D’est en Ouest – Récit d’une traversée canadienne

Je suis arrivée avec mon chum à Montréal en Septembre 2011. Pendant 10 mois, on a vécu des milliers d’aventures dans cette extraordinaire mégapole. Là-bas, il existe des chats avec des dreadlocks, on peut caresser des serpents dans les bus, on peut se faire croquer la fesse par un raton-laveur un soir de pleine lune au Mont Royal et j’ai même été attaquée par un ninja en parapluie !
Mais là, je veux vous parler des deux mois restants de mon PVT, après Montréal. De juillet à septembre, nous avons traversé le Canada d’est en ouest, puis nous sommes descendus le long de la côte ouest des Etats-Unis, jusqu’à Las Vegas.
58 jours et 15 000 km en voiture.

Le départ :

Aucune organisation, pas même une carte. La seule chose que nous savions c’est que l’on irait au moins jusqu’à Vancouver.
Comme nous n’avions pas de date de retour, aucun plan, ni logement, ni équipement, cela nous semblait logique d’acheter une voiture qui nous servirait de transport, de mule et de maison. 1 200 dollars plus tard, nous étions propriétaire d’une vieille Mazda que nous avons nommé Bazoo. Bazoo fut remplie de nos bagages, de quelques casseroles de voyage, un matelas gonflable, une tente, notre couette, nos coussins et des féculents de toute sorte. Quelque part entre la Gaspésie et l’Ontario on a tout de même décidé d’acheter un réchaud à gaz, parce que manger des pâtes au feu de bois… c’était moyen.
On n’avait pas d’objectifs, pas de responsabilités, pas d’internet, pas de téléphone, pas de contrainte de temps, pas de compte à rendre. A ce moment-là, le sentiment de liberté est celui qui domine le plus et étrangement, il s’agit d’un nouveau sentiment.

La Gaspésie :

Après avoir vu une petite quinzaine de baleines à Tadoussac (rorqual commun, petit rorqual, bélugas, rorqual bleu, marsouins), nous avons traversé le St-Laurent pour arriver en Gaspésie. Au début, on s’est demandés si nous n’avions pas traversé l’Atlantique tant la météo ressemblait à celle de la Normandie…
Un brouillard à couper au couteau sur 30 kilomètres et enfin le premier arrêt : Matane. Le lendemain est plus festif, Auberge Sea Shack à Ste-Anne-Des-Monts, spa avec vue sur la mer, camping sur la plage, accueil et rencontres fortement sympathiques. Au parc de la Gaspésie, on voit des orignaux derrière chaque branche de sapin ! Et au sommet d’un de ses nombreux monts, un orage éclate avec juste nous en dessous, au plus haut possible de la montagne…. Gloups !

Puis c’est L’Anse-au-Griffon, une auberge de jeunesse avec encore une fois vue sur la mer et les baleines. Au parc Forillon, on arrive au bout du bout du Québec, les ours nous guettent derrière les arbres et on monte toujours plus haut pour apercevoir le rocher percé de loin. Ici on voit des phoques, des marmottes, des castors, des orignaux, des renards, des porcs épics mais pas d’ours noirs…
Et puis le soleil est arrivé sur la plage de Gaspé, la poutine aux crevettes (miam), le steak d’orignal au barbecue, le camping Avolo avec son rocher en forme de tête d’indien et le château Bahia tout en bois ! Et toujours le coucher de soleil en arc en ciel…
Nous comprenons enfin l’étendue de la beauté du Québec.

L’Ontario :

L’Ontario avec ses lacs à perte de vue, qui brillent au soleil ou qui sont cachés sous la brume causée par le Missepezhieu (esprit du lac d’après les Ojibwés, peuple indien de l’Ontario), ses randonnées de 7h pour voir un petit pont suspendu, ses ours, ses campings dans les parcs en pleine forêt de conifères (sans aucun bruit, il n’y a que les corbeaux pour nous réveiller), ses campings au bord de la route et des rails (Tabarnak…) Au total deux semaines pour traverser cette province, 35 piqûres de moustiques chacun, un régime alimentaire fait de féculents de toute sortes, une aptitude à gonfler un matelas pneumatique ultra rapidement et malheureusement un anglais qui ne progressait pas.

Le Manitoba :

Un début pourtant prometteur avec un camping au bord de l’eau et les biches qui s’y promènent sans avoir peur et puis… au milieu pile poil du canada c’est le DRAME … voila que not’ char tombe en panne ! « C’est le moteur » nous dit le garagiste. Après de longues heures dans la salle d’attente, notre vieille Bazoo sort des soins intensifs… Vivante mais nous, nous perdons 600 dollars à la faire réparer. Avec nos regards de chiens perdus le garagiste nous prend en pitié et nous invite à dormir chez lui.

Au Manitoba, les jardins font la taille d’un champ de blé, sans l’ombre d’un arbre. Après une super soirée chez nos hôtes, le trip repartait. Plus loin, au Mont-Riding, ce ne sont pas des biches qui traversaient la route, mais des bisons.

La Saskatchewan :

C’est plat, le ciel est à perte de vue, avec les champs qui dansent au soleil. Les villages sont déserts et ressemblent à des villes de western fantômes.

L’Alberta :

Une fois les prairies terminées, on arrive là où il y avait des dinosaures. Maintenant ce sont des canyons et des Hoodoos, brûlants et remplis de moustiques !
Puis Calgary, très nord-américaine, avec ses buildings, ses écrans géants dans le centre-ville avec l’ouverture des J-O.


Et enfin… les rocheuses… Ayoye… c’est beau en tabarnak. Le week-end, pas le choix, on dort à côté de l’autoroute mais une fois que la semaine a commencé, on a pu reprendre place dans les parcs, avec les ours noirs et les grizzlis. Banff, le sommet du mont Sulphur et ses sources chaudes à 39 degrés !! Le Lake Louise bleu turquoise, avec sa randonnée de 15 km pour prendre un thé tout en haut de la montagne. Puis la route des glaciers, avec un arrêt au glacier Columbia, 5 degrés dans notre tente … Heureusement que nous avions emporté notre couette pour mettre au dessus des duvets… Brrr.

Toujours et encore des nouvelles bébêtes : des mouflons, un coyote, des spermophiles (oui oui), des marmottes des Rocheuses, des cerfs de Virginie, et aussi plein de Tic et Tac qui rentrent par effraction dans not’char et qui ont mangé toutes nos provisions !

La Colombie-Britannique :

Après avoir eu très froid dans notre petite tente, nous avons eu très chaud. On se serait cru en Espagne, il y a des fruits en vente partout à côté de la route, on se gave. Et puis c’est Vancouver, étincelante de lumière avec ses buildings ultra-modernes. Verte aussi avec ses parcs immenses au bord du Pacifique (qui n’est pas si froide pour s’y baigner). Puis on a pris le bateau pour rejoindre Nanaimo. Une fois sur l’île, on découvre les séquoias géants, les dauphins, les plages de 20 km de sable blanc juste pour nous, et les vieilles forêts mystiques dans lequel nous avons campés. La Colombie-Britannique porte bien sa devise : « Beautiful British Columbia ».


Et puis nous avons décidé de voir la côte Ouest américaine : Seattle, Portland, San Francisco, Los Angeles et Las Vegas (parce qu’un peu de civilisation ne pouvait pas nous faire de mal). Mais ce voyage là … c’est une autre histoire !

Le budget :

C’est bien beau tout ça mais combien avons-nous déboursés pour ce voyage ? Le budget comprend la partie canadienne et américaine.

Essence : 895 CAN$
Hébergement (camping, Air BnB et 1 hôtel à Vegas) : 2 000 CAN$
Nourriture (pâtes et conserves et beaucoup de restaurants !) : 1 428 CAN$
Autres (ferry, pass festival, bus) : 300 CAN$
Divertissements (accès au parc, hot springs…) : 391 CAN$

Revente de la voiture à la mafia mexicaine à Los Angeles (histoire vraie) : +300 CAN$
Revente de notre tente, matelas, réchaud : + 40 CAN$

Total du voyage : 5 450 CAN$ soient 4 050 euros

Les meilleurs moments :

Mes meilleurs souvenirs de ce voyage sont en Gaspésie (même s’il a plu 24h/24h), la beauté du paysage, les animaux géants et surtout les rencontres festives, très festives !
Mais je n’oublierais jamais cette belle rencontre à Winnipeg (Manitoba) lorsque nous sommes tombés en panne et qu’une famille d’inconnus nous ont recueillis et nous ont tout donné.


Et puis il y a Vancouver, si agréable à vivre et si belle. Là aussi nous avons fait de belles rencontres et encore une fois reçu un accueil grandiose que je n’ai vu qu’au Canada.
Après, je ne vais pas vous mentir, j’ai adoré chaque lac, océan et source chaude dans lesquels je me suis baignée. Mais aussi chaque burger, poutine, smoked meat, et bière que j’ai dégusté.

Quelques conseils :

  • Organisez vous, mais pas trop, laissez une part d’aventure et de liberté, car ce sentiment là… vous ne le retrouverez pas ailleurs.
  • Même si vous voyagez, l’été prévoyez des couettes chaudes si vous allez dans les Rocheuses car il fait TRES froid la nuit.
  • Équipez vous : chaussures de rando, produit anti-moustiques (très important), vêtements de pluie.
  • Le Mac-Do est votre meilleur ami avec ses points Wifi.
  • Dès que vous voyez un point d’essence, faites le plein car le prochain sera dans 200km.
  • Achetez des bidons d’eau potable, car c’est pareil que l’essence : la prochaine épicerie est dans 200km. Les campings n’ont pas forcement de point d’eau, de WC ou de douche.
  • En été réservez vos campings pour le week-end en avance.
  • Ne laissez pas votre voiture ouverte avec de la nourriture dedans…
  • Détendez-vous et appréciez chaque seconde.
  • PS : Attention le voyage rend addict. Le retour peut être extrêmement difficile !
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(52) Commentaires

lison I |

wouaaou et bien voilà juste merci pour ca ca donne trop envie encore plus envie de partir …..merci*

Ann I |

Salut ! Sympathique récit 🙂 ça fait bien plaisir de voir qu’on est quand même un peu à prendre la route à travers le Canada 🙂
Les Rocheuses ont a pas eu vraiment froid en plein mois de juillet 😉
Est ce que vous dormiez dans votre voiture ? Nous c’est ce qu’on a fait avec juste des campings pour les Parcs dans les Rocheuses, résultat : – de 200$ d’hébergement en 6 mois de traversée (avec plusieurs semaines en volontariat à différentes places).
Si tu pars en Australie, ça sera vraiment l’occaz de refaire ça 🙂

Lucie I |

Nous on a eu froid car il a vraiment pas fait beau dans les rocheuses, les nuits étaient à 4 degré et nous n’avions que notre petite tente d’été pour nous proteger ^^. Nous n’avons pas dormi dans la voiture, je croit que nous avions besoin d’un minimum de confort, et celui -ci été de dormir allongé. La voiture étant remplis, seuls les places de devant étaient accessible ^^. Que veut tu dire par du volontariat ?

Thomas I |

A votre avis, quelle est le meilleur moment pour faire cette traversée ? Est-ce que dès le printemps (mai-juin 2014) les conditions climatiques le permettent ?

Lucie I |

Hé bien, moi je partirais en plein été parce que j’aime la chaleur. Mais je pense que c’est tout à fait possible au printemps :). Sur les 58 jours de voyages on à eu 8 jours de mauvais temps et c’était dans les rocheuses. Peut être peut tu faire un compromis et partir juin-juillet 🙂 ?
Les conditions climatiques de cet été étaient qu’il faisait parfois très chaud dans la voiture et parfois très froid la nuit. Après chaque été est différent

Thomas I |

Génial, ca donne trop envie ! Je pars bientôt et je veux faire cette traversée, soit en train ou peut-être même à moto ! Ca me donne un avant-goût très tentant. Merci.

elke I |

Wouahou..
je pense faire un road arrivé la bas..Mais avec cet article si bien expliqué je pense vraiment le faire.. ca m a l air tout simplement super..
Merci pour ce recit, si extraordinaire..

Anonyme I |

cet article est tout simplement génial.

Lucie I |

Ok nous on est plusieurs a partir de Marseille 😀 le 13 aussi

Adeline I |

Je discute avec deux personnes qui partent le 13 de Marseille, qui ont rencontré 4 autre personnes qui partent aussi le 13 de Marseille. Tu en fait peut etre partie ^^, sinon, je peux te mettre en relation avec eux si tu veux.

Elodie I |

Coucou tout le monde ! Tout d’abord je tiens à dire fabuleux récit qui donne très envie !

Mon ami et moi partons aussi le 13 avril de Marseille avec Air Transat 🙂

Adeline I |

Lucie alias lulubelle : je part de Paris, mais retrouve un PVTiste au Mans, nous faisons la route ensemble jusqu’à l’auberge de jeunesse à Montréal !

Sébastien I |

Moi je trouve ça super, un beau truc à vivre à deux !
Par contre l’histoire de la revente à la mafia m’intéresse haha
Et ce retour depuis 7 mois ?

Lucie I |

A deux c’est génial. Si j’avais du partir toute seule j’aurais opté pour traverser en bus et faire que du Couch-surfing. Mais la voiture c’est tellement pratique ^^. Bazoo nous manque… peut être est t-elle entrain de braquer des banques mexicaines qui sait…
L’histoire de sa revente à Los Angeles est assez cocasse. Concrètement on ne savait pas quoi en faire, on avait pas les papiers pour la revendre, elle ne fonctionnait presque plus et on avait seulement 2 jours dont un jour férié pour la laisser. On a essayé rapidement de la revendre mais lorsque le mo « canada » arrivait dans la conversation la vente été refusée. Et puis j’ai décidé qu’on allez l’abandonner dans une casse. Il faut que tu imagine une avenue immense (une ville presque) de casse, avec des voitures empilés partout,.. Et puis là je voit un minuscule panneau « BUY CAR » au dessus d’une montagne d’enjoliveurs. La madonne qui nous l’as racheté ne savait pas ou été le Québec.. On la revendu 300 dollars, on été mort de trouille, on été persuadé qu’elle nous avait donner des faux billets. On est reparti a pied sur cette avennue géante, ou un camion de glace vendait de la drogue et ou il y avait du traffic d’armes. Deux Blanc-bec perdu dans LA. Et on s’en ai bien sorti. Ca a été le plus gros stress du voyage. Les 300 dollars étaient vrais ^^

Sébastien I |

Comme quoi rien n’est impossible aux USA, c’est une péripétie qui se termine bien ! J’ai hate de gouter la glace a la coke !
Et le retour/suite de ce trip, un suivant de prévu ?

Lucie I |

Le retour en France à été très difficile. Je pense qu’il faut préparer son retour. Nous n’avions ni chez nous, ni jobs, ni études à reprendre, rien. Et puis le seule mot que l’on entendait de la bouche des gens s’était « crise ». Arg… Il a fallut 3 mois pour sortir d’un gros brouillard dépressif lol. Maintenant ça va mieux et je pense partir en Asie (ou je sait pas encore ^^) ou faire le fameux PVT Australie. Pour le moment j’économise ^^

Adeline I |

ça envoie du rêve ! arrivée imminente à Montréal pour ma part (le 13 avril), je souhaite faire un road trip est-ouest à l’aventure. Je croise les doigts pour vivre d’aussi bons moments que les votres !
Merci pour cette belle histoire de ta vie que tu nous fais partager.

Lucie I |

Tu pars d’ou Adeline le 13 avril?

Lucie I |

Récit magnifique pour un voyage extraordinaire. Vous n’êtes pas prêts de l’oublier cette aventure.

Adeline I |

Je pars de Paris, mais retrouve un PVTiste au Mans, nous faisons la route ensemble jusqu’à l’auberge de jeunesse à Montréal !