Pour ceux qui n'ont pas lu les trois premiers chapitres, il s'agit juste de notre aventure PVT à Mat et moi, des démarches avant le départ, des démarches une fois sur place, des difficultés, des joies, du PVT en couple, de la naissance/évolution de pvtistes.net
Les chapitres précédents :
Avant que tout ne commence
Et c'est parti !
Octobre 2005
Ce quatrième chapitre est plus bref :
Alors que je discute avec mon supérieur de mes impressions sur mes premiers cours donnés, la directrice de l’école demande à me voir. Ce n’est donc pas sans appréhension que j’entre dans son bureau. Je suis à des kilomètres de m’imaginer qu’elle va me tenir un tel discours. Ils ont besoin de moi pour traduire des documents en urgence. Ils ont embauché une jeune fille qui se prétendait bilingue pour remplacer temporairement leur traducteur officiel. Elle a attendu la dernière minute pour leur avouer qu’elle n’était en fait pas capable de remplir sa mission.
Il ne me reste que quelques jours pour traduire une dizaine de documents concernant la méthode Berlitz et son enseignement. C’est avec plaisir que je relève ce défi non seulement pour moi, mon expérience personnelle, mais aussi pour les heures de travail qui vont d’ajouter à ma feuille de paie. C’est donc à moi aujourd’hui, de tester en quelque sorte, la méthode free lance…
Je suis épuisée. Berlitz me confie beaucoup de cours – je ne me plains pas, au contraire – et mes traductions donnent à mes journées le rythme métro, boulot, métro, boulot, dodo.
C’est un peu par hasard que Mat, en discutant avec notre supérieur, découvre qu’en étant professeur, il peut assister à des cours d’anglais le matin pendant quatre heures et ce gratuitement. Autant dire que c’est une opportunité à saisir pour lui. Je pourrais également en profiter mais il s’agit de cours pour débutants et je crains de m’ennuyer. En plus, j’apprécie tout particulièrement mes cours du matin avec des employés du gouvernement qui s’apprêtent à passer un concours pour lequel le français est indispensable, je ne veux donc pas sacrifier ces heures précieuses avec eux.
Nos journées se suivent et se ressemblent. Tous les matins, je donne mes cours, Mat passe devant ma salle de classe pendant sa pause, souvent il fait l’idiot et je souris. Au fil des jours, mes élèves le connaissent de mieux en mieux, non seulement parce qu’ils le voient souvent avec moi dans l’école mais aussi parce qu’il est l’un de mes principaux outils de travail.
La méthode Berlitz consiste à peu prés à cela :
Professeur – « Si j’avais de l’argent, j’achèterais une maison et vous ? »
Elève – « Si j’avais de l’argent, j’irais à Paris »
Nous évitons ainsi une phrase du genre « Lorsque vous émettez une supposition, le « si » est suivi d’un verbe à l’imparfait et le verbe de la deuxième partie de la phrase est au conditionnel », phrase qui n’a pas trop de sens pour un élève débutant et qui n’a absolument aucun impact sur lui, même s’il apprend la règle par cœur. Bref, tout cela pour dire qu’il me faut trouver, à chaque cours, matière à préparer des phrases et des questions « intéressantes » pour faire acquérir à mes élèves certains automatismes. C’est ainsi que souvent, je prépare des phrases qui me concernent et Mat revient régulièrement sur le tapis…
La soirée pvtistes de ce soir est particulièrement marquante puisque nous rencontrons Ronnie, Sophie, Aurore, Alex, Mike et Akienn, petit groupe que l’on verra souvent et avec qui on partagera de très bons souvenirs, surtout Ronnie et Sophie en fin de PVT et Alex, avec qui je déjeunerai un ou deux midis par semaine pendant plusieurs mois.
Demain, Seb, Stef et Haby arrivent. Mat et moi sommes vraiment contents de les revoir. Il va les chercher à l’aéroport pendant que je travaille.
Ce soir, il neige… On va tous dans un restaurant pub où on a l’habitude d’aller avec Mat. Je crois qu’ils ne réalisent pas trop qu’ils y sont enfin. Ils se rendront compte de la situation dans les prochains jours, lorsque Mat leur montrera la ville.
Stef dort sur notre grand canapé beige et Seb et Haby dans notre canapé lit dans le salon. Notre appartement est sens dessus dessous, ce n’est pas évident de passer de deux à cinq sans tout chambouler mais ça ne nous pose pas de problème, ça nous rappelle un peu nos vacances à Pyla !
Mat fait part à Stef de quelques difficultés qu’il a pour finir le projet de site Internet et en quelques jours ils parviendront plus ou moins à trouver une solution, suite à quoi Mat rendra son tablier.
On continue à travailler pendant que Seb Stef et Haby cherchent un appartement. Il est temps pour nous d’expérimenter la difficulté de vivre avec les autres, d’autant plus avec des amis. Forcément, s’il y a bien des gens avec qui on ne veut pas se disputer, c’est eux…
Ils resteront plus de deux semaines chez nous, visiteront pas mal d’appartements avant de trouver le bon. Mat et moi vivons de plus en plus difficilement leur présence chez nous, parce que c’est le bazar, parce qu’à force, on ne se sent plus vraiment chez nous, parce que nous aimerions nous retrouver un peu. Quelques tensions font surface au 207 Montrose Avenue, entre nous et les autres et entre Mat et moi…
A leur présence, s’ajoutent la fatigue du travail, la pression que subit Mat avec son projet de site – qu’il souhaite interrompre prématurément, malgré les nombreuses relances de son employeur - et, ce n’est pas négligeable, le manque certain d’argent. En effet, en cette fin de mois de novembre, nous avons en tout et pour tout 70$ sur notre compte en banque. Nous attendons de l’argent de Berlitz vers le 7 décembre, mais entre temps, il nous faut payer le loyer, les cartes de transport… Et après ?
Après il nous reste quoi de notre paie ? Nous allons devoir faire attention, même si nous ne prévoyons pas de changer nos projets faits avec ma famille qui arrive très bientôt : aller aux chutes du Niagara et à New York ! J
Comme Laurent nous l’a conseillé, nous avons envoyé à la société pour laquelle Mat a travaillé (pour la création du site Internet) une facture de plusieurs centaines de dollars correspondant aux heures passées à travailler depuis la maison. Nous ne nous faisons pas d’illusion, peut-être qu’il ne sera jamais payé, mais qui ne tente rien… ne tente rien, n’est-ce pas Mat ?
Seb, Stef et Haby font leur pendaison de crémaillère ce soir. Leur appartement est très sympa, pas très cher et nous nous retrouvons là avec quelques pvtistes. Je suis contente de voir Haby avoir son premier vrai appart (oui parce que son 10m² dans la cité universitaire d’Antony…).
On retrouve notre appartement avec Mat mais on sait que d’ici deux semaines, ma maman, mon frère et sa chérie vont venir et qu’une fois partis, ils seront remplacés par Tom, le meilleur ami de Mat. Je sens que ce mois de décembre va nous faire du bien car c’est là qu’auront lieu nos premiers voyages ! Au programme, en plus de NYC et des chutes du Niagara, le Parc Algonquin et sans doute un deuxième séjour à NYC pour le Nouvel An, avec les copains cette fois !
Je suis un peu tracassée, malgré tous ces projets sympa, car au moment de Noël, les élèves se font très rares chez Berlitz donc nous n’allons pas beaucoup travailler. En plus de ça, détail bien plus futile, je ne parle pas anglais. Je ne dois parler à mes élèves qu’en français (même si entre deux cours, on parle anglais). Nos potes sont essentiellement Français et puis on a beau dire, mais vivre avec son chéri – Français – ça n’aide pas à parler anglais. On s’imaginait avant de partir de France, que peut-être de temps en temps on pourrait parler anglais tous les deux, mais même si des fois on a des élans de motivation, le français revient au galop, c’est tellement plus facile…
Sur pvtistes.net, je lis qu’il existe un site Internet, « shared talk », site de chat pour les gens qui veulent pratiquer une langue. Il faut se trouver un pseudo, spécifier quelles langues on parle et spécifier celles que l’on veut pratiquer. C’est ainsi que de temps en temps je parle anglais sur Internet mais bon ce n’est pas vraiment comme ça que je voyais mon année à Toronto… Il va falloir chercher un autre job !
J’aimerais bien bosser chez Starbucks ! J’adore l’ambiance qui y règne mais je sais que la paie est assez médiocre.