Hello,
L'heure n'est pas encore tout à fait au feedback complet car je ne suis pas rentré en France, mais je trouve l'exercice plus intéressant: d'abord donner mon feedback lors de mes derniers jours de PVT, puis par la suite, donner mon feedback une fois rentré en France.
Un début de mes impressions ici:
https://pvtistes.net/forum/lalberta/...tml#post738647
Je suis initialement parti en PVT car c'était une envie que de vivre une nouvelle vie, dans un pays étranger, que j'ai un esprit tourné vers la découverte permanente, et que j'étais excité et brûlant d'avoir un nouveau départ.
Avant
le PVT, j'avais un bon poste dans une compagnie de courtage en assurances. Plutôt confortable je dois l'admettre. Lorsque j'ai annoncé mon PVT, j'ai accompagné ceci d'une annonce de ma démission. On m'a proposé, hors du cadre du congé sabbathique, un congé sans solde d'un an. J'ai accepté ce petit luxe de savoir que j'aurai mon bureau qui m'attendra à mon retour.
J'avais envie d'explorer et de vivre chaque grosse ville du Canada mais une année c'est court.. Et pour une raison inconnue, Calgary m'appelait.
Pour un tas de raisons j'ai débuté mon aventure à Montréal. Pour débuter l'aventure "en douceur", parce que j'avais un logement là bas, et puis parce que c'est le choix logique. Je savais que je ne voulais pas rester tout mon PVT là bas.
Au début de mon PVT je me suis senti pas forcément convaincu et conquis, et un peu "bridé" même si je sais que j'en étais probablement à l'origine. On a beaucoup de choses à voir, découvrir et pour une raison inconnue on ne saute pas dans le vide directement. Le facteur argent a joué aussi, je ne me sentais pas confortable de voir l'argent sortir et rentrer si peu..
J'ai donc trouvé un job au bout de 4 jours de recherche, en tant que traducteur pour un studio de jeu vidéo. J'ai déjà fait de la traduction dans le milieu, en tant que bénévole, et j'imagine que ca a aidé. Seulement j'avais un statut où j'étais contacté que quand on avait besoin de moi ou un nouveau projet. J'ai donc cherché autre chose et j'ai fini à bosser dans une boulangerie/patisserie. Puis ensuite à manager le département boulangerie d'une épicerie de Montréal. Et pour me faire un peu plus de cash, j'ai bossé sur une plateforme téléphonique (c'était chiant) pendant un temps.
Niveau boulot, j'ai fait ceci et j'ai eu quelques entretiens dans mon domaine (très réglementé au Canada). J'ai eu exactement 3 entretiens "poussés" pour des jobs de qualité. Un par relation, un par candidature spontanée, et le dernier, le plus intéressant, par cabinet de recrutement (Groome & Associates).
Niveau "social" je dois avouer que j'ai été à moitié surpris, et parfois dépité, à quel point Montréal est envahi de Français. Je sais, je suis l'un d'entre eux mais je m'en fous: on a l'impression d'avoir des légions de Français et une enclave de Paris au Plateau. Je me suis fort bien sociabilisé avec mes collègues, français et québécois, et j'espère vraiment les revoir au delà de mon PVT.
Montréal est une mecque pour les sorties: il y a des milliers de bars et restos super sympas. On y mange clairement bien et il y a dans cette ville un coté décadent (rien de forcément péjoratif ici) qui n'est pas sans charme. La ville est parfois très belle, parfois bof/moche mais comme partout je dirai.
Les transports en commun sont excellents, je suis vraiment satisfait de la ville sur ce point.
Seulement, moi qui avait eu le cerveau lavé par les louanges sur les québécois, je suis assez déçu. Je les trouve globalement impolis, pas franchement agréables, extrêmement fermé et communautariste et globalement les pires clients que j'ai pu avoir dans ma vie. Il y a quelque chose du Québec que je vis comme une France édulcorée. Ah oui, le nombre de SDFs à Montréal est juste impressionnant, et la propreté dans les rues ce n'est pas vraiment ça.
Je connais principalement Montréal, et j'ai juste fait un saut à Québec (charmant, mais je me sens à Disneyland, la population en moins).
Je m'étais dit que si je n'obtenais pas un certain poste pour lequel j'avais passé entretien et tests, je bougeais.
Bon je ne l'ai pas eu et du coup, j'ai bougé!
Un petit retour en France d'une semaine (boring) et direction.. Calgary!
Malgré tout ce qu'on a pu me dire sur cette ville, je suis littéralement amoureux de cette ville. J'aurai pu faire mon PVT uniquement là bas sans autre regret que de n'avoir vu que cette ville.
Bien que beaucoup de québécois ayant critiqué Calgary n'ont jamais mis les pieds plus à l'Ouest que Toronto, j'ai pu constater que les avis sur Calgary sont très clivés: une love/hate city.
Certains détestent Calgary pour son coté américain, redneck, conservateur, pour sa "laideur", pour son aspect d'eldorado sans âme où l'on ne pense qu'à "making money". Certains encore pour le coté très bisounours et parfois aseptisé/très politiquement correct de cette ville (possiblement le Canada anglophone en général).
Moi je l'ai aimé car je vois en elle la vraie ville de l'Ouest, cette décontraction, cet esprit jeune et presque pionnier (Onward est bien le slogan de la ville), son coté prospère, ses gens absolument ultra-chaleureux, son ensoleillement, son cadre, sa scène culturelle et gastronomique qui émerge et à laquelle on a le sentiment d'assister en direct.. J'aime cette ville et j'aime la découvrir encore davantage, c'est tout.
Certaines choses me plaisent moins: avoir une voiture me rendrait la vie plus confortable certes, et globalement le comportement très chaleureux a comme corollaire de ne jamais connaitre le fond de la pensée de vos interlocuteurs. En France je dirai qu'on sait directement comment se positionner. Ici avoir une personne enthousiaste et chaleureuse en face ne veut.. rien dire. Cette culture de l'évitement du conflit à tout prix est certes reposante et salvatrice par rapport à la France, mais manque d'honnêteté. Mais ce n'est pas propre à la ville je pense.
J'ai vécu les inondations de Calgary, et merci encore à mes hôtes temporaires suite à cette urgence. Pendant un mois je n'ai pas pu mettre les pieds chez moi. Des clients ici (je travaillais dans une patisserie) proposaient même de m'héberger, sachant que je vivais à Mission). Des barbecues et des events gratuits et privés remerciaient les bénévoles et réconfortaient les évacués. La ville a vraiment été unie et solidaire. Je n'ai pas entendu une seule fois, pas entendu une seule ligne, se plaignant du traitement de la situation. Les Stampede Grounds sont ravagés ? 10% de la ville a été évacué ? Le Stampede aura quand même lieu. Et il a eu lieu, "come hell or high water" (petite expression parfaitement de circonstance).
J'ai profité de ce mois de Juillet pour me rendre à Waterton, Lake Louise, Lake Moraine, Drumheller et Banff. J'en ai profité pour m'imprégner de l'incroyable ambiance du Stampede avec cowboys hats, cowgirls et farmers' daughters à tous les coins de rue. Et maintenant, depuis quelques jours, j'ai pu rentrer chez moi avant le départ, Lundi soir prochain..
Au menu, retour à Montréal quelques jours, départ à Houston au Texas voir un ami, puis Chicago, puis Toronto que je n'ai pas pu visiter et retour pour de bon mi-Août..
Si j'ai quelques conseils à donner aux pvtistes, les voici:
- SORTEZ DE MONTREAL ET DU QUEBEC ROGNTIDIUUUU vous vous aliénez 80% du Canada
- Dès qu'on vous propose de bosser, dès que vous pouvez gagner de l'argent, GO. Vous ne savez jamais de quoi demain sera fait.. Si vous avez la possibilité de vous faire de l'argent, faites le. Vous vous reposerez plus tard en fin de PVT

- Sortez de votre zone de confort. Vous avez la chance unique et limitée dans votre vie d'avoir une liberté quasi absolue au Canada. Profitez en pleinement.
- Pour le boulot, persistence, patience, porte à porte/agence de placement (selon votre profil de poste que vous cherchez)
- Potassez votre anglais avant de venir, le Canada reste majoritairement anglophone quand même.
- Vous hésitez entre plus de deux villes et vous avez envie d'utiliser le T de votre PVT ? Faites un tour du pays d'abord, choisissez où vous voulez vous poser et installez vous. Ou faites moitié-moitié si vous souhaitez deux villes.
Si c'était à refaire, j'aurai passé moins de temps à Montréal, et plus à Calgary ou peut-être Vancouver. Les pvtistes avec 24 mois ont une chance inouïe. Je vous hais de toutes les fibres de mon être..
Mes sentiments sont un peu mêlés, un genre d'arc en ciel à me réjouir de rentrer pour revoir mes proches, en sachant que mon aventure canadienne ne me réserve a priori plus grand chose, mais de pleurer la fin prochaine de cette aventure unique, peut-être la seule de ce type dans ma vie, et de clore un chapitre de ma vie et de transformer cette aventure actuelle en souvenirs passés..
J'ai vécu 2 séismes à Montréal, la pire tempête de neige de son histoire, j'ai vagabondé des dizaines d'heures dans cette ville, j'ai vu le Mont Tremblant sous ses couleurs automnales, j'ai bu autant de bière en 6 mois qu'en plusieurs années en France, en bonne compagnie, je suis resté coincé à New York pendant que l'ouragan Sandy déconnectait Manhattan du reste du monde, j'y ai vu en direct un suicide par défenestration, j'ai bossé et fait des heures comme jamais dans ma vie (oui pas l'habitude de bosser 65-70H par semaine), j'ai fait des jobs que je n'aurai jamais songé faire, j'ai découvert l'élégance d'Ottawa, la beauté incontestable de Vancouver (l'une des plus belles villes que j'ai vu de ma vie), le charme de Victoria, la vie sauvage de Tofino. J'ai parcouru Calgary, j'ai vécu à Mission, son quartier français historique et qui est LE quartier en vogue, j'ai traversé la Bow River et l'Elbow River juste pour le plaisir de voir ses rivages verts et son eau turquoise, j'ai bu et mangé des quantités de choses sur la 17th Avenue et à Kensington car ces quartiers sont géniaux, j'ai subi les pires inondations de l'histoire de Calgary, j'ai rencontré, absolument partout, des gens formidables. J'ai découvert cette Canadian way of life et j'y ai adhéré en bonne partie. Et ce PVT m'a, curieusement et peut-être temporairement, ôté l'envie d'en refaire un ailleurs.
Et puis niveau humain et personnel, une année de PVT, c'est un concentré d'expérience, d'introspection, d'épreuves qui vont vraiment, vraiment grandir. Je ne pense pas avoir changé, je pense avoir accepté plusieurs choses et m'en être détaché de certaines.
Et si j'ai hâte de rentrer en France, c'est aussi pour mettre mes idées au clair quant à mon avenir et de quel coté de l'Atlantique celui-ci aura lieu.
Canada, je t'aime.
Calgary, je peux t'appeler "chez moi".