Mesdames, hier soir, c'était une belle soirée. J'ai testé pour vous ce que j'appelle: la séduction volontaire. Laissez-moi vous guider dans cette nouvelle aventure qu'est l'art de profiter de la situation, et transportez-vous, avec moi, dans l'univers des drinks gratis.
Il était 23h30, armée du plus plongeant des décolletés et d'un regard pourvu de chaude sensualité, j'étais prête. J'attendais avec impatience l'instant où ma première victime surgirait à l'étage inférieur, là où moi et ma copine, beaucoup plus réservée, étions vautrées dans des canapés moelleux. J'avais élaboré moi-même un plan.
Alors que ma copine et moi avions une conversation captivante sur la profondeur de nos verres à shooters, deux proies nous avaient repérées. Je lançai un regard complice à mon amie et attendis un signe indéniable de leur intérêt envers nous. En dépit de leur laideur indiscutable, j'étais bien décidée à tester mes connaissances sur ces deux hommes. Ils prirent place sur le même canapé, l'un, jetant des regards charmeurs aux demoiselles qui osaient à peine le regarder, l'autre, un air blasé accroché à son visage, sirotait son verre d'une couleur orangée. Je tentai une approche:
« Moi: Qu'es-ce que tu bois?
Victime: Oh. Moi Allemand. Pas parler français, 5 jours Montréal... Ça? Jus pas alcool!
Moi: Oh... J'allais te demander si on pouvait en avoir un aussi, mais nous, on aime l'alcool...
Victime: Ok! Vous veux quoi, alors? »
Le complot se déroulait comme prévu. L'homme fonça tout droit vers le bar, convaincu de nous avoir séduites et de nous ramener dans son lit dans quelques heures. Il revint, quelques minutes plus tard, avec deux verres; exactement ce qu'on avait choisi. Dans un élan de bonté, je ressentis soudainement un pincement au cœur et me forçai à lui faire la discussion un peu:
« Moi: Donc, t'es a Montréal pourquoi?
Victime: Oui.
Moi: Non, tu fais quoi ici?
Victime: Oh! Études! UQAM... bla bla bla... »
Trop d'informations. On change d'étage.
Là-haut, c'était plein. Mais pas le même genre de clientèle. À mon avis, on aurait eu plus de chance en compagnie d'hommes plus vieux, des hommes de carrière, des riches. J'ai toutefois réussi l'impossible. J'ai dragué un jeune homme de ma génération, et j'ai atteint mon objectif.
Au rythme de la musique électronique, je dansais avec un déhanchement affriolant, question de tâter le terrain un peu. Hop! 1min23. Ça mordait déjà à l'hameçon. Il m'attira vers lui. Inévitablement, une pathétique érection se frottait contre ma cuisse gauche. Peu importe, c'était le prix à payer pour que la proie se sente en confiance.
« Lui: You're beautiful...
Moi: I want a shooter.
Lui: What's your name?
Moi: Just give me a shot of vodka...
Lui: ahahah you’re funny.
Moi: I'm not kidding, I want a shooter.
Lui: Alright! »
Et voilà. Encore une fois, mon charme se montra infaillible. J'ai dû donner deux faux numéros de téléphone, 3 prénoms différents et rire à, au moins, 32 mauvaises blagues.
Mais je m'en fiche pas mal. J'ai eu un open bar toute la nuit.
Vous croyez que j'en suis restée là? Détrompez-vous. Elle est loin l'époque où je me contentais d'un banal mojito en récompense de ma personne. J'avais envie d'une maison, d'une voiture et de ressources financières à profusion. L'amour, c'est pour les faibles. Où allais-je dégoter le mathos? Chez moi. Enfin, presque.
Réseaucontact.com
Je rédigeai une annonce qui sonnait à peu près comme ça:
« Jeune femme célibataire, de très belle apparence (trop même), recherche homme ayant les capacités monétaires de lui offrir tout ce qu'elle désire. Veuillez noter qu'aucun contact physique n'est souhaité. »
Quarante-huit heures plus tard, ça mordait toujours à l'hameçon :
« Poisson: Salut ma jolie.
Moi: Salut.
Poisson: T'es prise ce soir? On pourrait aller au resto. Tu payes. LOL.
Moi: T'as un pénis, tu invites. That's it.
Poisson.LOL. Je sais, je te taquine. »
J'étais sexy, intellectuellement mure, et franchement en contrôle de la situation. Il en était déstabilisé un peu, je crois. Nous avons marché jusqu'à un restaurant assez réputé du plateau Mont-Royal, choisi une assiette et un cocktail assortis, et nous avons mangé. J'admets que je me suis surprise à trouver la compagnie de la victime relativement agréable. Les plats étaient exquis et mon Martini aux pommes aussi, je ne regrettais donc pas mon choix de l'endroit. Le restaurant bondé, nous devions quitter notre table pour laisser place à une réservation. Mon candidat suggéra un dessert et un verre dans un bar, rue Saint-Laurent.
Poisson régla toutes les additions. Total approximatif de la soirée: 250$.
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Ouhlalaaa! Ça fait jaser! Premièrement, oui, c'est de l'humour et non, ce n'est pas ce qui s'est passé hier soir. Ce texte a été écrit pour le magazine Urbania qui m'avait demandé de rédiger un texte humoristique pour leur numéro spécial ''Femmes''. Si vous ne connaissez pas cette publication, courrez chez le marchand du coin vous procurer une copie du dernier numéro disponible. J'avais publié ce texte sur mon blogue et un modérateur m'a suggéré de le déplacer sur le forum. Comme je ne savais pas où le mettre, c'est la seule catégorie que j'ai trouvé le moins innaproprié. Je suis désolée d'avoir choquée certaines personnes qui ont cru ce récit véridique, le but de ce texte étant uniquement de divertir!
Ce comportement ne reflète évidemment pas la réalité de la majorité des gens mais ce type de personne, masculin ou féminin existe. La plupart des garçons qui vont en boîtes à Montréal, j'ignore comment ça se passe en France, le font uniquement pour s'y dénicher un jouet pour la nuit. Peut-être est-ce la haine refoulée de tous ces hommes qui m'ont fait croire à plus qui m'a poussée à écrire sur ce sujet, rassurez-vous, je ne connais aucune québécoise qui agirait de la sorte.
Souriez donc un peu