7Le Brésil, un pays tout en contradictions


Le Brésil est un pays dont la culture comporte beaucoup de contradictions. La population brésilienne est en majorité noire mais le racisme et les crimes racistes sont très courants ; le Brésil compte beaucoup de personnes trans mais elles subissent de très nombreuses violences ; le pays a un côté très libéré sexuellement mais l’avortement est interdit…
Les contradictions sont nombreuses et sur des sujets très variés. Tout et son contraire peut exister au Brésil !
Nous allons nous concentrer sur les contradictions autour du racisme et de l’homosexualité qui sont de vraies thématiques importantes pour comprendre un peu mieux la société brésilienne.

Le racisme au Brésil

Selon les derniers recensements datant de 2020 et 2021, la population brésilienne serait composée d’environ 56 % de personnes noires ou métisses. Cependant, ce pourcentage, qui découle entièrement de l’histoire esclavagiste du pays, certains semblent vouloir l’ignorer, l’effacer et la moitié noire et métisse de la population subit des violences plus importantes que la moitié blanche.

Pour écrire cette partie et pour aller au-delà des chiffres (que nous allons aussi partager car ils sont très parlants), j’ai demandé l’avis de Brésiliens. Voici ce qui m’a été dit :

Au Brésil, le racisme est un problème structurel. Pour rappel, le Brésil est le dernier pays à avoir interdit l’esclavage et, lors de cette transition, rien a été préparé pour introduire les anciens esclaves et leurs familles dans la société brésilienne.
Les conséquences de cette non-transition sont encore visibles aujourd’hui. En effet, la majorité des personnes vivant dans les favelas sont noires, de même que pour la population carcérale.

Au Brésil, il existe deux strates différentes de racisme. La première, qualifiée de structurelle, concerne globalement l’organisation du pays. Une partie de la population, généralement blanche, souhaite organiser le pays “à la manière européenne” comme ils disent. En effet, un certain nombre de Brésiliens estiment que ce sont les Européens qui ont “construit” le Brésil, qui l’ont organisé et donc, que les racines africaines ne doivent pas faire partie de la culture brésilienne. Certains seraient d’avis qu’il faut s’en éloigner car ce n’est pas brésilien. Par exemple, la cachaça, “c’est pour les gens dans la rue”, la capoeira ce n’est pas bien… Il y a une sorte d’élitisme qui va subtilement créer une frontière entre “ce qui est brésilien et ce qui ne l’est pas”. Le racisme commence donc de cette manière en excluant une large part des coutumes du pays en les désignant comme “non-brésiliennes”.

Le racisme se ressent également à d’autres niveaux. Par exemple, des entreprises, de par leur politique d’embauche, n’ont pas une vraie représentation de toute la société brésilienne ou encore, certaines personnes vont éviter toute interaction avec la culture africaine. Et ceci peut même arriver à Salvador, qui est pourtant la ville qui concentre le plus de population noire au Brésil, de par son histoire.
Aussi, le sud du pays concentre davantage de population issue de l’immigration européenne et est réputé pour être plus raciste et a connu des actes racistes tristement connus.

Ce racisme se traduit également en chiffres. En effet, en 2020, les personnes noires représentaient 76,2 % des victimes d’homicides et en 2021, les femmes noires représentaient 61,8 % des victimes de féminicides.
Les polices (militaire et civiles) sont également à l’origine d’un grand nombre de morts violentes au Brésil (12,8 % des morts violentes intentionnelles – 6 416 victimes). Sur ce nombre de victimes, 78,9 % étaient noires.

Si vous souhaitez en savoir plus sur ce sujet, vous pouvez suivre ce lien.

Homosexualité et transidentité

Les violences que subissent les personnes homosexuelles et trans font également partie des contradictions que connaît le Brésil et, pour rédiger cette partie aussi, l’avis des Brésiliens à été très précieux.

Depuis l’Europe, le Brésil semble avoir deux visages. Celui d’un pays ouvert et libre mais aussi celui d’un pays très religieux et conservateur. Et, en réalité, ce sont bien les deux qui s’affrontent. Les quatre dernières années sous la présidence de Jair Bolsonaro ont montré au monde qu’une partie de la population brésilienne ne souhaite pas se rattacher à l’image d’un Brésil ouvert d’esprit et ouvert à la diversité.

Pourtant, le mariage homosexuel est autorisé depuis 2013, soit avant certains pays européen, dont la France. D’ailleurs, l’homosexualité n’est pas cachée (surtout dans les grandes villes), contrairement à ce que le cliché du pays religieux pourrait nous faire croire.

Cependant, il existe toujours cette pression de la religion pour dogmatiser toutes les valeurs de la société, des valeurs catholiques et protestantes en majorité. Comme évoqué dans le chapitre consacré à la religion, les Brésiliens sont en très large majorité religieux, et une partie est vraiment conservatrice. Ainsi, il existe un vrai message d’opposition aux couples gays et aux personnes trans. De ces messages d’opposition résultent des statistiques dramatiques.
Bien que le Brésil soit l’un des pays qui compte le plus de personnes trans, c’est aussi le pays qui compte le plus de meurtres à leur encontre d’après l’ONG Transgender Europe. Aussi, d’après l’association Antra (Association nationale des travestis et transsexuels), sur l’année 2020 il y aurait eu 175 meurtres, soit un tous les deux jours.

Cette violence se traduit aussi par une réelle mise aux bancs de la société. En effet, les personnes trans rencontrent de grosses difficultés à trouver un emploi et, d’après l’Antra, 90 % d’entre elles se prostituent faute d’opportunités d’emploi.

Et maintenant ?

Pendant ces dernières années, placées sous le signe des conservateurs, de nouveaux mouvements sont apparus pour défendre les causes délaissées par le gouvernement.

Par ailleurs, des unités de police ont été créées et sont spécialisées dans les affaires concernant les populations LGBTQ+ ou de racisme à l’égard des populations noires et métisses.
Dans un grand pays comme le Brésil, ces initiatives paraissent compliquées à mettre en place mais ce sont des pas vers une société qui veut aller de l’avant.
Par ailleurs, avec l’élection de Lula à la présidence du Brésil, quatre personnes trans ont été élues en tant que députés.

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(1) Commentaire

Mathieu I |

Excellent dossier ! Merci Flora 🙂

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