Chaque année je fête mon anniversaire avec Montréal. Celui où je suis arrivée à Trudeau sans avoir encore de billet de retour. Je ne revenais pas de ce que je venais de faire : traverser l'Atlantique pour tenter une aventure à ma mesure (en stage, donc pas trop à l'aventure, mais pour moi c'était déjà beaucoup). J'avais eu un coup de cœur pour Montréal deux ans auparavant, la première ville nord-américaine où j'avais posé les pieds. Je me souviens encore du moment où j'avais traversé le pont Champlain et où j'avais découvert la skyline de la ville, sous le soleil brûlant de juillet. Cette idée de revenir ne m'avait pas quittée. Et ce jour là, j'y étais enfin, pour 7 mois, 7 mois qui me paraissaient longs, mais qui sont pourtant passés à la vitesse de la lumière.
Pendant 7 mois, j'ai tellement marché pour découvrir la ville (et aussi parce que je n'avais pas les moyens de me payer les transports en commun), j'ai parcouru toutes les rues arrières de la Petite Patrie et de la Petite Italie. J'ai passé un temps incroyable au Jardin Botanique, à me faire piquer par des moustiques sanguinaires du cru. J'ai assisté à plus de concerts que dans toute ma vie. J'ai acheté une quantité improbable de livres et de vinyles d'occasion. J'ai rencontré des gens formidables.
J'ai découvert une ville avec laquelle j'étais parfaitement en phase, je me suis découverte, j'étais une autre "moi", une "moi" améliorée, plus confiante, plus fonceuse, plus mature. J'y suis devenue adulte.
Mais j'ai aussi regretté beaucoup de choses : rater la naissance de ma nièce, les réunions familiales, les sorties entres amis, les bons et pas chers restaurants lyonnais, la richesse du terroir français, la diversité culturelle de mon beau pays. J'ai décidé de rentrer, je crois que même aujourd'hui, j'aimerais retourner à Montréal, pour quelques mois, à nouveau. Et pourtant, je ne m'y vois pas m'y installer. Même 6 ans après, cette sensation d'avoir le cul entre deux chaises est toujours désagréable !
Je ne souhaite pas faire mon deuil de Montréal, tant pis, j'y retourne autant que possible, même pour quelques semaines, pas seulement par nostalgie, mais aussi pour construire de nouveaux souvenirs là-bas.
N'hésitez jamais à partir, que ce soit à Montréal ou ailleurs.