"French shopping" : un PVTiste honteux de ses actes

Bonjour,

Je tiens à partager une triste expérience que je ne souhaite à personne.

Dire que je suis peu fier de ce que j'ai fait est bien loin de ce que je ressens actuellement mais si cela peut aider à sensibiliser les futurs pvtistes et les pvtistes actuels, alors mon message aura servi à ce que j’aimerais qu’il serve.

Tout d’abord je vais me présenter mon parcours. Ayant obtenu un bachelor en alternance dans le commerce, je suis arrivé en octobre 2015 en Australie à Brisbane où j’ai pris le temps de découvrir la ville avant d’enchaîner plusieurs petits boulots. Farmjob, cleaner sur Fraser Island puis paysagiste à Surfers Paradise et Brisbane. C’est les poches assez remplies que j’entame un road trip avec une amie sur la côte est, en partant d’Arlie Beach jusqu’à Sydney. Tout se passe pour le mieux, je rencontre des gens supers, je fais plein de choses et au final, je suis tout simplement en train de réaliser l’un de mes rêves.

Mais de retour sur Brisbane, je vais faire l’une des choses que je regrette le plus de ma vie. C’est arrivé il y a 3 jours mais je sais déjà que je le regrette plus que tout autre chose. Je me rends compte en écrivant que je n’ai toujours pas abordé le sujet, sûrement par honte et par mépris pour moi même. Donc je vais vous dire ce qu’il s’est passé puis expliquer pourquoi, même s’il n’y a ni excuse, ni raison ni quoi que ce soit d’autre. J’assume la totale responsabilité de ce que j’ai fait et accepte sans problème le sort qui m’est réservé.

Me voilà avec mon sac de courses dans l’une des plus grande enseigne de supermarché d’Australie, je le remplis comme à mon habitude de ce dont j’ai besoin puis je me dis que je vais agencer un peu le contenu de façon à voler (c’est dur our moi de l’écrire mais il n’y a pas d’autre mot) de la nourriture. Je passe aux caisses manuelles, oublie délibérément de ne pas scanner des articles puis me dirige vers la sortie. Un employé m’arrête et me demande de vérifier mon reçu et mon sac. Bref, j’étais grillé. Inutile de vous décrire mon sentiment à ce moment là : la honte m’envahit. Une heure d’attente avant que la police n’arrive et ne fasse son travail. Résultat : pour environ 20 dollars, je me retrouve avec une convocation en « court », au tribunal en gros, où je ne sais pas encore ce qu’il m’est réservé, j’espère simplement une amende même si au fond de moi, je serais sans doute sans merci avec quelqu’un qui aurait agi comme moi. Voilà pour ce qui s’est passé, je vais expliquer maintenant comment je pense avoir pu en arriver à tenter de VOLER, mais je le répète, ce n’est ni une excuse, ni une raison.

Une dizaine de jours après mon arrivée à Brisbane, je rencontre trois français qui sont sur la fin de leur première année et qui me racontent comment ça se passe ici et me mettent des étoiles plein les yeux. Nous parlons un peu de tout avant d’arriver au coût de la vie. Ces trois là me rigolent au nez lorsque je leur dis que je paye mes steaks, mon dentifrice, mes légumes… Bref, je me dis c’est vraiment petit de leur part et je pensais être à 1000 années lumières d’eux et de ce comportement. Comme quoi ça arrive vite. Ils me disent qu’ils n’ont presque rien payer en nourriture depuis 3 mois, qu’ils mangent comme des rois pour gratis et ne s’en cachent pas. Les voilà partis, mon voyage continue mais apparemment cette conversation est restée quelque part dans ma tête.
Ce jour-là au supermarché, j’ai repensé à ces mecs, je me suis dis pourquoi moi je me suis tué à arracher des arbres, ramasser des fruits et pelleter des tas de graviers pour au final vivre moins bien qu’eux ? Pourquoi j’ai économisé 3 ans pour arriver à faire ce que je veux et eux n’ont payés que l’avion, bossent au minimum et ont la belle vie ? Mais la réponse je l’avais déjà : parce que moi j’ai toujours été honnête, jusqu’à ce fameux jour, j’ai toujours voulu mériter ce que j’ai obtenu. Une moment de jalousie qui n’avait pas lieu d’être, un moment d’égarement et me voilà dans la merde jusqu’au cou comme on dit. Pour dire comme mon acte est insensé et incompréhensible : j’avais sur moi plus de 150 dollars en liquide et ma carte bleue avec assez d’argent pour le reste du road trip.

Comment je me sens maintenant ? J’ai une image de moi dégradée, je me sens honteux et le moral en a pris un coup, le mépris que j’avais éprouvé pour ces 3 mecs, je l’ai éprouvé pour moi. Honteux et désolé. Désolé pour l’image que je renvoie de la France vis à vis des Australiens parce que je suis conscient maintenant (et c’est bien ça le problème, « maintenant ») qu’à travers ce que j’ai fais, c’est la communauté des français en Australie qui en prend pour son grade, toute proportion gardée bien entendue. Je sais que le moral va remonter, je vais arriver à faire la part des choses, je n’ai tué personne et qui n’a jamais fais d’erreur dans sa vie ?

Je n’écris pas ça pour me faire bonne conscience ou pour attirer votre compassion, mais pour prévenir : les risques sont bien réels et ça peut aller loin. Je pense être assez sévère avec moi-même, si ce n’est même pas plus que certains le seraient avec moi : j’ai des principes qui m’ont toujours guidés et ce jour là, en l’espace de 5 minutes, j’ai renié tout ce en que je crois, sans raison.

Quelle que soit la sanction que j’aurai dans quinze jours, je l’accepterai sans broncher, on n’obtient que ce que l’on mérite. J’espère maintenant que mon témoignage pourrait aider certains qui pensent que voler dans les supermarchés est un moyen de vivre mieux : lorsqu’on vous attrapera, peu importe l’argent que vous avez « économisé », c’est la fierté qui prend un grand coup en pleine face.

Le comble du comble c’est qu’en rentrant en France je veux être gendarme et je suis dans une famille de gendarme depuis des générations. Si ça m’empêche de réaliser mon second rêve en rentrant, imaginez quelle sera ma déception. Pour 20 dollars.

Quoi qu’il en soit, je ne serai jamais assez désolé de nuire à notre image, nous pvtistes français en Australie. L’Australie m’apporte tellement, c’est la plus belle expérience de ma vie et j’ai toujours du mal à comprendre ce qu’il m’est passé par la tête.

Désolé.