Discussion: Maudite française ;-)
- 09/01/11, 20:26 #1Et oui, en ce moment, c’est l’heure des bilans, des introspections, des résolutions, et je ne peux faire autrement que de jeter également mon pavé dans la mare après 5 mois à Montréal.
Pour ma part, je suis arrivée avec mon copain mi-août 2010 sur Montréal. On est arrivé, comme beaucoup, avec notre bagage d’attentes et d’envies, de découverte de ces espaces grandioses, de cette légende nord-américaine dont on était admiratif depuis l’enfance, baignés par un univers télévisuel et musical qui a forgé notre imaginaire et puis, l’Amérique, YEAHHHHH !!!!
Bon, on n’est pas non plus des ados de 15 ans, donc on avait bien pris le temps de se renseigner sur ce canada si prometteur ; le logement, le boulot, comment s’adapter au mieux sans passer pour des vilains français à l’allure conquérante. Ce qui a motivé notre demande de PVT et notre départ ? Envie de casser la routine, comme beaucoup, un petit challenge avant de se stabiliser plus sérieusement, et pourquoi pas, si ça nous plaisait vraiment, y rester ?
Notre arrivée fut vraiment géniale car nous avons été accueillis comme des petits rois par une copine québécoise que j’avais rencontrée en France, elle nous a de suite introduits à son groupe d’amis, composé de beaucoup de français dans le milieu de la restauration du Plateau et nous a filé les clefs de son appartement, ce qui nous a permis de nous poser avant de trouver autre chose. On n’était pas du tout fixé sur un quartier en particulier, puisqu’on ne les connaissait pas mais son boss recherchait des colocs dans son beau 5 ½,, toujours sur le Plateau, à 2 mn du métro, 350 $ chacun par mois tout compris, alors, que demande le peuple ? On était sur un petit nuage.
En plus, temps merveilleux, une ville entière à découvrir, de nouvelles coutumes et habitudes à adopter. On avait décidé de faire un peu attention à nos économies et d’attaquer la phase découverte du pays après la phase travail.
Donc les 2/3 premières semaines, on s’est immergé dans la ville de Montréal, découvrant toutes ces petites différences qui nous faisaient nous sentir ailleurs : les québécois super souriants et leur « Hey, comment ça va aujourd’hui ?!! », les bagels, les écureuils, la poutsine, les 24/24, le sosie de Jimmy Hendrix dans le parc du Mont-Royal, les taxes et autres tips, les gros quatquats, les buildings, l’est-ouest-nord-sud de la ville, le multiculturalisme, l’accent, les portes du métro/magasin que tu reçois dans le pif, les anglicismes, l’immense centre Eaton, la politique canadienne et québécoise (j’ai même une québécoise de 50 ans qui m’a raconté, les larmes aux yeux, dans la file d’attente d’une caisse de SAQ, le combat pour l’indépendance du Québec et la souffrance endurée face au NON de la majorité), et puis Halloween, les partés, etc……
Le boulot :
Donc, début septembre, là, on a attaqué la phase Travail …. Hihihi !!! La plus éprouvante, car elle te pousse dans tes retranchements et te malmène, te fait te sentir inutile et pocapab. Mais on savait que ça n’allait pas être évident, et puis il y a de la concurrence, et oui, t’es pas la seule française qui débarque ici ! y’en a des centaines qui cherchent comme toi du boulot, et qui sont bilingues, elles ( mon niveau d’anglais est correct, mais pas l’habitude de parler anglais, donc pas vraiment confiance en moi). Je ne suis pas spécialisée dans un domaine en plus, j’ai un Bac + 2, mais en psycho, autant dire que dal ! Expériences en tant que chargée de clientèle dans plusieurs boîtes, de l’administratif, un peu de compta, etc… mais le boulot a toujours été pour moi un moyen alimentaire pour payer mes factures et mes voyages.
La refonte du CV : adapter mon petit cv français d’un page et demie ne fut pas trop trop compliqué, il suffit de comprendre qu’il faut te vendre comme un produit ( et oui, c’est aussi le sentiment que j’ai quand je lis les annonces de boulots avec pleins de « !!!! » de « excellent », « incroyable », « exceptionnel » pour décrire le poste en question), alors j’ai rajouté des adjectifs dans mon cv (« beaucoup d’entregent », « débrouillarde » « grande qualité de communication », etc). J’ai détaillé au maximum mes expériences professionnelles et étiré mon cv à 2 pages et demie.
Les agences de placement : Bon, c’est pas si pire ! une fois que tu as passé les 4 h de tests obligatoires, les entretiens qui te retournent dans tous les sens pendant 45 mn ( j’attendais le moment où on allait me tendre un pot pour le test d’urine…) et l’inévitable vérification de ton niveau d’anglais ( Agaga, gugoga, yes ! maybe gligli customer service, sure ! very open minded, self confident, yoyo ! ) et de tes références. Rentrés à 9h30, sortis à 14h30 ….
Un peu de plonge dans un resto pour patienter. Et puis, j’ai tenté Atelka (centre d’appel pour Fido) car ils recherchaient des francophones, mais au bout de 2 jours de formation, je me sentais comme une oie que l’on gave et lobotomise en même temps. Nous étions jugée dans tous nos comportements, notre attitudes, nos interventions, notre autodiscipline par la formatrice. Mais, je crois qu’à 27 ans, je ne suis plus aussi flexible qu’à 22 ….
Randstad m’a confié une mission de commis de bureau, mi-octobre, dans une boîte uniquement anglophone en plus, yes ! Je découvrais le fonctionnement d’une boîte américaine, ses petites habitudes, son système de hiérarchie plus souple, les grignotages intempestifs des employés à longueur de journée, le Friday wear, etc… Le directeur m’a proposé une création de poste avec emploi permanent, mais il ne savait pas que j’étais en pvt, donc c’est tombé à l’eau, et puis je crois qu’il surestimait grandement mon niveau d’anglais. Facile, quand tu n’a qu’à répondre : « Yes, it’s done », « Ok », “How do you do ? », « Do you want a coffee ?, au quotidien et que tu comprends plus que tu n’as à te faire comprendre.
Depuis le mois d’octobre donc, j’enchaine les missions de 2/3 semaines, mais au moins je travaille, je découvre pleins de boîtes différentes. Ce qui est bien ici, c’est qu’à partir du moment où tu as une expérience au Canada, et que celle-ci s’est bien passée, on te fait confiance. Alors si tu en as plusieurs, plus de souci ! J’ai donc été commis de bureau, réceptionniste, commis de saisie et empaqueteuse de cadeaux durant ses derniers mois, dans les 4 coins de Montréal, pour 12, 13 , 15 $ de l’heure.
Mon copain quant à lui, avait absolument envie de travailler dans son domaine (musique, technicien du son), et après l’envoi de plus de 40 cv à l’est et à l’ouest, la triste constatation fut implacable « Quoi, tu n’as pas de connections ? Tu ne connais personne dans le milieu ? Ben, mon gars, ça va pas être facile ici ! ». Ok, c’est comme un peu partout, mais ici le réseau social marche à fond. Donc, l’enthousiasme a fait place à la désillusion et le ras-le-bol, car même pas une seule petite réponse pour lui dire « Nous n’avons pas de besoins actuellement, mais nous gardons votre candidature » (fake mais un peu d’attention ça ne fait pas de mal). Au bout de 2 mois, il s’est donc tourné vers le jobbines.
Et puis, on s’est inscrit au Dawson College pour des cours anglais.
Le décalage culturel :
Nous avons décidé de rentrer au mois de mai, au bout de 9 mois donc. On travaille jusqu’à fin mars, et là commencera notre phase Vacances de 2 mois, avec la Gaspésie et le Nouveau-Brunswick, Toronto, New-York et Boston.
A ce jour, on ne regrette pas du tout ce voyage, le canada n’est vraiment pas notre idéal, mais il nous a permis de le trouver. On a la chance d’être à deux, et d’avoir un couple solide (qui s’est d’ailleurs soudé dans les épreuves, ouf ! ).
Je pense qu’on avait tous les deux besoins d’atterrir et de se rendre compte de la réalité, car on est du genre à avoir les têtes dans les étoiles. Mais c’est cool de pouvoir voyager, découvrir et financer tout cela en même temps, même si le quotidien ici n’est pas tout le temps évident car il est ponctué de nostalgie, de coup de gueule, d’incompréhension.
Et oui, car je dois le dire, la culture nord-américaine, ou canadienne, ou québécoise, ou je sais pas trop, c’est vraiment pas pour moi. Je me sens décalée sur beaucoup de choses ici ; la bouffe, la culture, l’humour québécois (c’est pas toujours évident en soirée), les joutes verbales me manquent aussi, car ici, il ne faut pas froisser les gens, donc il faut être lisse et hypocrite ( je sais, ça revient souvent, mais je ne peux que le constater au quotidien) et j’aime bien la franchise, l’honnêteté, bordel de m#ù% !/§ !!! on a le droit de dire ce qu’on pense quand même et de pas être d’accord, fait ch% ## !!!!
Beaucoup de pvtistes trouvent leur bonheur ici, car les attentes ne sont pas les mêmes selon les personnes. Ici, tu peux t’acheter une voiture, un appart, une maison et la meubler comme tu veux pour beaucoup moins cher qu’en France, toucher 2 à 3 fois plus que ton salaire sur le vieux continent et grimper l’échelle sociale très rapidement. Enfin tu as la reconnaissance sociale que tu espérais depuis des années en France ! Pour les personnes qui assimilent leur réussite personnelle et leur bonheur à l’idée d’un confort matériel et l’acquisition d’une certaine position sociale, dans une société multiculturelle et sécuritaire, c’est l’idéal !
Pour moi ce n’est pas le cas, je ne suis pas très matérialiste et consumériste et préfère de loin être entourée des mes proches et profiter de pouvoir voyager et découvrir d’autres pays. Voyager et s’installer temporairement dans un autre pays nous a permis de voir que ce n’est pas plus vert ailleurs, nous avons appris à apprécier ce que nous avons laissé, et nous profitons encore de ces quelques mois sur place avec plaisir mais avec aussi l’impatience de rentrer chez nous, au pays du fromage qui pue, du bon vin rouge et des gens qui râlent….
Ps : Sorry pour le pavé ;-)
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- 09/01/11, 20:43 #2
- 09/01/11, 20:53 #3Intéressant ton témoignage. En lisant le début, je te voyais vraiment rester au Canada pour longtemps mais en fait...Non. Vous décidez de rentrer après 9 mois. C'est bien de lire ce genre de témoignage car tu reconnais que le Canada n'est pas fait pour vous mais vous êtes assez ouverts d'esprit pour ne pas critiquer ce pays à tout va.
Vous avez bien profité de votre PVT mais pensez qu'il est temps de rentrer. Je trouve ça très bien. Pas de regrets, que du plaisir.
(Aviez-vous éventuellement pensé à rester plus longtemps qu'un an à la base?)
( Yepaland, rien à voir, mais ta photo de profil, par hasard, ce n'est pas le magasin LEGO à Chicago? )
- 09/01/11, 20:58 #4
- 09/01/11, 20:58 #5
- 09/01/11, 21:00 #6Hello merci pour ton message,
Personnellement j'y suis encore sur le vieux continent , je compte prendre mon PVT pour 2012 et peut etre que moi aussi j'en attends trop de ce voyage. Pour toi et ton copain c'est peut être le moment d'aller dans une ville moins tentaculaire que Montréal? Pour ce qui est d'être hypocrite tu le dis vers la fin mais je pensais justement que c'était le mot qui n'existait pas au Québec^^ parce que bon en France on peut en parler aussi j'ai démanger pour tafer sur la Côte d'Azur (voyage anti chômage un peu forcé en fait mais le constat est un peu le même pour le caractère des gens).
Pour ce qui est du quartier, j'ai acheté un bouquin ce Noël "Guide de survie des Européens à Montréal", Ulysse, qui parle du Plateau comme un quartier assez bobo (je ne fait que citer le bouquin^^). Dans le même bouquin il est décrit que Montréal est une ville bien hippie ausi alors doit y avoir pas mal de contrastes.
Je reviens donc sur ce que je disait au début pourquoi ne pas déménager vers une ville moins tentaculaire et plus authentique
Bon courage
- 09/01/11, 21:45 #7@Steph80,
tu sais, repartir de zéro dans une nouvelle ville, trouver un nouvel appart, du boulot alors qu'il nous reste 5 mois, je le sens pas du tout. Non, on préfère continuer à bosser pour financer nos 2 mois de vacances.
Pour le quartier, c'est vrai que le Plateau est vu comme le coin bobo de Montréal, et pour en avoir discuté avec quelques québécois pure laine, c'est le quartier branché où vivent les journalistes et beaucoup d'artistes de Montréal, mais c'est un endroit très dynamique aussi, restos, théatres, pleins de bar à concerts, etc . Et la boboattitude d'ici n'a rien à voir avec celle de Paris.
Les gens sont plus simples et plus facile d'accès, même si je parle dans mon poste d'hypocrisie, je parle surtout du fait que les gens ne te diront jamais réellement en face ce qu'ils pensent ( je sais en France, c'est un peu pareil), mais c'est plus comme une entente cordiale, surtout au boulot.
Combien de fois je me suis fait des illusions en sortant d'un entretien d'embauche pensant que c'était dans la boîte car le recruteur paraissait super enthousiaste, arrêtait pas de dire "Excellent ! " avec un gros smile à la fin de mes phrases, et puis aucune nouvelle derrière. En France, tu ressens beaucoup plus si tu as raté ou réussi ton entretien. Ensuite, tu comprends mieux leur mode de fonctionnement, et tu te fais moins d'illusions.
- 10/01/11, 10:10 #8
- 10/01/11, 10:20 #9Hello,
J'ai adoré ton récit, en voyant ce que tu n'as pas aimé, je me dis que le Canada est vraiment pour moi car on me dit ici que je suis trop politiquement correct & matérialiste
Manu
- 10/01/11, 10:41 #10Merci Alice pour ton témoignage remplis d'humour et d'humilité
Ce fut tout de même une belle aventure =)
- 10/01/11, 10:57 #11Merci Alice pour ton témoignage qui l'air de rien fait envie quand même de partir ! Comme je dis souvent autour de moi, je pars pour mieux revenir ! A chacun son aventure :-)
- 10/01/11, 13:08 #12Merci pour ton témoignage. Effectivement comme tu le disais, le Canada est ressenti de différentes façons selon ce qu'on a envie d'y faire. Avant que vous partiez quels étaient vos objectifs? Découvrir un autre pays? Quitter la France pour de meilleurs horizons?
En tous cas ton témoignage diffère de ce que j'ai pu lire jusqu'à présent, où soit tout est beau tout est mignon ou soit l'inverse. Tu montres ce que tu as pu tirer de cette expérience. j'espère avoir autant de chance et de courage que vous!
Roz
- 10/01/11, 14:26 #13
- 25/03/11, 19:57 #14
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