Bonjour à tous,
J'ai pensé qu'il serait de bon ton de rédiger un article sur la réalité du marché de l'emploi des cadres à Toronto. Cet article retrace mon expérience personnelle en tant que PVTiste et professionnelle comme consultante auprès du RDée (Réseau de Développement Economique et d'Employabilité de l'Ontario), je pense que ça peut vous être utile.
J'aurais bien aimé lire ce genre d'article avant de venir moi même ici.
Avec mon copain nous sommes arrivés le 9 avril 2012 (Canadrien, qui avait déjà posté dans cette section, il a trouvé un emploi il y a 3 semaines

). Avant de partir, j'ai consulté le forum, j'ai effectué beaucoup de recherches sur le net, je me suis déplacée à la Maison des Français à l'Etranger au Ministère des Affaires Etrangères à Paris, bref je pensais être bien préparée. J'avais même déjà postulé depuis Paris avant mon arrivée.
Le temps de nous installer, j'ai commencé mes recherches d'emploi début mai. Je suis consultante en création et développement d'entreprises.
Pour commencer je me suis rendue au Collège Boréal et chez Emploi Toronto. J'ai été très bien accueillie, mais la personne du Collège et Michèle d'Emploi Toronto m'ont fait remarquer que mon niveau anglais étant bon et mon CV déjà rédigée à la sauce canadienne, je pouvais directement rechercher auprès des agences de placement canadiennes, type Access Employment.
Je me suis rendue chez Access, des boites de placement type Randstad, et j'ai attendu. En parallèle, en bonne "française", tous les matins je consultais les offres d'embauche sur Internet: workopolis, monster, linkedin, le site de la ville de Toronto, le site de l'Ontario, des sites spécialisés etc.
Je n'ai vu aucune offre pouvant correspondre à mon coeur de métier. J'ai donc recherché les structures dédiées à la création d'entreprise et ai effectué des candidatures spontanées, pas de place pour moi. J'ai très vite élargi mes recherches, en tant que coordinateur de projets et ce genre de choses. J'ai vu quelques offres, rien de fou, je postulais mais je n'étais pas contactée.
Est arrivé le mois de juin, où le marché se ralenti, juillet et août sont généralement morts. J'en ai profité pour faire du volontariat.
Je me suis dis qu'il y aurait une forte reprise en septembre, pas faux mais pas fou non plus.
J'ai travaillé auprès du RDée et d'Emploi Toronto durant le mois de septembre et d'octobre en tant que freelance sur une mission bien précise. Ça s'est merveilleusement bien passé.
Je pensais qu'en ayant une première expérience ici, reprendre les recherches serait bien plus simple, mais les offres ne sont pas plus nombreuses pour autant. Autant vous dire que je commence à stresser et déprimer, je rentre pour les fêtes de Noël et j'aimerai tellement avoir quelque chose avant mon retour...
Ça, c'est pour l'historique. Maintenant, j'aimerais souligner certains points.
Le problème du permis:
le PVT fait peur à certains employés, c'est une réalité. Les employeurs qui m'ont reçu ont tous été effrayés par un permis de courte durée, alors que je ne compte pas du tout repartir après mon PVT.
D'autres n'y prêtent pas attention, tout dépend de la société et de leur passif avec des étrangers.
Les compétences/le niveau d'anglais/le salaire: les employeurs ici recherchent des personnes compétents, ayant une première expérience au Canada (via un stage par exemple), avec un bon niveau d'anglais.
Certains perçoivent les étrangers comme un employé qui a besoin d'être formé et qui risque de ne pas être compris ou de comprendre à cause de son niveau anglais, plutôt qu'un nouvel élément qui apporte des compétences étrangères et une langue supplémentaire au sein de l'équipe.
Vos compétences sont à revoir, votre salaire aussi.
Le secteur d'activité: vérifiez si votre secteur d'activité embauche. Pas tellement pour le miens, dommage. Ce n'est pas le cas du marketing, de l'IT, de l'éducation par exemple. Faites votre petite étude de marché.
Les sites de recherche d'emploi: Workopolis, Monster et co. Faites attention aux arnaques, mon CV a été scanné dès les début par de fausses sociétés très connues ici, qui proposent un premier entretien puis un second dans l'aprem ou sur une très courte période, pour vous faire travailler sans vous payer. A chaque fois qu'une société m'a contacté j'ai vérifié sa réputation sur le net, je ne me suis pas faite avoir, mais d'autres si, donc gardez ce reflex en tête.
Beaucoup de fausses offres apparaissent sur ce type de plateformes permettant aux entreprises de se constituer une base de données dans le cas d'une future embauche, mais pas pour le moment.
La bonne manière de postuler: la lettre de motivation n'est pas obligatoire mais fait la différence. Le CV doit être personnalisé à chaque offre, c'est à la limite du copier/coller. Les soft skills sont aussi importants que l'expérience, toujours marquer en premier les soft skills et les tâches que vous avez effectués qui correspondent à ceux de l'annonce, les employeurs ne liront pas forcément toutes les lignes.
Le réseau: malheureusement pas assez exploité en France, le réseau professionnel ici est primordial. Plus de 80% des offres ne sont pas publiées sur le net ou envoyées à des sociétés de placement, pas besoin, il suffit pour l'entreprise de demander à ses employés de faire circuler l'offre dans son réseau. J'ai personnellement fait le test en recevant une offre par mail via une groupe de rencontre professionnelle, et en me rendant sur le site Internet de la société, l'offre n'y était pas publiée.
Dès votre arrivée, consultez régulièrement le site Meetup.
Le volontariat: ici le volontariat est très bien vu, il compte au même titre qu'une expérience professionnelle. Les études doivent valider certains crédits en faisant du volontariat, c'est vous dire la différence culturelle avec l'université en France.
Le lieu d'activité: il y a beaucoup d'offres en banlieue de Toronto. Si vous souhaitez avoir un appartement dans Toronto même, vous serez certainement découragé à l'idée de prendre 4h de transport par jour pour travailler, vérifiez avant de vous installer.
Tous ces points concernent mon expérience en tant que cadre, je sais qu'il est plus facile de trouver par exemple un emploi dans le secteur du service à la clientèle, il y a régulièrement des offres de bilingual customer service.
Un copain a trouvé en 15 jours, il venait de NYC où il a passé 3 ans. Un contact PVT a trouvé en 2 mois en informatique.
Je ne souhaite décourager personne, juste relever certains points. Il me semble que le quota de PVT a été atteint en 2 jours pour la session de l'année prochaine, ce qui signifie plus de Français à Toronto sans pour autant avoir plus d'offres.
La ville est très agréable, je ne regrette pas, mais il va peut être falloir s'accrocher!