Cet article a été rédigé par Céline alias Sel sur le forum pvtistes.net
Green is the new gold
C'est le nouveau sujet à la mode et on ne parle plus que de ca : l'écologie. Si les français sont doués pour se plaindre dans pas mal de domaines, j'ai l'impression que les canadiens (les torontois en particulier) deviennent vocaux à la vue du vert. Il faut dire que le Canada est aujourd'hui le 4ème pays le plus pollueur de la planète derrière les États-Unis, les Émirats Arabes Unis et la Finlande. A la veille des JO, ce n'est pas un classement qui fait rêver ! Le WWF rappelle que les habitants du Canada consommeraient 8 fois plus de ressources que ce dont la planète peut soutenir. Pire, le gouvernement conservateur de Steven Harper menace de revenir sur ses engagements en matière de protocole de Kyoto. Il faut dire que si les objectifs avaient été arrêtés à une diminution de 5% des émissions de gaz à effet de serre pour la contrée à la feuille d'érable, les chiffres parlent aujourd'hui d'eux-mêmes : les émissions sont 20 % plus élevées qu'en 1990 ...
J'ai parfois l'impression que c'est un combat perdu. En arrivant ici, je me suis vraiment rendue compte à quel point l'Europe était un exemple en matière d'actions, et combien nous avions plus de connaissances en la matière que nos voisins outre-Atlantique. Tant de choses m'on choquées de manière naturelle, comme si mon éducation verte était vraiment devenu partie intégrante de ma personnalité. Le gaspillage ici est à un point où il vaut mieux que les âmes sensibles s'abstiennent.
Il y a déjà les grosses berlines qui consomment un carburant fou aux 100km et que les gens conduisent tous les jours pour aller au travail, aux courses, au coin de la rue ... Pourquoi prendre un bus vieux et cher quand on peut rouler dans le confort de sa grosse SUV air conditionnée avec plein de portes gobelets ?
En même temps, il faut reconnaitre que les transports en commun (tout du moins à Toronto) sont assez pitoyables et je souhaite bonne chance à quiconque n'habite pas à proximité d'une ligne de métro. Et il ne risque pas d'y avoir d'investissements en la matière, les autorités n'en font pas une priorité. Mais bon, rien n'empêche d'acheter une petite citadine qui consomme peut pour les trajets de tous les jours au lieu de traîner un monospace géant ... A mais zut, c'est vrai, les petites citadines ne sont pas vendues dans ce pays !
Heureusement, l'essence n'est pas encore trop chère ici, malgré une augmentation des prix de près de 80% en 1 an. Le prix à la pompe est pourtant de « seulement » 0.80 euros par litre. Mais avec une consommation double, on fini par payer comme en France de toute façon !
Mis à part les transports en commun de la ville, les trains font également pâle figure avec un réseau vétuste, vieillissant et pour lequel on ne fait pas grand-chose ... Il est plus rapide et parfois moins cher de prendre l'avion pour aller à Montréal que le train ! Les vieux trains, un luxe ? Quel comble ! Les vaches canadiennes ne sont pas prêtes de se faire des torticolis à regarder passer des TGV ...
Parlons maintenant des poubelles. Ici, le suremballage est roi. Tout est entouré de plastiques individuels, de sachets et autres emballages. Pas d'achats en gros, que des petites portions et en plus le plastique ne se recycle pas ! On a beau essayer, impossible de réduire. Les cafés du matin, les sandwiches, la junk food, tout est emballé à foison alors qu'on jette tout ces emballages 10 secondes après avoir acheté son burger.
Les supermarchés y mettent du leur en fournissant une quantité incroyable de sacs en plastiques à chaque achat. 3 sacs superposés pour les bouteilles, l'obligation pour les caissières de ne pas mélanger certains produits (ce sont elles qui emballent) et nous voilà de retour à la maison avec 17 sacs pour de petites courses. Même en amenant ses propres sacs au supermarché, le silo de sacs plastiques à la maison semble toujours s’agrandir ... Que faire ??
Beaucoup de copropriétés ne recyclent pas. Ce n'est pas obligatoire ici, alors pourquoi le gardien irait-il s'embêter avec des poubelles en plus ? Je ne compte plus les fois où j'ai du jeter des cartons, journaux, bouteilles (sic !) dans la poubelle commune la larme à l'œil ... Avant de finalement amener mon recyclage personnel au travail sous les yeux médusés de mes collègues.
Le recyclage n’est pourtant pas compliqué : boite bleue pour le recyclage classique, boite verte pour le compostage, tout y passe (sauf le plastique) ! Les poubelles peuvent diminuer à vue d'œil. Par contre, tout le monde ne recycle pas – les gens s'en foutent surement, et puis c'est plus simple de tout balancer dans la poubelle commune... Arghhhh ! Les bouteilles sont consignées et doivent d’ailleurs être portées dans des Beer Store en Ontario, d'où un manque flagrant de recyclage de cette matière qui est pourtant recyclable à 100% !
La ville a d'ailleurs équipé chaque maison de grandes poubelles de recyclage comme on en trouve en France. Et ca a été le tôlé : elles sont moches, trop grandes, trop lourdes, on ne sait pas quoi en faire, non non non on veut garder nos petits bacs bleus sans couvercles pour que quand le vent souffle, tout le recyclage de la ville se retrouve dans la rue et ne soit pas nettoyé ! Désespérant ... Pourtant cette grosse poubelle est plus pratique : enfin une ville plus propre !
Au travail, certains comme moi adoptent la « green attitude ». Non que je trouve ca super fashion comme beaucoup qui se prétendent « verts » parce qu'ils portent un tee-shirt Sauvez la Planète acheté 60$ chez Gap ! Depuis quelques semaines, une fontaine à eau est venue remplacer le monticule de bouteilles en plastique que consommait mon bureau jusqu'au maintenant. Et interdiction d'utiliser des gobelets en mousse, on prend un verre en verre et on le lave ! Il y a aussi l'éducation pour dire à tout le monde de bien éteindre ses lumières le soir, son écran d'ordi (un écran qui reste en veille consomme toujours énormément d'électricité) et d'utiliser des piles rechargeables. Le défi est aussi d'utiliser moins de papier, avec une manip simple qui consiste à n'imprimer que les parties nécessaires de ses fichiers ou emails (et non pas les 5 pages) et à faire du recto-verso. Tout cela à l'air bien reçu et il y a de vrais efforts de fournis. Yeah !
Alors voilà, ma petite empreinte est toute petite, mais elle compte. C'est bien beau de parler le langage écolo mais il faut aussi agir où on peut. Chez soi, au bureau, chez les autres. Beaucoup de gens deviennent de plus en plus sensibles à tous ces problèmes et de belles initiatives voient le jour un peut partout. Aller Mr Harper, on essaie de le diminuer ce gaz à effet de serre ?