Allo Hélène,
merci pour ta réponse.
Effectivement, ça semble plutôt positif, je vais voir avec polymtl pour une réponse plus précise.
Bonjour Sfritz,
Je vais essayé de t'aider à y voir un peu plus clair étant moi même passé par là. Je suis en effet titulaire d'un diplôme d'ingénieur français et d'une maîtrise en sciences appliquées (M.Sc.A) de l'école polytechnique de Montréal. Je me rappelle quand je suis arrivé en 2011 au Canada avoir eu les mêmes questions que toi et mes recherches sur Internet n'avait pas été très fructueuses. Je te fais donc une longue réponse en espérant qu'elle servira à d'autres ingénieurs. Je pars du principe que tu connais un peu le système scolaire québécois.
Il faut déjà bien séparer deux choses, les études en génie et les autres. Les systèmes sont totalement différents.
Un étudiant québécois souhaitant devenir bachelier en génie (et peut-être ingénieur, s'il s'inscrit à l'OIQ et complète son juniorat) entre à l'université à 19 ans en sortant du cégep. S'il a une bonne côte R, il pourra s'inscrire à un programme de baccalauréat en génie (B.Ing). Ce bacc est un bacc de 120 crédits, contrairement aux baccs classiques de la majorité des autres cursus hors génie. Une année typique réussie correspond à 30 crédits (15 crédits à l'automne et 15 autres à l'hiver). Si je dis réussi, c'est parce qu'il peut arriver de couler des cours et donc que le bacc ne dure en réalité pas 4 ans (4 * 30 crédits) mais plus, ce qui est loin d'être une exception.
En faisant les totaux, et en entrant à l'université une année plus tard que les français, cela fait donc 19 + 4 = 23 ans au mieux. En France, pour avoir un diplôme d'ingénieur, il faut 5 ans d'études après le baccalauréat (français) obtenu à 18 ans, donc 18 + 5 = 23 ans. Ce qui fait sensiblement la même chose. Les finissant Français étant souvent plus jeunes que les Québecois, en particulier à cause des quelques cours qu'ils ont dû reprendre au grès de leur formation et qui ne sont souvent offerts qu'à une seule session pendant l'année.
Donc, d'où la vient la confusion? C'est selon moi la définition de premier/second/troisième cycle universitaire qui n'est pas la même. Un ingénieur en France a un niveau de deuxième cycle alors qu'au Québec il s'agit d'un premier cycle. Ça ne veut pas dire pour autant que les ingénieurs québécois sont moins bon que les Français, ça veut simplement dire que le système est différent. Au extrême, tu peux prendre l'exemple des formations de médecine qui sont aussi un système universitaire à part. En France, les médecins ont un diplôme de troisième cycle alors qu'au Québec, il est de premier cycle. Les médecins québécois sont pour autant tout autant qualifiés et ont un premier cycle bien plus long qu'un bacc clasique de trois ans.
Si tu avais souhaité à la sortie de ton baccalauréat français (donc à tes 18 ans) faire directement des études d'ingénieurs au Québec, tu aurais dû passer par une année de "classe prépa" à Poly spécialement faite pour les étrangers (principalement Français et des anciennes colonies françaises dont le système scolaire est équivalent) afin d'être admissible au cycle universitaire québécois en génie (ils quittent le cégep à 19 ans comme je le disais plus haut).
Alors, qu'est-ce que c'est que cette maîtrise et ce doctorat en génie? Il faut bien discerner deux parties dans le cursus universitaire anglo-saxon ou à tradition anglo-saxonne comme c'est le cas au Québec, les études undergraduées et graduées (ou études aux cycles supérieurs). On te décerne un baccalauréat à l'issue de tes études undergrads dont la durée est variable en fonction du domaine dans lequel tu as étudié (le génie étant l'un des plus long). L'idée étant que tu es apte au marché du travail. Les études graduées (ou études aux cycles supérieurs) sont majoritairement des études pour faire et apprendre à faire de la recherche (M.Sc.A. et Ph.D) ou bien pour se spécialiser davantage (M.Ing). Typiquement les Québécois ayant obtenu leur B.Ing vont sur le marché du travail, obtiennent leur licence à l'OIQ et pour certains reviennent faire une maîtrise (cours M.Ing ou recherche M.Sc.A) et espère avoir une plus value pour se démarquer de leurs collègues "simples" ingénieurs.
Je ne détaillerais pas la maitrise cours plus que ça (M.Ing) ou le DÉSS puisque tu veux faire de la recherche. Ce sont juste des cours plus poussés (45 crédits pour le M.Ing, 30 pour le DÉSS - aussi connu sous le nom de maîtrise modulaire).
Le diplôme que j'ai obtenu, est un M.Sc.A, et n'a rien avoir la formation d'une école d'ingénieurs française. Le M.Sc.A (ou maîtrise recherche) est un diplôme de recherche en génie de deux ans. Cela veut dire que je travaillais quasi-exclusivement dans un laboratoire de recherche sur un projet, ai publié, assisté à des colloques/conférences et ai donné des charges de lab (de TP) comme un TA (teaching assistant) et étais guidé par un directeur de recherche. À l'issu des deux ans environ, tu publies un mémoire (Master thesis en anglais) de recherche (tu peux juste faire un condensé des articles publiés selon le laboratoire à Poly). Bref, probablement l'idée que tu te fais d'un doctorat. Le Ph.D en génie quant à lui est beaucoup plus long en moyenne. La moyenne est autour de 6 ans et tu es censé faire de réelles contributions de recherche poussées sur ton sujet. Bien sûr au cycles sup, la durée est indicative mais bon il vaut mieux le savoir.
Cela veut donc dire que la grande majorité des finissants du PhD en génie de Poly est bien plus âgée que ceux obtenant un doctorat en France (les derniers thésards de mon labo avaient respectivement 35 et 40 ans). D'ailleurs (peut-être que ça n'est qu'à Poly), mais on fait la distinction entre les doctorat anglosaxon en génie qu'on note Ph.D et ceux européens, qu'on note Doct. Il faut aussi voir ce pourquoi tu fais de la recherche. Avoir un doctorat pour avoir un doctorat ne sert pas à grand chose, cela dépend de tes publis et de leur qualité. Les détenteurs de PhD en génie de Poly font ainsi beaucoup moins de post-docs que les Français à l'issu de leur doctorat.
Enfin, il ne faut pas voir les choses de façon linéaire, le bacc, puis la maîtrise et enfin le PhD. Il existe des passerelles pour accélérer les choses. Par exemple le BMI est le bacc/maîtrise intégré ce qui permet de "gagner" une année mais n'est réservé que pour ceux qui ont une très bonne note cumulative (GPA). De même, et j'aurais pu le faire si j'avais voulu, si tu es admis à la maîtrise en génie, tu peux demander ton passage au Ph.D après une session de cours et de recherche. L'idée étant de dire que ton projet de recherche est bien trop important pour n'être envisagé que dans le cadre d'une maîtrise. Bien sûr, il faut avoir préparé le terrain et avoir eux des A (ou des B+) aux quelques cours que tu es censé prendre en plus de ta recherche. Attention cependant, c'est à double tranchant, si tu rates ton Ph.D, tu n'auras pas de M.Sc.A (encore que, il semblerait que ça se négocie) et donc pas de PEQ et de RP potentielle.
Le passage Diplôme d'ingénieur français -> PhD en génie directement est quasi impossible de mon expérience. Poly a un service chargé d'apprécier les candidatures étrangères et ce que j'ai pu voir en ayant accès à mon dossier, c'est qu'ils n'ont fait qu'une simple "règle de 3" entre ma moyenne française et mon GPA équivalent. Autant dire que j'avais moins de 16/20 de moyenne en France et donc pas 3,2/4. C'est l'éternel problème d'être étranger. Après une session à Poly cependant, tu pourras montrer ta vraie valeur et faire un changement de programme au registrariat avec l'accord de ton directeur de recherche (ils sont habitués).
Bref, j'espère que ça t'aura un peu éclairé ta lanterne et celles de potentiels lecteurs de passage. Si tu as des questions, n'hésite pas.
À+,
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