J’ai reçu un joli message privé ce matin. Je voulais me contenter d’une réponse personnelle et deux pages et demi de mots se sont assemblés sur ma feuille blanche. Pour ceux qui ont l’habitude de me lire, rien de bien nouveau dans cet article. J’ai le sentiment – et vous aussi sans doute – que j’écris toujours (souvent disons…) sur la même chose. Cet article n’échappe pas à la règle, j’espère tout de même que vous l’apprécierez sans avoir l’impression de lire un précédent texte de moi…
« Ton texte me remplit de larmes », j’aurais presque envie de t’écrire la même chose, ça me touche, et sur ce texte ('Je fuis"), vous êtes quelques uns à m’avoir fait de beaux compliments, qui me font très plaisir car ces mots, je les ai écrits avec passion, je les ai ressentis, je les ai écrits d’une traite, sans rien changer, sans gribouiller, sans me relire…
Ce que je fuis ? Disons qu’à l’heure actuelle je ne fuis rien mais que je fais le constat que souvent, j’ai envie d’avoir ce que je n’ai pas. Je voyage, alors mon lit, mon appartement, ma famille, mes amis me manquent cruellement. Je suis posée, alors les paysages, les rencontres à foison, l’aventure m’attirent et mon regard sur ma vie a un goût familier, trop familier.
Ce genre de constats me fait me demander si un jour, je réussirais à trouver un équilibre qui me comble vraiment.
Si je regarde bien autour de moi, je ne connais pas beaucoup de gens foncièrement heureux, c’est peut-être aussi cette observation qui m’amène à m’inquiéter sur mon futur bonheur.
Je te rejoins tout à fait sur le fait que l’on doit croquer la vie à pleines dents, j’en ai de plus en plus conscience.
Il y a 11 mois, je prenais l’avion et aujourd’hui, en un claquement de doigts, je suis à un mois de la fin de mon PVT. Surtout, bien en profiter, rencontrer des gens, vivre des trucs forts, même si on pleure en quittant des lieux, des gens, des amoureux. Elle résume bien mon année cette dernière phrase et c’est le mélange de tout ça qui fait que cette année a été la plus belle de ma vie, la plus forte en émotions, en sentiments, en peines, en remises en question, en nostalgie, en joies.
J’ai fait un séjour chez des moines bouddhistes qui m’ont expliqué que la vie doit être faite de choses simples et que tout amusement, sentiment quel qu’il soit doit être banni, car une fois terminé, c’est la chute libre, la déception, la tristesse. Oui mais dans cette tristesse, dans cette déception, il y a des larmes de bonheur, il y a le visage de ces gens, la beauté de ces paysages, la magie de ces paysages découverts avec ces gens, il y a cette impression (réelle) que le temps passe à une vitesse folle, qu’on ne profite pas assez des moments intenses que l’on vit, et ce constat m’encourage à continuer ma vie de globe trotter.
Pas question pour moi de vivre chaque jour la même chose, ou du moins de vivre cette même chose au même endroit qu’avant, ce qui m’amène à la Chine où les gens, la culture, la langue, rompront la routine qui s’installera sans doute dans ma vie si je décide de m’installer dans une ville précise.
Après deux ans hors de France, ce que je retiens, c’est que parfois, il faut savoir foncer tête baissée, sans trop penser, en luttant contre ses craintes car à coup sûr le résultat sera beau ! Il y aura des galères - il en faut ! Sans elles, c’est du lisse, c’est du plat, c’est du chiant, c’est un manque d’enrichissement, c’est une vision faussée de la vie, oui car ces voyages sont des métaphores de la vie, des routes qui durent plusieurs mois et que l’on quitte pour d’autres.
Sur ces routes, il y a des belles choses comme des moins belles, il y a de l’excitant et du franchement ennuyant, il y a de l’action comme des périodes d’accalmie, tout compte, il faut tout prendre, ou rien !
Je retiens aussi que tout est plus spontané, que le temps ne permet pas autant de choses que lorsque la vie d’aujourd’hui est la même que celle d’hier et celle de demain. Le temps est précieux pendant un voyage, les rencontres sont rapides, les paysages passent derrière la vitre d’un train, sur le bord d’une route, à 130km/heure, le temps d’une après midi.
Une photo, c’est immortalisé ! C’est immortel dans notre esprit alors que ça n’a la consistance que de quelques secondes, de quelques minutes… A nous de les saisir !
Pour les gens, c’est la même chose, ils passent, il ne faut pas les laisser passer, ce serait à s’en mordre les doigts. Pas de lendemain ? Oui, mais pas d’hier, c’est éphémère, c’est sans repère, c’est sans galère, c’est intense, on y pense, on agit, on apprécie, on se retourne et c’est déjà fini !
Une photo ? Plus ! Une sensation, un sentiment, essuyé par un autre passant, qui sera lui-même effacé, mais sous la craie, c’est gravé, leur nom, leur sourire, leur humour, leur amour, votre complicité. Et pourquoi c’est fini alors si c’est si beau ? Parce que tu voyages…
La spontanéité se mêle à la tolérance, à un certain je m’en foutisme, à une ouverture d’esprit, à un souci d’adaptation. On recherche un job, pas le job de l’année, juste de quoi gagner de l’argent pour partir vers d’autres choses. On fait ce qu’on aurait peut-être pas fait en France, ou alors si on ne trouve pas, on prend un bus de nuit, on y dort très moyennement, en écoutant sa musique. On regarde par la fenêtre, on voit le paysage défiler, on se demande vers quoi on va, on a un peu peur, de moins en moins avec le temps. On trouve un job dans une ferme, on ramasse des fruits, on est sales, on s’abîme le dos. Il n’est pas question de briller en société, d’annoncer fièrement à famille et amis le nouveau titre qui est accolé à son nom. Il s’agit de survie, d’envie de plus de voyages encore.
Spontanéité oblige, désir de vivre les choses au maximum également, on dépense tout l’argent durement accumulé une fois la route reprise. On en profite, on ne se tracasse pas, on est plus fauché que jamais dans notre vie, on se fait héberger, on se fait aider, on vit de façon très rudimentaire et on repart pour quelques semaines de travail intensif qui seront récompensées par plus de kilomètres dans un bus, par plus de personnes rencontrées, par plus de paysages admirés !
Tout prend son sens, les priorités apparaissent plus évidentes que jamais, la situation financière qui a été/est ou sera la nôtre est sans doute la meilleure leçon de vie que l’on puisse connaître et les rencontres que l’on a faites/fait ou fera nous prouve que l’on peut encore croire en l’humanité, si ! Vraiment !
Enfin, le voyage nous emporte loin d’eux, loin de notre ville.
Parfois, ils ne nous manquent pas plus que ça, on l’admet. Ce qu’on est en train de vivre est tellement… Tellement…
Parfois, c’est plus difficile et souvent c’est en étant loin des gens que l’on se rend compte à quel point on est proche d’eux. Le voyage permet de faire un tri, d’éviter les chichis, de gagner en authenticité, en sincérité et le voyage, c’est aussi l’occasion de leur montrer, à eux, à quel point ce que vous faîtes est passionnant, en les invitant à passer avec vous un peu de temps.