A la découverte de Vancouver

A la découverte de Vancouver

Comme beaucoup de français, j’ai choisi de poser mes valises à Vancouver pour une année. Merci au fameux Programme Vacances-Travail (PVT) qui nous donne la chance de découvrir, ou redécouvrir, comme cela est mon cas, ce merveilleux pays qu’est le Canada. Nous nous imaginons tous passer une année de folie, entre échange culturel et paysages magnifiques, à améliorer notre anglais. Nous espérons gagner assez d’argent pour nous permettre quelques distractions coûteuses, tel que le ski à Grouse Moutain, observer les baleines à Tofino et pourquoi pas un voyage en Californie avec escale à Seattle. Ayant déjà passé une année au Québec, je n’arrive pas totalement en territoire inconnu. Préparée, ça oui je le suis. J’ai parcouru en long et en large mon guide touristique, j’ai éculé les forums et lu nombres de témoignages sur cette ville. Je ne voulais pas m’en tenir à la carte postale. Je souhaitais tout connaître, les bons comme les mauvais côtés. La cherté de la vie, la chasse au premier emploi et la difficulté d’y faire de nouvelles rencontres.


Mon billet en poche et mes valises faites, je quitte une nouvelle fois ma Guadeloupe natale pour tenter cette aventure. La réalité s’impose alors à moi. Tout d’abord, Vancouver rime en effet avec cher ! Quand que je payais 300$/mois une chambre immense en centre-ville de Québec, ici le moindre placard est à partir de 600$ ! Un tour au supermarché me convint qu’il faudra limiter ma consommation de lait, de légumes, de viande et de poisson ! Vancouver serait-il le Paris du Canada ? Il semblerait bien. Mais je ne me laisse pas abattre. Après tout, je savais où je mettais les pieds, non ? Enfin installée dans ma petite chambre, je me mets à la recherche du sésame qui me permettra d’activer ma vie vancouvéroise : un travail. Avec mon anglais encore approximatif et aucune référence anglophone, je m’attends au parcours du combattant. Ainsi que me le confirme mes amis francophones rencontrés sur place : à Vancouver, sans réseau et sans diplôme canadien, il est très difficile de trouver un travail correct. Le statut de travail temporaire est également un frein pour un employeur, qui ne souhaite pas former quelqu’un pour quelques mois. Beaucoup de francophones décident d’ailleurs de changer de ville après 3 ou 4 mois de galère.

Quid de ces difficultés, j’essaie de remplir un des objectifs de mon séjour : profiter de cette belle ville. Ma première expérience au Québec avait été marquée par la solitude. Concentrée sur mes études et mon stage, voulant être complètement immergée, je n’avais pas cherché à rencontrer de français. J’avais alors pu constater combien il était compliqué de nouer de nouvelles amitiés. Ainsi, pour mon PVT, je fais tout le contraire. Depuis mon arrivée je parle bien plus souvent français qu’anglais ! Il est en effet plus facile de nouer le contact avec un francophone esseulé et avide de communiquer qu’avec un anglophone confortablement installé dans son train-train quotidien, entre travail et amis de longue date. Mais est-ce vraiment différent de la France ? Je me rappelle bien de mon retour au pays, après plusieurs années d’études entre Paris et le Québec. Heureuse de retrouver mon île natale mais où pourtant il me fut si difficile de me réintégrer et de m’y faire de nouveaux amis, de m’y recréer un nouveau quotidien.


N’est-ce pas cela qui décide finalement des milliers de français chaque année à choisir ce programme ? En dehors du tourisme et des belles photos qu’on affiche fièrement sur Facebook, n’est-ce pas l’occasion de se confronter à soi-même, de découvrir sa capacité à comprendre, s’adapter et s’intégrer à un nouvel environnement ? Quelque soit le pays, les difficultés pour le nouvel arrivant sont les mêmes : la barrière de la langue, la solitude et l’incompréhension face aux différences de culture. Pour moi, cette expérience est une façon de me réinventer, de découvrir en moi des ressources que je ne connaissais pas : ouverture d’esprit, ténacité, compréhension et tolérance.

Je n’ai pu plonger qu’un orteil dans l’eau glacée de Kitsilano. La mer du Pacifique n’est pas aussi chaleureuse que la Mer des Caraïbes. Je ne suis arrivée que depuis quelques semaines. Pourtant cette ville m’a déjà conquise. Qu’importe ce que me réserve ce PVT, je sais déjà que j’en garderai un souvenir inoubliable.