Discussion: Retour à la vie normale
- 18/12/07, 13:28 #1Aujourd’hui, je suis mitigée… Ca sent Paris avant que je parte en Australie, ça sent la maison, c'est agréable, oui mais en même temps, ça ne sent pas mon aventure, ça ne sent pas mes semaines passées à la ferme, avec eux, encore eux je sais, mais ils me manquent. Je ne sais même pas si c'est eux que je veux, mais l’absence de leur présence me ronge, juste cette odeur de nous ensemble, cette ambiance qui règne lorsqu'on est avec des gens dans une même pièce, sans rien dire ou faire de spécial, juste à passer du temps ensemble et à aimer ça…
Le temps de quelques secondes, je ressens ce bien être que j'avais d'être près d'eux, je ne le ressens pas vraiment, j’ai juste cette petite pression dans la poitrine, j’aimerais tellement m’y replonger !! C’est impossible, ils sont là bas, eux, et comme toute chose impossible, cette envie prend une dimension forte qui me fait du mal.
Ils sont là bas eux et même pas ensemble, Greg est chez les crocos, Pip à Melbourne, Dan à Sydney, Mateo à Darwin, Shawn parti avec un tour dans l'Outback… Ca y est, on est dispersés, explosés… On n’existe plus...
Cette année australienne a été faite d’au revoirs, certains très difficiles car forcés, car prématurés souvent, car dans un contexte où les gens prennent de l’importance de façon rapide et où tout est intense, plus intense qu’en France, avec une vie stable. Plus tôt dans mon année australienne, lorsque je quittais un endroit, des gens, je me remémorais certains souvenirs avec le sourire, avec un peu de nostalgie mais ces souvenirs, je les touchais du doigt. Il faut dire qu’en parallèle, je vivais d’autres belles choses qui rendaient ces bons moments passés moins difficiles à oublier, si on peut parler d’oubli…
Maintenant que je suis en France, tout est loin, je ne dis pas que ce que je vis ici n’est pas beau mais il n’y a plus de découverte, de nouvelles personnes, de situations cocasses ou simplement différentes de l’ordinaire. Là… C’est du connu, les gens, la ville, l’appartement, tout ! Du coup, ce dernier lieu, ces dernières personnes, quittées il n’y a que quelques jours pourtant, prennent une importance particulière, ils sont mes dernières rencontres, mes derniers sentiments forts, ils sont le symbole de cette année, ils signent ma fin au pays des kangourous.
Ce matin, je ne me reconnais pas. Ce n’est pas moi que je vois dans le reflet du miroir, ce n’est pas la Julie qui a vécu à Acacia pendant deux mois et à laquelle je m’étais habituée… Je m’imprégnais d’eux, de mon travail à la ferme, de mon rythme de vie dans un camping sur le bord de l’autoroute, perdue quelque part en Australie et mon extérieur comme mon intérieur s’en trouvait influencé.
Là, je me trouve terne, moins détendue du visage, moins « jolie naturellement », mes yeux sont moins bleus, mes bouts de cheveux blonds ont disparu aussi, je ne les regrette pas, c’est moi qui ai voulu les couper, mais ils étaient un bout de moi…
A ceux qui se posent la question, je répondrai que non, ce n’est pas important pour moi d’être jolie a l’heure qu’il est mais pour la première fois dans ma vie, je vois une inconnue dans le miroir, pire, une fille que je connais et que je cherche a reconnaître en vain…
Je passe sur Internet, je vais lire les blogs de Greg et de Pip, ils m’évoquent tous les deux, parlent des bons moments qu’on a vécu ensemble, ça me fait sourire, ça ne me rend pas heureuse, ça me pince le cœur. J’ai le sentiment d’être une veille femme qui regarde son passé.
Je ne suis pas triste en pensant à ce passé encore très proche, je l’ai vécu, je l’ai apprécié – rappelez moi la définition du mot euphémisme – voila tout ! J’en suis contente, même si je me sens impuissante. Pas moyen pour moi d’y retourner, peut être même pas l’envie, juste ce souvenir qui plane, ces visages qui dansent dans ma tête lorsqu’une chanson passe, lorsque je vois mes blessures aux jambes.
Ces blessures me laisseront d’ailleurs, sans l’ombre d’un doute, des cicatrices assez conséquentes, des marques physiques de ces deux mois passés à Darwin.
Je me revois dans le champ, me disant de profiter de ces moments car mon départ approchais et que de la tristesse l’accompagnerait, c’était sûr. Je me revois oublier aussitôt ce conseil.
Bref, je ne veux pas y retourner, pourtant ça me manque, j’ai mal dans le ventre car je n’accepte pas le passage de la vie aux souvenirs, je n’accepte pas ce deuil que je dois pourtant faire, comme si je ne tolérais pas l’idée d’oublier, oui parce qu’on oublie, je le sais, on fait d’autres choses, on croise d’autres personnes et ces lieux, ces personnes, ces moments qui nous sont si chers aujourd’hui s’enfoncent de plus en plus profondément dans notre mémoire et un jour on en parle, on ne ressent plus rien, presque plus rien et je n’ai pas envie que ça se passe comme ça…
Vivre dans le passé ? J’ai conscience que c’est de quoi on s’approche ici. Je dirais plutôt mettre pause pendant plus longtemps que de raison, ne pas aller de l’avant. Vous ne comprenez pas, je n’ai pas envie d’aller de l’avant, je pourrai sans doute le faire, j’ai matière à penser à autre chose : le Canada, la Chine, à moyen et long terme, ma famille, mes amis, noël a court terme. Je veux juste me donner un peu plus de temps pour profiter de ce temps qu’il me reste avec eux par la pensée et le cœur avant qu’ils ne soient définitivement plus que des pions dans la case souvenir, toujours extrêmement précieuse ceci dit.
Je ne suis pas triste, juste un peu nostalgique et rebelle face a mon impossibilité de passer un coup de téléphone, de fixer un rendez vous, de serrer, fort…
Je sors me balader aux grands magasins d’Haussmann, les décorations sont belles, les vitrines aussi dirait-on au vu des regards illuminés des enfants. Ca sent noël et quand je parle, de la fumée sort de ma bouche, j’aime bien ça. Le métro, comme il l’a toujours fait, me laisse seule avec mes pensées, les mêmes pensées que ces derniers jours. Elles me transportent hors du temps, hors de cet espace pourtant fermé… Oh ! Ma station !
Je me regarde dans le miroir… Je me vois… Je me reconnais. Je suis jolie, même. Quelque chose s’est produit, la digestion doit avoir commencé, les souvenirs doivent être en cours de formation, ils m’échappent… Hey vous ! Promettez moi de venir me voir si je ne vous sollicite pas assez souvent d’accord ? Vous allez me manquez…Dernière modification par Lilou ; 18/02/08 à 11:50.
- 18/12/07, 14:50 #2Salut Lilou, je n'avais pas compris que tu allais rentrer en France ces jours-ci, j'ai lu si souvent tes rencontres, tes expériences et tes sensations de voyage que sans m'en rendre compte j'avais oublié que tu étais toi aussi en PVT, et que donc tu allais forcément revenir un jour.
J'espère que tes souvenirs ne s'effaceront pas aussi vite que tu le penses et que tu te reconnaitras vite dans le miroir, et pour ça tu as un fabuleux outil, ton carnet de bord, celui que tu as partagé ici, tous ces articles que tu nous as offert pour nous faire voyager, nous prendre avec toi, et tous ceux que tu n'as écrit que pour toi.
En tout cas, sache que j'ai adoré te lire, au point que même si je ne te connais pas en personne, et bien, je te connais un peu quand même a travers tes récits, et comme toi, tes aventures et les gens de la-bas vont te manquer, saches que tes périgrinations dans l'hémisphère sud vont me manquer aussi.
Bref, je te souhaite un bon retour parmi nous, et j'espère que tu continueras de nous raconter ce qu'il t'arrive dans l'Hexagone ou ailleurs!
- 18/12/07, 15:14 #3merci à toi Lilou d'exprimer aussi joliment tout ce que j'ai pu ressentir en rentrant de notre périple en OZ.
Et merci à Sista comme à toute ces personnes qui nous ont assidument suivi pendant nos périples et à qui le fait d'avoir fait plaisir nous rend un peu moins.... ou plus.... bref ca nous fait du bien.
Encore MERCI!!!
https://chezlucette.kikooboo.com
- 18/12/07, 15:45 #4Merci Lilou de ton article... Etant une fidèle lectrice de ton blog, j'ai suivi toutes tes aventures et tes voyages cette année et j'imagine ton retour à la maison, "dur retour à la réalité" comme si ce qu'on avait vécu c'était un rêve... C'est dur à la fois de repenser aux bonnes choses vécues à droite et à gauche, mais quand la nostalgie nous prend on prefere penser à autre chose... La vie est faite d'aventures et tu nous l'a prouvé pleins de fois (t'es la globetrotteuse number one), donc je me fais pas de souci pour toi!! Tes souvenirs, tu les garderas toujours en toi... tes photos, tes articles sur ton blog, des petits souvenirs récupérés un peu partout, te rappeleront toujours un instant, un lieu, une heure, des gens....
Bref, bienvenue en France ma chère et passes de bonnes fêtes de fin d'année...
- 18/12/07, 17:52 #5C chou ces mots... ca m'évoque aussi... des souvenirs... des moments.
De nouvelles aventures t'attendent, certes différentes mais tout aussi passionnantes...
xxxx
- 18/12/07, 18:39 #6Le retour, qu'il soit voulu ou pas, n'est jamais évident... :triste:
tu exprimes ce que nous avons tous ressentis un jour ou l'autre, tu as le dont de mettre le mot juste sur ce que l'on ressent, ton histoire devient un bout de la notre ou on devient un bout de ton histoire (je ne sais pas exactement)
Tu disais que ton texte était un peu brouillon, je ne trouve pas, on le lit facilement, il exprime juste le paradoxe de sentiments qui nous envahissent tous en même. les idées, les sentiments, les souvenirs qui vont et viennent dans notre tête....
Sache que je suis aussi une fan de ton blog.
Je tiens donc du fond du coeur à te remercier pour tout ces moments que tu as partagé avec nous.
je me rappelle de moi lisant ton blog avant mon arrivée au canada, j'aimais beaucoup ce que tu racontais sur l'Australie mais je me passionnais plus pour tes expériences au Canada.
Ensuite, arrivée à Montréal, j'ai continué de lire (et relire) tes écrits sur le canada et j'ai découverts ceux sur ton séjour en Australie, ça m'a fait rêver, donné envie de faire comme toi, de poursuivre le voyage.
Je ne sais pas quand mais je sais que je vais tenter l'Australie
Merci encore à toi et sache que tu as vraiment un don, pas celui de l'écriture car tout le monde le fait à ses heures sur son blog. Je dirais que tu as le don de mettre les mots juste sur les ressentis et de les faire partager, ce n'est pas donné à tout le monde....
- 20/12/07, 09:39 #7Encore merci pour vos commentaires, contente de rappeler des choses, si pendant un quart de secondes vous avez ressenti le manque de quelqu'un après un retour, j'en suis contente, car les choses s'atténuent de plus en plus, pourquoi, pourquoi, pourquoi ?
Oui, parce que je vais bien aujourd'hui (suis-je maso ? Je veux souffriiiiir ! ), enfin, vous m'aurez comprise je pense !!
- 20/12/07, 11:59 #8Je suis à mon boulot et je m'ennuie comme tous les jours depuis deux semaines donc je me suis mise à lire cet article et je me suis vachement retrouvée d'ailleurs ca m'a ramené à 5 mois en arrière quand je revenais de Montréal et c'est vrai que le retour est vraiment très dur (sans compter le décalage horaire).
J'ai regardé un peu ton blog pendant ton séjour en Australie et j'ai deux amies qui partent en avril là bas et c'est vrai que pendant quelques jours j'avais envie de partir avec elles en Australie. Mais le Canada est mon pays d'adoption ( et bizarrement avant meme de partir là bas je le sentais ) et pour le moment c'est que là que je serais mais je me dis que j'ai encore le temps dans 4-5 ans je pourrais toujours passer quelques mois au pays des Kangourous
Maintenant mon 'mal-etre' est passé mais c'est vrai que pas mal de choses ont changé, Paris, j'aime bien, mais je me lasse davantage de la ville et de la région parisienne
Merci pour cet article car quand je parlais de ca avec des amis et peu pouvaient comprendre ce que je ressentais mais grace aux sites et aux expériences de chacun je me rends compte que je suis pas la seule alors Merci à toi
- 20/12/07, 18:06 #9Cool cet article!! En effet comme dit plus haut, Julie décrit super bien ce qu'on peut un peu tous ressentir dans ce genre de situations liées aux voyages! C'est vrai que c'est un peu nul le retour, et de se dire qu'on reverra probablement jamais ces gens (ou peu et si oui, on ne vivra plus le même genre de choses de toute façon). C'est la pire partie de l'après-voyage dont on s'abstiendrait, mais d'un autre côté on regrette vraiment pas ces belles rencontres et moments passés, n'esdt ce pas!!
ps:je rouve aussi qu'on oublie beaucoup trop vite des détails, souvenis, ressentis.... Mais seuls les écrits restent, heureux ceux qui ont fait un blog ou journal perso!!
- 30/12/07, 17:06 #10Cet article je l'ai trouvé émouvant.
Tu l'as bien écrit Lilou
Mais quand tu évoques tout cela, on a l'impression que c'est un peu nouveau...après ton PVT au Canada tu avais eu la même nostalgie de retourner là bas je suppose?
Comme a dit BabyLove juste au dessus, cette partie là fait mal mais le côté rencontres/découvertes est bcp plus fort je suppose
- 31/12/07, 11:38 #11Encore merci
Tu as raison, ce n'est pas nouveau MAIS mon retour du Canada et mon retour de l'Australie n'ont rien a voir tellement mes experiences ont ete differentes, PVT posé, PVT mobile, avec Mat, toute seule et j'en passe. J'ai beaucoup souffert en rentrant du Canada, parce que les quotas m'ont mise dehors (ce n'etait vraiment pas un choix de rentrer) et parce que Mat et moi venions de nous separer.
Mon retour d'Australie c'est un choix et je rentre dans un contexte "normal" sans coup de theatre pour me meurtir mais c'est la beaute de mon annee, comme je le dis dans l'article, qui fait que je n'ai pas envie de l'oublier, d'avancer...
Voila un element de reponse, on peut faire 4 PVT, j'imagine qu'il y aura au moins 4 retours differents, par ce qu'on a fait de son PVT (on s'est installé ? On a pas cessé de bouger ?), par l'experience qu'on a vecu (galeres, rencontres etc.), par la vie qu'on y a mené (je pense plus au choc culturel du PVT Japon)...
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