Demain pile, ça fera 5 mois que mon conjoint et moi avions reposé définitivement les pieds en France après 5-7 ans d'expatriation à l'étranger (Irlande et Canada). À mon actif: 3 ans en Irlande, 1 PVT puis 1 JP à Montréal. Pour le moment, le bilan est mitigé. Je ne trouve pas d'autres mots, ce n'est ni négatif, ni positif.
Une expérience réussie à l'étranger, mais des raisons personnelles qui nous rattrapent et nous font revenir à nos racines. Nous sommes partis à l'étranger suite à des lacunes qui à l'époque ne nous permettait pas d'atteindre nos objectifs, notamment le manque d'expérience et la possibilité de se réorienter sans passer par la case formation. Lacunes que nous avons pu combler à l'étranger.
Nous avons choisi de revenir près de Rennes pour la famille de mon conjoint qui y réside, le bassin rennais qui reste encore compétitif économiquement comparé à ma Normandie natale, et pour la qualité de vie bretonne (il n'y a pas que la pluie en Bretagne

). Nous ne sommes pas à plaindre, nous sommes hébergés à titre gratuit chez mes beaux-parents, nous avons une voiture prêtée pour le moment pour nous déplacer. Nos dépenses sont donc limitées, et nous touchons l'ATA. Ce retour, nous l'avions "préparé" avant même de nous expatrier, et je pense que ça nous aide à le rendre plus vivable.
Nous sommes vraiment contents d'être revenus et nous n'éprouvons pas vraiment pour le moment de grand manque, notre retour en France était un choix réfléchi et voulu, et nous l'assumons. Et pourtant, il y a encore 1 an, on était loin de cette idée de revenir. Bien sûr, je ressens parfois un manque... de mes endroits préférés à Montréal, de nos amis qui y sont restés, de cette liberté de découvrir une autre culture. Nous nous attendions donc à nous confronter à des difficultés, mais peut-être utopiquement j'étais convaincue que notre chômage ne serait l'affaire que de quelques mois, 4 au plus...
Mais on se rend bien vite compte effectivement de l'effet de la crise sur l'emploi. Malgré un "intérêt" pour mon profil du fait de mon anglais courant, mon parcours atypique à l'international et des compétences larges et polyvalentes, le type de poste que je recherche est trèèèèèès convoité avec encore peu d'offres comparé à la demande. Surtout quand on restreint géographiquement à Rennes sur un rayon de 50km. C'est un choix perso, certes très restrictif mais stratégique, et pour le moment je peux me le permettre. En 3 mois de recherches, seulement 5 entretiens qui n'ont malheureusement pas encore abouti.
Ce qui me choque, c'est la réponse que l'on me donne, que ce soit par Pôle Emploi ou des amis : "Tu cherches seulement depuis 3 mois, c'est NORMAL. Tu as eu des entretiens, c'est déjà bien."... Quelle fatalisme!!! Alors qu'au Canada, on considère généralement qu'être 1 mois au chômage est un seuil pour tirer la sonnette d'alarme... La France va si mal que l'on a accepté ce fait, d'être au chômage pour une durée moyenne voire longue. Déjà qu'un mois de chômage me rend malade... mon moral en prend un coup! ahah.
J'ai aussi un peu ressenti le choc culturel, devoir reprendre des anciens repères. Mais je pense que notre réadaptation est assez bonne et rapide.
Je me confronte à nouveau à cette différence culturelle entre le modèle anglo-saxon et français. En France on va surtout s'appuyer sur son savoir-faire et ses compétences et son niveau d'étude, c'est ce qui me bloquait en tant que jeune diplômée avec peu d'expérience et qui m'a poussé à partir; dans le modèle anglo-saxon que ce soit en Irlande ou au Canada, le savoir-être est aussi important et peut même vous donner le ticket tant convoité. Pour moi, c'est cette différence qui m'a permis d'avoir la chance de décrocher les jobs que j'ai pu faire.
Je me heurte de nouveau à cette fameuse phrase: "Nous avons pris une personne plus expérimentée". Je ne fais toujours pas le poids concernant mon expérience... et pourtant maintenant, j'ai 5 ans d'expérience! C'est sûr que faire face à une candidate de 43 ans, je ne peux pas faire le poids sur ce critère. Encore une autre dure réalité, les personnes d'âge mûre qui se retrouvent de plus en plus sur le marché du travail. Les employeurs sont tellement frileux qu'ils préfèrent ne pas prendre de risque. D'un sens, je me dis tant mieux pour ces personnes qui doivent avoir encore plus de difficultés à retrouver un travail passé un certain âge. Mais c'est frustrant de se faire entendre encore ce même argument alors que c'est lui qui m'a fait partir pour aller chercher justement cette expérience que l'on ne me donnait pas... et que l'on m'a donné à l'étranger.
Je ressens à nouveau cet esprit un peu étriqué et méfiant qui caractérise pour moi la France, qui excelle dans la critique de ce qui ne va pas mais qui n'est pas encore capable de prendre le taureau par les cornes et de proposer des solutions réfléchies, de faire confiance et de donner la chance à la jeunesse.
Là où mon profil a eu du "succès", c'est quand j'ai eu face à moi une personne qui a aussi été à l'étranger...
Repartir? L'idée m'effleure mais pas pour le moment. Je me donne au moins un an d'essai

Les PVT c'est terminé pour nous, mon conjoint ayant dépassé l'âge requis. Les voyages c'est notre passion, mais plus comme expatriés. Nous avons eu la chance de pouvoir déjà explorer différents endroits (Japon, Laos, Thaïlande, États-Unis, Namibie, Costa Rica, Guadeloupe, Allemagne, Belgique, sans compter nos terres d'accueil en tant qu'expatrié l'Irlande et le Canada). On a fait un merveilleux road-trip sur la côte Ouest du Canada et des États-Unis pendant 2 mois avant de rentrer, et nous comptons toujours explorer chaque recoin qu'offre notre Terre, mais ce sera en tant que touristes temporaires. Nous aspirons plutôt à nous poser, barouder c'est plus vraiment notre tasse de thé

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Bien sûr qu'il y a des choses en France qui me hérissent le poil (pour le dire gentiment) mais je suis contente d'avoir aussi retrouvé ses bonnes choses qui m'ont manquées et qui m'ont faite revenir ici(te). Je sais que ça prendra un peu plus de temps que prévu pour retrouver une stabilité et le travail convoité, mais je sais que j'ai envie de me battre et de faire le nécessaire pour pouvoir rester ici et continuer à profiter de ces bonnes choses (ma famille qui n'est plus à des kms, mes amis, une qualité de vie, etc). Ces années d'expatriation m'ont ouvert les yeux sur ce pays qui m'a vu naître, qui a accueilli mes parents exilés. Je veux encore lui donner une chance, pour peu qu'elle me donne ma chance cette fois
J'espère que dans mon prochain bilan, je pourrais enfin annoncer que j'ai retrouvé du travail

En tout cas, j'y crois.