Discussion: Et pourquoi pas l’argentique ?
- 19/01/13, 22:00 #1Certes, ce n'est pas une nouvelle technologie mais cette discussion répond à la discussion "Quel appareil photo choisir pour le PVT ?". Au moment ou certain(e)s se préparent pour le PVT 2013 je vous propose ma réponse à cette question. Je pense que nous sommes nombreux ici à avoir connu le fameux « Kodak jaune » (appelons le comme ça) pour les vacances à la mer ou au ski. Massivement délaissé pour le numérique, l’argentique aujourd’hui c’est quoi ?
Petit topo avant de commencer pour ceux qui ne connaissent vraiment pas le sujet : l’argentique est un appareil photo qui utilise un film, encore appelé pellicule. Voilà pour la différence la plus évidente. Cette partie du monde de la photographie coexiste désormais avec le numérique. Voilà 4 à 5 années que le vintage est à la une: mode vestimentaire, styles musicaux, renouveau du vinyle… la photo suit le mouvement chez les moins de 30 ans tout particulièrement. Alors je me pose la question, après tout pourquoi pas l’argentique ?
Son principal avantage selon moi est son coût. Il reste très peu d’appareils encore fabriqués. C’est pourquoi le marché de l’occasion est l’endroit où chercher. On trouve des appareils d’excellente qualité pour une somme ridicule (moins de 100€). A l’occasion de vide grenier ou de brocante on peut là aussi trouver son bonheur pour pas cher. Surtout n’oubliez pas de fouiller dans votre grenier !
Ensuite, contrairement aux numériques, les boîtiers argentiques pour la plupart n’embarquent que très peu voire pas du tout d’électronique. Donc pas besoin de batterie (à la limite une pile qui dure plusieurs années). C’est selon moi un gros avantage : une autonomie presque illimitée dans le temps. Fini la mauvaise surprise de trouver son appareil photo vidé de sa batterie parcequ’il s’est allumé tout seul dans le sac, fini la logistique et les étapes pour recharger son compact ou son reflex, pour les voyageurs finis l’achat d’adaptateur universel… Prenez juste votre appareil en sortant de chez vous, et c’est bon vous avez tout ce qu’il vous faut. Il n'y a pas plus pratique !
Enfin ces boitiers sont hyper résistants et facile à réparer parce qu’ils ont un fonctionnement mécanique. Un des rares inconvénients qui puisse subvenir c’est un ressort qui coince. Si vous êtes bricoleur vous allez vous amuser. Sinon les boutiques spécialisées ne manquent pas tout comme les pièces détachées.
Avant d’évoquer les désavantages de l’argentique il faut comprendre ce qui a fait le succès du numérique.
Pour celles et ceux qui ont déjà utilisé un « Kodak jaune », rappelez vous que cet appareil était on ne peut plus pratique. On prenait 24 ou 36 photos pendant nos vacances puis après avoir attendu quelques jours pour leur développement on courrait les récupérer chez le photographe. Cette joie de revoir des images familières, si jeunes et déjà si loin dans notre esprit était un moment excellent. Oui mais voilà qui n’a jamais eu la déception de trouver dans cette série de 24 prises une ou deux photos avec un doigt devant l’objectif, une photo complètement noire parce qu’on a oublié de mettre le flash, 3 photos floues, une mal cadrée avec la moitié seulement de tata Martine... Au final la moitié des photos était moyennement réussie voire ratée. Mais ça on ne l’apprenait que plusieurs jours voire semaines après avoir pris les photos. Or en numérique on peut visualiser immédiatement et reprendre la photo si nécessaire
Autre chose, techniquement, les photos couleurs sont -d’après ce que j’ai pu voir et lire- bien meilleures en numérique : plus naturelle, il est possible de jouer sur le rendu en traitant ses images via un logiciel ou simplement en laissant le microprocesseur du compact ou reflex faire le boulot. La qualité du développement de ces photos couleur Kodak était et est selon moi toujours un cran en dessous (plus terne). Il n’y a qu'à regarder les photos de paysage sur certains sites spécialisés pour s’apercevoir que les couleurs sont à couper le souffle. C’est néanmoins très subjectif. C’est véritablement une question de goût alors je ne m’avancerai pas plus sur le sujet de la couleur, d’autant que sur un plan personnel c’est la photo noir et blanc qui m’intéresse.
Ajoutez à cela la possibilité de partager très facilement les photos et voilà, vous comprenez dans les grandes lignes le succès du numérique.
Effectivement, le partage des photos est un gros problème, particulièrement pour les fous/folles de réseaux sociaux si on considère l’argentique. La seule solution est de scanner les photos et de les partager ensuite. Laborieux et en totale opposition avec la tendance actuelle qui est la publication immédiate photo par photo (appareil photo wifi, smartphone, tablette) puisque pour visionner une seule photo en argentique vous devez avoir fini la pellicule, la déposer dans un laboratoire spécialisé, attendre et enfin la récupérer. Ca prend du temps tout ça ! et ça coûte de l’argent. En parlant d’argent, oui les appareils argentiques sont moins chers mais il faut acheter de la pellicule pour faire des clichés. Ce n’est pas si cher que ça mais il faut compter avec.
Un dernier inconvénient, qui n’en est pas un pour tout le monde, c’est la relative difficulté qu'il y a de prendre une bonne photo avec un argentique. Comprenez une photo qui ne soit pas floue et bien exposée (ni trop sombre, ni trop claire). Ces petites merveilles mécaniques sont plus exigeantes avec nous. En effet, si les plus modernes d’entre elles offrent un mode semi-automatique où il suffit d’appuyer sur le déclencheur pour avoir une prise correcte (j’exagère un peu), il est plus intéressant d’avoir une maîtrise complète de son appareil : ouverture du diaphragme et contrôle de la profondeur de champs (zone nette sur la photo), vitesse d’obturation. Tout cela peut sembler compliqué. En réalité il suffit d’avoir quelques explications et on s’y fait très vite ; on en fait rapidement un jeu et comme tout bon jeu les règles sont d’une simplicité enfantine. Comprenez ici que vous allez devoir vous investir dans la photo argentique pour obtenir satisfaction. Ces contraintes disparaissent vite pour laisser place à l’expérimentation et au plaisir.
Vous voilà éclairés. En dehors de ces considérations techniques et pécuniaires, il faut vous poser la question suivante : pour moi, l’argentique répond-il à une mode ou est-ce une démarche photographique ? Votre réponse à cette question va définir quel type d’appareil vous devez choisir.
On peut essayer l’argentique pour le fun. Cela s’appelle la lomography. Je vous renvoie d’ailleurs aux 10 règles d’or de la lomography qu'il suffit de lire pour comprendre la démarche très libre de cette pratique. Ou bien on peut peaufiner sa prise de vue, soigner sa façon de cadrer et littéralement peindre avec la lumière en choisissant un reflex professionnel. Comme je l’ai dit plus haut, les règles de base de la prise de vue s’apprennent en une heure et offrent une vie de jeu.
Il y a tellement à dire sur cette pratique qu'une seule discussion ne serait pas suffisante. Ceci n’est qu'une introduction. Sachez par exemple qu'il est possible de développer ses photos (c'est-à-dire obtenir un négatif) soi même. C’est d’ailleurs d’une simplicité incroyable. Prendre une photo n’est qu'une des 3 étapes du monde argentique : la prise de vue, le développement, le tirage. Et le photographe amateur ou confirmé peut jouer à chacune de ses étapes. Les chimistes en herbe y trouveront leur bonheur car le développement joue un rôle central : on peut modifier presque autant de choses à cette étape avec une pellicule qu'au traitement numérique sous logiciel sur ordinateur. C’est le même principe. Sauf que de la façon dont je vois les choses, développer un film me parait plus artisanal, plus risqué, plus réel et en un mot plus humain car les erreurs sont irrémédiables. Savoir qu'à la moindre mauvaise manipulation le film et tout mon travail peuvent être perdus à jamais doit provoquer une intense excitation et solliciter une concentration totale. Si vous êtes friand d’anecdotes, je vous recommande celle de la valise mexicaine de Rober Capa, témoignage de la durabilité des films dans le temps. Pourra-t-on en dire autant du numérique avec la multiplication des formats de fichiers photos et la compatibilité avec les logiciels toujours plus nombreux ?Dernière modification par eloge ; 20/01/13 à 16:08.
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- 21/01/13, 00:37 #2Article super intéressant ! En effet un appareil en soi est vraiment peu cher mais c'est plus le développement je pense qui coûte cher , réactifs etc. En plus de cela , c'est un autre rapport à la photo, tu prends tes photos et tu dois attendre le développement, souvent parfois des ratés. Mais ca permet aussi de justement eviter de se rater! ( Ce que le numérique a pour avantage de prendre un nombre quasi illimité d'essais!)
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- 21/01/13, 13:33 #3sujet super intéressant en effet! Au risque de paraître vieux de la vielle, j'adore justement le suspens d'attendre que sa pellicule soit développé, et puis même, j'aime le geste de charger de la pelloche, je trouve ça plus sympa que de mettre une carte dans son appareil!!! Enfin, ça ne m'empêche pas de m'éclater aussi avec mon reflex numérique, mais c'est un autre jeu....
- 21/01/13, 16:02 #4C'est egalement mon cas. certains photographes peuvent faire une serie coherente sur plusieurs mois voire une annee et je trouve ca epatant !
Cependant, ton commentaire me fait penser que je ne suis pas tout a fait objectif en disant "fini la logistique" car il faut tout de meme se trimbaler une ou deux pellicules en rab, ce qui prend plus de place qu'une carte memoire mais bon je chipote !
- 21/01/13, 17:04 #5oui mais en chipotant, comme tu l'as dit plus haut, y a aussi les batteries en rab avec du numérique!!! :Wink:
- 21/01/13, 17:20 #6
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