Mon bilan après un an, tiré d'ici:
Depuis l'aube de l'humanité, les gens mesurent le temps qui passe d'après la lune, ou d'après le soleil. J'ai grandi dans un pays utilisant ce dernier, avec le Calendrier Grégorien. Pour cette bonne raison, les anniversaires se produisent une fois tous les 365 jours environ. Aujourd'hui est un de ces jours. Si vous regardez autour de vous, je suis sûr que plein de choses se sont passées un 29 janvier. J'ai connaissance d'au moins 4 personnes nées ce jour-là (et je suis sûr qu'il y en a plus). Pour moi, il y a dorénavant un nouveau sens à cette date. Le 29 janvier 2007,
j'ai mis les pieds sur le territoire canadien, et ai obtenu mon permis de travail, par la main d'un
sosie mignon de Stéphane Rousseau, commençant ainsi mes aventures au pays des Caribous pour 2 ans (ou plus).
Donc, ça fait un an que je suis arrivé. J'en suis à la moitié du chemin. C'est sûrement un bon moment pour dresser le bilan, pas vrai? Plein de gens, surtout des torontois, me demandent pourquoi j'ai été assez stupide pour troquer Paris la magnifique contre la platte Toronto. Il y a plusieurs raisons.
Parlons affaires. C'est toujours mon premier emploi, et j'aimais beaucoup ce que je faisais. Pour un ingénieur junior, on me donnait des défis à relever, de plus en plus de responsabilités techniques... Mes casquettes dépassaient facilement la portée de ce qu'on demande à un développeur débutant. J'étais heureux qu'on me donne ma chance de prouver ce que je vaux. Mais même si certaines personnes reconnaissaient mon travail et mon dévouement, ma situation officielle n'a pas changé en plus d'un an. J'ai quitté la France avec le titre d'ingénieur développeur junior. Je n'entrerai pas dans les détails, ni ne pointerait du doigt (point trop n'en faut

), mais toujours est-il que la frustration montait, et j'avais besoin de changer d'air. Se faire racheter par une société géante, avec une entité à Toronto qui a une équipe devant travailler main dans la main avec nous avait effectivement l'air d'être synonyme de changement. Un nouvel environnement de travail, une expérience professionnelle significative dans la partie anglophone de l'Amérique du Nord, c'est aussi un sacré tremplin sur le CV de n'importe quel ingénieur informatique français.
D'un point de vue plus personnel, rien ne me retenait sur Paris. J'avais besoin de changer d'air sur le plan perso aussi. C'était la première fois en sept ans que j'étais resté célibataire plus d'un mois. Je voyais le Canada comme une chance de tourner la page, repartir sur de nouvelles bases, découvrir une nouvelle culture, et voir ce que ça donne...
Ma tâche en arrivant, c'était d'aider l'équipe de Toronto à s'habituer aux technologies utilisées à Paris, et faciliter la communication entre Paris et Toronto. Donc je faisais du développement, de la formation, et je redirigeais mes nouveaux collègues vers la bonne personne à Paris quand ils avaient des questions ou des problèmes que je ne pouvais pas gérer (je n'ai pas la science infuse, ne l'aurai jamais, et n'ai jamais prétendu l'avoir

...), vu que je connaissais les gens de Paris

. À un moment, deux personnes des US ont rejoint l'équipe, et ils rédigeaient surtout des documents de conception pour deux de nos applications. Quand l'un deux a dû partir en congé maladie de longue durée (j'espère qu'il va mieux, d'ailleurs...), mon chef a décidé de me donner la responsabilité sur ses documents, vu que je connaissais le produit au départ. Ça signifiait plus de responsabilités, surtout parce que dorénavant, j'aurais à répondre à un éventail de questions plus large

.
Et début janvier, l'annonce fit grand bruit : mon responsable allait quitter la boîte. Il était l'homologue de mon ancien chef à Paris. Les grands chefs décidèrent de ne pas le remplacer tout de suite, et de fusionner les équipes d'Amérique du Nord et de Paris, sous l'égide de mon ancien chef de Paris. Bien sûr, quand on m'a demandé si j'y voyais un inconvénient, j'ai enfoncé la porte ouverte : "Un responsable sur Paris ne pourra pas gérer efficacement une équipe de 12 avec un décalage horaire de 6 heures. Comment va t-il connaître ses développeurs, comment ils vont?". Vu que c'était évident, is y avaient déjà pensé

. Et il fut décidé que les responsabilités de mon responsable partant seraient coupées en 3 : le chef est mon ancien chef de Paris, un collègue senior de Toronto aura le rôle de responsable d'équipe local avec la responsabilité technique d'un de nos produits, et j'aurai la responsabilité technique sur la partie torontoise du produit dont j'ai parlé quand l'autre collègue est tombé malade. Donc mon chef à Paris compterait sur mon collègue et moi pour l'aider à ce que tout tourne rond. Ça me va. Pour être tout à fait franc, si on m'avait proposé plus que des responsabilités techniques, j'aurais sûrement refusé. Je suis à l'aise côté technique, mais je pense que c'est trop tôt pour plus. J'ai que 25 ans, après tout, et suis loin d'être parfait.
J'ai envie de dire que d'un point de vue professionnel, le Canada m'a été très bénéfique. Je pense que dans une société, on ne doit pas avoir à réclamer la reconnaissance, mais pour les gens dévoués et qui travaillent dur, la société devrait le voir et leur proposer des opportunités d'avancement. Une société où il faut réclamer une promotion ou une augmentation ne vaut pas, selon moi, la peine qu'on y travaille. Et je suis content que pour le moment, ça ai l'air de marcher

.
Du côté vie sociale, par contre, c'est pas tout à fait la panacée. Pendant les premiers mois, j'ai passé trop de temps à bosser. Parce que je suis venu ici pour un project particulier, avec une charge de travail incroyablement sous-estimée, mais je voulais que ça se fasse, sinon je l'aurais pris comme un échec personnel. J'ai essayé de me forcer à avoir un semblant de vie sociale, principalement en allant à des rencontres pvtistes. C'était un moyen facile de rencontrer du monde, mais ils parlent tous français. Je voulais des contacts canadiens. J'ai aussi rencontré du monde par mon blog, mais ça m'a pris quelques mois avant de rencontrer de vrais "autochtones". Je suis aussi passé de désespérement célibataire à joyeux célibataire en quelques mois... Et tout allait bien jusqu'à
ce que je rencontre E.. Je ne me souviens pas du temps qu'il a fait en Août ici, mais dans ma mémoire, c'est grand soleil. L'automne est arrivé au début septembre, quand elle a dû repartir pour la République Tchèque. Comme le disait Lamartine: "Un seul être vous manque, et tout est dépeuplé.". J'envisage sérieusement à ce que ma prochaine étape soit Prague. Et je regrette maintenant d'avoir signer pour deux ans complets. On verra ce que ça donne. Mais j'ai enfin créé des souvenirs forts et importants ici, donc je vais prendre ça pour un accomplissement personnel aussi.
Quand mon cerveau n'est pas complètement épuisé par le boulot, je passe beaucoup de temps à penser à quoi faire ensuite. À ce jour, je ne sais pas. Je verrai sûrement où me mènent les choses, et déciderai à partir de là. Ce fut une année assez riche en évènements. Il en reste beaucoup à venir, je suppose