Les temples et les sanctuaires sont présents sur tout le territoire japonais et sont plus ou moins grands ou colorés. Il est impensable que vous visitiez le Japon sans passer les portes de ces espaces sacrés 🙂
Mais, LA question principale demeure : comment distinguer un temple bouddhiste d’un sanctuaire shintō ?
La différenciation entre les deux se fait déjà dans l’appellation qui leur est donnée. On utilise en français le terme de « temple » pour le bouddhisme, et celui de « sanctuaire » lorsqu’il est question du shintoïsme. En japonais c’est la même chose : les temples sont appelés « Otera » (お寺) tandis que les sanctuaires sont le plus souvent nommés « Jinja » (神社). D’autres appellations existent pour les sanctuaires, tels que « Jingu » (神宮) ou « Taisha » (大社).
Les sanctuaires shintō
Le plus simple est de noter ce qui compose un sanctuaire shintō afin de les reconnaître et par déduction, savoir s’il s’agit d’un sanctuaire ou d’un temple.
À l’entrée d’un temple shintō, il y a systématiquement un Torii, cette grande porte souvent peinte en rouge, annonçant l’entrée dans un lieu sacré.
Une fois à l’intérieur du temple, d’autres éléments vous indiquent que vous êtes sur la terre des kami, à commencer par ces cordages qui peuvent être suspendus au Torii ou à d’autres constructions du sanctuaire. Ces cordages, souvent accompagnés d’un pliage de papier blancs (shide), se nomment shimenawa et représentent le lien entre notre monde et celui des esprits.
À l’entrée d’un sanctuaire shintō, il y a aussi nécessairement la paire de Komainu (狛犬), (un espèce de mix entre un chien et un lion). Ils sont là pour protéger le sanctuaire et éloigner les mauvais esprits. L’un à la bouche ouverte et l’autre fermée pour représenter le début et la fin de toute chose.
Fun fact : Pourquoi autant de rouge dans les sanctuaires shintō?
Vous verrez beaucoup de rouge au Japon et pour cause, cette couleur (comme vous vous en doutez sûrement en voyant le drapeau japonais) est très importante. Le rouge ou le vermillon qu’on retrouve dans les sanctuaires est le symbole du feu et du soleil et est considéré comme la couleur de la vie. Dans l’idée, le rouge permettrait de repousser les mauvais esprits et de protéger les lieux.
Sinon, d’un point de vue pratico-pratique, la couleur rouge contient du mercure, ce qui permet de préserver la structure souvent en bois des Torii.
C’est sans doute pour la même raison que les bonnets ou bavoirs que vous pouvez retrouver autour de certaines statues sont de cette couleur.
Les temples bouddhistes
À l’entrée d’un temple bouddhiste il n’y a pas de Torii, mais une grande porte appelée « Mon » (門) qui peut être parfois considérée comme un bâtiment à part entière. Il est possible que vous trouviez à l’intérieur des piliers de cette porte les divinités Agyô et Ungyô, dont le rôle est de protéger le bouddhisme.
Les temples bouddhistes sont souvent composés de plusieurs bâtiments, avec de fortes chances de retrouver une pagode à 3 ou 5 étages ainsi qu’un jardin (sec s’il s’agit d’un temple zen).
Le bouddhisme étant largement désigné pour s’occuper de tout ce qui touche à la mort, il n’est pas rare de trouver un cimetière proche des temples bouddhistes. Les Japonais bouddhistes sont incinérés avant de rejoindre le tombeau familial. Il y a souvent un peu de place laissée autour des pierre tombales pour quelques fleurs ou de l’eau, de crainte que les ancêtres aient soif (si jamais les ancêtres en question étaient férus d’alcool ou de thé, il n’est pas rare de retrouver d’autres types de boissons proche des tombes).
La tradition veut que les ancêtres reviennent parmi les mortels une fois par an, durant quelques jours du mois d’août. Ils sont d’abord accueillis par les fameuses danses Bon-Odori (différentes dans chaque région du Japon) puis renvoyés dans leur royaume par les feux d’artifice de clôture du matsuri (festival).
Un peu de vocabulaire lié aux temples et aux sanctuaires
Les sanctuaires shintō ainsi que les temples bouddhistes proposent plusieurs objets et services aussi bien pour connaître votre avenir que pour vous protéger des mauvais augures.
- Omikuji : présents dans presque tous les temples et sanctuaires, les omikuji sont des bouts de papiers que l’on pioche au hasard et qui offrent un présage sur son avenir. Le premier de l’année est souvent considéré comme le plus important puisqu’il donne le ton des prochains mois. Souvent écrits entièrement en japonais, il est possible de retrouver des versions anglaises dans certains grands temples.
- Omamori : comme le nom l’indique, les Omamori sont des amulettes de protection (mamoru = protéger) qui ressemblent à des petits sacs qu’il ne faut pas ouvrir, au risque d’annuler la fortune que ce talisman est censé apporter. Ils sont en général valables quelques mois voire un an, période au-delà de laquelle vous pourrez le ramener dans un temple et vous en procurer un nouveau.
- Ema : plaquette de bois que l’on achète au guichet du temple et sur laquelle on rédige son message, sa prière, son vœu ou tout autre élément que l’on aimerait que le kami du sanctuaire sache ou exauce.
- Goshuin : le Goshuin est un tampon qui s’obtient aussi bien dans les temples que dans les sanctuaires et qui atteste aujourd’hui de la visite des lieux. Considéré comme sacré, il est souvent réalisé à la main par un moine ou sur un papier que vous pourrez ensuite coller dans votre goshuinchō, le carnet spécifique dans lequel vous pouvez collectionner ces tampons.
Les sanctuaires et les temples japonais, un savant mélange
En réalité, si ces deux religions étaient à l’origine très différentes, elles se sont entrecroisées dans le temps au point de retrouver des éléments du shintoïsme dans les temples bouddhistes et vice-versa.
Les komainu présents à l’entrée des temples shintō sont un exemple parmi beaucoup d’autres. Le Komainu ayant la bouche ouverte prononce le son « a », première lettre de l’alphabet sanskrit propre au bouddhisme et à l’hindouisme tandis que le komainu à la bouche fermée prononce le son « um », dernière lettre de l’alphabet sanskrit. Ensemble, ils symbolisent le début et la fin de toute chose et font le son « aum », son sacré dans le bouddhisme. Agyo et Ungyo, les gardiens des temples bouddhiques répondent également à cette logique, l’un ayant le « A » au début de son nom et l’autre le « Un ».
De plus, même si les Ema ou les Omikuji sont un héritage de la culture shintō, il n’est pas rare de les trouver dans les temples bouddhistes. De même, certains sanctuaires shintō possèdent des pagodes originairement héritées des temples. Vous retrouverez également des Omamori aussi bien dans les temples que dans les sanctuaires.
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