Il y a 9 ans, je décollais pour l’Australie avec un visa vacances-travail. J’avais 21 ans, bientôt 22 et je n’avais pas la moindre idée de ce que cette année allait m’apporter...
Six mois plus tard, dans un avion, un car, je ne sais plus, j’écrivais un récit intitulé “
Je fuis” que je postais sur le jeune site pvtistes.net… En mai dernier, je l’ai publié sous forme d’article sur le site et j’ai été la première surprise en lisant vos commentaires.
Certains m’ont dit que s’ils avaient dû écrire cet article, ils auraient dit les mêmes choses que moi et de la même façon. Certains l’ont partagé sur leur mur Facebook, adressant des messages forts à leurs proches, apparemment pas toujours enclins à comprendre leur besoin de partir, de voir d’autres choses, d’autres gens, de vivre dans un environnement inconnu, sans repère, pour se (re)trouver. Vos messages m’ont vraiment émue...
Certains se sont sentis moins seuls après m’avoir lue, alors vous imaginez ce que j’ai ressenti, moi, en vous lisant ? Nous sommes nombreux à avoir été “appelés” par le voyage. Cet appel ne nous a pas tous menés dans le même pays, vers le même type d’expériences et nous n’avons pas forcément vécu les mêmes choses. Cela ne nous empêche pas pour autant de nous comprendre lorsqu’on évoque des ressentis abstraits sur cet appel de l’ailleurs ou sur la difficulté du retour.
Parmi vos commentaires, certains, bienveillants, se sont adressés à moi comme si je venais d’écrire cet article, m’encourageant à faire ce que mon coeur me disait de faire.
Mais en réalité, hier, je fêtais mes 31 ans... En un claquement de doigt, je n’ai plus 21 ans mais 10 ans de plus et je me demande encore ce qu’aurait été ma vie sans cette année australienne.Et si j’avais eu trop peur pour me lancer seule ? Et si je m’étais posé trop de questions ? Et si mes proches avaient tenté de me dissuader de partir ?
Et si je n’étais pas partie, est-ce que je le regretterai aujourd’hui ? Je suis bien heureuse de ne pas avoir à répondre à cette question. Ma vie aurait sans doute été super, comme elle l’est pour des milliers de gens qui ne sont pas particulièrement attirés par le voyage, mais comme mon envie de partir était forte, je pense que je n’aurai pas vécu le cap des 31 ans de façon aussi détendue que je l’ai fait hier si je n'avais sauté le pas.
Désormais, le PVT, c’est terminé pour moi. Je pourrai tenter d’obtenir un 2nd PVT au Canada dans les années à venir mais c’est une expérience que j’ai déjà vécue. La peur et l’excitation de partir dans un pays inconnu, le bonheur d’apprendre chaque jour un mot, une coutume, un nom de ville sur la carte du monde, c’est terminé pour moi.
Si cet article joue le rôle de suite à mon “
Je fuis”, on peut se demander si je fuis toujours, si mes questionnements à 22 ans sont toujours les mêmes à 31, s’ils ont changé, s’ils ont disparu.
J’ai fui une vie un peu calme pour une année à 100 à l’heure en Australie, sans savoir à l’avance ce que je verrai, ce que je ferai et avec qui je le ferai. Je crois que l’expérience d’une telle année est d’une richesse insoupçonnable tant qu’on n’en a pas faire l’expérience. Pour certains, c’est instinctif, c’est comme un besoin, quelque chose qui nous attire, presque physiquement. Pour d’autres ce n’est pas concevable de ne rien planifier, de perdre volontairement le contrôle, de lâcher prise, de se laisser porter. Pourquoi tous ceux qui rentrent d’un PVT parlent-ils de liberté, d’ouverture d’esprit, de sentiment de s’être trouvé pour la première fois face à face avec eux-mêmes ?
Ce genre de phrases peuvent laisser perplexe, faire sourire même, celui qui ne s’est pas lancé dans une telle expérience, mais ceux qui l’ont vécue voient généralement très bien de quoi il s’agit, sans même que l’autre développe sa pensée.
Il n’y a pas de scénario de vie qui vaille mieux qu’un autre, mais je peux remercier tout un tas de personnes pour m’avoir fait monter dans l’avion ce 7 décembre 2006 pour aller vivre cette année qui fait de moi une grande partie ce que je suis aujourd’hui. Je me remercie moi, d’avoir cherché à répondre à cet appel d’un ailleurs que je ne comprenais pas vraiment, mes parents pour n’avoir jamais essayé de m’empêcher de vivre mes propres expériences mais aussi les personnes qui mettent en place des accords de PVT. Sans ce programme, difficile de partir à l’autre bout du monde pour travailler, surtout quand on est jeune, sans expérience professionnelle et avec un niveau de langue approximatif. On me demande souvent si je voyage encore, mais à part des vacances à gauche à droite, on ne peut pas dire que je sois aussi baroudeuse qu’avant.
Le retour a été difficile, je suis rapidement repartie vivre plusieurs mois au Canada. En 2010 j’ai voyagé 2 mois consécutifs, puis 1 mois en 2013 puis ça s’est franchement calmé. Si la transition post-voyage a été dure, d’autres bonheurs sont venus me combler et aujourd’hui, si je voyage beaucoup moins, j’ai la chance de vivre dans une ville que j’aime (clin d’oeil aux Paris-haters), avec le chéri dont je parlais
ici, près de ma famille et avec des amis que j’adore.
En plus de ça, mon histoire d’amour (vieille de 10 ans) avec le PVT et pvtistes.net, est devenu mon travail à temps plein depuis 3 ans. Je ne cesse de vanter les mérites du PVT, de son accessibilité (comparé à d’autres programmes) et de sa souplesse. Le PVT n’est pas parfait mais je dis toujours qu’une année à l’étranger n’a pas besoin d’être parfaite pour laisser un souvenir proche de la perfection dans notre esprit. Les difficultés, les galères et les moments de flou font pleinement partie de l’expérience et c’est souvent ça qui nous fait évoluer.
Alors, entre un boulot/passion qui me fait parler voyage avec vous tous les jours et une vie personnelle très épanouie, je me permets de rassurer ceux qui pensent qu’ils n’arriveront jamais à vivre autrement qu’en voyageant. J’étais dans cet état d’esprit fin 2007, en rentrant d’Australie, pourtant aujourd’hui je peux dire le plus sincèrement du monde que je suis heureuse. Il me reste des questionnements, des envies pas forcément simples à réaliser, mais ça c’est inévitable quand on est du genre à cogiter. Je reste sur ce que je disais dans “
Je fuis”, on ne m’entend jamais dire « j'aurais tant aimé » ou « si j'avais su » et c’est pour moi l’essentiel.
On voit souvent, lorsqu’un nouveau PVT fait son apparition, beaucoup d’entre vous regretter de ne pas pouvoir profiter de ce programme car ils ont plus de 30 ans. Si vous avez moins de 30 ans, posez-vous les bonnes questions. Si cette expérience ne vous tente pas du tout, passez votre chemin. Mais si vous faites partie de ceux qui disent à leurs proches qui voyagent “tu as de la chance”, “ j’aimerais être à ta place”, “j’ai peur de sauter le pas” ou encore “c’est magique ce que tu vis”, prenez conscience que c’est vous qui décidez de la voie que vous allez prendre. Ce n’est pas la vie, si vous la laissez passer, qui vous mènera là où vous rêvez d’aller. Ça, c’est votre job !
Si vous avez peur, venez discuter sur le forum (on a une section dédiée aux
questionnements avant le départ), participez à des rencontres pvtistes, Meet up ou Couchsurfing, c’est l’occasion de rencontrer des étrangers de passage dans votre ville, allez dans le bureau/centre info jeunesse le plus proche de chez vous (CRIJ, BIJ, PIJ), parlez-en autour de vous et prenez le temps de réfléchir à ce que vous avez envie de faire, vous.
Si vous manquez d’argent, gardez à l’esprit que c’est le cas de pas mal de pvtistes, qui préparent leur voyage parfois un an ou deux à l’avance pour pouvoir se payer un billet d’avion et avoir les économies demandées sur leur compte au moment de partir. Donnez-vous les moyens de vivre vos envies, faites autant d’efforts que nécessaire et ne perdez ni patience ni espoir, votre projet se réalisera lorsque vous serez prêt et vous ne regretterez rien !
Quand, à votre tour, vous soufflerez un nombre de bougies qui vous empêchent de partir en PVT, assurez-vous d’avoir le sourire en ayant vécu ce que vous vouliez vivre en temps et en heure. Mon année australienne ne m’a jamais lâchée en 8 ans. Je pense souvent à elle, aux lieux, aux gens, aux anecdotes et aux musiques qu’elle garde en mémoire et je suis souvent émue quand je pense à elle. La nostalgie est aussi douloureuse qu’agréable, je ne m’en déferai pour rien au monde.