« Hi ! What’s up ? ». Ça veut dire « Salut ! Quoi de neuf ?» en australien. Je sais aussi dire « Allons à la plage, monsieur renard » : « Let’s go to the beach, mister fox ». Impressionnant pas vrai ? Après 2 semaines passées en Australie, je pense que c’est officiel : je suis totalement bilingue.

Pour être tout à fait honnête, j’en suis encore loin. Avant de partir, mon niveau d’anglais était comme celui de nombreux Français, à savoir très moyen. Comme tout le monde, j’ai passé 7 ans à apprendre l’anglais au collège et au lycée, et comme tout le monde, j’ai oublié la moitié de ce que j’avais appris en moins d’un an. Il faut dire aussi que les seules fois ou je m’entends parler anglais, c’est quand je passe commande chez Mc Donalds. J’ai beau me vanter de regarder tous mes films en VOST, ce n’est sans doute pas ça qui m’aidera à comprendre l’accent australien une fois là-bas. Je pense d’ailleurs que mis à part la solitude, l’argent, le climat, la nourriture, les serial-killers (genre Wolfcreek), les inondations, les ouragans, les incendies, la vegemite, les requins, les crocodiles, les araignées, les serpents et les petites saloperies venimeuses du désert, la barrière de la langue était sans doute ce que j’appréhendais le plus.

La pratique de l’anglais débute dès mon entrée dans l’avion. À ce moment là, rien de bien compliqué. Ça se résume grosso-modo à dire « orange juice » et « chicken rice » aux hôtesses de l’air. Ma première vraie discussion australienne se fera lors de mon deuxième vol, à Pekin. À peine ai-je posé les fesses sur mon fauteuil, que ma voisine de droite, une Australienne d’origine chinoise, commence à engager la conversation. Ça commence avec les présentations de base. Là-dessus, pas de problème, c’est le programme de 6e. J’ai encore quelques restes. Ça se complique quand elle commence à me demander l’origine de mon prénom (Nathan). Je lui bafouille une phrase à la conjugaison douteuse, tout en me rendant compte à quel point mon accent est moisi. J’attends avec appréhension sa réaction… Elle semble avoir compris. Victoire ! J’ai réussi à entrer en communication avec une forme de vie australienne ! Malheureusement, le plus dur restait à venir.

En effet, à peine arrivé à Sydney, j’entre dans la première banque que je vois pour finaliser la création de mon compte (j’avais déjà commencé les démarches en ligne, depuis la France). J’ai déjà du mal à comprendre le jargon des banquiers en France, alors en anglais…

Comble de malchance, la première banque que j’aperçois se situe au beau milieu de chinatown, et la banquière parle anglais avec un très fort accent asiatique. J’arrive malgré tout à comprendre le principal, mais je suis obligé de faire l’impasse sur tous les petits détails. Heureusement, j’y retournerai une semaine plus tard pour tomber cette fois-ci sur une sympathique banquière, qui, voyant ma difficulté à comprendre correctement l’anglais, prendra bien le temps de tout m’expliquer en détail.

Ma capacité à comprendre l’anglais dépend généralement de mon interlocuteur. Il y a les gens sympas, ou habitués à parler avec des étrangers, qui s’efforcent à parler lentement, à articuler leurs phrases et à utiliser des mots simples. Avec eux, aucun souci, j’ai l’impression que l’anglais est ma langue maternelle. Et puis il y a les autres. Ceux avec des accents pas possibles, ceux qui parlent à toute vitesse ou qui utilisent des mots qui ne sont pas dans les manuels scolaires. Généralement, je suis obligé de les faire répéter une ou deux fois avant de comprendre. Parfois, je fais même semblant d’avoir compris pour ne pas créer de malaise.

Mon arrivée au backpacker me permet d’affirmer ce que je savais déjà : les Français sont vraiment des quiches en anglais. À part nous, j’ai l’impression que tout le monde est complètement bilingue. Allemands, Suédois, Néerlandais… Tous parlent anglais avec un accent impeccable. S‘ils n’avaient pas cette couleur de cheveux si particulière, je serais incapable de deviner leur nationalité. Tandis que pour les Français, il leur suffit d’ouvrir la bouche pour se faire repérer. Je fais partie de ceux-là.

Avant de partir, je m’étais juré d’éviter le plus possible de parler avec des Français. Plus facile à dire qu’à faire. C’est assez compliqué de faire des rencontres avec des gens qui parlent un anglais parfait. Un fois les banalités terminées (Comment tu t’appelles ? D’où tu viens ? Depuis combien de temps tu es en Australie ?), je me retrouve souvent limité par ma propre médiocrité en terme de sujets de conversation. Je bafouille, je cherche mes mots, je réponds à coté et je mets trois plombes pour sortir une phrase qui ne veut généralement rien dire. Ce n’est sans doute pas évident pour la personne en face de moi qui essaye tant bien que mal de comprendre ce que je veux lui dire. Et quand parmi mes « roomates », on trouve une Irlandaise, un Anglais et un Néo-zélandais, qui parlent ensemble à toute vitesse, j’ai un peu le sentiment d’être exclu.

C’est pour cela que quand un type rentre dans ma chambre pour s’installer et me dit : « Aïe. Maille Naime iz François », je me sens soulagé, et j’ai soudainement beaucoup plus de conversation que face à l’Irlandaise.

J’ai ensuite pris deux semaines de cours d’anglais semi-intensifs dans une école de langue. Vu mon niveau, ce n’est pas du luxe.

Je commence les cours 3 jours après mon arrivée sur le territoire australien. La première journée est consacrée à l’évaluation de notre niveau. Tous les nouveaux arrivants passent un petit test constitué d’un QCM, d’une petite rédaction et d’un entretien avec un professeur. Ce test permet d’évaluer notre anglais parmi 6 niveaux qui vont de « vache espagnole » à « super-balèze ». Après ce test, je me suis retrouvé dans la classe « intermediate ». Moyen, quoi.

Le premier jour m’a également permis de rencontrer des gens plus nuls que moi en anglais. Après trois jours à côtoyer des anglo-saxons et des bilingues, c’est assez rassurant de se sentir supérieur.
C’est d’ailleurs plus facile de rencontrer des gens dans ces conditions. On galère ensemble, on parle par geste. Ça donne lieu à quelques dialogues de sourds et on rigole bien.

Après cette première journée d’introduction, j’intègre une classe d’environ 15 personnes avec d’autres gens de mon niveau. Bizarrement, ma classe comporte un tiers de Japonais et un tiers de Brésiliens. Les journées commencent à 8 h 20 et sont divisées en trois parties. D’abord, on a le droit à deux heures de cours « normaux » avec sa classe. Chaque jour est consacré à un thème en particulier. Par exemple, tel jour est consacré au « conditionnel », le suivant au « past-perfect », et ainsi de suite. La fin de matinée est dédiée au « programme de self access ». Une heure pendant laquelle chaque étudiant, toutes classes confondues, choisit une activité parmi celles proposées. Il a donc le choix entre aller travailler dans la salle informatique, dans la bibliothèque, joindre un « groupe de conversation » ou regarder un DVD en anglais sous-titrés anglais. Inutile de dire que la grosse majorité des étudiants se précipite pour regarder le DVD. Enfin, après la pause déjeuner, tout le monde rejoint sa classe pour un second cours « normal » de deux heures. La journée se termine à 14 h 30.

J’appréhendais un peu de me retrouver à nouveau derrière un bureau, le regard dans la vague, n’écoutant que d’une oreille le discours d’un prof chauve et mal habillé. Devoir lever la main pour parler, regarder sa montre toutes les minutes, faire tourner son stylo autour de son pouce pour passer le temps. Ça me rappelle les jours les plus sombres de mon existence. Heureusement, ces cours d’anglais n’ont absolument rien à voir avec ceux de Mme Hervé, ma prof d’anglais de 6e. Ici, tout est axé sur le dialogue, l’interaction et la participation de chacun. Plus de pratique et moins de théorie. Les profs sont sympa, disponibles, compréhensifs, et le peu d’élèves par classe facilite grandement l’apprentissage.

Je ne dirais pas que je me sens plus à l’aise en anglais pour autant. 8 jours de cours, c’est un peu court pour devenir bilingue. Mais ces deux semaines m’auront au moins permis de me remémorer quelques règles de grammaire oubliées depuis longtemps et d’apprendre quelques mots d’argot australiens qui me seront sans doute utiles quand je parlerai avec un erzatz de Crocodile Dundee au beau milieu du bush australien.

Les premiers jours furent donc difficiles. Discuter, ouvrir un compte en banque, passer un coup de téléphone… Tout ce qui est simple en France devient ici particulièrement compliqué. On prépare sa phrase avant d’entrer quelque part, on ne comprend que des bribes de mots que l’on doit assembler pour en deviner le sens… Mais après ces deux semaines, et même si je galère toujours, je sens une légère amélioration. Notamment pour comprendre mon interlocuteur. Je n’ai généralement plus besoin de lui faire répéter sa phrase trois fois avant de la comprendre. En revanche, quand il s’agit de parler, ça reste assez laborieux pour le moment. Mais j’espère pouvoir y remédier avant mon retour en France.

Crédit photo : Nathan Péronne.

Nathan

L'heureux gagnant du concours organisé par pvtistes.net et par conséquent ancien "reporter" en Australie

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(51) Commentaires

marguerite I |

bonjour Nathan,
Je suis un peu dans le même cas, je ne parle pas très bien anglais. J’espère m’amélioré sur place, en attendant je prend quelques cours avant de partir. Sais-tu combien coûte une heure ou une journée de cours en Australie?
Quelle banque as-tu prise? Quelles démarches as-tu effectuées en France?

marguerite

Arthur I |

Ahah, je me suis bien reconnu dans ton récit, j’appréhende aussi !

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Florent I |

« Oh, et qu’est-ce qui lui est arrivé, à ce chef indien ? » – Dave

Nathan I |

il a fait justicier dans la ville. Mais aujourd’hui, il a fini de frimer. On l’a retrouvé assassiné un jour. Il en est mort.

Lucie I |

très marrant ton article, je crois que je vais bien galérer aussi moi 🙂 et alors depuis, l’anglais ça donne quoi pour toi? tu t’es bien amélioré?

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Nathan I |

Il y a du mieux. Mais je suis encore loin du résultat que j’espérais. Tout dépend de l’accent et du type de langage qu’utilise mon interlocuteur.

amandine I |

Merci pour ton article j’ai beaucoup ris en te lisant, et je me suis totalement reconnue ! Même si je suis pas encore partie au Canada, je vis ce genre de chose au boulot, lorsque je chante une chanson en anglais avec mes amies et qu’elles connaissent TOUTES les paroles alors que moi je chante en charabia… J’ai hâte de voir comment je me débrouillerais une fois là bas !

Caroline I |

Excellent ce témoignage, bon PVT à toi Nathan !! et je me sens rassurée de voir que je ne suis pas la seule à partir avec un anglais moyen moins , et de ne pas trop m’en inquieter non plus !!!! le but étant d’apprendre sur place, avec les moyens du bord, c’est ca partir à l’aventure 🙂 bon voyage !! et encore merci

jp I |

Salut jeune homme à l’autre bout de la planète ! Heureux de savoir que tranquillement tu prends tes marques dans ce grand pays ! Bravo pour ces belles images et ton appréciation écrite de ton arrivée (j’ai bien ri ! l’humour est un des meilleurs passeports!)…Continue à profiter pleinement et à nous faire partager ton périple ! Amicalement, Jean-Pierre (le pote retraité de ton papa)

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Maxime I |

Merci pour ton article Nathan. Ca ma bien fait marré et je me reconnais totalement dans ce que tu dis.
Je suis arrivé hier soir à Sydney pour ma part.
Je suis allé à la banque ce matin, le conseillé était super sympa et pris son temps pour parler, du coup c’est passé tout seul malgré mon anglais minable.
En fait je pense qu’il faut réussir à ne pas s’en vouloir soit même d’être une quiche. Comme tu l’as dit, nous français, on est ridicule en Anglais par rapport aux autres nationalités mais bon c’est pas vraiment de notre faute. Je pense simplement que le système d’apprentissage en France est obsolète. Enfin du moins, il l’était car j’ai l’impression que les nouvelles générations n’auront pas le même problème et c’est tant mieux.
Après si on se lance dans cette aventure à l’autre bout du monde c’est justement pcq on est motivé et que l’on veut corriger se défaut.
Pour ma part, j’espère juste que ça ne demandera pas trop de temps, car sans communication on peut à pas de vie sociale et ça, c’est la loose ^^

david I |

L’aventure, la vrai !! Ca donne envie !! Bon courage à toi !

Mickael I |

Si du monde à besoin de conseilles, j’ai vécu plus d’un an et demi en Australie entre les plages du Nord « Avalon, Whale beach, Palm beach…. » puis Cairns et eu traverser la côte de Melbourne jusqu’à Cairns en Van. je me ferais un plaisir de vous aidez par Mp !

Marie I |

Si tu peux les partager sur le forum Australie, ça serait encore mieux !

Julie I |

Oui, ce serait cool d’avoir quelques récits de toi sur le forum, des conseils, des endroits immanquables selon toi etc 🙂 🙂

Mickael I |

Je vais essayer de faire de quoi alors 😉 même si je ne suis pas un grand écrivain ahah