1. #1
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    florian 11 ans

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    A force d'arpenter Québec et ses rues, j'aurais pu m'abstenir de mes propres yeux pour y vagabonder. C'était devenu littéralement du par coeur. A la recherche d'une besogne capable de m'alourdir un tant soit peu les poches, j'y allais au culot en jouant les écorchés-vifs auprès des employeurs dans l'espoir d'être engagé.
    Sans le statut, j'étais cantonné à me farcir de la vaisselle brulante en jouant les Mr propres. C'était toujours à l'arrière cuisine, là ou il fait le plus sombre et ou l'on débande le moins, c'était là, exactement là que j'avais ma place.
    Aux allures de restos Jet-Set, c'était mon dernier vatou de la journée, après cette tentative je n'aurais plus jamais essayé.


    Après avoir franchi le seuil de la porte, la lumière tamisée du resto me giflait et s'émouvait d'un plaisir certain à pouvoir jouer la contradiction envers mon style incertain. J'étais le poux sur le cheveux doré. Ca sentait si bon dans ce resto, que ça me rappellait les chiottes d'un aéroport après le service ménage. Plus que du sang, c'était de la feraille dont j'avais besoin.
    Elle au loin et de plus en plus près au fur et à mesure d'un pas assuré, semblait négocier le paysage à merveille. Derrière son comptoir elle lavait son verre d'une main experte, un vrai clip de la pointe façon bar-tendresse... ses mains étaient aussi efficaces que son regard. Comme un joli tableau dont j'aurais subitement deviné le sens, elle dégageait ce qui aurait pu me faire oublier la raison de ma venue.


    Ses cheveux noirs tombaient onctueusement sur ses épaules, une cascade de chevelure brune dont le point central fut ses deux billes oeil-de-chat, le coup de grâce est venu quand son sourire est venu de lui même magnifier tout son être. J'aurais voulu lui dire que s'en était trop ! Préoccupé par la finance, j'annonce alors la couleur.
    Mon dieu ! Si le cuisto me refuse, ce ne sera pas un mal car me voilà déja comblé ! Un pas devant l'autre elle rentre dans la cuisine, surement un autre monde que celui-là. je suis déjà ailleurs ! J'ai eu le droit à moi et rien qu'à moi, à son petit défilé improvisé, sa jupe plisse au rythme où vont ses gambettes. J'aurais voulu appuyer sur le bouton "reward" pour m'en redelecter. Trop tard, la vie n'est ce que qu'elle est.
    Elle épousait si bien l'espace. J'aurais tué pour devenir ce petit courant d'air entre le bar et la cuisine, celui qui a pris plaisir à échouer entre ses deux merveilles.


    Le destin était aussi beau que le reste ce jour-là. Ils m'ont accepté en tant que plongeur. Je vais pouvoir être payé à me nécroser les doigts pour 4 dollars de l'heure. Une triste affaire que voilà, comme une chandelle trouvée pour mieux m'orienter dans un trou de balle. Pas de place pour les ouin-ouins, c'était le jour même et à 16h que je commençais le service.

    Après avoir fait les présentations avec l'équipe et ma machine, c'était à l'éponge usée et à l'ongle que j'y allais ! Ce connard de cuisto sans doute amateur de poudre blanche m'a fait le coup de la casserolle brulante par deux fois. Sans un mot à dire c'était grâce à la complicité du bruit de ma machine que je l'insultais.
    Un court sur patte extraverti, le petit marrant du service qu'on se tape tous au moins une fois le long d'une vie de dur labeur, sa voix criarde et grossière résonnait dans toute la cuisine. Ses "ça va mon gars" lui donnait des airs de Monsieur compassion, ce qui n'allait pas de pair avec ce qu'il semblait être. Son entierté sentait aussi bon que sa matière à travailler, faite de restes putrides et de poissons avariés. L'accent hyper-prononcé et à 100 mots la minute il me baragouinait des trucs que je ne comprenais pas mais que je feignais de comprendre.


    Comme un arc en ciel après le naufrage, je n'oubliais pas de dire aurevoir à ma brune cheveux cascade. Ses regards valaient bien tous les sacrifices. Entre deux, j'avais agis. Si fidèle à ma machine, dans un brouhaha pas franchement propice à la séduction, je lui ai délivré un mot sur papier "Est-ce qu'on t'a déjà courtisé dans une cuisine aux odeurs de poissons pourri?" et même plusieurs autres "Quand tu es à côté, je fais semblant de travailler. Quand tu es loin, sur toi mes yeux sont rivés"
    "Je fais de la poésie dans une cuisine et je cuisine en poésie, et pourtant qu'un homme je ne suis", "Mon stylo bic arrive à sa fin, ma verve elle, est sans fin. Un verre ?", c'était une technique très puissante. Je m'étais fait la main dans les métros parisiens, autrefois. Ravi de voir que même outre-atlantique, ça pouvait porter ses fruits, car elle comme moi, nous étions là, à pouvoir enfin se délecter du regard de l'autre.
    L'unique frontière était ce cocktail Orange mécanique que nous avions choisi à deux, nous en étions encore à avoir une paille pour chacun. 5 verres pour 5 bars différents, c'était avec plaisir que je m'accommodais de cette coutume si étrange qui vise à se faire payer des coups par la dite convoitée. Dans les rues de la basse ville je déambulais fier comme un chalutier ramenant sa petite sirène, dans l'ombre des autres paquebots joueurs de golf peuplant notre resto, je me délectais de ma modeste victoire. Vive Québec.


  2. #2
    Avatar de redwine
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    Excellent !!! J'ai trop ri et quelle belle écriture.

    En attendant la suite ... Bon courage

  3. #3
    Avatar de flo1305
    florian 11 ans

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    Merci à toi

  4. #4
    Avatar de Helene
    Hélène 6 ans

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    Mais quel talent! Je crois bien que c'est la 1ère fois que j'en lis un de ce genre, de ce ton, de cet humour, qui désarçonne et malgré tout donne très envie d'aller jusqu'au bout afin de connaître le fin mot de l'histoire!!
    Vivement la suite!

  5. #5
    Avatar de flo1305
    florian 11 ans

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    Il pleuvait des cordes ce jour-là, mon esprit dans les chaussettes et de l'eau dans celle-ci nous étions le jour de la saint-Jean 2011, mon premier jour sur la terre neuve. La région de Québec, comme la ville elle même, me semblait être une terre pleine de verdure. Mon idéalisation quant à celle-ci était inévitablement pré-conçu, "quoi de mieux que Center Park à échelle urbaine pour y effectuer du camping", pensais-je naïvement... si il fallait faire acte de présence parmi les cons ce jour là, j'aurais sans doute répondu présent sans omettre de pousser la foule... aussi massive fut-elle.


    Les corbeaux aux services du maire volaient dans le ciel, le bruit des pales assassines faisaient écho dans tous les quartiers. Les journaux affichaient tolérance zéro. L'année précédente, un nombre sans doute restraint de Québecois s'étaient sentis pousser des ailes en jouant les hooligans anglais dans les entrailles de la ville, l'alcool aidant. Mr le Maire comme un bon papa gâteau aux allures de vieux sheriff, dégainait donc l'attirail pour contre-carrer le problème à venir. Tout de rouge vêtu et pour ces corbeaux, je n'étais que la cerise sur le plateau.


    A force de contempler le spectacle aérien, en me mouillant, le sommet du Hilton lui même semblait me cracher dessus, entre mêlé avec la pluie, il paraissait en jouir à sa façon d'être si sublime. Du haut de ses airs dominants, comme une belle bourgeoise éffrontée source de fantasme pour l'imaginaire du petit prolo s'en allant à la tâche, elle semblait se moquer de ma petitesse en se suffisant à elle même. Au sein de ce royaume des merveilles, combien sont-ils à jouer avec le canard en plastique dans une eau qu'ils auraient le luxe de juger trop brûlante ? En devenant soudainement bestiaux, combien jouissent de ce que la nature leur à généreusement donner ? le tout sans doute, enveloppés dans ces draps de soie coûteux glissants délicatement sur leurs corps chauds et entrelacés. En rêvassant de la vie des autres je ne pouvais en oublier la mienne, le maillet de la réalité prenait plaisir à me réveiller, plus qu'une chair et tendre sur laquelle me reposer, c'était d'un plumard que je manquais.

    Au fond, éclairé par un restant de soleil lui même trépassé par les nuages, un carré herbeux aux allures de cani-crotte verdâtre semblait m'alpaguer, si ses brins d'herbes avaient eu une voix, je crois qu'ils m'auraient scandés une amorçe du genre "Viens donc beau blond, nous sommes tous fait pour les chiens du voisinage... et toi !".
    C'était si tentant de ne pas avoir le choix, qu'au beau milieu de la ville je dépliais ma tente Queshua sur un terrain sensiblement miné. Devenu la risée de la nature pour cette journée, celle-ci continuait à exercer son supplice de long en large en perçant ma tente par le biais de ses gouttes continuellement dévastatrices. sans courir le risque de dormir en buvant la tasse, un mélange de rage et de fatigue m'évertuait alors à tout faire valdinguer. Tout comme moi, le conteneur de la ruelle d'en face semblait crier famine, plus généreux que lui quant à l'offrande proposée, de ma tente il se régalait désormais. J'ai pu juger du degré désespéré de sa faim au bruit sourd que ma tente a fait lorsqu'elle atteignit le fond de son gosier rouillé, celui-ci au moins avait le mérite de pouvoir se contenter d'être satisfait.


    Retour au point de départ, ce serait une partie de Monopoly, j'aurais déjà jeté les dés dans la tronche de mes concurrents tout en visant les yeux... le temps de pouvoir tricher et recommencer. Comment faire quand nos propres pompes commencent à nous trahir ? Chaque gouttes de pluie semblaient désormais être la goutte de trop dans un vase presque amoché. A l'image d'un rat new-yorkais je rasais les murs couverts, non pas pour éviter la masse humaine car dieu sait que j'en aurais eu besoin mais pour éviter les fruits tombants d'un arbre à l'allure de ciel qui savourait le fait de me refuser sadiquement mon étoile.

    Comme une boulangerie parisienne aux heures d'une ville endormie, la lueur d'un hall d'entrée aimantait mon attention. En y regardant de plus près, je jouais le reflex de la poupouf' fanatique du lèche vitrine en m'attardant sur la devanture d'une presque-auberge qui sentait l'agonie... même soldée, personne n'en aurait voulu. Pour y décrire précisément la chaleur ambiante, ça sentait la famille Adams à plein nez... mais au point ou j'en étais, le plus sérieusement du monde, j'aurais pu m'en contenter. En appuyant sur un bouton qui semblait être une sonnerie, oncle fétide ayant investi dans un régime weight watcher haute volée s'est mit à descendre les marches à une allure tellement lente, que j'aurais pu avoir le temps de compter le nombre de ses cheveux coiffés façon cache misère à implantations hautes pré-calvicique si j'avais eu loisir à le faire. Au vu du trousseau de clés jonchant ses hanches maigrelettes allié à ma déduction presque implacable à ce moment précis, j'en ai déduit instinctivement qu'il était irrémédiablement le grand gardien du sanctuaire.

    Aussi accueillant qu'un bouldoge anglais fièrement défenseur de son propre fief, l'agréable monsieur à tête d'ange des abysses n'avait visiblement jamais été victime des techniques marketing hôtelière du grand capitole. On ne pouvait pas dire qu'il tentait de me noyer dans l'océan de la promotion, et pour cause... "S'tun r'fuge pour démunis". Mmmmmmmmh... je crois que la merde commençait à avoir une douce odeur de rose car une fois ses propres mots prononcés, je voyais son visage se métamorphoser, sa tête de canin battu devenait celle de la belle Alice aux pays des merveilles. L'araignée prélassée sur sa toile à l'angle droit de la porte semblait me déclencher un sourire sur-édenté façon walt-disney tout en sirotant son cocktail au jus de mouche, elle aurait eu autant de pouces qu'elle n'avait de pattes elles les auraient surement tous dressés en l'air, histoire de me dire "bien joué, t'as gagné". A mes yeux, sa toile devenait du coton. Monsieur Alice m'invitait de lui même à pénétrer ce chaos architectural. Je tournais désormais le dos à un ciel visiblement enragé de me voir lui échapper pour de bon.

    Mon dernier regard était adressé à cette dame Hilton faite de béton hôtelier amèrement dominante, aussi droite qu'une amazone prête à se battre pour son chef jusqu'à ce que la mort l'emporte, chacune de ses fenêtres illuminées rappelaient les yeux d'une famille de chats noirs pourvu d'autant de vice que la nuit elle même. Après tricherie au Monopoly, on aurait pu dire que j'avais réussi à m'en sortir en m'achetant ce piteux h o t e l rue de la paix. "Aujourd'hui j'ai connu ma petite guerre, dans mon lit et au chaud, je dors à l'Auberivière."
    Dernière modification par flo1305 ; 01/12/12 à 04:29.

  6. #6
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    "On peut mystifier la réalité tout le temps qu'on ne l'a pas vécu. Jusqu'au jour venu ou j'ai su."

    Ceci est un hommage à l'être le plus intense qu'il m'ait été donné de rencontrer, il était à l'époque SDF dans un camping d'Avignon, écorché jusqu'à l'os, asexué, artiste jusqu'au bout du pinceau. Je n'ai jamais su ce qu'il est devenu. Voici son anecdote :

    "Tous les matins, avant d'aller au charbon, mon habitude était de passer chez m'dame la boulangère, les croissants chauds étaient devenus un prétexte. Ca ne m'empêchait pas de les noyer dans mon café, clairement que non. Mes viennoiseries préférées étaient ceux qu'elle portait si bien dans ses petits soutifs à dentelle rembourrés par sa propre masse laitière, ma belle boulangère. J'aurais troqué mon age pour celui d'un nourrisson uniquement dans le but de pouvoir m'en abreuver. Elle portait un collier qui me servait de prétexte S.O.S si elle avait eu le cran de me reprocher mes coups d'oeil trop insistants, parcontre je plaignais son collier ! pauvre de lui ! Si prêt du but sans même pouvoir y plonger ! Elle m'aimait bien je le savais, ça devait surement la changer que de faire causette avec un mec de son age, plutôt que de se farcir les têtes blanches matinales promènent-toutous adeptes du trop-parler. Après coup, je me suis aperçu qu'il n'y avait pas que ses croissants qui étaient chauds... elle le devenait tout autant les fois ou j'osais outre-passer les barrières des petites conventionnalités. Tout est dans le paradoxe fiston ! Quand elles ont les joues rouges, alors c'est le feu vert ! J'ai pas attendu qu'on me klaxonne pour passer la première, elle était à point ! Mûre qu'elle était ! Derrière sa petite caisse, je m'en vais la chercher... je noie mon propre visage dans le sien et tout le reste ne faisait désormais qu'un. Une vraie cambrure de crystal, elle me parlait avec son propre souffle, elle prenait tendrement en otage tout mon inconscient, le silence parlait mieux que tout ce que j'aurais pu lui dire, ses petits sourire en coin coquin définissaient à merveille l'échelle de son désir sans cesse accentué par mes prises d'initiatives de plus en plus osées. Elle ferme subitement la boulangerie l'air de me faire comprendre qu'il faut que je termine ce que j'ai commencé, après ça, j'ai ôté ses chaussures... et il y a eu... cette putain d'odeur de pieds !"
    Dernière modification par flo1305 ; 01/12/12 à 14:14.

  7. #7
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    La file d'attente était un serpent entièrement constitué de masse humaine, entre les rejetons impatients et les parents aux bords de la fatigue, on pouvait distinguer les jeunes Français adeptes de l'aventure à leurs mines neutres et attentives, ils attendaient la grande glissade. A chacun sa manière, que ce soit en triturant nos passeports ou en baillant nous attendions tous le tampon douanier garant du bon déroulement de notre futur séjour.

    Je priais déjà dieu de ne pas tomber sur une femme douanière, je sais d'emblé qu'une femme en uniforme, de n'importe quelle contrée soit-elle, aura toujours tendance à m'irriter en jouant les fausse dur sur-autoritaire chippeuse de phalus, j'ai toujours trouvé ça grossier et un tantinet trop caricatural pour que je puisse me permettre d'y croire. Toujours est-il que sur les 6 checkpoints, 1 seul était l'objet d'une femme en service... il a fallu qu'elle accroche mon regard pour me laisser comprendre que mon tour était arrivé. Elle a très vite flairée le paumé en me mitraillant de questions, au bout du compte j'ai eu le droit à mon ticket de manège pour aller faire un tour au bureau d'immigration enchanté. Au milieu des autres, j'étais l'unique face blanche. En entrant dans le bureau, c'était un tête à tête qui semblait prendre une tournure en ma faveur, le douanier avait repéré la guitare qui m'accompagnait, le Monsieur était également musicien. La musique est devenu un sujet prenant toute l'ampleur de notre discussion, le reste était devenu secondaire. Il devait quotidiennement s'user la langue à questionner les autres, ça le changeait et ça rendait la tonalité plus légère. Entre deux, je lui expliquais que je n'aurais rien à gagner à marcher sur un fil de razoir en jouant le clando basculant dans l'illégalité au sein d'un pays qui m'attire autant. Si il ne m'a pas cru, c'est qu'il a eu au moins pitié, passeport cacheté !
    Pour finir sur un touche fantaisie, je me suis fait plaisir en confiant à celui-ci que mon premier amour fut tendrement forgé grâce à une sublime Québecoise lors d'un été à Paris, depuis j'espère secrètement pouvoir revivre une histoire semblable... Il m'a alors demandé "comment sont les parisiennes ?" Je n'ai pas répondu...



    Derrière cette porte, je pensais y trouver un ciel bleu et une route sans fin, un joli petit paysage synonyme de délivrance. Désillusion faite, c'était le dernier rempart. Une brune policière robocopisée aux épaules rembourrées scannait les affaires de tous les passagers sans toutefois négliger de s'attarder sur les miennes.

    Elle passait en revu l'intégralié de mon sac, sans en oublier le fond et les recoins. Elle aurait pu rentrer dedans qu'elle l'aurait surement fait. Le flair aussi affûté que celui d'un caniche, elle avait dégotée sa trouvaille du jour... un CV que j'avais rédigé 2 semaines avant lors de ma recherche de boulot à Avignon. Elle était aussi fière que je me suis retrouvé con sur le moment. En marmonnant quelques mots en direction de son talky de super flic moderne apposé sur son épaule, les renforts arrivaient. Elle et eux trois étudiaient à la louche ce papier que je regrettais de ne pas avoir laissé mourir au fond des chiottes. Le douanier musicien m'ayant au préalable sondé dans le bureau semblait être le meneur, j'ai eu le droit à sa clémence... elle a ordonnée quand il l'a sommé de bien vouloir me laisser partir. Québec me voilà.
    Dernière modification par flo1305 ; 01/12/12 à 20:42.


  8. #8
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    Le gérant d'une boutique de glace à la con m'avait rencardé pour me tester, à savoir si j'étais capable de manier correctement sa cuillère à glace à la conne pour servir proprement ses clients à la con... il m'avait ordonné de porter une toque façon grand chef de cuisine sans le prestige qui allait avec. Comme tous les pu du bec qui peuple cette terre il avait la fâcheuse tendance à me parler près du nez, j'étais malgré tout obligé de jouer le commercial un tant soit peu sympathique dans l'espoir de me faire engager pour un contrat minable à 5 h la semaine... en vérité je fantasmais à l'idée de pouvoir lui enfoncer une de ces glaces à la vanille pistache synthétique au fond de la gorge dans le but de remettre sur pied son haleine qui sentait le métro.
    Il jouait le démonstrateur et moi l'initié, d'un coup de main il avait rempli sa cuillère de glace pour la mettre sur son cornet, bien joué... à mon tour... après 3 essais pas franchement concluants, voilà qu'il s'était payé le luxe de me demander de libérer la place pour quelqu'un de plus compétent. Comme-ci il m'avait fait venir juste pour le plaisir de me voir repartir.

    Après son "non", pour se justifier, comme le père castor, il me racontait ses histoires... "Ma meilleure vendeuse est aveugle et mancho, et pourtant, elle est arrivée à faire une glace du premier coup". Il essayait de me faire passer pour un con avec ses histoires digne du guiness plouc des records. Je surjouais l'émerveillé dans le but de lui faire subtilement comprendre qu'il aurait pu se brosser pour m'arracher une larme à l'oeil. Les poches aussi vides que l'estomac, je suis sorti de la boutique pour finir par me faire des pates nature sans sel, à l'aide de mon petit rechaud à gaz... à la con.


  9. #9
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    Je me réveillais sur un rocher aux abords d'un fleuve dont j'ai aujourd'hui oublié le nom, le bateau de Jacques Quartier lui même avait sembla-t-il vogué sur ces eaux, c'est un guitariste résidant dans le coin qui me l'apprendra plus tard.
    A la nuit tombé, lors de mon coucher, je n'avais rien vu. Au petit matin, lors du réveil, tout était devenu plus clair, je pouvais distinguer sur le rocher voisin, une seringue aux allures inoffensives nourri par un rayon de soleil craintif.
    Elle assumait son statut d'artefact de la mort. Tout comme moi elle était ingénieusement cachée parmi les ronces, les arbres, et cette végétation marquant la frontière entre cet espace et le reste d'une vie mouvementée avoisinante.


    Et dire qu'un de mes semblables avait surement touché le ciel à sa manière en s'introduisant cette substance de la mort dans les veines. La prise de drogue devait être le sport des environs car la veille, durant une après midi guitare, un mec (la quarantaine) s'était tapé une ligne à même le sol en m'invitant à le rejoindre pour son festival des narines. Après sa dose il m'avait proposé au moins 5 fois de suite de tenter ma chance "Hey Mannnn tu d'vrais aller à la t'rasse Dufrin tu t'feray des piEAAAces", "Chrai toué j'rai jouay là haut pour faire des piEAAACCCCes" "S'malade, t'jou vraiment bien t'as dja été à la t'rasse dufrin Man ?". J'ai dit non et je suis allé manger à l'auberivière.


    J'étais parti vous dire que les mauvaises rencontres restent plutôt rares à Québec, comparativement à Montréal, quand je me suis soudainement souvenu de ces deux chattes errantes qui ont essayées de pratiquer le vol à la tire sur mon chum (un Québecois - la cinquantaine). Celui-ci et moi même sortions d'un bar du vieux Québec sur les coups d'une heure du mat' (à moitié torchés sinon quel est l'intérêt de sortir du bar ?)
    quand une donzelle aux yeux plissés demanda sur un ton comme un autre, l'heure à mon acolyte. (Disons que mon ami gagne bien sa vie et aime le montrer) Les deux petites chattes ont du flairer le petit lait, sa montre devait dégager le calcium à plein tube... et pourtant la montre n'était qu'un pretexte de diversion, le saint graal convoité était tenez-vous bien... ce sac en plastique qu'il tenait d'une main. A l'intérieur ? Des bières Bravia... le genre de bière qu'on aime lui et moi déguster devant une game de Hockey Mmmmmmmmmh.

    L'une des deux à profiter de la seconde d'inattention de mon ami pendant qu'il étudiait son cadrant dans le but de lui donner l'heure quand subitement et aussi vive qu'une vipère, elle a tentée de chipper son sac plastique, autrement dit NOS bières. Une femme peut très certainement piquer les couilles d'un homme, mais pas question de toucher à ses bières.
    Directement venu de l'intérieur, ça n'a pas prévenu... une crise de fou rire improvisée, à voir mon ami les dents serrées, nervures sur crane dégarni apparente, lutté pour préserver son précieux magot à 8° et les cheveux virevoltants de la nana qui poussait des cris de travelo-transgénique sur qui on aurait marché sur le pied.


    Autre anecdote et pour mettre Montréal sur le même pied d'égalité, j'étais pleinement investi dans mon art à tenter de trouver un de ces assemblages de notes sacrées en baladant mes doigts sur ma guitare dans l'espoir de faire tomber les pièces dans les métros de Montréal, quand soudain, un type au bide ENORME et torse nu s'est mis à courir en ma direction. Un genre de buffle en rute qui après des jours de recherche, avait enfin trouvé de quoi s'occuper...
    comme une biche éclairée par les phares d'un 4x4, je n'attendais qu'une chose, subir...
    le mi-homme mi-autrechosedepashumain a mis sa tête en face de la mienne en déclarant "Sé à MOUéééééééééé!!!!!", j'aurais baigné dans une espèce d'ambiance déconnade, j'aurais pu lui répondre par un "de quoi l'haleine saveur couche de nourrisson?" mais sur le coup j'aurais tout fait sauf en rire. La couche pour le coup, c'était mon slip... quand il s'est baissé pour voler mes 3 dollars durement acquis pour finir par repartir dans les méandres souterrains de Berri Uquam, j'ai pensé comme un samouraï en supposant l'accent qui va avec "3 dollars, n'est-ce pas là le prix de sa dignité ?"


    Puisque j'en suis à faire défiler les anecdotes, autant finir sur une jolie touche. Elle restera cracra-rock'n roll mais elle est d'un tout autre genre, si cette anecdote devait être une musique, je crois que ce serait "Cryin'" d'Aerosmith.


    L'ampli poussé à fond, je laissais mes notes s'évanouir dans le métro de Berri-Uqam quand un genre de dame ginette (film - les visiteurs) s'est accroupit dans un petit recoin sombre qui ne devait surement être promis qu'à la pisse.
    Malgré la robe plutôt ample, j'ai pu voir (sans m'y attarder) tout le spectacle. Elle ne faisait rien de dégueulasse, rien qui n'aurait pu offenser les passants. Elle se préparait juste sa pipette à crack. Sa session assemblage kinder surprise pour grand a du lui prendre en tout pour tout 5 minutes, 10 maximum, je ne m'en rappel plus mais cela nécessitait tout son entrain.

    Enfin, elle s'est avancée vers moi pour m'adresser quelques mots tendres, aussi familièrement moraliste qu'une grande soeur elle me livrait en fin de compte, la profondeur de son coeur par le biais de sa gentillesse interposée.
    Un coeur sans doute mis à mal par bon nombre de maris, d'amants, de macros, de pervers... C'est exactement le type de personne sur lequel nous avons tous jetés un regard faussement compatissant dans le but de soulager notre esprit, un petit "oh la pauvre" et c'est reparti", car au fond... nous n'avons rien de mieux à faire que de nous occuper de nous mêmes, et c'est au fond, une tâche déjà assez difficile.
    Son coeur devait être dans un état aussi lamentable que ses poumons et pourtant... c'est avec une candeur à toute épreuve qu'elle m'a récitée un de ses poèmes bouleversant, sans oublier, ne serait-ce qu'une seule fois, de me regarder dans le blanc des yeux, croyez le j'en devenais tout con... je prenais une belle gifle à 10 sur l'échelle de l'intensité. Elle m'a ordonnée de toujours croire en moi et en mon art, car pendant qu'elle s'est fait culbuter dans son misérable coche dans le but de subvenir à ses propres festins toxicomanesques, le coche de son destin lui, était bel et bien parti.




    Un passant Québecois m'a gentiment proposé d'effectuer un montage relatif à ce que j'ai produit en jouant de la guitare dans les métros de Montréal :
    Voici sa vidéo (merci encore à lui) : Voir le Monde Autrement... Montréal, 20 Octobre 2011 - YouTube
    Dernière modification par flo1305 ; 17/12/12 à 02:59.


  10. #10
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  11. #11
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    Il y avait un gros bonhomme à tête d'insomniaque marqué par les cernes su un banc ancré au bâtiment de l'auberivière (auberivière = équivalent de la croix rouge)Dans cet univers où la misère se côtoyait quotidiennement, à l'image d'une jungle, mieux valait faire profil haut pour être un tant soit peu respecté. Cet homme là semblait frêle et fragile, prêt à se faire becter à tous les instants, et pourtant... il se dégageait de sa personne une certaine force tranquille, comme un gros matou caractériel amateur de ronflette qu'on ne tenterait pas de déranger sans avoir réfléchit à deux fois aux conséquences que ça pourrait engendrer.

    Je n'ai pas eu de mal à faire sa connaissance et je jouissais d'une certaine impression d'exclusivité en sa faveur. Entre deux pof' de cigarettes, il m'avait intimement confié aimé par dessus tout la culture Française, je jouais la carte de la connerie en lui balançant être ravi de pouvoir concevoir qu'un fromage puant puisse jouer en ma vertu. Il a rit, j'étais content de me sentir drôle sur le moment.
    Aussi naturellement que la discussion a commencée, nous l'avons poursuivit dans les rues du vieux Québec en slalomant les touristes de tout horizon.

    Faire 15 mètres nous prenait 1 minute et 30 secondes, pour la simple raison qu'il avait un handicap' causé par une chute à la suite de la rénovation d'une de ses propriétés. D'une pierre deux coups, sa femme après l'accident n'a parait-il plus jamais été la même, sans négliger d'aspirer toute son énergie et son fric, elle s'est tirée avec le jeunot bellâtre du coin pour le laisser se morfondre sur un fond morose de nostalgie, ruiné sa nouvelle compagne était désormais la méthadone. Méthadone, qui était la cause de ses élans de fatigue prononcée. Jim était son nom.

    Il ramassait les mégots de cigarettes à moitié terminés comme il aurait cueillit des fleurs, parfois nous nous laissions emporter par les rêves... après tout le rêve est la seule richesse du pauvre. Que ce soit de bouffe ou de nanas, tout était matière au débat. Il me parlait souvent de sa fille qu'il aurait aimé me présenter, chaque fois qu'il me dressait son portait, ses yeux devenaient plus clairs qu'ils ne l'étaient déjà, émerveillé par ses propres mots, il aurait pu me raconter la plus belle des histoires d'amour au monde, ce serait surement en employant le même ton.
    Au fond (ou plutôt dans le fond)... même si ma petite fierté de jeune coq de basse-cour n'oserait pas l'avouer... le scénario du vagabond paumé trouvant sa douce moitié sur une terre qui n'est pas la sienne m'aurait bien convenu, mon côté rose bonbon couillon me trahira décidément toujours.

    Quelques semaines plus tard, en me laissant aborder par les personnes sensibles à ma pratique de l'instrument dans les rues de Québec, j'ai pu me trouver une chambre généreusement prêtée par une âme charitable. De ce fait j'ai chaque jours un peu plus perdu le contact avec Jim.

    Plusieurs semaines plus tard, je l'ai croisé à la bibliothèque Gabrielle Roy. Encore plus fatigué que je ne l'avais connu il avait l'air de se laisser doucement aller. Ras le bol de tout il était désormais à la rue et avait surpris sa fille sur qui reposait tous ses espoirs, à faire l'aguicheuse pour un salon de massage qui offrait bien plus que de simples massages... je n'ai plus jamais eu de nouvelles de sa part.
    Dernière modification par flo1305 ; 06/12/12 à 06:02.


  12. #12
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    florian 11 ans

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    La nuit commençait a tombée sur Québec, sa beauté était d'une toute autre saveur, encore plus mystifiée elle était aussi tranquille qu'une adorable étudiante sur un banc des jardins du Luxembourg. Promptement éclairée par tous ses lampadaires, la ville devenait une superbe scène grandeur nature, une vraie toile pleine de couleurs si fraiches qu'elle paraissait reluire sans cesse. Les musiciens ainsi que les acrobates et autres amuseurs de rues faisaient leurs numéros, les touristes ne formant plus qu'une seule et même entité se gargarisaient de tout le charme de la ville, un à un et tellement comblés qu'ils en marcheraient presque les uns sur les autres sans jamais éprouver la moindre douleur, bien trop anesthésiés par l'investissement consacré à l'exploration de toutes ces ruelles à plaisir.

    Comme le déserteur d'un doux combat, je m'échappais de la masse pour gagner l'arrière d'un bureau de change aux allures de manège enchanté, j'y apposais ma couette à même le sol en bois. Le soleil fracassant de toute une journée ne donnait aucune chance à ce sol qui exprimait toute sa saveur une fois l'agréable fraîcheur du soir venue, le bois semblait expirer toute son essence, il était si parfumé.

    Dans la continuité, allongé, j'avais l'impression de me faire caresser par les mains d'une mère nature, en haut et dans le ciel éternel, la lune semblait veillée sur ses petits, des millions d'étoiles si brillantes que le magnifique firmament paraissait être une peau laiteuse d'adorable pucelle joyeusement parsemée de ses précieux bijoux,
    cette nuit me berçait par le biais de sa délicatesse, le vent se ressentait aussi bien qu'il s'écoutait.

    Parce que les rêves ont une fin, aussi fidèle qu'à mon premier jour, la pluie briseuse de rêve, en me réveillant me claquait de toutes ses gouttes.
    Bien obligé de contrer la sentence, je m'extirpais et courais à la recherche d'un abri, le tout assez maladroitement car à moitié dans le gaz et fatigué. Probablement que vu de derrière toutes les fenêtres environnantes, là où il faisait bon et chaud, je devais passer pour le clocheton bourré. Une cabine téléphonique était située sur le bas côté de la rue, le succès de celle-ci n'appartenait désormais qu'aux souvenirs, elle devait surement être fière d'avoir puisée en elle une certaine utilité ce soir là car elle me servait d'abri à ce moment précis.

    Deux silhouettes semblaient s'annoncer, au loin et de plus en plus près. Sans avoir l'air d'oeuvrer pour la saint mère Theresa, ils m'ordonnaient de sortir de la cabane téléphonique... la dernière fois où j'ai sensiblement employé le même ton devait être la fois où j'ai demandé à mon chien de virer du canapé, sans oublier toutefois de lui jeter le jouet qui couine histoire de me faire à moitié pardonner. J'aurais dû me douter que ça ferait tâche dans le décor que de me pavaner au coeur de la ville à la façon roumaine, un drap sur la tête. Au milieu des rues, les feuilles mortes volaient pourtant seuls dans l'atmosphère excité tout en paraissant exécuter des figures de volatile, les quelques papiers à terre semblaient apprécier à se courir après sans jamais paraître essoufflés, en vérité tout semblait subitement désertique, un chaos soporifique où seule la pluie semblait jouer le jeu assumé de l'extravagance.

    Une fois confortablement installé sur le siège passager arrière droit à la suite de l'invitation gracieusement ordonnée par ces deux messieurs, je pouvais apprécier le confort rudimentaire d'un siège qui a surement dû subir contre son gré tous les culs les plus mal entretenus de la ville, ça sentait la classe maternelle en pénurie de couches. L'état Canadien aurait à juste titre préféré la présence d'un touriste dans l'une de ses nombreuses boutiques souvenirs, un touriste prêt à dégainer le porte monnaie pour s'acheter un porte clé à symbole Québécois lui même condamné à finir dans le petit bol des piles mortes françaises. Au lieu de ça je m'offrais l'escorte de deux flics à une heure du matin et pour moi tout seul...

    Retour à la case départ et accompagné par ces messieurs, me voilà de retour à l'auberivière pour une douche me rappelant que l'eau elle même maitrisée par l'homme peut être merveilleuse parfois, j'enfile mon pyjama taille trop basse dans les volutes des vapeurs. Pour gagner ma chambre, me guider par le biais des ronflements des autres occupants était devenue une astuce presque intériorisée, mon camarade de chambre était un point lourd à ce niveau là, même si, il faut l'admettre, celui de la chambre d'à côté lui faisait franchement concurrence.

    La bouche ouverte rappelant celle d'une octogénaire trop longtemps oubliée, le filet de bave à matière mousseuse sur l'oreiller innocent, ses orbites avaient troqués ses yeux au profit d'un oeuf dur blanc. Forcément, à force de carburer aux cachetons, ceux qui avaient le courage de s'en remettre à la méthode dite naturel trinquaient et devaient subir le sommeil synthétique de tous les autres. Me sentant comme obligé d'assister au grand concert des tracteurs, c'était une des raisons principales qui m'avait poussé à ne plus vouloir dormir à l'Auberivière. Ce soir là, il fallait choisir entre la pluie ou le bruit.

    Le lendemain matin, en me réveillant dans mon bol de céréales, je fantasmais déjà à l'idée d'apprécier une bonne poutine chez Ashton en basse ville, dégueulasse pour les uns ou bien délicieuse pour les autres, j'étais devenu assez réducteur pour croire que je faisais apparemment parti de la bonne graine Française ouverte d'esprit étant donné mon fanatisme envers ce petit plat typiquement Québecois. Toute ces frites noyées dans une sauce abondante parsemée de ses petits échantillons de fromage en carré, c'était un luxe que j'avais l'habitude de m'offrir assez régulièrement.

    L'autre jour, je m'en rappel, attablé dans un angle droit du restaurant, assez éloigné pour ne pas être dérangé par les courants d'air, mon voisin de table aurait sans doute aimer manger plus que ce qu'il y avait dans son assiette étant donné ses rafales de regards insistants transpirants le désir allié à sa façon pour le moins choupinesque de tenir sa fourchette. En parlant voyage et musique, voilà que nous ouvrions tous deux les portes de nos personnalités respectives, l'occasion pour lui de me dévoiler son orientation sexuelle bien assumée. Je me suis toujours demandé si un jour j'arriverais à assez détester les femmes pour en arriver à aimer les hommes mais je dois bien avoué que j'en avais pas assez chié pour en arriver à une conclusion aussi fatidique que celle-ci. Il m'a laissé son numéro en quittant la pièce, j'étais d'habitude l'arroseur, j'étais pourtant bien arrosé. J'avais l'impression loufoque d'être la belle flâneuse à jupe flottante sifflé par l'ouvrier, celle qui ne regarde même pas d'où vient le bruit car son égo nourrit lui suffit. Ce type est pourtant devenu l'un de mes meilleurs amis.
    Dernière modification par flo1305 ; 24/12/12 à 02:54.