Chroniques d'un mouvement : LA question

je sais qu'on vous la pose aussi :


"LA" question

"Ca va pas te manquer, tout ça ? La France, ta vie à Paris, la famille, les amis ?"

Non...

Pourquoi suis-je détaché de tout ça comme ça ? Voilà ce qui me trotte dans la tête, une question sans réponse de plus. En même temps, c'est un vide presque... rassurant ! Pas de doutes, ou de peurs. Pas de tristesse et de pleurs. Droit devant. Bien sur, je pense que ce sentiment est celui qui évoluera le plus durant les quelques mois qu'il me reste avant le départ. Evidement, dans le hall de Roissy, je sais que je n'en mènerai pas large. Mais aujourd'hui, maintenant, tout de suite ; non. Ca ne vas pas me manquer.

Rien de personnel envers les gens qui m'entourent. Pas de ressentiment ou de raison valable pour vouloir couper les ponts - me séparer pour 365 jours de toutes les personnes qui comptent dans ma vie. Aucune justification à laisser tomber un premier boulot obtenu aussi facilement, qui plus est dans mon domaine de prédilection. Pas d'attachement particulier pour Paris, certes, mais aucune haine non plus. Rien.

Enfin si, une certitude : c'est maintenant. Car je n'ai qu'une peur : ou jamais ?

Voila 7 ans que j'ai fait une escale rapide à Toronto. Il ne me reste que des souvenirs, des extraits. Un zapping de quelques minutes pour un mois sur place. La descente d'avion, le school bus sur une highway à 16 voies, Paramount Canada's Wonderland, les chutes du Niagara, les adieux à la famille d'accueil... Des souvenirs par bribes, quelques flashs qui me semblent tellement loin que je les revois à la troisième personne. Réalité confrontée à un imaginaire entretenu durant ces années.

Et aujourd'hui, une certitude qui reste : c'est maintenant. Sans savoir ce qui m'attend. Partir simplement pour retrouver ces sensations, entrechoquer une nouvelle réalité avec des souvenirs flous. Produire de nouveaux souvenirs, et simplement observer. Voir où tout cela me mène.

Avoir attendu aussi longtemps de partir : c'est peut-être ça la raison pour laquelle je ne suis pas inquiet. J'ai tellement voulu ce moment, tout en le repoussant ( par peur, justement) que maintenant que je me sens enfin prêt, je le suis totalement, sans concession, sans arrières pensées, sans doutes.