Pas facile de débuter un premier article pour le site. Plusieurs sujets ont déjà été abordés, pas mal d'idées sont possibles, et j'aimerai éviter le simple bilan "je suis la depuis une semaine et mon avis c'est ..."
Le fait est tout de même que je suis là depuis 1 semaine, à Toronto, avec mes petits yeux tous neufs de globe trotteuse en herbe qui n'avait jamais mis les pieds au Canada. Mais contrairement à vous autres, mon choix à été pour le moins imposé par la volonté des circonstances : je suis venue rejoindre mon copain pour 1 an. Du coup, je n'ai pas choisi le pays, je n'ai pas choisi la ville ... Ca fait peu de choix me direz vous, mais mon aventure n'en prend une tournure que plus folle. Je fais l'inverse du chemin pvtiste classique : je pars dans une ville pour apprendre à m'y sentir bien.
Alors comme dirait l'autre, "Le Canada et Toronto, comment ca marche ?". C'est que je me suis documentée un peu avant de partir, un peu comme une pionnière de l'époque débarquant avec ses petits sabots au pays des caribous.
Pour ceux qui ne le savent pas, Canada vient de deux mots espagnols "aca" et "nada" qui signifient "il n'y a rien ici" ... Déjà, ça promet ...
Là où ça devient plus intéressant, c'est que "Ontario" en iroquois signifie "la belle eaux" ou "les eaux brillantes". On pense tout de suite aux rivières grouillantes de saumons, aux ours sauvages, aux sapins odorants et aux chutes du Niagara, cette nature folle qu'on nous vend à longueur de carte postale et de bouquins de photos.
Et là on tombe sur une photo de Toronto ... Où qu’y sont les saumons et les ours des bois ? Des barres d'immeubles futuristes, un financial district surdimensionné, la fameuse CN Tower, des berges bétonnées à mort, de grandes avenues de goudron ... La ville US dans toute sa splendeur.
On a tous lu les petits commentaires des uns et des autres : c'est moche, ca pue, c'est américain, etc etc. Pour ma part, j'avoue que ce coté surfait et "disneyland" me plait moyen, je ne m'y sens pas à l'aise et j'ai du mal à apprécier la dimension et le coté humain de telles villes. Alors en débarquant à Toronto, je m'attendais au pire et j'avais pour le moins raison ... Tout n’est que béton, l'aménagement urbain à été remplacé par une course au profit faisant sortir des tours de Condominiums (appartements) au milieu des petites maisons des « vieux » quartiers, les églises en pierres se mêlent aux immeubles de verre …
Mais attendez là, pause, temps mort, 2 secondes … Ça ne serait pas un peu trop facile de s’arrêter à ça ?
Parce qu’après tout, à deux pas de chez moi, il y a 2 parcs où les gens jouent tranquillement au freesbee et au « soccer », sans bousculade, et même un court de tennis public. Le soir, on peu croiser des gens qui font leur jogging, qui boivent un coup dans les petits bars du quartier, qui discutent tranquillement entre voisins.
Un peu plus bas sur Yonge Street, une oasis s’offre au visiteur de la nuit : bars, restos, terrasses, guirlandes … Une animation humaine emplit les rues où on croise à peine les voitures. On se sent même en sécurité de se ballader la nuit, on a envie de parler à celui qu’on croise dans la rue.
Du côté de Dundas Street, on ne trouve que des maisons victoriennes ou « georgian » du 19è, dont aujourd’hui 30% sont de l’habitat HLM … Hier, j’ai participé à un tour guidé du quartier qui m’a permis de voir 1000 petits détails que je ne soupçonnais pas, des morceaux d’histoire qui dictent le vie, les changements et l’évolution d’un quartier pour lui donner son visage d’aujourd’hui, et peut être de demain.
Et cette île sur le lac, cette bouffée de verdure à seulement 20 minutes de ferry … On peut aussi prendre la route, partir vers d’autres oasis, vers d’autres horizons …
Sans parler de toutes ces communautés de gens qui font vivre leur culture traditionnelle mêlée à celle du Canada. Des quartiers qui vibrent au son de la coupe du monde, des drapeaux qui se mêlent dans les rues. Adversaires se rassemblent dans les bars pour voir les matchs, célébrer les victoires au son des klaxon ou déplorer la défaite, dans un fair play qu’on trouve rarement ailleurs …
Au centre de tous ces quartiers, de toutes ces petites communautés se cachent des gens, des humains qui font battre le cœur de la ville, des joyaux d’architecture, des parcs, ces détails qui restent à découvrir au cours de ballades. Il s’agit d’ouvrir les yeux, d’oser toucher, sentir, aller … On peut se croire partout ici, il y a 1000 visages qui n’en forment qu’un, une ville.
Je sens pousser en moi des bouffées de sentiments tout azimut … J’ai l’impression qu’ici on en a toujours plus à découvrir, qu’il reste tant à voir, qu’on a encore des gens à connaître, des lieux à fréquenter, des amis à se faire, des joies à partager, des curiosités à assouvir, comme si tout était possible … Finalement, n’est ce pas là la vraie beauté de Toronto ?
D’ailleurs, ça me fait penser que je ne vous ai pas dit ce que veut dire « Toronto » … Ça veut dire « lieu de réunion » … A bon entendeur