Discussion: Un Jour Au Canada

  1. #1

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    Auckland, Nouvelle-Zélande
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    Un jour à Montréal, ça peut être ça :

    J'ai plus le goût de m'acheter du déodorant.
    J'ai plus faim.
    Je ne quitte plus mes lunettes de soleil.
    Je me remets en question.
    Je n'ai plus le goût de m'en faire pour moi.
    Je ne veux plus y croire pour rien mais l'espoir est peut-être ce qui m'incarne le mieux, avec la passion.

    Moralité plausible : Connaissons-nous nous mêmes en effectuant des tests de personnalités puis des tests de compatibilités avec les autres.

    Un autre jour à Montréal, ça peut être ça :

    J'ai enrichi ma carte sim de 5 contacts aujourd'hui, certains sont musiciens, d'autres écrivent, d'autres se confient à toi, d'autres te prètent leurs oreilles et d'autres servent pas à grand-chose. Mais sait-on jamais...

    J'ai joué 2 parties d'échecs dans un café sur le boulevard saint-Laurent. Je me suis fait dérouillé par deux gars différents, le premier était très fort alors que le deuxième une vraie bille. Imagines mon niveau, tabarnak !

    J'ai compris que c'était fini et que même si ça fait mal, ben c'est pas pire, comme ils disent ici...
    J'ai compris que moi y'en a être sympa, moi y'en a être beau, mais moi y'en a être une merde. Niveau zéro de l'amour. Rien compris, recalé, inutile, à l'ouest, huées, conspué, coupeurs de citrons, non sélectionnable, tacle au niveau du coeur, KO Technique, carton rouge.
    J'ai compris que lorsque les barreaux disparaissent, c'est la lumière du jour qui surgit.

    J'ai joué de la guitare dans un bar où le mardi soir c'est "open mike", chacun amène son instrument et envoie sa sauce le temps d'un morceau. Mon pote Khin, originaire d'Australie, m'a félicité par la suite. Par contre lui, quand il chante, c'est niveau Ben Harper.

    J'ai passé la soirée dans mon appartement avec mon colloc Cyril et Lenny, une australienne de 22 ans rencontrée dans l'auberge de jeunesse où j'ai passé mes premières semaines. Elle, quand elle chante, c'est un truc de malade mental. Très très haut niveau.

    Un jour à Toronto, ça peut être ça :

    Mich et moi dans les bras l'un de l'autre, nous parlant comme si c'était hier la dernière fois, plein d'amour l'un pour l'autre.
    Mich et moi avec chacun une guitare, en train de taper un blues, tout sourire.
    Mich et moi, pleins d'étoiles dans les yeux, sur une terrasse au soleil en train de s'en fumer un.
    Mich et Aliya se faisant des bisous d'amoureux, moi en face avec des perles dans les yeux.
    Mich et moi nous disant Adieu. Mais ça, c'est à Montréal.

    Un autre jour à Toronto, ça peut être ça :

    OK, tu t'en vas
    C'est triste, et ça m'ennuie
    Mais si tu pouvais en partant
    Descendre les poubelles.

    Yves Jamait - "OK, tu t'en vas"

    Toronto, c'est super sympa quand il y a Mich. Mais quand l'horreur du monde n'est rien comparaison à ce que l'amour fait à ceux qui furent union, Toronto est quand même médiocrement américaine.

    Un jour dans une manif, ça peut être ça :

    Des gars et des filles de tous âges viennent défiler contre le capitalisme, la plupart ont le bas du visage masqué.
    Ils gueulent très fort "Révolution".
    Les flics sont partout aux alentours, on a même l'impression que ce sont eux qui nous disent où aller. Tout le monde avance docilement dans le même sens.

    Le même jour dans une manif, ça peut être ça :

    L'organisateur décrète que la manifestation fût un succès total, que le message est bien passé et que la dispersion doit être immédiate.
    10 minutes plus tard, il n'y a plus personne. J'ai halluciné. Au Canada, les gens filent droit. Ils se complaisent dans la médiocrité, satisfaits de la routine et du bonheur préfabriqué.

    Un jour dans ma colloc, ça peut être ça :

    Tibo fait la vaisselle, Cyril surfe sur le net, je passe l'aspirateur, Coline regarde la TV et Solène fume une clope sur la terasse.
    Tous très cool, à priori. Intégration réussie et rencontres à tour de bras. L'appartement est le repère central d'une grande troupe de gens et a abrité des soirées archi mémorables où une centaine de personnes trinquaient dans la convivialité. Et c'est pas avec moi que ça va changer, ostie de tabarnak !

    Un autre jour dans ma colloc, ça peut être ça :

    Je sors fumer du pot sur le balcon devant l'appart, il fait presque soleil, il y a le traffic devant moi sur l'angle Boucher/Saint Denis. Le coin est génial, je peux bouger à pied sans problèmes dans les quartiers animés de l'avenue Mont-Royale et du Boulevard Saint Laurent. Je me sens super bien. Je n'ai de comptes à rendre à personne, je suis au Québec / le pays des caribous et du -30°, je n'ai pas souvent froid quand je dors, j'attaque bientôt chez Vinci Park en tant que voiturier et le mot TIPS clignote dans mon cerveau. J'ai envie de faire 1000 choses différentes. J'écris des chansons, je corresponds avec un écrivain Québecois,
    je m'intéresse à tout et j'attends la Rue Kétanou.


    Montréal, concrètement, c'est très sympa.
    C'est bourré de flic. C'est sécurisé. On se sent en sécurité, mais parce qu'on est surveillés. Un mélange de Français - Anglais, un mélange de US et Europe.

    Finalement, à Montréal, je pense y rester plus longtemps que je ne pensais.

  2. #2

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    C'est très bien écrit, et ça me donne encore plus envie d'y être... surtout le dernier paragraphe, il fait passer un sentiment de liberté qu'il me tarde de connaître... plus qu'un mois et des poussières ))