Il serait impensable de faire un PVT au Japon sans prendre le temps de découvrir les temples et les sanctuaires qui se trouvent dans tous les recoins du pays. Des immenses complexes aux petits autels sur le bord de routes, vous les croiserez un peu partout et pour cause, ils sont très importants dans le quotidien des Japonais.
Cet dossier est là pour vous aider à les reconnaître et à les comprendre.
Pour pouvoir adopter le bon comportement en visitant un temple, il faut déjà comprendre l’histoire des lieux dans lequel on met les pieds.
Il existe deux religions dominantes au Japon (et beaucoup de sous-branches souvent considérées comme des sectes) : le shintoïsme et le bouddhisme. Il s’agit de deux religions très distinctes qui, pourtant, se retrouvent assez souvent mélangées dans le paysage japonais.
« Les Japonais naissent shintoïstes, se marient catholiques et meurent bouddhistes » est un dicton qui définit assez bien le rapport à la religion dans le pays. Il est difficile de dire si les Japonais sont croyants. Beaucoup d’événements de la vie sociale et sociétale japonaise sont liés à ces deux religions mais au fil du temps, ceux-ci s’apparentent davantage à une routinisation, à une habitude plutôt qu’à une croyance de fond. Certains préfèrent alors dire que les Japonais sont plus spirituels voire superstitieux que réellement religieux.
Pour information, le bouddhisme et le shintoïsme étant toutes les deux des religions très tolérantes, il n’existe pas de conflits avec d’autres religions dans le pays. On peut trouver dans les grandes villes des églises, des mosquées ou encore des temples protestants (le Japon compte quelques synagogues seulement). Cependant, le pays ayant une population très homogène (en acceptant encore peu d’étrangers sur son territoire), les autres religions n’ont pas une base de croyants très importante et sont relativement méconnues. Par exemple, le port du voile dans l’espace public ne constitue pas un problème ici, mais il est difficile de trouver des salles de prière, non pas par rejet, mais parce que le nombre d’individus pratiquant est insignifiant à l’échelle nationale. On en parle sur le forum : Être musulman au Japon.
Le shintoïsme
Religion d’origine de l’archipel, le shintoïsme se caractérise par la croyance en plusieurs dieux (religion polythéiste) appelés les kami. Littéralement shintō signifie « voie des dieux » ou « voie du divin » et sa croyance se rapproche de l’animisme.
La particularité du shintoïsme tient dans la quantité innombrable de dieux qu’elle comprend (les « 800 myriades ») dont beaucoup font partie d’éléments de la nature tels que le vent, la pluie, une montagne ou un arbre. Il peut aussi s’agir de concepts plus abstraits tels que la fertilité. Après leur décès, les humains deviendraient à leur tour des kami vénérés par leur descendance et certaines personnes extraordinaires de leur vivant pourraient être associées à un temple puis vénérées à leur tour. À côté des kami, on retrouve aussi beaucoup d’autres créatures, tels que les yokais ou les tengu.
Il est difficile d’estimer la naissance du shintoïsme, mais on suppose que cette religion a émergé en même temps que la civilisation japonaise, entre 13 000 et 400 avant JC (oui la fourchette est très large).
Célébrant la vie et la famille, ce sont essentiellement les cérémonies shintō qui accompagnent les principaux moments de la vie des croyants, tels que la naissance ou le mariage. Contrairement à la religion chrétienne, on ne retrouve pas de rites réguliers dans le shintoïsme. En revanche, il y a des festivals ponctuels appelés Matsuri, tout au long de l’année ainsi que certains rituels pouvant être réalisés sur demande.
Quelques déesses et dieux du shintoïsme :
- Amaterasu : la déesse du soleil est considérée comme la principale divinité du shintoïsme. Il est parfois dit qu’il serait possible de l’apercevoir lors du premier lever de soleil de l’année.
- Izanagi et Izanami : ils représentent le couple fondateur du Japon qui a donné naissance aux îles de l’archipel ainsi qu’à de nombreux kami.
- Susanoo : petit frère d’Amaterasu, dieu des tempêtes et de la nature destructrice.
- Inari : dieu des bonnes récoltes et des bonnes affaires, il est l’un des dieux les plus représentés et vénérés du Japon. Le renard est son animal messager, parfois représenté avec une clef dans la bouche. Cette dernière ouvrirait les portes d’un grenier à grains qui contiendrait toutes les ressources de l’univers. Si le nom de cette divinité se traduit bien par renard, l’origine de son nom viendrait plutôt du terme « Inanari » qui signifie « croissance du riz ».
- Hachiman : dieu de la guerre, son histoire est intimement liée à celle des guerres de clans qui eurent lieu autour du IVe siècle.
- Tenjin : dieu de la calligraphie et de la littérature, il est la version déifiée de l’intellectuel et homme d’État Sugawara no Michizane. Il est donc aussi connu pour être le dieu des études dont l’animal messager est le bœuf (les étudiants en pleins partiels apprécieront d’avoir une divinité à laquelle se raccrocher).
Beaucoup d’empereurs ont également été déifiés après leur mort, tel l’empereur Meiji auquel le temple éponyme d’Harajuku est dédié.
Le bouddhisme
Le bouddhisme a fait son entrée sur le territoire nippon au VIe sous l’influence de la Chine et de la Corée. La reconnaissance du bouddhisme s’est faite par le haut puisque ce sont les nobles japonais qui ont reconnu cette religion avant qu’elle ne soit acceptée par le peuple.
Le pouvoir religieux bouddhiste a eu une grande influence politique au cours de l’histoire, à tel point que Nara a cessé d’être la capitale du Japon en 784 afin d’éloigner géographiquement l’influence du temple bouddhiste Todaiji sur les décisions d’État.
Aujourd’hui, plus de deux tiers de la population japonaise se considère comme bouddhiste sans pour autant que cela implique une pratique quotidienne.
Les temples bouddhistes s’occupent essentiellement de tout ce qui touche à la mort et au décès, c’est pourquoi la quasi-totalité des cimetières que vous pourrez voir ou traverser au Japon sont des cimetières bouddhistes.
Au Japon, la pratique bouddhiste semble être l’une des formes les moins strictes de cette religion, les moines ayant, par exemple, le droit de se marier et de fonder une famille. Également, le temple Shozenji à Osaka est dirigé par la première moine bouddhiste trangenre au Japon et le temple Shunko-in à Kyoto célèbre symboliquement depuis 2011 des mariages homosexuels, alors même que celui-ci est interdit.
Tout comme le shintoïsme, la philosophie du bouddhisme ne colle pas vraiment à la vision que nous avons de la religion dans les pays occidentaux. À proprement parler, le bouddhisme n’est pas toujours considéré comme une religion puisque les Bouddhistes ne croient pas en l’existence d’un Dieu créateur et qu’ils se basent sur la notion de responsabilité humaine.
Lors de la période Meiji (1868-1912), les pouvoirs de l’empereur étaient puissants et le shintoïsme avait la première place au sein de l’Etat. C’est pour cela que le bouddhisme a été banni et que beaucoup de temples ont été brûlés ou détruits. Ainsi, on retrouve beaucoup de temples bouddhistes reconstruits à partir de la période Meiji.
Les figures majeures du bouddhisme japonais
Le bouddhisme n’est pas axé autour d’une figure divine mais de plusieurs personnes, concepts et écoles. Il est donc difficile de faire un résumé de ce vaste schéma. Voici néanmoins quelques personnalités sur lesquelles vous pourriez tomber lors de vos visites dans un temple :
- Le Bouddha et les bouddhas : Bouddha est le fondateur du bouddhisme et le premier à avoir atteint l’éveil spirituel, nommé en japonais Hotoke-sama. Les bouddhas sont les autres êtres à avoir atteint cet éveil. On les désigne par le terme de « nyorai » (如来) inscrit à la fin de leur nom.
- Les bodhisattvas : ou bosatsu (菩薩). Ce sont les êtres qui ont refusé le statut de bouddhas pour rester auprès des humains et les accompagner vers l’éveil. Parmi les figures que l’on retrouve le plus au Japon, il y a par exemple Kannon Bosatsu, vénérée sous sa forme féminine. Vous avez aussi peut-être déjà croisé des statuettes à l’air enfantin et souriant : il s’agit du bosatsu Jizo, protecteur des enfants et des voyageurs.
En dehors des bouddhas et des bodhisattvas, ils existent d’autres rangs dans le panthéon bouddhiste, tels que les rois de la sagesse, les maîtres religieux, etc.
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