Et voilà, en lisant tous les posts, j'ai moi aussi eu envie de raconter notre expérience. C'est long et je ne sais pas si c'est bon, c'est juste que ça me fait du bien...
Mise en contexte : notre situation au moment du départ
Tom : 25 ans, baccalauréat en compta, maîtrise en Gestion obtenue en septembre 2010, deux ans d’expérience en cabinet comptable
Moi : 24 ans, maîtrise en relations publiques obtenue en juin 2010, quelques mois d’expérience en agence de comm et les jobs étudiants.
Notre état d’esprit au moment de partir : Bah, on va bosser un peu, qu’importe le job ou presque, paraît que c’est facile de trouver de toute façon. En tout cas, c’est ce que la dame de l’ambassade du Canada a dit. On part un an, on va faire un méga road trip de deux mois à la fin et si on trouve une super job dans notre domaine pourquoi ne pas rester un an ou deux de plus. On verra.
Ben oui, ça fait déjà 7 mois. Je n’ai pas l’impression d’avoir fait grand-chose pourtant. Après un mois et demi à Montréal, je commence mon nouveau job : vendeuse dans une boutique du centre ville. Après quelques jours de boulot, je me dis déjà : « putain c’est mal payé, putain c’est chiant d’aller vers les clients tout le temps, putain on n’a même pas de commission alors qu’on a des objectifs de vente précis, par personne et pour le magasin ». « Et au siège social, c’est des fameux connards ». Ils sont en congés entre Noël et Nouvel An, eux, alors que nous on a congé que le 25 et le 01 et qu’on doit faire toutes leurs exigences sans avoir la possibilité de leur poser des questions. Puis ils débarquent le 7 janvier et tu t’en prends plein la gueule parce que t’as pas fait les choses comme il fallait. Mais je n’ai pas le choix, je dois rester, Tom n’a pas encore trouvé de job et notre budget de départ est en train de fondre à vitesse grand V !
Début janvier, on a plus beaucoup d’argent, s’il ne trouve pas de boulot, on va devoir rentrer… L On reçoit un peu d’argent de nos parents pour les fêtes, profitons-en allons à NYC au moins histoire de bouger un peu de Montréal, qui fini par nous étouffer. On réserve, on a même une promo, notre we nous revient à presque rien ! Et bonne nouvelle, enfin, Tom a trouvé un boulot et super bien payé en plus ! Ouf, on va aller à NYC le cœur léger…
Le mois de février passe, on va à Québec pour retrouver des amis belges. Et puis je décide de quitter le job fin février, pcq on va aller à Toronto, un ami va passer quelques jours avec nous à MTL et mes parents arrivent début mars. Puis en plus, j’ai plus que 10h/semaine, et ça ou rien à 9,50$, c’est pareil.
Je quitte ma job, qui m’aura saoulé jusqu’au bout, on va à Toronto, visite de Pierre, notre ami, visite de mes parents, je prends une pause. J’avais déjà commencé à chercher un nouvel emploi avant, pas trop envie de retourner dans un magasin donc je postule, je vais dans des agences de placement. Mi-mars, j’ai un entretien. Cool, on me dit : « Tu commences le 04 avril, mais on te revient la semaine prochaine pour mettre au point les choses ». Puis la semaine prochaine devient la semaine passée, j’ai rappelé, on me dit qu’on me revient très vite, que c’est un peu bloqué là. Et puis on est le 04 avril et rien.
Bon, je continue à chercher, agence de placement encore un autre entretien ! Cette fois encore on me dit : « Tu commences mardi ! » On est vendredi soir. Lundi on m’appelle : « Finalement tu es trop qualifiée pour le boulot, tu demandes combien encore ? » « Heu un travail de bureau, je dirais 12 ou 13$/heure. » « Ha ouais quand même, je pensais que tu n’étais pas intéressée par l’argent. Et ton pvt il fini quand ? » « La mi-octobre, Monsieur. » « Ok je te rappelle demain ». Mardi, il m’appelle, il a préféré prendre quelqu’un sans diplôme. Bon…
Je continue avec les agences de placement, on est déjà fin avril, rien n’abouti. Je postule encore, je vais à des ateliers pour les CV, j’ai peut-être un problème. Et là on me dit : « Tu sais quand les gens disent on te revient, parfois ça veut dire non, il faut savoir lire entre les lignes. » Quoi ???? Mais c’est quoi cette blague ? Si on ne veut pas de moi, on me dit non, point barre, ça m’évitera de perdre une semaine en pensant que j’ai la job alors que non.
Bien, retournons dans les magasins. Gros hic, loulou tu as une job de bureau, du lundi au vendredi, et on aimerait bouger les we. En plus, on a pas fait 6000 km pour ne pas se voir et dans un magasin, faut bosser le we ! On me met littéralement dehors quand je demande à bosser un jour sur deux à la limite.
J’arrive à avoir un training dans un magasin, on est trois sur le coup. Le gérant me rappelle deux jours après. « Tu bosses très bien, très agréable, mais ton pvt fini en octobre, et pour les autres, il vient de commencer. »
Nous sommes le 10 mai, ça fait deux mois que je suis femme au foyer, sans vraiment de foyer, mise à part mon homme dont je prends soin. C’est bon, j’en ai marre de ne rien faire, je vais faire du bénévolat, au moins je serai utile à quelqu’un et mon diplôme ne sera que plus apprécié. Puis ce sera dans mon domaine, c’est toujours ça à mettre sur mon CV ! J’ai trouvé, je commence lundi 16 mai.
Heureusement qu’on prévoit de faire notre road trip en août et septembre, puis qu’on va aller à Cuba pour prendre une bonne dose de soleil avant de rentrer. Mais vraiment, si on n’avait pas ce projet là depuis le début, je crois que j’aurais déjà craqué et qu’on serait rentré plus tôt que prévu.
Conclusion, aujourd’hui, de notre voyage au Canada ? C’est super cool, même si l’hiver a été fort long pour nous et que nos attentes au niveau boulot n’ont pas été comblées. On a rencontré des tas de gens déjà, même si c’est essentiellement des belges et des français. Je peux tout de même ma targuer d’avoir une amie québécoise, une vraie, une de mes anciennes collègues. Parce que si la job dans le magasin n’était pas épanouissant du tout, j’y ai quand même trouvé mon compte, j’ai rencontré des filles super chouette et puis maintenant, c’est sûr, je serai beaucoup plus agréable avec les vendeuses, même si elles sautent dessus à l’entrée du magasin, elles n’ont probablement pas le choix, je connais ça.
Certes le meilleur du voyage reste à venir, mais je peux en tout cas dire qu’à refaire, on referait, mais pas pareil. On aurait du faire preuve d’un meilleur esprit critique et pas prendre pour comptant tous les propos de l’ambassadrice du Canada concernant l’emploi. Pour ma part, je suis sûre d’avoir plus d’avenir en Belgique.
La vie ici, c’est vrai qu’elle est sympa. Mais venant d’une petite ville en Belgique, j’ai pas l’impression que les loyers soient moins chers, que les gens soient moins stressés et que la vie est, finalement, plus facile. Je ne compare bien sûr pas avec une grosse ville comme Paris (même Bruxelles n’est pas aussi chère que Paris ! J), mais avec ma petite ville de banlieue où le métro n’existe pas.
La suite sera à voir, mais je pense que dans l’état actuel, nous sommes partis pour mieux revenir.