Un jour, avec Camille, on est parties en Nouvelle Zélande et on a vécu différemment. On a dormi, mangé, fait la vaisselle, on s’est changées, on s’est lavé les dents, on a étendu nos serviettes de toilettes humides, on a parlé, rigolé, chanté, on a pris des photos… dans un van !
On s’est introduit dans des auberges sans en avoir l’autorisation, on s’est fait prendre en flagrant délit et on s’est fait virer. On a connu des jours sans douche, on a choisi de ne pas investir dans des bottes – par pur souci d’économie. On a donc eu les chaussures, les chaussettes et les pieds mouillés. On s’est intoxiquées avec des vêtements humides – sans possibilité de les sécher – à l’odeur tout de même moins nauséabonde que celle de nos pieds. On a eu froid, très froid, on a acheté des polaires et on a porté quasiment tous les jours les mêmes vêtements. On a rempli tous les soirs des bouillottes salvatrices et dans les auberges, on a consulté et pillé les zones de « free food » laissée par les précédents pensionnaires. On a abusé du mélange lait coco pops, on a pris quelques kilos. On a laissé pourrir une carotte, on l’a laissée à sa place jusqu’au jour fatidique du déménagement.
On a oublié le sweat dans la poche duquel se trouvaient les clés du van, dans la salle de bain d’une de ces auberges « refuge », on a glissé sur une plaque de verglas et manqué de faire connaissance de façon un peu trop brutale avec le lac… puis la montagne. On a connu un accrochage avec une remorque, l’avant dernier jour… On a sauté en parachute, on a eu peur, on a adoré. On a revu JB, on a rencontré des gens sympas. On s’est fait hébergées par des membres du site « couch surfing » et par un couple néo zélandais qui nous avait surpris à manger en cachette des gâteaux dans un pub, un soir où il faisait froid.
On a pris des centaines de photos, on s’est arrêtées à tous les lookouts du pays. On a eu de la chance, on a eu beau temps, on a eu moins froid que ce qu’on pensait. On a mis des sacs plastiques dans nos chaussures pour ne pas avoir les pieds mouillés, on a ri, mais ri… On a suscité chez les passants toutes sortes de réactions, de la moquerie, du simple amusement, de l’étonnement, dans le bon comme dans le mauvais sens du terme et ça, on a adoré !
On s’est moquées de nous-mêmes, on s’est appelées Georgette et Roberta, on a critiqué tout, tout le monde, les gens qui ne faisaient pas ce qu’on attendait d’eux et bien sûr les auberges sans cheminée, où la salle de bain était froide, où la pression de l’eau était trop faible, où il n’y avait pas de coussins sur les canapés et j’en passe.
En gros, on est devenues des têtes à claque, et fières de l’être en plus !!
On a vu des montagnes enneigées, des lacs plus bleus que bleus, des paysages semblables à la savane du Roi Lion, on a fait de belles balades et assisté à de magnifiques couchers de soleil. On en a profité, on a stressé, on a pensé à nos projets futurs, à leur coût, à notre porte feuille, on a fermé les yeux, dépitées, on est passé à autre chose. On a détendu quelques séries de photos trop sérieuses en faisant des grimaces dignes de nous. On a été fatiguées, on s’est trouvées moches, cernées, grossies, négligées. On a eu envie de faire pipi, très souvent. On a vu des moutons, plus de moutons que d’habitants, on a pensé à « l’après Asie », à nos futurs voyages, à nos projets étudiants, professionnels, on a eu des idées, on a douté.
On a roulé, roulé, on est allées sur Internet pour tout vous montrer, pour vous écrire, pour rechercher, rechercher des informations utiles à l’organisation de notre dernier voyage au pays des kangourous. On a dit « c’est trop beau » une bonne centaine de fois chacune.
On nous a pris pour des sœurs, on a aimé l’idée, on s’est très bien entendues, on est restées détendues malgré la fatigue, la lassitude de rouler, les soucis qui nous ont accaparées. On a passé deux semaines inoubliables, on a aimé ce pays, notre trip en van et notre duo d’enfer !!