6 mois à Montréal : la québequisation est en marche

Voilà 6 mois tout juste que ma coloc' et moi sommes arrivées à Montréal.

1ère chose : Non, on a pas pris l'accent :-) Mais on apprend le québecois et ses subtilités tous les jours, et certains signes ne trompent pas, on s'intègre.

A quoi voit-on qu'on se québequise ?

* on a complètement revu notre appréciation des distances : 2 heures de route, c'est juste à côté ; 3h / 4h, ça va ; jusqu'à 7h de trajet, c'est pas si pire ; + que ça, ok, ça commence à faire un peu loin. "Loin", c'est vraiment la côte ouest, Vancouver, là-bas à 3600 km et 3 fuseaux horaires...
* on sait repérer où est le nord :-) Ca peut paraitre con, mais ici, même en pleine ville, c'est vital pour se déplacer.
* tant qu'il fait + que 10 degrés, il fait "chaud" :-)
* on a l'habitude d'avoir froid même l'été, au bureau, dans les magasins et les bus, grâce à la climatisation qui est poussée à fond tout le temps et partout.
* on ne se formalise plus (et pire, on commence nous même à faire) des fautes de grammaire ou de conjugaison qui au début, nous faisait saigner les oreilles :
"Là, je fais les totals ?" / "Des évenements spécials" (La règle icitte n'étant donc pas, vous l'aurez compris "1 cheval, des chevaux", mais "1 orignal, des... orignals" :-)
* on trouve que le litre d'essence à 1$ (0,65 euro), c'est cher :-)
* au restaurant, si on commande une boisson, un plat et un dessert et qu'on s'en tire pour + que 25$ (= 16 euros), on trouve que c'est "dispendieux". Car on a pris l'habitude de manger très copieusement pour une poignée de dollars. Le record : 8$ (5,20 euros) la boite au Thaï Express, à 2 on arrive pas à la finir...
* on ne s'étonne plus de revenir du marché avec des kilos de fruits et légumes frais, pour seulement quelques dollars
* on trouve tout à fait normal d'aller faire nos courses un dimanche soir à 22h
* on a pris l'habitude de jamais savoir combien on va vraiment payer avant d'arriver à la caisse (ce qui n'empêche pas que l'affichage des prix en Hors Taxe, je trouve ça toujours aussi chiant...).
* on va naturellement dans une pharmacie pour acheter des timbres, des cosmétiques, ou quelques trucs à manger, quoi de + normal ?
* quand on achète des bottes, on regarde pas qu'elles soient jolies ou à la mode, mais jusqu'à moins combien elles tiennent. Des bottes "-20 degrés", c'est un peu juste, mais avec des "-40 degrés", on devrait être tranquille :-)
* on connait beaucoup + d'autres immigrés que de vrais québecois
* on passe du français à l'anglais plusieurs fois par jour, et on enrichit notre vocabulaire grâce aux emballages de produits bilingues.

* dans une conversation en français, on prononce les mots anglais avec l'accent anglais, sinon c'est le dialogue de sourds assuré :
"Je vais prendre des brownies" "Des quoi ? ... Des brOWnies ?"
"T'as vu, Patrick Swayze est mort !" "Qui ça ??" "Patrick Swayze, tu sais, l'acteur de Dirty Dancing et Ghost" "Ahhh, oui, Patrick SwayzEEEEE"

* on rouspette quand quelque chose est marqué seulement en anglais, même si on comprend très bien, c'est pour le principe :-)
* on fait gentillement la file pour prendre le bus, et on ne se précipite pas pour monter, on attend notre tour
* on est choqué quand, très exceptionnellement, on tombe sur une personne désagréable
* on sait qu'il ne faut pas dire à un québecois qu'il est canadien (c'est comme dire à un corse qu'il est français :-)
* on a appris que passer une frontière, ça se limite pas toujours à simplement ralentir devant un poste de douane vide :-)

Après 6 mois icitte, on s'en tire donc plutôt pas mal ! Evidemment il nous reste encore quelques défis, à commencer, bien sûr, par survivre à l'hiver qui s'en vient. Ça promet d'être le fun... ou pas :-)