C'est une pensée que j'ai écrite sur un bout de serviette lorsque je venais de quitter Vancouver et l'auberge dans laquelle j'ai habité pendant deux mois.
C'était en janvier, à Seattle, à quasiment un mois de mon retour en France, onze mois après mon départ, ça résume assez bien ce que cette année au Canada m'a apporté, beaucoup plus que ce que j'espérais...
Pensées..
Le nouvel an ne m’a rien fait de particulier, je suis d’habitude plus « consciente » du passage d’une année à l’autre, je ne sais pas pourquoi d’ailleurs, rien d’extraordinaire à cela, juste une date, fin de l’année, on l’a décidé ainsi, 31 décembre ; c’est différent en Asie, différent calendrier, différentes croyances, célébration d’un unique évènement de différentes façon, à différents moments.
Anyway…
Je suis à Seattle et je me sens vide, tous les gens qui me « remplissaient » sont restés derrière moi ; j’étais une création de toutes ces âmes, je me sentais entourée, choyée, chouchoutée, aimée ; j’étais chez moi, oui, chez moi, on rentrait « à la maison » et non pas « à l’auberge ».
C’est dingue comment on s’attache aux gens, c’était vraiment une petite famille, deux mois passés avec eux, ce n’est pas rien.
Je suis en train de me demander ce qu’ils font, il est 19h45, la cuisine doit être pleine, des odeurs de cuisine, certains fument dans le couloir, de la musique, peut être, des bières, certainement ; j’espère qu’ils pensent à moi, un peu, non, beaucoup, moi je pense à vous en tout cas, vous me manquez, petite famille…
Je me sens vide et je sens la fin du voyage.
Je redoute, et je suis contente ; il me tarde de rentrer, vous revoir, comme avant, comme toujours ; mais il me tarde aussi de repartir, Australie, Mexique, je suis tombée en amour de ces mexicains, je me dois d’aller visiter leur pays, le centre du monde, hein Pablo…
J’ai envie de milliard de choses, apprendre l’espagnol, l’italien, l’allemand, voyager, encore et toujours, revoir tous le gens que j’ai rencontré, dans un autre pays, le leur, le mien, envie de travailler, dans le droit, dans autre chose, apprendre et concrétiser mon sentiment de liberté, pas d’attaches, ni physique, ni mentales, aller au gré de mes envies.
Je veux TOUT mais TOUT n’est pas possible ; entre l’envie et sa concrétisation, il y a un cratère, financier d’abord mais aussi d’une autre nature ; une seule vie est trop courte, mais c’est aussi la raison pour laquelle il faut en profiter.
Je veux être libre, je ne veux pas être matérielle, je veux être remplie de « vraies » choses, de choses simples, de l’air, d’amour, de liberté, briser les chaînes de la pesanteur ; je veux aller plus haut, plus loin, je me concrétise à peine…
J’ai aimé cette année, partir loin, seule, sans savoir de quoi demain est fait, pas de plans, non, que des surprises, des revirements d’idées suite à des personnes rencontrées, suite à de nouvelles idées, ou envies.
Je m’aime plus que quand je suis partie, et ça se voit, et ça se sent, on m’écoute plus, on m’aime plus.
Je n’ai plus la peur au ventre, pour rien ; je l’avais en partant, dans l’avion, en arrivant à Toronto, en partant de Toronto.
L’expérience dans l’Okanagan Valley, cette expérience de liberté complète, juste moi, et Coco, et Kev et Lise et des dizaine d’autres, avec nos sacs à dos, et rien d’autre.
On marche, on pédale, on travaille, un peu, on galère, beaucoup, mais on est heureux, oui, on est heureux, plein air, alcool, fumée, musique, libre et vivant d’amitié et d’eau, plutôt chaude que fraîche, mais d’eau.
Ca m’a changé, la peur au ventre est partie, je peux maintenant partir, changer d’endroit, rencontrer de nouvelles personnes, aller à un entretien d’emploi, sans ce mal au ventre, plus d’appréhension, ce qui arrivera arrivera, mais je n’ai plus peur de ce qui arrivera ; bon ou mauvais, j’en sortirais grandi.
Je sais que ça va s’arrêter un jour, il va falloir se poser, et si je n’en ai pas envi… si je ne suis pas heureuse en étant posée, que dois-je faire ?
Se plier au système, métro-boulot-dodo, famille, dans un petite maison, dans une petite ville avec de grosses factures et de grosses frustrations provenant du système, du système que l’on n’a crée et dans lequel on se sent prisonnier…
Et si je n’ai pas envi de ça, que dois-je faire ?
Pas de plan, l’avenir parlera pour moi…