Fin octobre 2022, moment charnière, je réalise que dans un an, j’ai 25 ans.
Et je flippe un coup sec, alors qu’il n’y a vraiment pas de quoi !
À cet instant, je souhaite accomplir un rêve, quelque chose de grand et d’inoubliable avant octobre l’année suivante.
Depuis 2019, l’Amérique latine me trotte dans la tête : et si partir était possible?
Le Pérou me fascine de par sa culture, son exotisme, les racines d’une histoire millénaire, l’ambiance chaleureuse du pouls latino. Tout s’enchaîne alors très vite, pour m’éviter de douter et de faire machine arrière je crois…
Lecture d’un tuto sur pvtistes.net que je découvre en me renseignant sur le PVT. Demande en ligne ultra rapide et rendez-vous au consulat quelques semaines plus tard.
J’ai le visa en poche et face à la page des vols Paris-Lima, mon doigt est suspendu pendant quelques secondes avant de cliquer sur “acheter”. Ça y est, aller simple en poche et départ un mois et demi plus tard.
C’est rapide, fulgurant, je ne comprends pas encore trop ce qui m’arrive ni ce que je viens d’enclencher.
Et d’un coup, c’est le feu d’artifice politique au Pérou.
On n’entend jamais parler de ce pays et depuis que j’ai pris mon billet, voilà que sur les écrans on voit des manifestants, une instabilité politique et la situation qui se tend de manière inquiétante.
De quoi bien rassurer mes proches, comme si partir seule en Amérique latine pour la première fois ne suffisait pas…
J’y réfléchis, sans pour autant douter car le billet est réservé. Et perdu pour perdu autant y aller, voir sur place comment ça se passe et puis, si c’est vraiment trop compliqué, on avise. C’est ma réflexion à cet instant.
À part l’Europe, je n’ai pas encore visité d’autres continents et ce voyage est si grand que je n’arrive pas à conscientiser les longs mois que je vais passer loin de mon quotidien, de ma famille, de mes amis, tout est énorme et démesuré.
Alors pour me rassurer pendant les jours qui me séparent du départ, je découpe tout par petites étapes, pour rester dans le présent et calmer mon cerveau qui bouillonne.
1 : les vêtements techniques chez Décathlon
2 : le sac à dos, la trousse de secours, les essentiels.
3 : on m’offre un rétro agenda pour tout organiser, je m’y accroche comme à une bouée pour être sûre de ne rien oublier, plonger petit à petit dans l’univers du backpack.
C’est la première fois que je pars barouder et je n’ai pas conscience de tout ce que ça implique. C’est bien mieux ainsi car sinon tous les questionnements, l’inconnu et les zones de flou seraient effrayants ! On apprend à les apprivoiser petit à petit une fois sur le terrain.
En décortiquant la préparation par étapes sans penser à un voyage de plusieurs mois mais plutôt à des vacances qui pourraient se prolonger, j’ai évité du stress et des craintes même si par moments ça venait me chatouiller. Normal.
Les “au revoir” sont difficiles. Et pourtant au fond je suis sereine.
Dernière vérification du sac qui est désormais ma nouvelle maison. Le départ à la gare est lunaire. Je suis grisée et ne mesure pas que je ne rentrerai que dans 7 mois.
L’appel pour Lima à Charles de Gaulle ne me fait toujours pas percuter car je suis dans une boucle où j’avance sans trop réfléchir, portée par l’adrénaline. La machine est enclenchée, on avance sans se poser de questions, trop tard pour les doutes.
Quelques heures plus tard, en discutant italien et espagnol avec mes voisines d’avion, je commence à me rendre compte qu’il y a vraiment beaucoup d’eau sous nos pieds… et que c’est long 12 heures !
Arrivée à Lima, chaleur moite qui contraste avec mon départ frisquet de début janvier en France.
Le taxi de l’hôtel m’attend, en short avec ses petites lunettes rondes, une pancarte avec mon nom à la main. Il m’inspire bien plus confiance que les dizaines de bonshommes transpirants en costume cravate à la sortie de l’aéroport hurlant “taxi señorita taxi”.
Mon petit monsieur fait quelques mètres pour sortir de l’aéroport, premier choc culturel : les routes sont pleines de trous, d’énormes nids de poule, dans une grande capitale, près d’un aéroport international.
Oui, certains quartiers de Lima ne sont pas beaux et je ne verrai pas ce soir-là les plus jolis aspects de la capitale. Je nage dans un monde différent, l’énergie n’est pas la même, le pouls de la ville change par rapport à Paris.
On arrive à l’hôtel réservé depuis la France une semaine plus tôt. Le quartier me rappelle fortement Séville et ses orangers dans la rue. Il y a un air d’Andalousie et, à des milliers de kilomètres de chez moi, mon cerveau cherche à faire des rapprochements pour que je me sente un peu à la maison.
Après avoir payé ma chambre en dollars à l’accueil, je m’écroule sur le lit, exténuée par les 12 h de vol, la tension nerveuse du départ, les émotions qui me traversent depuis quelques jours.
Un rire nerveux me prend aux tripes, je comprends à cet instant la phrase “le premier pas est souvent le plus difficile”.
D’un coup tout devient extrêmement réel et concret : je suis de l’autre côté de l’océan Atlantique. Pas une mince affaire.
Heureuse d’être allée au bout de ce premier challenge, je lâche à voix haute en souriant : “Je l’ai fait !” Le premier pas d’un voyage-découverte qui ne fait que commencer.
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