d’être marier et d’avoir un enfant mineur. Néanmoins, l’ancienne obligation de stérilisation pour changer de sexe a récemment été reconnue anticonstitutionnelle !

La difficile acceptation du mariage pour tous

Concernant le mariage homosexuel, le Japon a souvent été pointé du doigt puisqu’il s’agit du seul pays du G7 où celui-ci est interdit. Depuis novembre 2022, il existe en revanche une sorte de PACS appelé « certificat d’union », qui donne aux couples homosexuels des droits similaires aux couples mariés hétérosexuels et qui est délivré dans plus de 200 municipalités dont Shibuya, Nakano et Setagaya à Tokyo ou encore à Osaka, Fukuoka et Naha.

Cela donne désormais la possibilité de rendre visite à son partenaire hospitalisé ou de louer un bien ensemble. Cependant, ces certificats ne donnent pas encore accès aux mêmes avantages que ceux du mariage hétérosexuel : aucun droit national aux mêmes déductions fiscales, aux dispositions successorales équivalentes ou à la pleine reconnaissance patrimoniale n’est garanti.

Aujourd’hui, plusieurs tribunaux ont été saisis pour tenter de faire accepter le mariage homosexuel. Si en 2021, le tribunal de première instance de Sapporo a jugé « inconstitutionnelle » cette interdiction au nom du principe que « tous les citoyens sont égaux devant la loi », les tribunaux de Tokyo et d’Osaka ont infirmé cette idée en 2022, bafouant la décision pourtant encourageante du tribunal de Sapporo. Mais récemment, en 2023 et 2024, plusieurs tribunaux, notamment ceux de Nagoya, de Sapporo en appel et de Tokyo, ont statué sur l’inconstitutionnalité de cette interdiction, ce qui montre une réelle évolution.

Qu’en pensent les Japonais ?

Si la loi reste peu permissive en matière de droits, la société japonaise est pourtant de plus en plus favorable à accorder des droits aux personnes LGBT. Plus de 64 % des Japonais estimeraient que le mariage homosexuel devrait être autorisé en 2023 (contre 41 % en 2015).

Une étude publiée en 2021 montre également que 90 % des répondants estiment que la diversité d’orientation sexuelle devrait être enseignée à l’école.

Les études montrent que ce sont plutôt les plus de 60 ans qui sont défavorables au mariage homosexuel, alors que près de 8 jeunes japonais sur 10 y sont favorables. Les mentalités évoluent donc de manière positive.

Comment cela se traduit-il en pratique ?

Il existe une certaine homophobie latente de la part d’une partie de la classe politique japonaise. À titre d’exemple, en 2018, la députée Mio Sugita a jugé que les couples homosexuels ne devraient pas bénéficier de l’argent du contribuable au titre qu’ils ne seraient pas « productifs » puisque ne pouvant pas faire d’enfants. Un des collaborateurs de l’ancien gouvernement de Kishida avait déclaré qu’il ne voudrait « pas vivre près d’un couple homosexuel » et qu’il ne pouvait « même pas les regarder ». En 2022, le Japon a été classé 34e sur 35 nations en termes de protection légale de la communauté LGBTQ+ par l’OCDE. Et ce n’est pas avec le nouveau gouvernement dirigé par Sanae Takaichi, connue pour ses positions très conservatrices, que la situation devrait évoluer rapidement.

Il y a donc plusieurs discriminations implicites comme le fait que certains couples se soient vu refuser l’entrée de love hotel. De façon générale, l’homophobie au Japon ne se traduit donc pas par de la violence physique mais plus par des discriminations dans la vie quotidienne. L’administration rappelle implicitement que la famille « traditionnelle » est composée d’un couple hétérosexuel puisque l’enregistrement des ménages (koseki) oblige les membres d’un foyer à déclarer un « chef de famille ». C’est pour cela que beaucoup se cachent (près de quatre cinquièmes des personnes LGBT japonaises) : la peur de l’isolement social est grande.

Des progrès juridiques et administratifs récents, sous l’impulsion de la population

En matière de droits des minorités, du côté politique et juridique, ce n’est clairement pas la joie. Pourtant, il serait faux de n’avoir qu’une image négative de la situation japonaise. La population est favorable au mariage homosexuel et de nombreux progrés ont été faits récemment.

Déjà, les propos homophobes de la part d’une partie de la classe politique ont systématiquement entraîné des réactions de la part de la population, notamment des manifestations devant le siège du parti PLD ou encore des pétitions demandant la démission de politiciens ayant tenu des propos discriminatoires.

Quand les multinationales japonaises ouvrent la voie au changement

Également, ce sont (étonnamment) les grandes entreprises qui ont permis de nombreux progrès. Plusieurs se sont officiellement positionnées comme favorables à la légalisation du mariage pour tous, comme Sony, Panasonic, Yamaha ou Shiseido. Cette dernière est d’ailleurs un soutien officiel de la Marche des fiertés tokyoïte et offre des cours de maquillage à ses employées en transition de genre. Un guide “pour aider les entreprises japonaises à intégrer les personnes LGBT” a notamment été rédigé par une société d’avocats japonais. Outre une meilleure intégration de toute la population japonaise, l’objectif de ce type de mesures est aussi de gagner en attractivité et en compétitivité pour attirer des talents étrangers.

Des avancées portées par les collectivités locales

Aussi, plusieurs municipalités n’hésitent pas à prendre des mesures à l’échelle locale. Déjà, plusieurs ont reconnu le « certificat d’union » pour les couples homosexuels. La préfecture de Mie interdit désormais la divulgation de l’orientation sexuelle d’une personne sans son accord et celle de Shizuoka a supprimé les marqueurs de genre afin de permettre (et d’encourager) des stagiaires étrangers à postuler dans des formations en japonais.

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Camille

Après un premier voyage au Japon, j'ai tenté l'aventure PVT en m'installant plusieurs mois à Tokyo ! Entre petits boulots dans la capitale et voyages dans tout le pays, cette année a été plus qu'enrichissante et je partage désormais ce que j'aurais aimé savoir avant mon départ. :)

After my first trip to Japan, I chose the visa PVT to settle in Tokyo for several months! Between odd jobs in the capital and travels all over the country, this year has been more than rewarding, and now I'm sharing what I wish I'd known before I left France. :)

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